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Plaidoyer pour des interfaces temps réels

L’informatisation et la mise en réseau des ordinateurs nous ont apporté beaucoup de choses formidables ces trente dernières années. Toute la culture musicale, cinématographique et encyclopédique est désormais à une portée de clic de quiconque. Téléphoner de n’importe où à n’importe qui tout autour de la terre est devenu quelque chose de tellement courant que plus personne ne s’en extasie. Et même si l’interlocuteurice s’exprime dans une autre langue ça n’est presque plus un problème avec les différents services de traduction en ligne que l’on peut avoir.

Ne parlons même pas de ce mini-ordinateur que presque tout le monde a désormais dans sa poche, équipé d’une chaîne hifi complète, d’un caméscope, d’un appareil photo d’excellente qualité et d’une connexion permanente au réseau mondial.

Nos logements sont désormais entièrement automatisables et pilotables à distance.

Je peux avoir de la musique ou la radio quand je veux dans mon casque sans fil grâce à la baladodiffusion.

Tous ces rêves numériques des années 90 se sont concrètement réalisés aujourd’hui, mais nous avons tout de même perdu quelque chose : le temps réel des interfaces

N. D. M. : par « temps réel » est ici utilisé dans le sens réponse immédiate humainement parlant, sans latence perceptible, réactives (voir les définitions Wiktionary ou Wikipedia pour temps réel qui, pour l’informatique, vont amener des exigences supplémentaires sur la durée maximale de réponse, la garantie du temps de réponse, etc.

Sommaire

Le temps réel des interfaces

En effet, avec la diffusion du numérique à tous les étages, les interfaces se sont ramollies. Aujourd’hui, lorsque nous appuyons sur un bouton pour jouer une musique, lancer une vidéo ou valider un formulaire sur Internet nous n’avons pas un retour immédiat de cet appui.

Il s’écoule souvent un temps non négligeable entre l’appui sur ledit bouton et la réaction du système. Ce problème ne se limite pas aux boutons bien sûr, c’est le même problème avec les branchements des chargeurs et autres interfaces USB, HDMI…

Nous ne sommes jamais immédiatement sûrs que l’action se soit bien passée. Si la réaction met trop de temps à venir (lancement de la musique, icône de mise en charge, validation du formulaire…) nous allons avoir tendance à réessayer au risque de se retrouver avec un « dys »fonctionnement anormal. Le bouton « play » de la musique est également le bouton pause, un ré-appui sur le bouton coupe la musique. Une absence de réaction de l’appareil au branchement va nous amener à débrancher puis rebrancher jusqu’à jeter le câble et en prendre un autre. Un ré-appui sur le bouton du formulaire va en renvoyer un autre, etc.

Nous parlons bien ici des interfaces qui ne sont pas en temps réel. Cela n’a rien à voir avec la puissance de calcul des machines. Les appareils des années 90 avaient beau avoir des interfaces temps réel, ils n’étaient pas puissants, beaucoup ne disposaient même pas de microprocesseurs.

Sur mon lecteur de cassettes audio, lorsque j’appuyais sur le bouton « play » le bouton émettait un « clic » bien distinctif et une petite vibration dans le doigt qui m’assurait que mon appui était bien pris en compte. Et si j’étais à la fin de la cassette le bouton remontait immédiatement, je savais instantanément que cela n’avait pas marché et qu’il fallait que j’appuie sur « eject » pour retourner la cassette… ou « rewind » pour rembobiner.

Lecteur cassettes
Pour lire ma cassette de petit ours brun, j’appuie sur le triangle et ça fait «clic» instantanément !

Boite à histoires Yoto
Alors que pour allumer la boite à histoires, il faut appuyer sur un bouton planqué sur le côté, et attendre plusieurs secondes que l’écran affiche un sourire. Ai-je bien appuyé ? Dois-je retenter ? Y a-t-il suffisamment de batterie pour que j’obtienne une réaction ? Et je ne parle même pas des deux boutons rotatifs rouge qui ne réagissent pas instantanément (en plus celui de gauche est à tourner pour le volume et celui de droite est à CLIQUER pour changer d’histoire…)

Les télévisions cathodiques des années 70-80 prenaient un certain temps à chauffer avant d’afficher l’image, mais l’appui sur le bouton « on » était marqué par un « clang » bien net, et nous savions que la télé était allumée, nous pouvions attendre d’avoir l’image. Les télés d’aujourd’hui mettent également du temps à s’allumer, mais elles ne signalent pas toujours la bonne réception de notre action sur la télécommande. Et ne parlons même pas des écrans d’ordinateur avec leur interface tactile à la noix (on doit pouvoir parler d'interfaces digitales pour le coup non ?) dont on ne voit même pas où se trouve le bouton.

Les systèmes sont devenus mous

Et cette mollesse les rend dysfonctionnels. Je ne compte plus le nombre de fois ou voulant ré-appuyer sur un bouton de validation, j’ai finalement appuyé sur un nouveau bouton venant d’apparaître sous mon doigt/curseur. Sans parler de tous ces systèmes électroniques portables qui prennent un temps dingue avant d’afficher quelque chose quand on appuie sur le bouton “ON”. Systèmes qui ne sont pas toujours réellement éteints d’ailleurs et dont l’appui long… les éteint !
Ne parlons même pas des systèmes avec boutons rotatifs de type « potards numériques » qui — non contents de générer des rebonds ou de sauter des pas — fonctionnent avec la même mollesse que les boutons « standard ».

Mais le problème ne se limite pas aux systèmes embarqués. Oh que non ! Toute l’informatique « desktop » et mobile est touchée. Les sites Web ont rouillé avec leurs méga-octets de bibliothèques javascript à télécharger avant de pouvoir appuyer sur le moindre bouton.

Le réseau étant désormais massivement sans fil (WiFi, GSM, 4g, 5g, gégé, …), l’on ne sait pas toujours pourquoi cette page met tant de temps à se charger. Attention, il n’est pas question ici de vitesse de connexion, mais plutôt d’absence d’indication claire de ce qui est en train de se passer : ai-je déconnecté, ou le lien réseau est-il tout simplement lent ?

Revenons aux interfaces réactives

C’est un problème d’ergonomie. Et l’ergonomie est visiblement toujours reléguée en fin de projet «tant qu’on a un truc qui marche». Cependant, on pourrait considérer que non, ça ne marche pas si l’interface est si lente à réagir.

Je suis persuadé que ce problème n’est pas une fatalité. Il est possible de revenir à des interfaces humain-machine qui soient vraiment temps réel.

Mais il faut que tout le monde s’y mette.

  • Aux électroniciennes et électroniciens de mettre systématiquement le voyant (ou vibreur, ou son) qui va bien pour signaler le bon branchement du câble, et le bon appui sur le bouton.
  • Aux développeuses et développeurs noyau de soigner l’ordonnanceur pour s’assurer que la partie interface soit bien traitée dans un temps acceptable (moins de 100 ms ?).
  • Aux développeuses et développeurs d’applis de considérer un temps de réaction trop long des interfaces comme un bug qu’il faut corriger.
  • Aux utilisatrices et utilisateurs de ne plus accepter un seul ralentissement de l’interface et remonter systématiquement le problème comme un bug et/ou ne pas acheter/utiliser le produit.

Manifeste des interfaces temps réel

Voici donc une proposition/un manifeste de règles pour des interfaces temps réel :

  1. Toute action humaine (appui ou clic-toucher sur un bouton, branchement d’un câble…) doit être validée par un retour en moins de 100 ms par un visuel, un son ou une vibration.
  2. Si le système est bloqué l’utilisateurice doit le savoir. On doit pouvoir faire la différence entre un blocage et un temps de chargement. Un genre de watchdog de l’ergonomie.
  3. On peut certainement ajouter d’autres règles quand on fera des audits ITR (Interfaces Temps Réels) dans les bureaux d’études et de développement des grosses boites.

Vers un Score-Interfaces-Temps-Réel ?

Évidement, il est impossible que ces règles s’appliquent du jour au lendemain sur tous les appareils et logiciel du marché. On pourrait inventer un système de notation, à l’image du nutri-score mais pour les interfaces. Par exemple le SITR pour Score-Interfaces-Temps-Réel et développer une appli pour pouvoir récupérer le score des produits qu’on utilise.
Appli qui aurait le culot d’avoir un mauvais score histoire de faire causer.

Conclusion

Pour conclure sur ce manifeste décousu :

✊🏼 Oui l’ergonomie est importante !
✊🏽 Oui un temps de réaction trop long est un BUG !
✊🏿 Oui il faut que ça change !

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Bien débuter avec la distribution Manjaro Linux

Manjaro est une distribution GNU/Linux basée sur Arch Linux.
Arch Linux est réputée être une distribution fiable, mais difficile et longue à installer et à configurer. Manjaro propose de reprendre les bons côtés d’Arch mais en simplifiant l’installation et la configuration. Manjaro est tout à fait adaptée à un débutant.

Ma vie : j’utilise Manjaro depuis sept ans et je l’ai installée sur les quatre ordinateurs de la maison. Je suis fan et je la conseille aujourd’hui à tout le monde ! Cette dépêche ne sera donc pas un test de la distribution mais un retour d’expérience proposant quelques astuces pour installer, utiliser et maintenir Manjaro.

Cette dépêche est une mise à jour d’une ancienne dépêche : https://linuxfr.org/news/bien-debuter-avec-manjaro-linux.

Sommaire

Le tour de la distribution

Installation

L’installation se déroule assez classiquement (Manjaro utilise Calamares comme beaucoup d'autres distributions) en téléchargeant une image ISO que vous pouvez flasher sur une clé USB, avec Etcher par exemple. Ensuite, vous pouvez démarrer sur la clé, tester la distribution et utiliser le bouton « Installer Manjaro », puis suivre les étapes pour l’installer sur votre disque. Cela se fait très simplement et rapidement, et je ne reprendrai pas ici le déroulement de l’installation, car il existe de nombreux guides, qui sont finalement à peine nécessaires.

Choix des interfaces graphiques

Manjaro est disponible officiellement avec trois environnements de bureau : Xfce, KDE et GNOME. Pour chaque bureau, le thème et les couleurs Manjaro sont reprises, je trouve que les thèmes par défaut sont très agréables et très bien intégrés.

L’environnement GNOME :
L’environnement GNOME

L’environnement Xfce :
L’environnement XFCE

L’environnement KDE :
L'environnement KDE

Il existe également d’autres environnements de bureau proposés par la communauté. Je vous laisse en découvrir la liste !

De mon côté, j’ai une préférence pour GNOME, c’est pourquoi les captures et les explications suivantes seront réalisées avec cet environnement.

Les mises à jour

Tout comme Arch, Manjaro est une rolling release, c’est‑à‑dire que les mises à jour sont mises à disposition en continu. Vous passez d’une version de la distribution à une autre (par exemple de la 23.3 à la 24.0) sans vous en rendre compte, juste en mettant à jour vos paquets. Vous êtes donc assurés d’avoir toujours une distribution à niveau. Vous n’avez plus ce stress tous les six mois ou tous les deux ans d’avoir une mise à jour complète du système.
C’est également un avantage lorsque vous rencontrez un problème : la personne qui va vous aider est sûre que vous utilisez la dernière version.

Cependant, il faut savoir que Manjaro utilise ses propres dépôts et non ceux de Arch. Les paquets vont d’abord être testés avant d'arriver sur Manjaro, parfois un ou deux mois après leur sortie. C’est également pour cette raison que vous recevrez les mises à jour par lots, généralement toutes les deux à trois semaines.

La gestion des paquets

Le gestionnaire de paquets (ou Store d’applications pour ceux qui ne sont pas familiers avec Linux) est un élément central d’une distribution GNU/Linux. Celui de Manjaro utilise pamac, un dérivé de pacman qui provient de Arch Linux. Pamac est installé avec une interface graphique disponible pour KDE ou GTK (donc pour GNOME ou XFCE).

Éviter les problèmes lors des mises à jour

Les problèmes lors des mises à jour sont rares, mais ils existent et cela reste toujours ennuyeux. Voici quelques conseils pour les éviter :

  • lancer les mises à jour régulièrement, mais attendez tout de même un ou deux jours après leur publication ;
  • plutôt que d’exécuter les mises à jour via l’interface graphique, utilisez une console avec la commande :

    sudo pamac update -a

  • lors de chaque mise à jour, il y a une nouvelle entrée dans le forum Annoucements - Stable Updates. Un sondage permet de savoir combien de personnes ont eu un problème avec cette mise à jour, cela permet d’avoir une idée sur sa stabilité ;
    Mise à jour Manjaro

  • cette entrée du forum liste les bugs découverts pour cette mise à jour et les solutions pour résoudre les problèmes rencontrés ;
    Problèmes Manjaro

  • si la mise à jour paraît dangereuse pour votre système, lancez la via SSH ou via une console virtuelle (Ctrl + Alt + F3), en dehors de votre interface graphique.

Avant de prendre ces précautions, il m’est arrivé une ou deux fois d’avoir un problème au redémarrage, mais depuis, plus jamais de problème pour moi ! Et puis, je ne vais pas vous refaire la morale sur les sauvegardes à faire régulièrement. :)

Manjaro ne démarre plus : Utilisez le manjaro-chroot !

Avertissement : Cette méthode ne fonctionne pas avec le système de fichiers Btrfs

Si malgré ces précautions, Manjaro ne démarre plus (cela m'est arrivé lorsque mon PC s'est arrêté en cours de mise à jour), il me reste une astuce : l'outil chroot de Manjaro.
L'idée est de :
- Démarrer sur la clé USB avec l'image d'installation Manjaro
- Se connecter au système installé sur le disque dur
- Réparer le système en ligne de commande

Donc, démarrez Manjaro avec une clé USB (ou un DVD) comme vous l'avez fait pour l'installation.
Il faut monter les partitions sur lesquelles votre Manjaro est installée. Pour cela, utilisez le gestionnaire de fichiers et cliquez sur + Autres emplacements et cliquez sur la (ou les) partition(s) Manjaro pour les monter.

Montage des disques

Lancez un terminal et la commande :
manjaro-chroot -a

L'outil cherche alors l'emplacement de votre système et le monte automatiquement.

Vous pouvez alors lancer la commande que vous désirez sur le système qui ne démarre pas. Par exemple, pour terminer une mise à jour :
pamac update -a

Entrée dans le chroot

Installer des applications

Manjaro a développé une interface graphique (Pamac) pour chercher, installer et mettre à jour vos paquets.

pamac

Ajouter d'autres dépôts

Beaucoup de paquets sont disponibles sur Arch, mais il existe la possibilité d'ajouter d'autres dépôts via pamac. Allez pour cela dans les préférences de pamac et activez les dépôts AUR, Flatpak et Snap.

Pour accéder aux paquets snap, il faut installer le paquet
libpamac-snap-plugin

pamac

Voici maintenant ce que trouve Pamac lors d'une recherche du paquet Freecad :

pamac

Vous pouvez remarquer en colonne de gauche que vous pouvez installer des paquets de différentes provenances (dépôts officiels, AUR, Snap et Flatpak). C’est très important de comprendre d’où viennent vos paquets pour garantir la stabilité de votre système.

Je vais maintenant vous expliquer ce que sont ces dépôts et comment choisir parmi ceux-ci :

Dépôts officiels

Lorsque le paquet que vous recherchez est disponible dans les dépôts officiels, il faut privilégier ce type d’installation. C’est seulement si vous rencontrez un problème lors de l’exécution de l’application que vous pouvez l’installer via une autre source.

Flatpak et Snap

Snap et Flatpak sont deux magasins (Store) d’applications GNU/Linux qui poursuivent le même but : donner accès à des paquets qui peuvent être utilisés sur toutes les distributions.

Ces paquets prennent plus de place sur le disque dur car ils créent leur propre environnement d’exécution et utilisent donc moins de composants de Manjaro. Cependant, certains paquets ne sont tout simplement pas proposés par les dépôts Manjaro : Flatpak et Snap pourront alors vous sauver !

Manjaro vous permet d’installer et désinstaller des paquets Snap et Flatpak très facilement depuis l’interface et il ne faut pas s’en priver pour tester des applications, cela ne va pas alourdir le système après désinstallation.

Alors, comment choisir entre Flatpak et Snap ? Ce sont des concurrents, mais en gros :

  • la taille des paquets Flatpak est plus petite que Snap (moins de choses sont encapsulées) ;
  • Snap est propriété de Canonical (l’éditeur d’Ubuntu).

Donc, je vous conseillerais de privilégier Flatpak, et ensuite si cela ne fonctionne pas, d’utiliser Snap.

AUR

Enfin, il existe les paquets AUR (Arch User Repository), c’est un ensemble de paquets créés par les utilisateurs avant de rentrer dans les dépôts officiels. Ces paquets sont des listes de commandes qui permettent de compiler les sources du logiciel ou de télécharger et d'installer du code propriétaire. Parfois, ils ne sont plus maintenus ou contiennent des bogues, il faut donc les installer avec grande précaution.

Il y a également un problème technique avec les paquets AUR sur Manjaro, cela attire d'ailleurs de nombreuses critiques des utilisateurs Arch Linux vis à vis de Manjaro.
Manjaro utilise ses propres dépôts avec parfois des mises à jours de paquets qui arrivent plusieurs mois après être dans Arch Linux. Par contre, si vous installez un paquet AUR, il sera dans la même version que sur Arch.
Cela peut donc conduire à des dysfonctionnements sur Manjaro qu'il n'y a pas sur Arch. Comme les développeurs de AUR sont majoritairement sur Arch, cela les agace.

Je déconseille d’installer des logiciels depuis AUR, mais cela peut rester pratique dans certains cas (voir même l'unique solution). Personnellement, j’ai installé l’un de ces paquets pour mon imprimante Brother ou ma tablette graphique et cela fonctionne très bien.

Conclusion

Pour résumer :

  • dépôts officiels à privilégier pour l'installation de vos paquets ;
  • Flatpak à utiliser si non disponibles dans les dépôts ou si on veut seulement installer l’application pour un test ;
  • Snap à utiliser si le paquet Flatpak ne fonctionne pas ;
  • AUR déconseillé, à utiliser avec grande précaution.

Pamac est donc un point fort pour Manjaro, il permet, d’installer des paquets provenant de diverses sources et de disposer de versions très récentes. Malgré cela, le système reste très stable grâce au travail de la communauté Arch en amont et de la gestion des paquets Snap et Flatpak.

Utiliser et configurer Manjaro GNOME

Pas facile de s’y retrouver ici pour un débutant, c’est pourquoi je vais essayer de détailler certains outils. Ici, je ne vais parler que de la configuration avec Manjaro GNOME. Si vous utilisez KDE ou Xfce, ils seront peut-être différents, et peut-être plus centralisés…

Voici les différents outils qui vous permettent d'accéder à la configuration de Manjaro Gnome graphiquement :

  • GNOME control center - Aussi nommé Paramètres : Permet de configurer Gnome, mais aussi le système (Écrans, réseau, etc)
  • GNOME tweak tools - Aussi nommé Ajustements : Permet de configurer certains paramètres avancés de Gnome (Apparence, applications au démarrage, etc)
  • Gestionnaire de paramètres de Manjaro : Permet de configurer des choses spécifiques à Manjaro (Traductions, noyaux, etc)
  • Layouts : Permet de configurer l'apparence de Gnome mais aussi d'accéder facilement aux outils ci-dessus.

Rechercher dans le menu Activités

Si vous cherchez quelque chose sur Manjaro Gnome, commencez par utiliser le menu activité (menu en haut à gauche de la page ou bouton le plus à gauche de la barre d'outils) qui cherchera sur l'ensemble de votre l'ordinateur :
Gnome - activités

Ici, Gnome a trouvé l'application déjà installée Lollypop qui permet de lire de la musique, le répertoire Musique et propose des applications à installer en lien avec la musique.

Gnome - activités

Ici, Gnome vous propose d'accéder à vos imprimantes, d'en installer de nouvelles ou bien des applications en lien avec l'impression.

Gestionnaire de paramètres de Manjaro

Configuration
Vous retrouverez cet outil sur tous les environnements Manjaro. Les icônes sont assez explicites pour savoir ce qu'elles permettent de gérer. Voici cependant quelques précisions :

  • paquets linguistiques, c’est là qu’il faut aller si vous avez une application qui n’est pas traduite en français, c'est le cas par défaut pour Firefox ou Thunderbird ;
  • noyau, pour faire fonctionner certains matériels, il faut parfois changer de noyau ;
  • configuration matérielle, permet de connaître le matériel présent dans votre ordinateur et d’installer des pilotes propriétaires, ceux des cartes graphiques notamment.

Pour lancer cette application, cherchez Manjaro Gestionnaire dans le menu activités. Il est dommage que le sélecteur d'activités de Gnome ne liste pas les fonctionnalités incluses dans cette application.

Paramètres GNOME (GNOME control center)

Configuration

L’application GNOME Center permet de gérer tout ce qui va avec l’environnement GNOME :

  • les notifications ;
  • les applications par défaut ;
  • l’accessibilité.

Mais vous pouvez aussi configurer des choses en lien avec le matériel :

  • ajouter une imprimante ;
  • configurer le réseau ;
  • gérer les écrans.

Configuration

Et aussi, il y a des choses en doublon avec le gestionnaire de paramètres Manjaro :

  • régler la date et l’heure ;
  • créer un compte utilisateur.

Cependant, le menu Activités cherche parmi les options du Gnome control center, donc, je préfère passer par ce menu.

Ajustements GNOME (GNOME tweak tools)

Pour brouiller un peu mieux les pistes, GNOME propose un autre gestionnaire de paramètres.
Configuration

Il permet par exemple de :

  • choisir le thème GNOME utilisé ;
  • régler les polices de caractères ;
  • modifier la barre supérieure des fenêtres.

Bref, tout ce qui n'est pas dans le gestionnaire de paramètres.

Extensions GNOME (Extensions)

Configuration
GNOME propose également une interface pour gérer les extensions qui apportent des fonctionnalités (par exemple, la barre de lancement d’applications Dash to Dock qui est installée par défaut sur Manjaro GNOME).

Conclusion

La facilité de paramétrage de Manjaro GNOME, n’est certainement pas son point fort pour le débutant : tout est là, mais il faut chercher ! La solution est sans doute dans l’une des applications listée ci‑dessus…
Pour les versions KDE et XFCE, le nombre d’outils semble plus limité : ouf !

La communauté

Manjaro est un projet communautaire. Le site propose à la vente du matériel informatique pour soutenir le projet. Cette année, il y a eu un peu de rififi et le départ de certains développeurs importants. À l’utilisation de la distribution, cela ne s’est pas ressenti.

Pour la documentation, le wiki Manjaro ne m’a jamais été d’une grande aide non plus. En revanche, le wiki Arch est une référence en la matière et vous pourrez trouver beaucoup d’informations pour la configuration avancée (serveur, système, etc.). La version en français mérite également le coup d’œil.

Pour poser vos questions ou chercher une réponse, il y a le forum Manjaro officiel et un forum en français très actif et sympathique.

Les alternatives à Manjaro

Manjaro essuie un nombre assez important de critiques, je vais en lister quelques unes ici :
- Elle possède ses propres dépôts, d'où des problèmes avec les paquets AUR
- Elle profite du travail de Arch et propose du merchandising

Si cela est bloquant pour vous, vous pouvez essayer trois autres distributions :
- ArchLinux bien sûr ! Un peu moins pour les débutants, mais sa réputation est faite !
- EndeavourOS est une alternative, plus proche de Arch que Manjaro mais plus simple à installer que Arch
- Garuda Linux : Quelqu'un pour faire une description de cette distrib ?

Pour finir

J’ai écrit cet article pour les personnes qui débutent avec Manjaro, mais j’aurais pu également évoquer le shell zsh par défaut, l’installation automatique de tout mon matériel, de l’extension Dash to Dock installée et configurée par défaut, ainsi que la stabilité de l’ensemble…

Comme toutes les distributions GNU/Linux, elle convient bien sûr à des utilisateurs plus avancés. De mon côté, après être passé par Mandrake, Ubuntu, Linux Mint, Debian Sid, me voilà pleinement satisfait avec Manjaro !

Ceci étant dit, je pense que le choix d'une distribution linux n'est plus aussi important qu'il l'était il y a dix ans. On navigue entre le bon, le très bon et l'excellent ! Difficile de se tromper.

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L’écriture et l’image, des âges farouches au texte électronique

Dans cette nouvelle excursion du Transimpressux, nous voyagerons chez les Mayas de l’époque pré-colombienne ainsi que dans la Rome antique. Nous ferons un rapide tour des monastères médiévaux, nous irons rendre une courte visite à Aloys Senefelder à Munich. Nous en profiterons pour aller voir Isaac Newton, Tintin et Astérix et on terminera notre voyage à Kreutzal, en Allemagne. On n’y parlera pas de Rahan, quoique. On aura compris qu’il sera question d’image, d’écriture et de texte.

Le bar du Transimpressux vous propose un vaste échantillon issu du pas si grand livre des recettes de LinuxFr.org. En espérant qu’à la lecture de cette dépêche vous aurez fait un beau voyage.

Train jaune

Sommaire

Préambule

Au départ, j’avais prévu de parler aussi de formats, mais, à l’arrivée, c’est déjà bien long. La question des formats fera donc l’objet d’une autre dépêche de la série.

J’utilise indifféremment les termes de fonte, police, police de caractère ou typographie. Et, comme il sera question de périodes très éloignées dans le temps, celles antérieures à notre ère seront indiquées sous la forme AEC (avant l’ère commune).

Quelques définitions avant de commencer

Il est possible que certaines notions ne vous soient pas claires, ces quelques définitions vous seront peut-être utiles.

L’écriture et l’image, des concepts différents vraiment ?

L’écriture n’est pas de l’image, l’image n’est pas de l’écriture. Oui et non.

L’exemple des hiéroglyphes mayas

Le système d’écriture maya n’est pas purement logographique. D’ailleurs est-ce qu’un système d’écriture uniquement logographique ou pictographique existe vraiment ? On a vu précédemment sur LinuxFr.org concernant les systèmes d'écriture que les hiéroglyphes égyptiens et les sinogrammes n’étaient pas composés que de pictogrammes, mais qu’ils allaient de pair avec d’autres signes, notamment phonographiques. Il en va de même avec l’écriture maya qui

est un système graphique normalisé qui, au moyen de quelques centaines de « signes-mots » (ou logogrammes) et environ 150 phonogrammes marquant des syllabes de type Consonne-Voyelle1.

L’écriture maya est apparue, à notre connaissance vers 400 AEC et a été utilisée jusqu’au XVIIe siècle où l’envahisseur espagnol a tout fait pour l’éradiquer, y compris en brûlant des codex. Entre les Espagnols et le climat chaud et humide de la sphère d’influence maya, on ne connaît plus que trois codex mayas précolombiens2 : le codex de Dresde, celui de Paris et celui de Madrid. Un quatrième codex, le codex Grolier, conservé à Mexico est sujet à controverses, sa datation et son authenticité ne sont pas certaines. Mais on retrouve aussi l’écriture maya sur des monuments et du mobilier. On trouve également des graffitis, signe, sans doute, d’un certain niveau d’alphabétisation de la population maya. L’écriture maya devait transcrire plusieurs langues amérindiennes, lesquelles langues ont toujours des locuteurs.

codex de Paris
Deux pages du codex de Paris

Pour autant qu’on sache, pour les Mayas, leur écriture tout au moins, l’image était importante. Selon Jean-Michel Hoppan :

Cette écriture est rigoureuse et, tout à la fois, très souple. Elle n’est pas normalisée, au contraire de l’idée qu’on se fait habituellement d’une écriture. Le scribe peut privilégier l’esthétisme au détriment de la compréhension immédiate (en tout cas pour nous). C’est encore plus évident sur les céramiques, où le texte est parfois complètement inintelligible. Le glyphe est là, toujours chargé du pouvoir de l’écrit, mais le contenu de la parole n’est plus. Il devient image. Il y a une grande partie de la céramique où l’on voit de l’écriture, mais qui, de fait, est constituée de pseudoglyphes.3

Les hiéroglyphes mayas n’ont pas de bloc Unicode, même si les chiffres y figurent depuis la version 11.0 (juin 2018). Un billet du blog du consortium (en) du 23 janvier 2020 annonçait l’existence d’une subvention « pour restituer numériquement des écritures historiques et modernes supplémentaires, y compris des hiéroglyphes mayas. ». L’idée étant aussi de faire progresser la recherche de la connaissance de l’écriture et de la culture maya sur les sites de la période 250 – 900, une étape importante pour déterminer les signes à intégrer à Unicode, et d’aboutir à la création de polices OpenType. La dernière version de la norme Unicode, 15.1.0, date du 12 septembre 2023, un peu juste pour incorporer les hiéroglyphes mayas quand on sait que la création d’une police peut prendre de quatorze à seize mois.

Le contre exemple romain

L’alphabet latin puise ses origines dans l’alphabet étrusque, qui, lui-même, provient du système d’écriture grecque et c’est, bien entendu, celui que nous utilisons sur LinuxFr.org (le latin, pas le grec, suivez un peu). C’est celui de l’ASCII. Il figure dans l’Unicode, évidemment, où il dispose de plusieurs blocs. Le bloc latin de base contient en fait tous les caractères et commandes de l’ASCII. Il n’a pas été modifié depuis la version 1.0.0 d’Unicode.

D’après les écrits qui nous sont arrivés, les Romains avaient une vision très « utilitariste » de l’écriture. Pour eux (les écrits qui nous sont parvenus sur le sujet proviennent essentiellement d’hommes) :

l’écriture est essentiellement destinée à (…) représenter [le langage]. De plus, dans sa version alphabétique, qui est à peu près la seule à laquelle pensent les Latins, l’écriture est une notation des sons, les lettres renvoient à des sons élémentaires et l’alphabet correspond terme à terme (en principe) à un inventaire fini de ces sons.4

Il s’agissait donc pour les anciens Romains non pas de

faire une science de la langue à travers sa représentation graphique, mais bien une science de l’écrit en tant qu’il renvoie à la langue. (Françoise Desbordes).

Un support du langage bien imparfait d’ailleurs puisqu’il ne rend pas les effets du discours oral. Et ce facteur explique aussi que la graphie ait mis du temps à se normaliser. L’écrit étant l’image de l’oral : la langue pouvait être prononcée par des locuteurs avec des accents différents et s’écrire ainsi en fonction de la prononciation.

Les écrits des Romains étaient variés, indépendamment des discours, naturellement et sous diverses formes : monumentales, tablettes de cire, papyrus, mais aussi graffitis que l’on pouvait retrouver sur les murs des édifices privés. Des graffitis qui étaient destinés à être lus et étaient très liés à l’oral :

les messages interpellant parfois nommément, au vocatif, une personne – homme ou femme. Ainsi s’explique aussi l’abondance des exclamations (feliciter ! salutem !), des salutations (salve vale !) et des vœux (votum aux Lares pour la salus du maître de maison). Leur caractère performatif ne fait pas de doute.5

graffiti
Graffiti de Pompéi vantant les exploits sexuels du miles Floronius (CIL, IV, 8767). Wolff 2012, 19, fig. 7.

La séparation du texte et de l’image

Des compétences, des métiers et des techniques différentes.

Les manuscrits médiévaux, une séparation parfois extrême

Le travail de copie des monastères médiévaux, notamment (la profession se sécularisera à partir du XIIIe siècle), différait en fonction des lieux et des époques. Au début, le, ou les copistes, suivant en cela, semble-t-il, les traditions grecques et romaines, étaient également chargés de l’ornementation. Les copistes, parce que la copie d’un manuscrit pouvait être distribuée en plusieurs cahiers à différents copistes pour accélérer le travail de copie. La ponctuation, quant à elle, était généralement du ressort des correcteurs, quand il y en avait, pas des copistes.

Il arrivait aussi qu’il y ait un copiste pour le texte et un pour les enluminures, surtout pour les manuscrits les plus riches. Dans ce cas, le ou la copiste écrivait la lettre à enluminer et laissait la place nécessaire, à charge pour l’enlumineur ou l’enlumineuse d’orner le parchemin. Les copies n’étant pas du ressort unique des monastères, les enlumineurs et les enlumineuses étaient souvent des peintres.

Et parce que le travail était ainsi le fait de corps de métier différents, il subsiste des manuscrits médiévaux pas finis, avec des « blancs » pour des enluminures qui ne verront jamais le jour.

L’imprimerie : des typographies ornementales

Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les techniques d’impression ont assez peu évolué. Il y avait des perfectionnements et des améliorations, certes, mais, les techniques restaient grosso modo celles de Gutenberg. Les illustrations étaient gravées à part, puis, après la découverte fortuite de la lithographie par Aloys Senefelder en 1796 dessinées sur la pierre, ce qui permettait aux artistes de travailler directement sur la pierre sans avoir à passer par l’intermédiaire d’un graveur. La lithographie permet en effet de dessiner le motif sur la pierre, à l’origine. Senefelder travaillera aussi sur plaque de zinc. La lithographie repose sur le principe de l’antagonisme de l’eau et de la graisse : les zones à imprimer sont traités à la graisse, les autres sont mouillées. L’encre grasse se dépose ainsi seulement sur les zones grasses.

Si l’impression en noir et blanc pouvait se faire d’une traite, celle en couleurs, selon les exigences et les techniques utilisées, pouvait requérir jusqu’à quatorze opérations différentes, et presque autant de passages couleurs. L’offset actuel, un procédé qui dérive de la lithographie, fonctionne en quadrichromie : cyan, magenta, jaune et noir (CMJN) et autant de passages couleur.

Les ornements plus susceptibles d’être réutilisés : lettrines, culs-de-lampe et autres fleurons, lignes et arabesques faisaient l’objet, quant à eux, de fontes ornementales spécifiques. Il y avait même des graveurs typographes spécialistes de typographie ornementale comme Joseph-Gaspard Gillé (pdf) (1766-1826). Aujourd’hui, ce genre de fonte peut se trouver, dans les blocs Unicode de systèmes d’écriture, notamment, latin. On y retrouve d’ailleurs bon nombre de ces polices ornementales purement figuratives même si leur dessin ne correspond pas à une lettre. Mais elles pourraient aussi bien figurer dans les flèches, les filets, les pavés, le bloc casseau ou encore les deux zones supplémentaires.

Les symboles du zodiaque
Les symboles du zodiaque de la collection de fontes de Gillé. Les symboles du zodiaque figurent dans les points de code Unicode U+2648 à 2653 (avec des dessins moins figuratifs).

Toutes les techniques d’imprimerie continuent à exister, de façon plus ou moins anedoctique. Les deux plus répandues étant l’offset, pour les gros volumes, et l’impression numérique (laser ou jet d’encre). Cette dernière étant la seule à imprimer les couleurs d’une seule traite.

La bande dessinée : des métiers différents

La bande dessinée ce n’est pas un métier mais quatre métiers différents qui peuvent ou non, être assurés par la même personne :

  • le scénario,
  • le dessin,
  • la couleur,
  • et le lettrage qui nous intéresse ici.

Le lettrage, dans la bande dessinée ce sont en fait plusieurs types d’écriture :

le paratexte (titres, signatures, numérotation), les interventions du narrateur (récitatifs, didascalies, commentaires), toute la notation des sons (dialogues, onomatopées, bruits) – le lettrage assume ainsi une part très importante du « régime sonore » de la bande dessinée, au point que l’on appelle « muettes » les bandes dessinées qui n’en comportent pas du tout (puisque le lettrage n’est pas indispensable à la réalisation d’une bande dessinée).6

Gotlib (les Dingodossiers, la Rubrique à brac, Super Dupont, Gai-Luron) est entré en bande dessinée par la voie du lettrage.

L’élève Chaprot roi
Un extrait des Dingodossiers de Gotlib, scénario de Goscinny. L’image comporte des didascalies à gauche et en haut à droite, une bulle de texte, en-dessous, du texte « sonore. »

D’autres auront leur lettreur attitré, comme Hergé. Arsène Lemey a assuré le lettrage de ses Tintin à partir de la version allemande du Secret de la licorne, le onzième album de la série. La police de caractère créée par Arsène Lemey pour Tintin est l’Arleson, elle sera intégrée à la photocomposeuse de Casterman dans les années 1970. Pour la série Astérix ce sont les lettrages de Michel Janvier, en charge de cette tâche pour un certain nombre d’album depuis 1989, qui ont été numérisés. Trois famille principale de typographies ont ainsi été créées par Le Typophage : Regularus pour les bulles, Boldus pour l’écriture très grasse et Graphix pour les onomatopées et les symboles graphiques.

Avoir sa propre police est actuellement assez facile en passant par des sites comme le Calligraphe qui permettent de générer une typographie à partir de son écriture manuscrite. C’est ce qu’a fait notamment heyheymomo (en) qui offre sa police en téléchargement (en).

Qu’est-ce que le texte ?

Au début de l’informatique, chez IBM l’unité de mesure était le mot (word). La capacité d’une machine s’évaluait donc en nombre de mots. Un mot étant, selon le manuel de l’IBM 605 constitué de « dix chiffres et d’un signe algébrique ». Ainsi l’IBM 605 avait une capacité de 1 000 à 2 000 mots. Le texte n’était pas bien loin.

Mais, qu’est-ce que le texte ? Selon les points de vue, la notion de texte peut être très vaste. En musique par exemple, il est question de sous-texte et ça n’a rien à voir avec les paroles de chanson ou de mélodies ou le livret des opéras. Dans le cadre de cette série qui, globalement, traite de l’informatique dans le contexte historique de l’écriture, j’opte pour une définition restrictive et axée sur l’écriture et la lecture.

Le texte est ainsi de l’écriture qui peut se lire avec les yeux, les oreilles ou les doigts et qui peut aussi être lue par des robots. C’est du texte fait pour être lu pas pour être exécuté dans le cadre d’un logiciel par exemple. Ce qui exclut le code informatique de la définition, même si c’est écrit avec des éditeurs de texte7. On doit pouvoir faire des recherches dans le texte, naviguer dedans, en extraire une partie pour la réutiliser ailleurs, etc.

Il s’ensuit qu’une image avec de l’écriture dessus, ce n’est pas du texte. Un fichier PDF, fac-similé d’un livre imprimé n’est pas du texte. Et les versions PDF des livres numérisés que propose la BnF Gallica par exemple ne sont pas du texte. Un formulaire en PDF qui est en fait une image que l’on aura modifiée avec un outil de dessin (ou imprimé et modifié à la main puis numérisé) n’est pas du texte.

En revanche, si, de mon point de vue, la structure d’une base de données n’est pas du texte, son contenu par contre, oui. Ainsi, au hasard, celle de LinuxFr.org, est du texte, la partie publique tout au moins. Et ce n’est pas Claude qui me contredira.

Manchot à tables
Un genre d’allégorie des tables de la base de données de LinuxFr.org.

Il est d’autant plus important d’insister là-dessus qu’il se trouve encore des personnes qui ne font pas la différence entre les deux. Et ce, tout simplement parce que c’est écrit et qu’elles, elles, peuvent lire ce qui est écrit.

Nouveau Drop Caps : une police de lettrines

Puisque qu’il a été question plus haut de typographies purement décoratives, c’est l’occasion de vous présenter une police qui ne peut servir qu’à des lettrines ou des titres.

La police Nouveau Drops Caps

Nouveau Drop Caps est une fonte générée par Dieter Steffmann (en) un typographe de formation qui a créé plus de trois-cent-cinquante polices. La plupart sont plutôt plus à des fins décoratives que des polices de texte. Dans l’ensemble, ses polices peuvent être utilisées pour la langue française, elles ont les caractères qu’il faut. La position de Dieter Steffmann sur son travail est la suivante :

je considère les polices de caractères comme un patrimoine culturel, je ne suis pas d’accord avec leur commercialisation. Les polices autrefois fabriquées à partir de caractères métalliques avaient évidemment un prix en fonction de la valeur du métal, et le coût de conception, de découpe et de moulage est convaincant, d’autant plus que l’acheteur devenait également propriétaire des polices achetées !

Le site sur lesquelles il les dépose, 1001 fonts a, d’ailleurs, une licence (en), avec une disposition assez originale. La police

peut être téléchargée et utilisée gratuitement pour un usage personnel et commercial, à condition que son utilisation ne soit pas raciste ou illégale. (…)

Les fontes peuvent être librement copiées et transmises à d'autres personnes pour un usage privé mais pas être vendues ou publiées sans l’autorisation écrite des auteurs et autrices.

Les textes et documents qui ont servi à alimenter cette dépêche

Les références sont données à peu près dans leur ordre d’apparition dans le texte. La plupart sont accessibles en ligne, et, volontairement, il y a un minimum de références à Wikipédia. Il y a, également, le minimum possible de sources en anglais.

L’écriture maya

Jean-Michel Hoppan est l’un des seuls (le seul ?) spécialiste français d’un domaine de recherche (l’écriture maya) qui ne compte qu’une centaine de personnes dans le monde.

La vision romaine de l’écriture

  • Idées romaines sur l’écriture, Françoise Desbordes, 1990, EPUB : ISBN 9782402324168, PDF : ISBN 9782402657495, marquage filigrane. La maison d’édition FeniXX qui édite ce livre est spécialisée dans la réédition des livres indisponibles du XXe siècle.
  • L’écriture en liberté : les graffitis dans la culture romaine, Michelle Corbier, extrait de Langages et communication : écrits, images, sons, Corbier Mireille et Sauron Gilles (dir.), éd. électronique, Paris, Éd. du Comité des travaux historiques et scientifiques (Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques), 2017.

Les manuscrits médiévaux

On peut se procurer ces livres au format PDF (fac-similé), en texte brut (je travaille sur une version que je compte mettre en ligne pour chacun de ces livres), les emprunter en version EPUB à la BnF si l'on a un compte, ou acheter l’EPUB. À noter que, selon les librairies, le fichier EPUB a ou non une protection numérique : ainsi, Le Furet du Nord indique qu’ils n’en ont pas, Cultura annonce une DRM LCP, et la FNAC une DRM Adobe.

Bonus ! Si vous voulez vous rincer l’œil, l’IRTH (Institut de recherche et d’histoire des textes) a dressé une liste de sites pour accéder au manuscrit médiéval numérisé.

L’imprimerie

La bande dessinée

  • Lettrage, Laurent Gerbier, Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, septembre 2017.

Postambule

La question des formats sera abordée dans le prochain chapitre qui est déjà bien avancé. Et ce n’est pas plus mal, finalement.

Dans le cadre de cette série, il va me falloir traiter aussi de la question des codes (sur laquelle j’ai quelques lacunes, vos suggestions sont bienvenues). Unicode, bien que déjà pas mal abordé, mérite un chapitre à lui tout seul : histoire, composition du consortium, comment on ajoute un système d’écriture à Unicode, et quelques paragraphes sur le code lui-même (et là…). Je pense que je pourrais peut-être caser la norme ISO des écritures dans ce chapitre. Si j’ai parlé de conservation, il va falloir parler de l’archivage : protocoles, accès, ce qui me permettra d’évoquer aussi de la science ouverte, je pense.


  1. L’écriture maya](https://www.inalco.fr/lecriture-maya), Jean-Michel Hoppan, INALCO. 

  2. Les codex étaient écrits sur un papier, l’amate, fait à partir de l’écorce d’un figuier local. 

  3. Les glyphes mayas et leur déchiffrement, Jean-Michel Hoppan, 2009. 

  4. Idées romaines sur l’écriture, Françoise Desbordes & Centre national de la recherche scientifique & Anne Nicolas, 1990. 

  5. L’écriture en liberté : les graffitis dans la culture romaine, Mireille Corbier, 2014. 

  6. Lettrage, Laurent Gerbier, septembre 2017. 

  7. Je reconnais qu’il peut y avoir matière à pinaillage sur ce sujet. 

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GIMP 2.10.38 est sorti

Note : cette dépêche est une traduction de l'annonce officielle de la sortie de GIMP 2.10.38 du 3 mai 2024 (en anglais).

Cette (peut-être dernière) version stable de GIMP 2 apporte des rétroportages très demandés de GTK3, y compris une prise en charge améliorée des tablettes sous Windows. Un certain nombre de corrections de bugs et d’améliorations mineures sont également incluses dans cette version.

Sommaire

Cette actualité répertorie les changements les plus notables et visibles. En particulier, nous ne répertorions pas toutes les corrections de bogues ou améliorations mineures. Pour obtenir une liste plus complète des modifications, vous devez vous référer au fichier NEWS ou consulter l'historique des commits.

Nouvelles fonctionnalités et améliorations

Prise en charge améliorée des tablettes sous Windows

Avant cette version, GIMP prenait uniquement en charge la connexion de tablettes sous Windows via les pilotes WinTab plutôt que les nouveaux pilotes Windows Ink. Pour cette raison, nous avons reçu un certain nombre de rapports concernant des tablettes présentant des problèmes avec des boutons qui ne répondent pas, une sensibilité à la pression incorrecte, un mouvement de brosse retardé et des changements de position à mi-course.

Ces problèmes étaient dus à une limitation de GTK2, car la prise en charge de Windows Ink a été implémentée dans GTK3 par Luca Bacci, contributeur de longue date. Pour cette version, Luca a eu la gentillesse de rétroporter ce support vers GTK2. Vous pouvez désormais basculer entre les pilotes WinTab et Windows Ink (s’ils sont pris en charge par votre ordinateur) dans la boîte de dialogue Préférences sous les paramètres du périphérique d’entrée.

Windows Pointer Input API option in GIMP 2.10.38
Windows Pointer Input API peut être changé maintenant - GIMP 2.10.38

Rétroportages d’autres fonctionnalités de GTK3

Luca a également contribué à plusieurs autres fonctionnalités portées de GTK3 à GTK2. Certaines des améliorations rétroportées incluent la mise à jour de la taille de la boîte de dialogue d’impression afin que les boutons ne soient pas coupés, la résolution de problèmes avec les boîtes de dialogue contextuelles apparaissant derrière les précédentes et plusieurs correctifs concernant la saisie au clavier.

Ces améliorations concernent principalement Windows et sont déjà incluses dans la version de développement 2.99. Cependant, nous sommes très heureux que ces améliorations de la qualité de vie soient désormais disponibles dans cette version stable de GIMP 2.10 !

Corrections de bogues

Crashs récents

Deux crashs fréquemment signalés ont été corrigés. Un changement dans GLib 2.80 a exposé un bogue dans notre processus de fermeture et provoqué un crash à la sortie. Luca Bacci a une fois de plus conçu un correctif pour la version 2.10.38 et la prochaine version candidate 3.0. Un autre crash que certains utilisateurs rencontraient lors de très petites sélections a également été corrigé.

Autres correctifs

Un certain nombre d’autres petits bugs ont été corrigés dans cette version. Parmi eux :

  • Les PNG indexés avec transparence sont désormais exportés avec les bonnes couleurs
  • Anders Jonsson a corrigé les plages d’entrée de plusieurs filtres tels que Waves et Distort
  • Le champ de personnalisation de la barre de titre prend désormais en charge les caractères UTF-8
  • Les commentaires d’images existants ne « fuient » plus dans les images nouvellement créées

Statistiques de sortie

Depuis GIMP 2.10.36 :

  • 16 rapports ont été clos comme CORRIGÉS dans la version 2.10.38
  • 9 demandes de fusion ont été exécutées
  • 81 commits ont été poussés
  • 1 nouvelle traduction a été ajoutée : kabyle
  • 16 traductions ont été mises à jour : biélorusse, portugais brésilien, anglais britannique, danois, géorgien, allemand, grec, hongrois, islandais, italien, norvégien nynorsk, slovène, espagnol, suédois, turc, espagnol

25 personnes ont apporté des modifications ou des correctifs à la base de code de GIMP 2.10.36 (l’ordre est déterminé par le nombre de commits) :

  • 7 développeurs : Alx Sa, Jehan, Luca Bacci, Jacob Boerema, Lukas Oberhuber, lillolollo, Øyvind Kolås
  • 19 traducteurs : Kolbjørn Stuestøl, Sabri Ünal, Bruce Cowan, Yuri Chornoivan, Vasil Pupkin, Anders Jonsson, Rodrigo Lledó, Jürgen Benvenuti, Sveinn í Felli, Andi Chandler, Juliano de Souza Camargo, Ekaterine Papava, Balázs Úr, Martin, Philipp Kiemle, Alan Mortensen, Dimitris Spingos, Marco Ciampa, Yacine Bouklif

Contributions sur d’autres dépôts du GIMPverse (l’ordre est déterminé par le nombre de commits) :

  • La branche gimp-2-10 de gimp-macos-build (scripts de build macOS) a eu 30 commits depuis la version 2.10.36 par 2 contributeurs : Lukas Oberhuber, Bruno Lopes.
  • La version flatpak est composée de 11 commits par 3 contributeurs : Jehan, Hubert Figuière et Bruno Lopes.
  • Notre site Web principal a eu 42 commits depuis la sortie du 2.99.18 par 4 contributeurs : Jehan, Alx Sa, Andre Klapper et Lukas Oberhuber.
  • Notre site Web du développeur a enregistré 34 commits depuis la version 2.99.18 par 6 contributeurs : Bruno Lopes, Jehan, Alx Sa, bootchk, Alpesh Jamgade et Robin Swift.
  • Notre documentation 2.10 a eu 35 commits depuis la version 2.10.36 par 8 contributeurs : Alan Mortensen, Anders Jonsson, Rodrigo Lledó, Jacob Boerema, Kolbjørn Stuestøl, Marco Ciampa, Andi Chandler et Vittor Paulo Vieira da Costa.

N’oublions pas de remercier toutes les personnes qui nous aident à trier dans Gitlab, rapportent des bugs et discutent avec nous d’éventuelles améliorations. Notre communauté est également profondément reconnaissante envers les guerriers d’Internet qui gèrent nos différents canaux de discussion ou comptes de réseaux sociaux tels que Ville Pätsi, Liam Quin, Michael Schumacher et Sevenix !

Remarque : compte tenu du nombre de composants dans GIMP et son univers, et de la manière dont nous obtenons des statistiques via les scripts git, des erreurs peuvent se glisser dans ces statistiques. N’hésitez pas à nous dire si nous avons manqué ou mal catégorisé certains contributeurs ou contributions.

Nouvelles de l’équipe et processus de publication

Idriss, contributeur du GSoC 2023, a récemment obtenu un accès « développeur » sur le référentiel source principal, pour le travail formidable qu’il a continué depuis lors.

Ville Pätsi, contributeur de très longue date (plus de 20 ans !), sur divers sujets (design, thématisation et plus) a obtenu l’accès « reporter » à Gitlab pour aider au tri et à l’organisation directement dans le tracker.

Autour de GIMP

Des nouvelles des miroirs

Depuis nos dernières nouvelles, 3 nouveaux miroirs accueillent GIMP :

  • Clarkson Open Source Institute, États-Unis
  • FCIX, Suisse
  • Tomás Leite de Castro, Portugal

Cela nous amène à un total de 49 miroirs répartis dans le monde.

Les miroirs sont importants, car ils aident le projet en partageant la charge de dizaines de milliers de téléchargements quotidiens. De plus, en disposant de miroirs répartis à travers le monde, nous garantissons que tous aient un accès rapide au téléchargement de GIMP.

Sponsors d’infrastructure et de matériel

Nous avons amélioré la page sponsor avec 2 sections :

  • "Infrastructure Sponsors" répertorie les sponsors qui aident GIMP au niveau de l’infrastructure :

    • CircleCI et MacStadium rendent possible notre plateforme d’intégration continue macOS.
    • Arm Ltd. sponsorise et administre plusieurs exécuteurs « Aarch64 » sur Windows pour notre version ARM 64 bits pour Windows ; et Microsoft avait offert des frais uniques pour leur Microsoft Store.
  • "Hardware Sponsors" répertorie les sponsors qui ont fait don de matériel aux contributeurs pour les aider dans leur travail de développement :

    • Arm Ltd. a récemment fait don d’un kit de développement Windows 2023 pour prendre en charge notre récent support Aarch64/Windows.
    • Purism a fait don d’un Librem Mini en 2021.

Télécharger GIMP 2.10.38

Vous trouverez toutes nos builds officielles sur le site officiel de GIMP (gimp.org) :

  • Flatpaks Linux pour x86 et ARM (64 bits)
  • Installateur Windows universel pour x86 (32 et 64 bits) et pour ARM (64 bits)
  • Paquets macOS DMG pour le matériel Intel
  • Paquets macOS DMG pour le matériel Apple Silicon

D’autres paquets réalisés par des tiers devraient évidemment suivre (paquets des distributions Linux ou *BSD, etc.).

Et ensuite ?

C’est clairement l’une des plus petites versions de la série 2.10, et elle pourrait être notre dernière. Nous verrons, même si nous savons aussi que certaines personnes restent bloquées plus longtemps que d’autres sur des séries plus anciennes (en particulier lors de l’utilisation des distributions Long Term Support (LTS) de systèmes d’exploitation de logiciels libres), si nous pourrions donc faire (si nous pensons que c’est nécessaire), une version 2.10.40 avec des corrections de bogues juste avant ou juste après la sortie de GIMP 3.0.0, en guise de conclusion.

Dans tous les cas, nous arrêtons désormais le rétroportage des fonctionnalités de la série 2.10. Ces améliorations de la prise en charge des tablettes graphiques pour Windows sont suffisamment importantes pour qu’elles aient dû être intégrées ; mais à partir de maintenant, nous voulons nous concentrer uniquement sur la sortie de GIMP 3.0.0.

Maintenant, vous vous demandez peut-être quand cela se produira-t-il ? Très bientôt ! Nous sommes sur le dernier sprint vers la release candidate. Cela inclut de nombreuses corrections de bugs, mais également des modifications de l’API en cours. Nous vous tiendrons au courant !

N’oubliez pas que vous pouvez faire un don et financer personnellement les développeurs de GIMP, comme moyen de redonner et accélérer le développement de GIMP. L’engagement communautaire permet au projet de se renforcer ! 💪🥳

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