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Reçu aujourd’hui — 6 mai 2025

L’instruction de Darmanin contre les « activités ludiques » en prison attaquée au Conseil d’État

6 mai 2025 à 13:31

Ces activités servent un objectif de réinsertion, leur suppression ne fait que servir l'agenda politique d'extrême-droite

Des associations et syndicats ont déposé un recours pour excès de pouvoir, défendu lundi après-midi devant le Conseil d’État. Ils déplorent les effets délétères de l’interdiction d’activités qui ont pour but de favoriser la réinsertion des détenus, dans un contexte de surpopulation carcérale dramatique. Le rapporteur public n'a donné que partiellement raison aux requérants.

Le Conseil d'État - CC

Le 1er février 2025, la maison d’arrêt de Toulouse-Seysse affichait un taux d’occupation de 216,9%, contre 158,9% en moyenne nationale dans les maisons d’arrêt. Elle fait partie des 18 établissements à dépasser les 200% de taux d’occupation, alors que 66 établissements ont un taux compris entre 150% et 200%. Quelque 42.000 personnes sont donc incarcérées dans des conditions dégradées, dont 4.490 dorment sur un matelas posé à même le sol. La population carcérale, toujours au 1er février, atteint 81.599 détenus pour 58.000 places environ, record absolu.

C’est dans ce contexte de surpopulation extrême et chronique qu’un atelier de soins du corps visant à aider les détenus à «retrouver une estime de soi», mené bénévolement par des élèves esthéticiennes, devait se tenir le 14 février. Concrètement, les détenus ont reçu des produits de base et des conseils, mais aucun soin de la part des intervenantes.

Soutien dynamique de la politique du Ministère de la justice, le syndicat FO Justice a étalé son indignation dans un tract au style tapageur et à la prose tendant à rappeler, en substance, que la prison ce n’est pas le Club Med, et qu'ils (les surveillants) sont ébahis que l’argent du contribuable serve à payer des massages crâniens aux meurtriers d’enfant. Sans recul ni discernement, la presse locale diffusa ladite indignation.

Et ce fut l’embrasement médiatique. Les médias Bolloré, bien aidés par le panurgisme des médias dits mainstream, s’interrogèrent à voix haute sur les...

Reçu avant avant-hier

La responsabilité de l'autorité judiciaire dans la mort d'Amandine

28 janvier 2025 à 17:49

Entre 2010 et 2014, trois procédures éducatives ont conclu à un non-lieu et une enquête pour violences a été classée sans suite

Amandine Pissara-Florès est morte le 6 août 2020, après des mois de coups, de privation de nourriture et de séquestration dans un débarras sordide. Son cas avait fait réagir des membres du corps éducatif, qui l'ont signalé plusieurs fois à l’institution judiciaire. Malgré ces alertes et plusieurs rapports inquiétant des services sociaux, une juge a décidé, à trois reprises, qu’Amandine n’était pas en danger.

La Justice - CC

Le vendredi 24 janvier, Sandrine Pissara a été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité pour « actes de torture et de barbarie » sur sa fille Amandine, tandis que son compagnon, Jean-Michel Cros, reconnu coupable de « privation de soins et d’aliments suivie de mort », s’est vu infliger une peine de 20 ans de réclusion. Les débats ont permis de retracer le calvaire que la mère avait infligé à Amandine, mais aussi à ses aînés, Jérémy et Cassandra, mettant au jour une mère maltraitante au plus au point, perverse et manipulatrice, qui a facilement dupé des institutions faibles n'ayant pas été à la hauteur de certains acteurs de terrain. Car avant cette période du confinement où les mauvais traitements ont atteint leur paroxysme jusqu’au dénouement fatal, Amandine a subi une vie de violences, de privations et d’humiliations, dont certains enseignants ont perçu les signes très en amont. Plusieurs signalements ont été réalisés ; ils ont donné lieu à trois procédures éducatives, qui se sont toutes soldées par un non-lieu. Une enquête pénale pour violences, menée au début de l’année 2014, a débouché sur un classement sans suite par le parquet de Montpellier. Ces procédures, si elles avaient été menées à terme, aurait sans doute permis de révéler les violences commises par Sandrine Pissara sur Amandine, de placer l'enfant, et donc, in fine, de la sauver. Cet article vise à exposer des faits ; il appartient à l'autorité judiciaire de déterminer...

Procès de la mort d'Amandine : « Quelle est cette rage qui vous anime, madame ? »

24 janvier 2025 à 14:28

La réclusion criminelle à perpétuité requise contre Sandrine Pissara

Jeudi 23 janvier, Sandrine Pissara s’est enfermée dans des dénégations absurdes, admettant le principe, mais pas les détails des mauvais traitements infligés à Amandine, tandis qu’un Jean-Michel Cros pleurnicheur a répété en boucle qu’il aurait dû agir, qu’il n’a rien vu et qu’il a été lâche - tout en éludant des questions essentielles.

Cour d'appel de Montpellier - Jorge Franganillo - Flickr - CC BY 2.0

Dans leur appartement, Sandrine Pissara a affiché cette phrase : « L’univers nous écoute et la justice ne peut rien contre nous

Des hurlements déchirent une nuit d’août 2019 et glacent le sang d’une jeune adolescente. Elle se positionne à la fenêtre de sa chambre, enregistre les cris, les suppliques et les pleurs, puis appelle sa mère qui à son tour se précipite à la fenêtre pour écouter. Mais le silence est revenu et l’incident passe. Après la mort d’Amandine, la mère repense aux cris entendus par sa fille et donne aux gendarmes l’enregistrement réalisé un an plus tôt, et qu’elle n’a jamais pensé à écouter.

Mardi 21 janvier 2025, peu après 19 heures, l’enregistrement est diffusé dans la salle d’audience. Il fait nuit, la journée a été longue ; en fin de matinée, le public nombreux et les jurés ont vu, en gros plan et sur trois écrans, les photos du corps martyrisé d’Amandine, que le président a subitement décidé de diffuser pour faire «craquer» l’accusée. Dans la salle, des soupirs ont fusé. Des visages sont passés de la concentration à l’effroi, les yeux soudainement voilés de larmes. Les jurés fixaient la photo du cadavre décharné de la fillette de 13 ans, tandis que le président commentait : «là, c’est le corps d’Amandine allongé sur le sol.» 1m55, 28 kilos. Il a exhorté l’accusée : «Vous allez nous expliquer pourquoi vous n’avez pas compris ?» Il a demandé au greffier de zoomer. «C’est son visage le 6 août 2020. Qu’est-ce que vous n’avez pas vu ? Ces plaies, ces...

« Quand un fruit est pourri dans un panier, on le met à part »

23 janvier 2025 à 16:29

Procès de la mère d'Amandine, morte de faim à 13 ans

Amandine est morte de faim et de mauvais traitements. Elle a été découverte le 6 aout 2020, au 2e étage de la maison où elle vivait avec sa mère, Sandrine Pissara, et son beau-père, Jean-Michel Cros, dans la commune de Montblanc (Hérault). Elle est jugée par la cour d’assises de Montpellier pour torture et actes de barbarie ayant entraîné la mort. Il comparaît pour privation de soins et d’aliments suivie de mort d’un mineur de 15 ans.

Amandine - D.R.

Le visage d’Amandine, lorsqu’elle a été découverte par les secours le 6 août 2020 à 16h55, est celui d’une momie tuméfiée. Un squelette jauni, aux orbites enfoncées. Une vision d’épouvante, résultat d’un martyr certain, administré à huis clos par une mère résolue qui régnait en tyran sur un petit monde familial, à la fois soumis et complice, qui voyait les violences sans en réaliser les conséquences. «La personne décédée à l'âge de treize ans a dû être victime de négligences graves de la part de son environnement familial pour atteindre un tel niveau d'amaigrissement et de mauvaise hygiène», écrit le médecin légiste dans son rapport.

Si le «comment» est une question douloureuse, le «pourquoi» est insoluble. Aucun membre de la famille de l’accusée n’est venu témoigner. L’enfance de Sandrine Pissara est demeurée un mystère et aucun «traumatisme originel» n’a été servi pour nourrir une théorie. Même en s’essayant aux plus hasardeuses contorsions psychanalytiques, il est impossible d’expliquer la haine tenace nourrie par la mère pour sa fille. C’est comme si ça remontait à toujours.

Quand Sandrine Pissara était enceinte d’Amandine, elle était toujours «très fatiguée». C’était sa 7e grossesse sur huit, et déjà, elle pensait qu’avec cette gamine, elle allait en baver. Amandine est née le 8 décembre 2006, prématurée. Pour sa mère, elle a toujours été un problème.

Sandrine Pissara a eu 8 enfants de trois pères différents. Cindy et Vanessa sont nées en 1989 et en 1990, d’un...

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