Gestion des API : le sourcing multiple est devenu standard
Pour la gestion des API, la tendance est à l’approvisionnement auprès de plusieurs fournisseurs.
Gartner avait fait la remarque l’an dernier dans le Magic Quadrant consacré à ce marché. Il va plus loin cette année : le sourcing multiple est devenu standard… en contrepartie d’un risque de fragmentation que peuvent toutefois atténuer les architectures fédérées.
Un autre mouvement s’est confirmé : une part croissante des utilisateurs de solutions de gestion des API sont des développeurs. Les stratégies marketing ont évolué en conséquence. Mais des offreurs gardent un déficit de visibilité auprès de ce public. Y compris quelques-uns de ceux que Gartner classe comme « leaders ». En l’occurrence, Axway, Boomi et, dans une certaine mesure, IBM.
17 fournisseurs, 7 « leaders »
En 2024, Boomi faisait partie des « acteurs de niche ». En un an, il a nettement progressé, tant en « exécution » (capacité à répondre effectivement à la demande du marché) qu’en « vision » (stratégies : sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit…). Axway et IBM étaient quant à eux déjà « leaders ». Même chose pour Google Cloud, Gravitee, Kong et Salesforce. On ne peut pas en dire autant de SmartBear, qui a rétrogradé chez les « visionnaires ».
Sur l’axe « exécution », la situation est la suivante :
| Rang | Fournisseur | Évolution annuelle |
| 1 | = | |
| 2 | IBM | = |
| 3 | Salesforce | + 2 |
| 4 | Kong | + 5 |
| 5 | Boomi | + 8 |
| 6 | Axway | – 3 |
| 7 | Gravitee | + 3 |
| 8 | WSO2 | + 6 |
| 9 | Microsoft | – 5 |
| 10 | SAP | – 3 |
| 11 | AWS | – 5 |
| 12 | Sensedia | + 5 |
| 13 | SmartBear | – 2 |
| 14 | Tyk | – 6 |
| 15 | Workato | nouvel entrant |
| 16 | Postman | – 1 |
| 17 | Solo.io | – 1 |
Sur l’axe « vision » :
| Rang | Fournisseur | Évolution annuelle |
| 1 | Kong | = |
| 2 | Boomi | + 12 |
| 3 | Gravitee | + 3 |
| 4 | Salesforce | + 3 |
| 5 | IBM | – 1 |
| 6 | – 4 | |
| 7 | Tyk | + 4 |
| 8 | Postman | – 5 |
| 9 | Axway | – 4 |
| 10 | SmartBear | – 2 |
| 11 | Microsoft | + 1 |
| 12 | Workato | nouvel entrant |
| 13 | SAP | = |
| 14 | WSO2 | – 5 |
| 15 | Sensedia | = |
| 16 | Solo.io | – 6 |
| 17 | AWS | = |
Axway : avec le chantier iPaaS, moins d’agilité sur l’IA
Comme l’an dernier, Axway se distingue sur la gestion fédérée des API. Gartner salue de plus le lancement récent d’une brique iPaaS. Il apprécie aussi la manière dont les partenariats (Stoplight, Ping, Graylog, Traceable…) viennent renforcer le modèle économique, au même titre que les acquisitions (en particulier celle de Sopra Banking Software, dont la fusion avec Axway a donné 74Software). Bon point également pour la capacité d’internationalisation, entre documentation multilingue et UI localisées.
Également comme l’an dernier, la notoriété auprès des développeurs reste limitée. Axway est par ailleurs plus lent que la concurrence pour livrer des fonctionnalités IA « avancées » (le focus sur l’iPaaS l’explique en partie, comme la restructuration de sa stack autour de la notion d’événements). Gartner relève, en parallèle, une croissance des ventes bien inférieure à la moyenne du marché.
Boomi manque d’accroche auprès des développeurs
L’année écoulée aura marqué un tournant dans la vision de la gestion des API chez Boomi, de sorte que ce dernier dépend désormais moins du seul iPaaS pour se différencier. L’acquisition d’APIIDA et de TIBCO Mashery a accompagné la refonte de l’offre, assortie d’une feuille de route que Gartner salue. Dans le même temps, la présence commerciale de Boomi s’est étendue, tant du point de vue géographique qu’au travers du renforcement de partenariats (ServiceNow et AWS en particulier).
Sur la gestion des API, Boomi reste, relativement aux autres « leaders », un petit acteur en termes de revenus et de part de marché. Il n’a pas non plus la même empreinte auprès des développeurs (son marketing reste perçu comme axé sur les métiers et les décideurs IT). Vigilance également quant à l’intégration avec les passerelles tierces : elle peut s’avérer complexe.
Apigee « généreusement » poussé comme complément à GCP
Google Cloud se distingue sur le volet innovation, entre autres parce qu’il a greffé à Apigee de quoi favoriser la conception d’API par des agents (avec prise en charge des protocoles A2A et MCP). Gartner apprécie aussi les possibilités offerts en matière de monétisation du trafic IA et de détection des usages abusifs. Il y ajoute la stabilité du produit et sa capacité à remplir les cas d’usage les plus complexes… sous réserve de disposer de l’expertise adéquate.
Google Cloud continue néanmoins à positionner ses produits comme des compléments à GCP plutôt que comme des solutions autonomes. Des clients signalent, de surcroît, qu’on les incite à migrer. Le produit en lui-même est relativement complexe à exploiter. Et malgré des changements positifs sur la tarification, des clients de longue date expriment leur inquiétude quant au rapport coût/bénéfices.
Gravitee n’a toujours pas sectorialisé son offre
Outre un déploiement flexible, Gravitee a pour lui l’indépendance vis-à-vis de tout cloud, progiciel ou iPaaS. Gartner souligne qu’il a su rapidement proposer une passerelle IA gérant le protocole MCP (et destinée à s’ouvrir aux maillages agentiques). Bon point également pour la performance commerciale (CA déclaré en croissance de 70 % sur un an), doublée d’une tarification simple.
Par rapport aux autres « leaders », Gravitee manque de notoriété. Il n’a toujours pas « verticalisé » son approche. Et sa clientèle reste largement concentrée en Europe (les acheteurs sur d’autres plaques géographiques se poseront la question du service et du support).
IBM, peu pris en considération hors de son écosystème
IBM est crédité d’un bon point pour la couverture fonctionnelle de son offre. Il l’est aussi pour la flexibilité de déploiement et la livraison de fonctionnalités axées IA (gestion des prompts, routage LLM). Gartner salue également la diversité de sa clientèle (tailles, régions, secteurs) ainsi que de son réseau commercial et de support.
L’acquisition de webMethods a produit un doublon au catalogue (voire plus si on considère que Red Hat a sa propre offre de gestion d’API), qui demeure en l’état même si IBM a promis une convergence. Big Blue a par ailleurs tendance à toucher essentiellement les organisations qui sont ses clients sur d’autres segments (il est peu évalué sinon). Et sur l’année écoulée, ses ventes ont connu une croissance sous la moyenne du marché.
Kong : une tarification qui peut prêter à confusion
Kong se distingue par les fonctionnalités AI-driven qu’il a livrées dernièrement (génération d’API, de spécifications et de serveurs MCP). Il parvient par ailleurs à conserver une forte visibilité, à renfort d’événements, de partenariats et de présence sur les principales marketplaces. Gartner salue aussi le lancement des Serverless Gateways (passerelles « légères » sans serveur) et de l’Event Gateway (qui permet de gérer des flux Kafka), intégrée avec son maillage de services.
Comme chez Gravitee, pas de solutions sectorielles au catalogue. Attention aussi à la courbe d’apprentissage que supposent les solutions Kong, en plus de la confusion que peuvent susciter la tarification basée sur les services et les frais supplémentaires pour des éléments comme les portails, les tests et l’analytics. Gartner y ajoute une présence limitée en Amérique du Sud, au Moyen-Orient et en Afrique comparé aux autres « leaders ».
Salesforce reste un des fournisseurs les plus chers
En complément à la présence commerciale et au réseau de partenaires, Gartner note que Salesforce a réussi à s’étendre sur le segment SMB (small and medium business, entreprises de moins de 1000 employés), qui représente 30 % du business de MuleSoft. L’intégration avec le reste de son offre a contribué à attirer une grosse base de clientèle. Salesforce jouit globalement d’une grande notoriété de marque, y compris auprès des développeurs.
En plus de rester l’un des fournisseurs les plus chers, MuleSoft présente une structure de prix complexe susceptible d’entraîner des coûts imprévus. Il est par ailleurs perçu comme plus réactif qu’innovant, en particulier pour ce qui touche à l’IA. Et les capacités restent limitées sur la monétisation comme le test d’API, ainsi que la fédération de passerelles.
Illustration © Murrstock – Adobe Stock
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