OQTF en sortie d’audiences à Bobigny
La justice instrumentalisée illégalement par la préfecture pour expulser des étrangers ?
Ils sortent libres du tribunal puis semblent s’évaporer, à peine l’audience terminée. Depuis plus d’un an, avocats et juges constatent la disparition inexpliquée de certains justiciables. Un seul point commun : ils sont tous étrangers. Que se passe-t-il dans les coulisses du tribunal de Bobigny ?

« Nos clients disparaissent tout simplement ». Le constat d’Agathe Grenouillet, avocate et membre du Syndicat des Avocats de France (SAF) est partagé par ses confrères et par des juges de Bobigny. Dans cette juridiction, des étrangers en situation irrégulière, convoqués pour des affaires sans lien avec leur statut administratif, ne ressortent pas du tribunal. Entre la salle d'audience et les portes du palais de justice, les policiers les retiennent sous de faux prétextes et les conduisent au dépôt, l'espace de rétention du tribunal. L'objectif caché ? Les expulser. Avocats et juges s'accordent sur un point : ces interpellations sont parfaitement illégales. La préfecture utiliserait le tribunal pour y faire la chasse aux étrangers.
Ils m’ont dit : venez récupérer vos affaires
En cherchant un de ses clients, un avocat l’a retrouvé au Centre de Rétention Administrative (CRA) du Mesnil-Amelot, une prison administrative pour étrangers en situation irrégulière, ultime antichambre avant l'expulsion. C’est ce qui est arrivé à Ibrahim Dosso. Installé en France depuis 2017, ce coiffeur comparaît mi septembre pour une affaire de violences conjugales. Son procès est reporté, il ressort donc libre aux côtés de son avocat. Mais à cet instant, des policiers l'invitent à les suivre au dépôt sous prétexte de récupérer ses affaires. Sur place, on lui remet une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), la mesure administrative qui enjoint à un...