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À partir d’avant-hierReflets.info

La vidéosurveillance vertueuse et éthique ? #5

12 juin 2024 à 15:42

Google avait pourtant déjà fait le coup avec son « Don't be evil »

La vidéosurveillance algorithmique (VSA) s’adapte. Cantonnés pendant des années au secteur de la sécurité, les éditeurs de logiciel de surveillance tentent d’intégrer de nouvelles fonctionnalités dans leurs outils pour créer de nouveaux besoins, mais surtout pour intéresser de nouvelles industries. Une diversification stratégique qui s’élabore notamment autour d’un discours tourné vers l’éthique, tendant à banaliser la surveillance des comportements humains dans notre quotidien par les machines.

VSA pour l'analyse d'une manifestation (Société Evitech) - Copie d'écran

XXII (« Twenty two ») c’est la startup sécuritaire cool et tendance par excellence. Présente dans le catalogue des solutions du « Programme général de sécurité des grands événements et des Jeux olympiques 2024 », membre du groupement Business France, de France Digital, de la French Tech DeepNum, de l’Alliance pour la Confiance Numérique (ACN), de l’Association nationale de la Vidéoprotection (AN2V), soutenue par la BPI, l’entreprise navigue avec aisance dans de nombreux réseaux d’affaires. Signe d’une banalisation croissante de l’industrie de surveillance, l’entreprise présentait il y a quelques jours son savoir-faire sur la scène principale de Vivatech, lors d’une conférence intitulée « L’IA dans les radars ». Événement durant lequel les visiteurs pouvaient obtenir des renseignements sur leur logiciel de vidéosurveillance algorithmique (VSA) directement auprès des stands (partenaires) de la SNCF, de Bouygues et du ministère des Armées.

XXII se présente elle-même comme leader de la « vidéosurveillance intelligente » en France. Avec environ 70 employés, et une impressionnante première levée de fonds de 22 millions d’euros bouclée en 2023, des fonds d’investissement prestigieux ont jugé utile pour leurs affaires de miser sur le domaine de l’IA de surveillance : Kima Ventures (Xavier Niel), 574 Invest (SNCF), Bouygues, Colas, ou encore l’Agence nationale de la Défense.

La société a vu le jour en 2015 grâce à son fondateur William Eldin, mais aussi via un capital de départ...

La vidéosurveillance algorithmique relance l'intérêt des caméras #4

10 mai 2024 à 14:08

Et pourtant, rien ne dit qu'elle sera plus efficace

Équipement particulièrement inefficace depuis sa première installation en 1991 pour résoudre les troubles à l’ordre public, la caméra retrouve depuis quelques années une seconde jeunesse grâce à l’apprentissage profond. Une innovation pleine de promesses sécuritaires, qui ouvre la voie à de nouvelles parts de marché, mais aussi à une nouvelle ère de la surveillance urbaine.

Des JO sous haute surveillance

Il n’aura échappé à personne que la vidéosurveillance algorithmique (VSA) a officiellement été autorisée dans l’espace public le 19 mai 2023, lors de la promulgation de la Loi du 19 mai 2023 relative aux jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. Une loi adoptée à toute vitesse — à peine cinq mois — lors d’une procédure accélérée, pour permettre aux entreprises privées de brancher leurs logiciels d’analyse comportementale derrière les caméras de vidéosurveillance.

Toujours selon les sources officielles , la VSA — appelée vidéoprotection intelligente par ses promoteurs — sera déployée (trouver les régions / sites) et aura pour objectif de détecter huit types situations.

  1. le non-respect du sens de circulation,
  2. le franchissement d’une zone interdite,
  3. la présence ou l’utilisation d’une arme,
  4. un départ de feu,
  5. un mouvement de foule,
  6. une personne au sol,
  7. une densité trop importante,
  8. un colis abandonné.

Copie d'écran d'un schéma figurant la VSA réalisé par la société Evitech
Copie d'écran d'un schéma figurant la VSA réalisé par la société Evitech

Avant de décrire les caractéristiques techniques de deux sociétés qui participent au programme d’expérimentation pour les JO 2024, voici quelques éléments de contexte pour mieux saisir les raisons de l’arrivée récente de la VSA en France dans l'espace public.

Tout part de la vidéosurveillance classique déployée pour la première fois à Levallois Perret en 1991, sous l’impulsion du maire le plus condamné du pays qui profita d’un vide juridique sur la captation d’images dans l’espace...

JO : tapis rouge pour les industriels de la sécurité et terrain d’expérimentations #3

26 avril 2024 à 16:34

Quelque 21,5 millions ont été débloqués via France Relance

Emmanuel Macron célèbre dès qu’il le peut les valeurs sportives et la beauté des JO. Mais derrière la com’ et le décorum, c’est l’industrie française de la sécurité qui est boostée avec pour objectif, une amélioration de la balance commerciale…

Affiche des JO - Copie d'écran

Si L’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques vous semble acrobatique, celle mise en place pour déployer des « innovations » techno-sécuritaires s’est quant à elle déroulée avec maîtrise et discrétion. Il faut dire que la vitrine offerte aux industriels de la sécurité urbaine par l’un des plus grands évènements planétaire représente avant tout une fantastique opportunité commerciale pour exporter leur savoir-faire.

Créés en 2010 à l’initiative du Premier ministre François Fillon, les Comités stratégiques de filières (CSF) se divisent en 19 catégories, chacune étant composée d’un groupement d’entreprises privées et spécialisées dans un domaine d’activité industrielle ou numérique. Les CSF dépendent directement du Conseil national de l’industrie (CNI), avec à sa tête un comité exécutif composé de 17 personnes, dont Gabriel Attal en tant que Premier ministre, Bruno Lemaire ministre de l’Économie, Patrice Caine (P.-D.G. de Thales) et Éric Trappier (P.-D.G. de Dassault Aviation). En se réunissant tous les trimestres, les industriels ont l’opportunité de « conseiller et éclairer les pouvoirs publics sur les enjeux de l’industrie française » au plus haut niveau. C’est également l’occasion d’assurer le suivi et la bonne application de contrats de filières signés entre les groupements d’entreprises (CSF) et l’État.

le Conseil Stratégique de Filière des Industries de sécurité (CSF) - Alliance pour la confiance numérique - Copie d'écran
le Conseil Stratégique de Filière des Industries de sécurité (CSF) - Alliance pour la confiance numérique - Copie d'écran

C’est dans le contrat de filière...

JO 2024 : le prétexte sécuritaire #1

11 avril 2024 à 08:51

Une occasion idéale pour répondre aux différents besoins de l’État

Issu d'une étroite collaboration entre la filière industrielle sécuritaire et le ministère de l'Intérieur, un programme en vue des JO 2024 a permis de tester en dehors de tout contrôle démocratique une centaine de dispositifs. Que contient ce programme, quelles innovations ont été testées, et par quelles stratégies l'industrie de sécurité s'organise-t-elle pour déployer ses produits dans notre quotidien ? Réponses dans cette série d'articles.

À Milipol, l'État fait la démonstration de son savoir-faire - © Reflets

L’artiste auteur de l’affiche officielle des JO 2024 dévoilée le 4 mars semble avoir voulu intégrer dans son œuvre tous les symboles possibles de cette 33ème olympiade. Dans un décor joyeux et haut en couleur — censé représenter tous les lieux des sites de compétitions olympiques —, les citoyens et sportifs sont mélangés et disséminés dans de somptueux gradins, amphithéâtres et terrains de jeux animés, où s’entremêlent des ponts et des édifices majestueux entourés de quelques luxuriants jardins à la française. L’eau, représentée à la fois par la Seine et l’océan, occupe presque un quart de l’illustration, exprimant un sentiment de douceur et d’apaisement. L’univers artistique est indiscutablement féérique, presque poétique. Mais il subsiste une ombre importante au tableau. On ne trouve pas la moindre trace des 35.000 policiers, 18.000 agents de sécurité privée, ou des 10.000 soldats de l’opération Sentinelle qui seront déployés chaque jour de compétition. Aucun périmètre de sécurité antiterroriste comme le prévoit la Loi SILT, d’escadrons de CRS en action, d’équipes du GIGN, de la BRI ou du RAID n’apparaissent. Ni caméras de vidéosurveillance ou hélicoptères, ni tireurs d'élite en stationnaire, ni drones, ni même le moindre petit centre de commande n'ont été représentés.

En se portant candidat et en remportant l’organisation de ces jeux, l’État français s’est lui-même créé un défi sécuritaire titanesque : 15 millions de visiteurs attendus dont 1 à 2 millions d’...

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