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Hier — 2 mai 2024Reflets.info

Paris : une manifestation du 1er mai 2024 relativement calme

2 mai 2024 à 08:52

Les matraques et les grenades sont toujours là mais les lacrymos ont presque disparu

La manifestation du 1er mai à Paris s'est déroulée dans un calme relatif. Le zbeul, ce sera (peut-être) pour un autre jour.

L'ambiance est festive place de la République où un concert de tambours est improvisé - © Reflets

Ce n'était pas le grand vide (il y avait du monde entre République et jusqu'après Bastille) mais ce n'était pas non plus l'affluence massive des grands conflits sociaux. Pourtant, contrairement à ce que serine l'exécutif depuis des années, tout empire. Perte de pouvoir d'achat, rabotage de tous les droits sociaux acquis depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, économie en berne, fracturation de la société, individualisme croissant... Le cortège avait largement débordé de la place de la République vers le boulevard du Temple lorsqu'il s'est ébranlé après 14h. A l'avant, quelques gilets jaunes mêlés au cortège de tête (une centaine de personnes vêtues de noir et munis de parapluies). Peu avant l'arrivé à la Bastille, des dizaines de forces de l'ordre surgissent des rues perpendiculaires au boulevard Beaumarchais. Après avoir violemment arrosé tout le monde de coups de matraque (au moins trois blessés à la tête repérés par Reflets) et cassé le cortège pour en exfiltrer les personnes vêtues de noir, elles se sont repliées.

Place de la République avant le départ, une vieille connaissance de l'époque des Gilets Jaunes - © Reflets
Place de la République avant le départ, une vieille connaissance de l'époque des Gilets Jaunes - Reflets

L'opposition aux Jeux Olympiques est sur bon nombre de pancartes - © Reflets
L'opposition aux Jeux Olympiques est sur bon nombre de pancartes - Reflets

Les ballons habituels de tous les syndicats se succèdent boulevard du Temple. - © Reflets
Les ballons habituels de tous les syndicats se succèdent boulevard du Temple. - Reflets

Old School - © Reflets
Old School - Reflets

La Kanaky était présente en force - © Reflets
La Kanaky était présente en force - Reflets

Combien de manifestations cet immeuble du Boulevard Beaumarchais a-t-il vu passer ? Combien de luttes dont le souvenir s'est évanoui dans la nuit des temps ? Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? - © Reflets
Combien de manifestations cet immeuble du Boulevard...
À partir d’avant-hierReflets.info

JO : tapis rouge pour les industriels de la sécurité et terrain d’expérimentations #3

26 avril 2024 à 16:34

Quelque 21,5 millions ont été débloqués via France Relance

Emmanuel Macron célèbre dès qu’il le peut les valeurs sportives et la beauté des JO. Mais derrière la com’ et le décorum, c’est l’industrie française de la sécurité qui est boostée avec pour objectif, une amélioration de la balance commerciale…

Affiche des JO - Copie d'écran

Si L’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques vous semble acrobatique, celle mise en place pour déployer des « innovations » techno-sécuritaires s’est quant à elle déroulée avec maîtrise et discrétion. Il faut dire que la vitrine offerte aux industriels de la sécurité urbaine par l’un des plus grands évènements planétaire représente avant tout une fantastique opportunité commerciale pour exporter leur savoir-faire.

Créés en 2010 à l’initiative du Premier ministre François Fillon, les Comités stratégiques de filières (CSF) se divisent en 19 catégories, chacune étant composée d’un groupement d’entreprises privées et spécialisées dans un domaine d’activité industrielle ou numérique. Les CSF dépendent directement du Conseil national de l’industrie (CNI), avec à sa tête un comité exécutif composé de 17 personnes, dont Gabriel Attal en tant que Premier ministre, Bruno Lemaire ministre de l’Économie, Patrice Caine (P.-D.G. de Thales) et Éric Trappier (P.-D.G. de Dassault Aviation). En se réunissant tous les trimestres, les industriels ont l’opportunité de « conseiller et éclairer les pouvoirs publics sur les enjeux de l’industrie française » au plus haut niveau. C’est également l’occasion d’assurer le suivi et la bonne application de contrats de filières signés entre les groupements d’entreprises (CSF) et l’État.

le Conseil Stratégique de Filière des Industries de sécurité (CSF) - Alliance pour la confiance numérique - Copie d'écran
le Conseil Stratégique de Filière des Industries de sécurité (CSF) - Alliance pour la confiance numérique - Copie d'écran

C’est dans le contrat de filière...

Guerre en Ukraine : 60 milliards de dollars pour rétablir l’équilibre

25 avril 2024 à 13:16

Mais cela sera-t-il suffisant pour reconquérir le territoire ?

Après des mois de bras de fer, la Chambre des représentants américaine a voté un paquet d’aide pour soutenir l’Ukraine, alors que son armée est bousculée par l’offensive russe.

Le Congrès américain - PxHere - CCO

Mieux vaut tard que jamais. Après des mois de tergiversations et de blocages politiques des Républicains, le paquet d’aide américaine pour l’Ukraine a été voté samedi soir par la Chambre des représentants à majorité républicaines. « Pour le dire franchement : je préfère envoyer des munitions à l’Ukraine qu’envoyer nos garçons se battre », avait déclaré vendredi le chef républicain de la Chambre, Mike Johnson, pour justifier son revirement, ajoutant : « Ce n’est pas un jeu. Ce n’est pas une blague. On ne peut pas faire des calculs politiques à ce sujet. Il faut faire ce qui est juste, et je vais permettre à chaque membre de la Chambre de voter en conscience et selon sa volonté. »

Ce vote d’une nouvelle enveloppe de 60,8 milliards de dollars (57 milliards d’euros) est significatif. Entre janvier 2022 et le 15 janvier 2024, l’aide bilatérale américaine représente 74,3 milliards de dollars, en incluant l’aide militaire, économique et l’assistance humanitaire.

Cette décision a déchiré la Chambre des représentants. Si 210 élus démocrates ont voté favorablement, la moitié des républicains ont voté contre, poussée par une minorité radicale du Parti républicain, représentant le mouvement MAGA (Make America Great Again). Mike Johnson était lui même sous pression. Trois élus affiliés au MAGA l’ont menacé d’un vote de défiance. « Il était aussi sous pression des élus républicains qui ont toujours voulu soutenir l’Ukraine et des évangélistes ukrainien, église dont il est membre,...

JO 2024 : Interdire la règle des jeux #2

16 avril 2024 à 13:09

Les cyber-JO sous la surveillance d’Amnesty International

C’est en Nouvelle-Aquitaine dans la ville royale de Rochefort que L’ONG internationale a donné conférence pour exposer ses craintes en matière de surveillance de masse. Le match des cyber-JO de Paris s’arbitre aussi en province…

La sécurisation des JO, remise en question - © Reflets

Alors bien sûr le palais des congrès de Rochefort n’était pas plein à craquer. Nul doute qu’en matière d’intérêt à la cause du sport le stade rochelais Marcel Deflandre et ses 17.000 places auraient probablement attiré davantage de personnalités politiques. Il faut vous dire qu’à La Rochelle, on ne badine pas avec les évènements sportifs. Pour preuve, les dernières subventions allouées par la région, le département et les collectivités locales (50 % des 15 millions de travaux prévus), afin d’offrir aux supporters un stade au niveau du palmarès du club double champion d’Europe. Alors comprenez qu’ici, ces fumeuses histoires de JO parisien placé sous surveillance algorithmique, bof…

Moins nombreux qu'au stade rochelais, le public présent ce soir-là fut très attentif à la cause défendue par Amnesty International : Interdire la surveillance biométrique de masse avant, pendant, et après les JO. Une centaine de particuliers et deux courageux élus locaux s’étaient déplacés pour participer activement aux débats.

Nous avons profité de la présence de Katia Roux, Chargée de plaidoyer et responsable des technologies et droits humains au sein d’Amnesty, pour aborder le thème de la cybersurveillance en avant-propos de cette conférence. L’interview aurait pu durer des heures tant le sujet est vaste et tant sa connaissance du sujet s'avère étendue, mais nous nous sommes bornés à lui poser quelques questions faciles et sans importances, du genre : « Et si la partie était déjà...

Le juteux marché de l'aide à la recherche d'emploi

15 avril 2024 à 08:52

France Travail : 559 millions euros de prestations externalisées

Alors que le gouvernement souhaite à nouveau durcir l'accès à l'assurance chômage, les services publics dépensent chaque année des centaines de millions d'euros dans la sous-traitance de l'accompagnement des plus précaires à des entreprises privées.

Une drôle de privatisation du rôle de France Travail

Tout est bon pour occuper les 15 à 20 heures d'activité hebdomadaires des nouveaux allocataires du Revenu de solidarité active (RSA) : « Actions pour favoriser l'estime et la confiance en soi » dans le Loir-et-Cher, « remobilisation et savoir-être » dans l'Allier, « accompagnement des bénéficiaires du RSA en santé mentale » dans la Manche... Une aubaine pour certaines entreprises qui décrochent des appels d'offres à plusieurs centaines de milliers d'euros. Ces marchés ont été publiés ces dernières semaines par plusieurs conseils départementaux. Depuis le 1er mars, le nombre de départements à expérimenter la réforme du RSA est passé de 18 à 47, avant sa généralisation en 2025.

Parmi eux : le Loir-et-Cher, dont l'appel d'offres comprend trois lots d'une valeur hors taxes estimée à plus de 420.000 pour quatre ans. Dans un mail adressé à Reflets, la Manche évalue quant à elle à près de 640.000 le coût des actions menées dans le cadre plus global du « réseau pour l'emploi ». L’État en finance la moitié. Ces marchés représentent une manne pour les sociétés spécialisées dans l'orientation, l'accompagnement et l'évolution professionnelle. Avec l'entrée en vigueur de la loi « plein emploi » en décembre 2023, « Nous craignons une augmentation de la sous-traitance voire même qu'elle se substitue, en partie, à notre propre intervention », lâche Natalia Jourdin, déléguée syndicale FO à France Travail (ex Pôle emploi).

...

JO 2024 : le prétexte sécuritaire #1

11 avril 2024 à 08:51

Une occasion idéale pour répondre aux différents besoins de l’État

Issu d'une étroite collaboration entre la filière industrielle sécuritaire et le ministère de l'Intérieur, un programme en vue des JO 2024 a permis de tester en dehors de tout contrôle démocratique une centaine de dispositifs. Que contient ce programme, quelles innovations ont été testées, et par quelles stratégies l'industrie de sécurité s'organise-t-elle pour déployer ses produits dans notre quotidien ? Réponses dans cette série d'articles.

À Milipol, l'État fait la démonstration de son savoir-faire - © Reflets

L’artiste auteur de l’affiche officielle des JO 2024 dévoilée le 4 mars semble avoir voulu intégrer dans son œuvre tous les symboles possibles de cette 33ème olympiade. Dans un décor joyeux et haut en couleur — censé représenter tous les lieux des sites de compétitions olympiques —, les citoyens et sportifs sont mélangés et disséminés dans de somptueux gradins, amphithéâtres et terrains de jeux animés, où s’entremêlent des ponts et des édifices majestueux entourés de quelques luxuriants jardins à la française. L’eau, représentée à la fois par la Seine et l’océan, occupe presque un quart de l’illustration, exprimant un sentiment de douceur et d’apaisement. L’univers artistique est indiscutablement féérique, presque poétique. Mais il subsiste une ombre importante au tableau. On ne trouve pas la moindre trace des 35.000 policiers, 18.000 agents de sécurité privée, ou des 10.000 soldats de l’opération Sentinelle qui seront déployés chaque jour de compétition. Aucun périmètre de sécurité antiterroriste comme le prévoit la Loi SILT, d’escadrons de CRS en action, d’équipes du GIGN, de la BRI ou du RAID n’apparaissent. Ni caméras de vidéosurveillance ou hélicoptères, ni tireurs d'élite en stationnaire, ni drones, ni même le moindre petit centre de commande n'ont été représentés.

En se portant candidat et en remportant l’organisation de ces jeux, l’État français s’est lui-même créé un défi sécuritaire titanesque : 15 millions de visiteurs attendus dont 1 à 2 millions d’...

Reflets wants you !

10 avril 2024 à 09:17

Dessous Choc #18

Pour que nous puissions continuer à vous informer de manière libre et indépendante, soutenez le financement de nos nouveaux outils d’aide à l’investigation. Dans ce numéro de Dessous Choc, Antoine Champagne, le rédacteur en chef de Reflets nous explique, dans le détail, le sens de cette campagne exceptionnelle d’appel aux dons.

Très concrètement, nous avons besoin d’investir dans un nouveau serveur, beaucoup plus puissant ; de salarier quelqu’un pour assurer sa maintenance, sans parler des autres frais (hébergement ou juridique). Au total, cela représente un budget de plus de 60 000 euros dont 20.000 ont déjà été prélevés sur les fonds propres de Reflets… Il nous reste donc 40.000 euros à trouver.

Ce nouveau matériel nous permettra non seulement d’engranger encore plus de données sensibles sur ce serveur, de les indexer grâce à nos logiciels pour pouvoir faire de la corrélation. Mais aussi, pourquoi pas, de mettre en commun ces documents avec d’autres médias d’investigation comme nous l'avons fait avec StreetPress et Blast pour les DeahiLeaks. Sans nos outils les DrahiLeaks n'auraient pas donné lieu à une telle série d'enquêtes.

Pour qu’une information libre et indépendante, portant sur des sujets d’intérêt général, ne soit pas écrasée par les artifices de la communication, vous avez les cartes en mains ! Aidez-nous à la mesure de vos moyens. Chaque don compte !

Participez à notre cagnotte sur J’aime l’Info

Méandres ou la rivière inventée

Par : shaman
8 avril 2024 à 08:59

Interview de Marie Lusson, sociologue des sciences et autrice de documentaire

S'appuyant sur le travail de thèse de Marie Lusson, notre précédant article questionnait les pratiques de restauration écologique des écosystèmes endommagés. En 2023 et dans la suite de son travail, elle a publié un documentaire qui continue d'explorer notre rapport à la nature qui nous entoure. Entretien.

L'Hérault, grand acteur du documentaire, à la tombée de la nuit. - © Marie Lusson

Notre article, « Au chevet des rivières », faisait le constat d'une nature fracassée, de mondes disparus et de l'illusion du retour en arrière. Il montrait les tâtonnements des écologues et des entrepreneurs de restauration, d'une science de la restauration « en train de se faire », d'une prise de conscience politique encore loin des enjeux.

Depuis l'obtention de sa thèse en 2021, Marie Lusson n'a pas lâché son sujet d'étude et y a donné une nouvelle impulsion. En 2023, elle publie un documentaire intitulé « Méandres ou la rivière inventée ». Un documentaire qui embarque le spectateur sur un radeau lancé à la descente du fleuve Hérault. Un film onirique, ouvrant une fenêtre sur de nouveaux univers en s'appuyant sur le travail des scientifiques de terrains, véritables explorateurs de cette nouvelle science dont nous avons tant besoin.

Pour continuer à creuser ces questions, nous sommes allés à sa rencontre. Interview.

Se laisser embarquer dans un voyage, plus proche et plus en connexion avec nos écosystèmes. - Marie Lusson
Se laisser embarquer dans un voyage, plus proche et plus en connexion avec nos écosystèmes. - Marie Lusson

Reflets : Depuis l'obtention de ta thèse en 2021, tu n'as pas chômé. En 2023, tu publies un documentaire: «Méandres ou la rivière imaginée ». Ce n'est pas une chose courante qu'une doctorante prolonge ses recherches par la publication d'un documentaire. Tu nous en dis un peu plus sur tes intentions derrière ce projet ?

Marie Lusson : Pour être reconnu par ses pairs, un...

Citoyens, c’est la guerre !

3 avril 2024 à 17:10

Mais pas celle que vous croyez

Les princes qui nous gouvernent enchaînent les échecs économiques. Mais leur égo étant ce qu’il est, impossible pour eux de se remettre en question. Un ministre qui a plus de facilités à filer la métaphore sur les anus – le fameux renflement brun- qu’à mettre en œuvre des politiques macro-économiques a donc annoncé une guerre contre les plus faibles. C’est un choix de société qui devrait inquiéter tout le monde, y compris les classes les plus élevées de la population.

Le ministre de l'Économie n'est pas très au point en macro-économie

Ceux parmi vous qui ont suivi nos enquêtes sur les DrahiLeaks le savent, « la fin de l’insouciance, la fin de l’abondance » annoncées par Emmanuel Macron en août 2022 c’est pour les autres. Pas question pour le président de se l’appliquer à lui-même ou mieux, de demander à ses amis milliardaires ou chefs d’entreprises de prendre en compte ce nouveau paradigme. De fait, un peu moins de deux ans plus tard, le président a validé l’idée que deux de ses costumes voyagent sur un siège dédié, en première classe, pour aller l’attendre au Brésil. Alors que ses costumes volaient à 10.000 mètres d’altitude dans un confort de première classe, son gouvernement officialisait une guerre initiée il y a plusieurs millénaires contre les plus démunis, contre les plus faibles. L’abondance, l’insouciance, ce ne peut pas être pour tout le monde. Pour que certains puissent continuer à en profiter, il faut que d’autres se serrent la ceinture. Les classes les plus privilégiées, le « système » (lire également ici) est en guerre contre les autres. Pour la mener, le « système » a un besoin impérieux des politiques, quel que soit leur bord. Démonstration par l’exemple…

Le monde dans lequel nous évoluons a brutalement changé au mitan des années 70. En privilégiant un certain nombre de postulats (comme le fait que les marchés financiers seraient efficients ou que l’économie devrait être « dérégulée », les pays développés ont lâché la bride et mis en place un environnement juridique permettant...

Le projet secret de Patrick Drahi pour rentabiliser ses investissements dans Sotheby’s

25 mars 2024 à 15:00

Comment rembourser les 3,7 milliards dépensés

En s’offrant pour 3,7 milliards d’euros la maison de ventes aux enchères Sotheby’s, Patrick Drahi s’offre une stature internationale. Mais l’homme d'affaires a aussi un plan pour rentabiliser son investissement.

La maison de ventes aux enchères a ouvert de nouveaux horizons au milliardaire - © Caroline Varon

17 juin 2019, coup de tonnerre dans le milieu feutré de l’art : Patrick Drahi rachète la maison de ventes aux enchères Sotheby’s. Pour 3,7 milliards de dollars, le milliardaire s’ouvre une porte sur un monde très fermé. Déjà collectionneur, Patrick Drahi devient l’égal de François Pinault, propriétaire de Christie’s. En surpayant Sotheby's (qui ne dégage alors qu’un chiffre d’affaires de 1,04 milliard de dollars et un bénéfice net de 109 millions), il s’offre surtout un carnet d’adresse et une stature internationale. Mais même si l'achat est très largement affaire de prestige, l'homme d'affaire prépare en coulisse un plan pour rentabiliser, à terme, l'investissement.

Sotheby's à Londres - Zeisterre - Wikipedia
Sotheby's à Londres - Zeisterre - Wikipedia

Comme toujours, avec Patrick Drahi, le montage financier pour racheter Sotheby’s est assez complexe. Pour la galerie, une présentation simplifiée à été livrée aux médias. Le milliardaire explique investir « aux côtés de sa famille ». Il offre aux actionnaires une prime de 61 % sur le cours de l’action (par rapport à son plus haut de l’année 2019) en les achetant 57 dollars. Le financement repose sur de la dette (principalement BNP Paribas) et 400 millions en fonds propres qu'il récupère en cédant avant fin 2019 environ 2,5 % d’Altice USA.

En réalité, pour racheter Sotheby’s, Patrick Drahi et ses conseils habituels vont mettre en place un plan d’ingénierie financière complexe. Un document du cabinet d'avocats et de fiscalistes Mayer...

AMI, la société qui encaissait des commissions sur les contrats entre Altice et ses fournisseurs

25 mars 2024 à 14:00

Jusqu’à 10% des factures

Certains fournisseurs du groupe Altice ont versé des commissions à une filiale du groupe, en échange de prestations dont on n’a pas trouvé trace. Le système a été interrompu en 2018 à la demande du service juridique d’Altice.

AMI, l'amie du groupe - © Caroline Varon

En ce mois de mars, les giboulées sont déjà de sortie. Chez Altice, on les prend pleine face. Le 14, le groupe du milliardaire Patrick Drahi annonce la cession prochaine de BFMTV et RMC à Rodolphe Saadé, le magnat franco-libanais à la tête de CMA-CGM, géant du transport maritime et de la logistique. Six jours plus tôt, l’agence Bloomberg, spécialisée dans la finance a révélé l’ouverture par le Parquet national fiancier (PNF) d’une enquête préliminaire qui vise Altice. Elle cible des faits de « corruption de personnes n'exerçant pas de fonction publique, [de] blanchiment et [de] recel de ces délits ».

Le PNF se demande si le groupe de Telecom n’a pas, en France, mis en place un système similaire à celui révélé par la justice portugaise. Les enquêteurs lusitaniens reprochent notamment au bras droit de Patrick Drahi, Armando Pereira, d’avoir imposé des sociétés de prestation appartenant à des proches dans les affaires du groupe. Ceux-ci lui auraient renvoyé l'ascenseur sous forme de rétributions financières, ou d'avantages en nature. L’affaire n’est pas encore jugée et Armando Pereira est toujours présumé innocent mais ses conséquences se font déjà sentir.

Quelques têtes sont tombées chez Altice, dont celle de Yossi Benchetrit, directeur des achats d’Altice USA et gendre d’Armando Pereira. (Lire tous nos articles sur Armando Pereira) De son côté Patrick Drahi nie avoir eu connaissance de ces pratiques. Il s’affirme « trahi ». Mais pouvait-il vraiment ignorer les...

L’ex conseiller juridique de Patrick Drahi déballe les magouilles de son patron

Fraude fiscale et faux prêts

Dans un long courrier, l’ex-conseiller juridique de Patrick Drahi accuse l’homme d'affaires d’organiser la fraude fiscale de certains de ses lieutenants. Il est bien placé pour connaître la combine puisqu’il en a lui même été bénéficiaire.

Michel Matas met en cause Patrick Drahi - © Caroline Varon

La lettre recommandée qu’il décachette, en cette fin mars 2021, plonge Patrick Drahi dans une colère noire. L’homme d’affaire voit derrière la mise en demeure qui vient d’échouer dans sa boîte aux lettres une tentative de chantage de l’ancien conseiller juridique de son groupe, rien de moins. Il jure qu’il ne cédera pas… Et pourtant il va céder et signer un accord confidentiel assorti d’un joli dédommagement pour échapper à un grand déballage devant les tribunaux.

Au fil des 4 pages de cette mise en demeure, repêchées par Reflets, StreetPress et Blast dans les DrahiLeaks, Michel Matas retrace son parcours professionnel dans l’entreprise. De 2000 à 2004, il est l’avocat de Patrick Drahi «dans les dossier télécoms». Le 19 juillet 2005, il entre au service exclusif de Patrick Drahi et devient son conseiller juridique principal. La rémunération est des plus confortables : un fixe annuel de 130.000 euros (hors taxes) auquel peut s’ajouter jusqu’à 50.000 euros de «variable».

Première page du courrier de Michel Matas à Patrick Drahi - Copie d'écran - © Reflets
Première page du courrier de Michel Matas à Patrick Drahi - Copie d'écran - Reflets

Mais surtout le deal inclut une prime de 600.000 euros si Michel dépasse les cinq ans au service de Drahi et qu’il va encaisser en plusieurs fois. «Les modalités de versement de cette prime étaient explicitement mentionnées, sur ta proposition, “selon des modalités fiscales à déterminer” car tu m’avais expliqué à l’époque qu’un versement en Suisse éviterait tout impôt mais qu’on ne pouvait pas l’écrire comme ça»,...

De la Suisse aux Caraïbes, visite guidée de l’immense patrimoine immobilier de Patrick Drahi

Des maisons aux quatre coins du monde

Des villas en Suisse et aux Caraïbes, d’immenses appartements à New York, Tel Aviv et Paris… Patrick Drahi s’est constitué un patrimoine immobilier gigantesque grâce aux banques, toujours disposées à lui prêter aux meilleures conditions.

Un point de chute sur chaque continent ? - © Caroline Varon

Avec 27 passeports (https://reflets.info/articles/pas-de-frontieres-pour-les-drahi-et-leurs-30-passeports) pour une famille composée de 6 membres, le monde est un terrain de jeu et chaque pays une case de Monopoly, sur laquelle il faut poser des maisons : de la Suisse à la petite île de Saint-Kitts-et-Nevis, en passant par les États-Unis, la France ou Israël, les Drahi se sont bâti un empire immobilier qui se joue des frontières. Les documents issus des DrahiLeaks permettent de faire le tour du propriétaire. Le voyage commence en Suisse, pays tranquille à la fiscalité si douce.

Un milliardaire qui a su rester simple (Suisse/Genève /Cologny)

En Suisse, sa patrie officielle, la famille Drahi s'est dans un premier temps établie à Cologny. Ici, dans la « banlieue » de Genève, les fortunes et les grands noms du capitalisme voisinent dans la discrétion et l’entre-soi, dans un panorama exceptionnel. Dans cet Eden avec vue sur le lac Léman, les demeures rivalisent de luxe. Chez les discrets agents immobiliers qui accompagnent les transactions, les prix s’affichent et se négocient en millions de francs suisses (CHF).

Patrick Drahi, lui, semble mener une vie « toute simple », presque modeste, pour ne pas écrire banale, si l’on en croit un article de Vanity Fair qui brossait en mai 2016 le portrait d’un milliardaire en quête de simplicité. « Il se murmure, dans les rues du village, que l’homme est un peu spécial", brosse Sophie des Déserts dans son article, [car]" il...

Les très chers et très polluants jets privés de Patrick Drahi

25 mars 2024 à 10:00

Il s’est acheté le plus gros avion d’affaire du marché

Toujours plus haut : Patrick Drahi s’est offert le plus gros avion d’affaires du marché, pour la modique somme de 61,7 millions d’euros. Un joli coucou avec lequel il survole la planète dans tous les sens, générant au passage des milliers de tonnes de CO2.

Un jet pour s'envoler vers un ciel sans nuages ? - © Caroline Varon

Si l’on en croit les portraits publiés dans la presse, Patrick Drahi est un homme très simple. On peut le croiser à l’arrêt de bus, habillé très casual. S’il circule peut-être en bus quand il est en Suisse, pour ses déplacements dans le reste du monde c’est une autre histoire. La planète, l’homme d’affaires la survole, plusieurs fois par semaine, dans son jet privé. Son Bombardier Global 7500 est un monstre des airs - le plus gros appareil de l’aviation d’affaires en circulation. Prix d’achat? 61,7 millions de dollars.

Le jet de Patrick Drahi est rarement au garage. Pour les seuls cinq premiers mois de l’année 2022, il a effectué 56 vols sur quatre continents, note le magazine Complément d’enquête. Au total, l’appareil a avalé 128.000 kilomètres et émis 684 tonnes de CO2, soit plus de 70ans de rejets d'un Français moyen.

Les vols de Patrick Drahi en 2022 et 2023, avant qu'il n'interdise que son avion soit suivi - © Reflets
Les vols de Patrick Drahi en 2022 et 2023, avant qu'il n'interdise que son avion soit suivi - Reflets

Ce méga-jet n’est pas le premier avion de Patrick Drahi. Comme Reflets, puis Heidi News l’ont raconté, la société Manjet fondée par le milliardaire a acheté un Falcon 7X, puis un Bombardier 6500, tous deux revendus par la suite. Un autre appareil (un Challenger 3500, toujours chez Bombardier) devait être livré l’an dernier. Les documents des Drahileaks montrent par ailleurs que l’entreprise de Patrick Drahi supervise aussi les rotations et la gestion d’un Global 6500 appartenant à son bras droit Armando Pereira et d’un Global 3000. Ces avions...

Le yacht de Patrick Drahi navigue loin des impôts et du droit du travail

25 mars 2024 à 09:04

Un bateau à 32 millions d’euros

Patrick Drahi était, jusqu’en 2022, propriétaire d’un superyacht acheté presque 32 millions d’euros. Mais même quand il est question de son budget vacances, l’homme d’affaires met en place des montages pour éviter les impôts et autres droits sociaux.

Le Quite Essential, un petit bateau, en toute simplicité - © Caroline Varon

Que faire lorsqu’on est milliardaire et que l’on possède déjà plusieurs résidences à travers la planète - chalets en Suisse, villa aux Caraïbes et appartement géant à New-York ? À la tête du groupe Altice (SFR, BFM...) et 13ème fortune de France, Patrick Drahi s’est d’abord offert son jet privé, comme il se doit. Après avoir conquis les airs, il a voulu la mer. Il a donc investi dans un superyacht.

Mais jouir d’un yacht revient à jeter l’argent par le hublot : équipages, assurances, carburant, entretien, etc., tout se facture et l’addition gonfle vite. Problème, l’homme aime autant les opérations juteuses que les économies. Heureusement, le patron de SFR est un fin navigateur fiscal. Un art dans lequel il excelle, les révélations des DrahiLeaks l’ont documenté.

Le Quite Essential en ballade... - Copie d'écran sur un site de promotion des superyachts
Le Quite Essential en ballade... - Copie d'écran sur un site de promotion des superyachts

Un luxe essentiel

Patrick Drahi a usé de toutes les astuces pour réduire les coûts de son somptueux yacht, conservé pendant une petite décennie, de 2013 à 2021. Originellement appelé Quinta Essentia – traduction latine du « 5e élément » – le bateau géant a été rebaptisé Quite Essential quand il l’a racheté en 2013.

Classé dans la catégorie des superyachts, c'est un palace flottant qui porte bien son nom : « tout à fait indispensable », en français. En réalité, il a bien plus que le nécessaire. Ses 55 mètres de long peuvent accueillir jusqu’à 12 passagers et 13 membres d’équipage. À bord, rien n’est trop beau...

DrahiLeaks saison 3 : Altice, le groupe propriétaire de SFR pourrait s’écrouler

Nouvelles révélations sur un empire aujourd’hui en péril

Reflets, StreetPress et Blast publient une nouvelle série de révélations sur le groupe Altice (SFR, BFM, Sotheby’s…). L’empire de Patrick Drahi, dans le viseur de la justice et rattrapé par ses dettes délirantes est aujourd’hui en péril. Enquêtes.

La dette, le point faible de Patrick Drahi - © Caroline Varon

Tremblement de terre le 13 juillet 2023 : la justice portugaise déclenche l’opération « Picoas » et place en détention l’ami de toujours, le bras droit de Patrick Drahi, Armando Pereira. Dans son pays, celui-ci est un homme d’affaire star. Il a un temps été l’homme le plus riche du portugal avec une fortune estimée aujourd’hui à environ 2 milliards d’euros. Armando Pereira est l’homme avec qui Patrick Drahi a créé Altice en 2002. Il a été ensuite de tous les montages financiers, de tous les investissements, de tous les projets les plus fous. Armando Pereira est connu comme le cost-killer du groupe, craint pour ses méthodes de management brutales et les charrettes de licenciements qu’il laisse derrière lui.

DRAHILEAKS

Patrick Drahi est un homme d’affaires puissant. 13e fortune française bien que domicilié en Suisse, il est à la tête du groupe Altice. Un empire tentaculaire qui réunit notamment des entreprises de télécom (SFR, Cablevision…) et des médias (BFM TV, RMC…) ou de commerce d’art (Sotheby’s)...

En août 2022, le groupe de hackers russes Hive a mis en ligne dans un recoin caché d’Internet des centaines de milliers de documents piratés à Altice après avoir échoué à faire chanter l’homme d’affaires. Reflets, Blast et StreetPress se sont associés pour explorer ces leaks.

Aujourd’hui le groupe Altice est en péril. Nos enquêtes sur Patrick Drahi et son système de prédation de ses propres sociétés permet de mieux comprendre pourquoi il est si près du gouffre. Elles sont...

Les ego boursouflés à l'assaut du bien commun

20 mars 2024 à 13:04

Politiques, experts, toutologues, ils saturent l'espace public

A quoi sert la sagesse dans un monde qui va vers la folie ? lit-on dans une bande dessinée. A pas grand chose semble-t-il. Cette course vers la folie est précipitée par des personnages qui investissent et confisquent l'espace public pour gonfler leurs ego. A détriment donc du bien commun.

Le businessman dans Le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry - Copie d'écran

À écouter Emmanuel Macron et les ministres du gouvernement, tout va pour le mieux. Nous volons de victoires en victoires, de réussites en explosions de joie et de fierté. Ne sommes-nous pas les champions de l'économie, les organisateurs des Jeux Olympiques, la cathédrale Notre-Dame n'est elle pas en passe d'être reconstruite ? Cette pensée paralogique, c'est à dire une construction intellectuelle juste mais basée sur des prémisses fausses, masque une réalité bien plus triste.

La société française n'a jamais été parfaite. Le propos n'est pas de plonger dans une forme de nostalgie sur l'air de « c'était mieux avant ». Mais tout de même...

Les politiques ont depuis longtemps abandonné leur dernier pouvoir : celui de fabriquer la loi et de l'imposer aux divers secteurs qui composent notre société. Le « vivre-ensemble » suppose que chacun se plie à des règles communes qui protègent tout le monde. C'est un contrat social. Un renoncement aux droits ou aux envies individuelles au profit du bien commun, de l'intérêt général. Ils ont choisi, délibérément, de servir des intérêts individuels et de créer des lois qui répondent aux besoins de quelques uns, au détriment des autres. Et n'allez pas le leur faire remarquer. Si vous le faites dans la rue, vous subirez les foudres de la force publique. Si vous le faites poliment, ils vous rétorqueront que s'ils ne l'avaient pas fait, d'autres l'auraient fait....

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