Elle termine tout de même par une comparaison avec l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie...
> Selon Maud Quessard, directrice du domaine Euratlantique à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (Irsem), cette diplomatie en apparence erratique est pourtant bien construite et mûrement réfléchie.
> Comment qualifier la politique étrangère de ce deuxième mandat Trump ?
> Elle s’inscrit, comme ce qui se fait en politique intérieure, dans une dérive autoritaire de l’Etat américain. Et surtout, elle est marquée par une tendance de fond : c’est une idéologie nationaliste et ultrareligieuse qui détermine désormais l’agenda de politique étrangère américaine. Ce n’est donc pas l’imprévisibilité du président Trump mais le projet des personnes qui l’entourent. Et ce ne sont pas Pete Hegseth [secrétaire à la Défense, ndlr] ou Marco Rubio [secrétaire d’Etat] qui sont à la manœuvre, mais davantage l’entourage de J.D. Vance et de l’ensemble des courants nationalistes conservateurs et ultrareligieux.
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> Donald Trump, c’est l’homme de paille de l’agenda politique déterminé par les nationalistes américains et la droite religieuse, avec J.D. Vance à la jonction de ces courants.
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> Ils n’ont plus de projet, de grande stratégie à l’international. Ils n’ont comme projet que ce qui sert les intérêts nationaux et qui nous a d’abord étonnés : sécuriser les voies maritimes au Sud comme au Nord, avec le canal de Panama, le Groenland ou l’Arctique. Selon eux, c’est comme ça qu’on reste un pays puissant, en contrôlant des points stratégiques, des routes commerciales. On est de retour à une politique étrangère qui est héritée du XIXe siècle avec des sphères d’influences.
> Ce qui est plus perturbant, c’est qu’on ne comprend pas pourquoi Donald Trump adopte une politique de pression maximale aussi forte en utilisant les instruments commerciaux, ce qui paraît totalement contre-productif. Sur ce sujet, on peut effectivement craindre beaucoup d’amateurisme. Les conseillers économiques de Trump sont les plus mauvais, les plus contestés du paysage des experts de l’économie américaine. Donc tout n’est pas complètement cohérent. Mais le projet idéologique, il est quand même là. Et si vous regardez l’histoire des régimes autoritaires, que ce soit l’Italie fasciste ou l’Allemagne nazie, ils n’ont pas commencé avec des prix Nobel, des chercheurs émérites, ou des diplomates de carrière. Ils prennent d’abord des hommes de main.
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