Eté 1945 : Hiroshima et Nagasaki ou la stratégie américaine de faire la guerre tout en prônant la paix, par Michael Lucken – Libération
Hiroshima, c’était il y a 80 ans. Il reste quelques survivants. Bientôt, il ne restera que des photos. Et c'est terrible, car les images diffusées depuis ce meurtre de masse américain ont contribué à véhiculer l'image d'une mort "technologique", "scientifique", presque "propre" :
> ni les Japonais ni les Américains n’avaient intérêt à l’époque à diffuser des photographies de femmes et d’enfants calcinés. Les premiers parce qu’ils voulaient que le peuple garde le moral et continue de se battre tant que la guerre n’était pas terminée ; les seconds parce qu’ils n’avaient bien sûr aucune envie d’exposer au regard du monde les horreurs qu’ils avaient commises. C’est ce qui explique que non seulement il ne reste en tout et pour tout que quelques dizaines de clichés figurant des cadavres dans les deux villes irradiées, mais encore qu’ils n’ont jamais été mis en avant dans les reportages et les expositions.
Une bombe nucléaire, ça vaut pas mieux qu'une attaque chimique, et pour les victimes de l'épicentre proprement volatilisées, il y en a des milliers d'autres qui ont souffert mille morts :
> Les récits et les dessins qu’ils ont produits, souvent des décennies plus tard, offrent une tout autre vision des événements. Ce qui en ressort inlassablement, ce sont les descriptions de la souffrance et de la mort : les gémissements des grands brûlés, la puanteur émanant des corps putréfiés dans la chaleur du mois d’août, la détresse de ceux qui cherchaient des proches dans les décombres. La mort nucléaire n’y est plus cet instant ineffable où tout disparaît, où les corps s’évaporent, cette mort qui terrifie l’âme, mais qui semble également nette, moderne et scientifique. Les dessins des survivants remettent de la couleur, du sang et des larmes dans notre imagination et amènent à comprendre que les gens ont péri de mille morts à Hiroshima et Nagasaki : brûlés par le premier flash, transpercés par les débris charriés par le souffle, écrasés sous les bâtiments, asphyxiés dans les incendies, et que beaucoup ont lutté des jours voire des semaines avant de succomber. Sans parler de tous ceux qui, dans les mois et années qui ont suivi, ont développé des pathologies mortelles liées à l’exposition aux radiations nucléaires.
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> ni les Japonais ni les Américains n’avaient intérêt à l’époque à diffuser des photographies de femmes et d’enfants calcinés. Les premiers parce qu’ils voulaient que le peuple garde le moral et continue de se battre tant que la guerre n’était pas terminée ; les seconds parce qu’ils n’avaient bien sûr aucune envie d’exposer au regard du monde les horreurs qu’ils avaient commises. C’est ce qui explique que non seulement il ne reste en tout et pour tout que quelques dizaines de clichés figurant des cadavres dans les deux villes irradiées, mais encore qu’ils n’ont jamais été mis en avant dans les reportages et les expositions.
Une bombe nucléaire, ça vaut pas mieux qu'une attaque chimique, et pour les victimes de l'épicentre proprement volatilisées, il y en a des milliers d'autres qui ont souffert mille morts :
> Les récits et les dessins qu’ils ont produits, souvent des décennies plus tard, offrent une tout autre vision des événements. Ce qui en ressort inlassablement, ce sont les descriptions de la souffrance et de la mort : les gémissements des grands brûlés, la puanteur émanant des corps putréfiés dans la chaleur du mois d’août, la détresse de ceux qui cherchaient des proches dans les décombres. La mort nucléaire n’y est plus cet instant ineffable où tout disparaît, où les corps s’évaporent, cette mort qui terrifie l’âme, mais qui semble également nette, moderne et scientifique. Les dessins des survivants remettent de la couleur, du sang et des larmes dans notre imagination et amènent à comprendre que les gens ont péri de mille morts à Hiroshima et Nagasaki : brûlés par le premier flash, transpercés par les débris charriés par le souffle, écrasés sous les bâtiments, asphyxiés dans les incendies, et que beaucoup ont lutté des jours voire des semaines avant de succomber. Sans parler de tous ceux qui, dans les mois et années qui ont suivi, ont développé des pathologies mortelles liées à l’exposition aux radiations nucléaires.
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