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L'empire des étagères vides : après les tarifs de Trump, les États-Unis pourraient être menacés de pénuries | Le Grand Continent

> Au-delà de la seule question économique, la guerre commerciale pourrait, en réduisant l’activité et le pouvoir d’achat des consommateurs-électeurs, avoir des conséquences importantes sur la scène politique intérieure et réduire le risque que la tentative techno-césariste réussisse. Trump, qui a longtemps bénéficié d’un a priori positif quant à sa capacité de gérer l’économie, est aujourd’hui désavoué par une majorité d’américains sur ce point.

Au moins une bonne nouvelle.

> L’escalade de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine a conduit à un quasi-embargo réciproque, avec des niveaux de droits de douane — 145 % et 125 % — qui rendent quasi-impossible les échanges bilatéraux. Cette situation devrait radicalement diminuer le volume de fret entre ces deux pays. Plusieurs compagnies maritimes ont déjà réduit le nombre de liaisons hebdomadaires transpacifiques et l’activité sur les ports de la côte Est devrait assez fortement se contracter au cours des prochaines semaines. Le directeur exécutif du port de Los Angeles a récemment dévoilé que l’activité, la semaine du 5 mai, devrait être 35 % plus faible qu’à la même époque l’an dernier, cela car « de nombreux distributeurs américains ont totalement arrêté leurs importations depuis la Chine en raison des droits de douane »

> Dans un rapport largement commenté, l’économiste en chef d’Apollo Global Management estime que ce gel des activités portuaires devrait progressivement se transmettre au reste de l’économie américaine. Il prévoit que les volumes de conteneurs devraient baisser significativement d’ici début mai. En conséquence, l’activité de fret routier devrait être affectée à partir de cette date. En prenant en compte les délais de livraison par la route et les stocks, le commerce de détail devrait être touché fin mai ou début juin. À cette date, des pénuries devraient apparaître, ainsi que d’importantes hausses de prix.

> Tout cela conduirait à une entrée en récession à l’été.

[...]

> Mais les dommages économiques de la politique adoptée depuis janvier risquent surtout d’être insidieux, progressifs et persistants. Le « Liberation Day » a mis à mal le système commercial mondial créé par l’Amérique, et dont elle a fortement profité pour assurer le développement de ses multinationales telles que Apple ou Nike, qui contribuent à sa prospérité en organisant les chaînes de valeur mondiale de manière à concentrer les activités à plus forte valeur ajoutée aux États-Unis. La perte de confiance dans les États-Unis a conduit au boycott de leurs produits au Canada ou au Danemark, l’escalade avec la Chine a provoqué l’annulation de ventes de Boeing, affaiblissant ainsi une des rares industrie très exportatrice des Etats-Unis et a fait naître de premières interrogations sur le statut de monnaie de réserve internationale du dollar.

[...]

> Toutes ces mesures [la réduction des financements de la recherche via le DOGE, la suppression de subventions aux universités (-2 milliards pour Havard)] , ainsi que les actions du Département de la sécurité intérieure à l’encontre d’étudiants étrangers, risquent d’affaiblir le cœur de l’écosystème d’innovation américain, sur lequel repose son leadership technologico-économique, à un moment où la Chine mobilise toutes ses ressources pour dominer les technologies du futur.
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Entre antisionisme et antisémitisme, de dangereux amalgames – Libération

J'ai eu envie de recopie tout le billet.

> La meilleure planque pour un antisémite c’est de se dire «antisioniste». De même, la meilleure façon de camoufler sa haine des musulmans, c’est de traiter toute contestation un peu radicale de la politique d’Israël d’«antisémite».

Et ça date pas d'hier :
> «J’ai eu l’occasion […] de dire qu’antisionisme et antisémitisme ce n’était pas pareil, expliquait déjà Simone Veil en 1982. Mais, petit à petit, on s’aperçoit, depuis quelques mois, qu’il y a une espèce de confusion dans les esprits et un glissement qui se fait. On a entendu, ces derniers temps, des gens qui, parce qu’ils étaient contre la politique de [Menahem] Begin [Premier ministre israélien de l’époque, ndlr], en venaient à mettre en cause tous les Juifs. Moi, ça m’est arrivé qu’on me dise «vous, les Juifs», me rendant responsable de la politique d’Israël.»

[...]

> Aujourd’hui, dans les universités américaines et même, ces derniers temps à Sciences-Po, nombre d’étudiants parmi les plus en pointe dans la contestation de l’action d’Israël à Gaza sont des étudiants juifs, et qui l’affirment. De son côté, comme le gouvernement de Nétanyahou et ses soutiens estiment que ce que vit Israël en ce moment est d’ordre existentiel, toute critique radicale de la politique de colonisation, des bombardements massifs, du carnage en œuvre à Gaza, est qualifié d’antisionisme et d’antisémitisme.

[...]

> Et pourtant : oui, on peut être antisioniste sans être antisémite… Parce que l’antisionisme ne veut plus dire «disparition» d’Israël mais «fin de la politique coloniale et lutte contre ce qu’est devenu le sionisme ces dernières décennies sous l’égide de l’extrême droite et des religieux radicaux au pouvoir». Les antisionistes, hormis les islamistes radicaux et quelques Dieudonné d’extrême gauche ou d’extrême droite, ne veulent généralement pas la disparition d’Israël mais un Etat pour deux peuples si imbriqués, comme le proposaient d’ailleurs par le passé le philosophe Martin Buber ou même Hannah Arendt. On peut considérer que c’est aujourd’hui utopique, suicidaire ou illusoire, mais certainement pas antisémite.

[...]

> Mais le fait de traiter d’antisémites tous ceux qui se disent antisionistes, outre l’incongruité de la chose – puisque nombre de militants antisionistes sont juifs – est une forme de banalisation coupable de l’antisémitisme.
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Note: Libé

Vous n'avez pas été sans le remarquer, car je vous sais père (et mère) spicasses, je poste beaucoup de liens du journal Libération depuis quelques jours.
Les plus spicasses d'entre les spicasses en auront fort logiquement déduit (ou induit ? je ne suis jamais sûr) que je me suis abonné.
Certes, mais abonné gratuitement, grâce à un jeu pour les 50 ans de Libé, où l'on pouvait gagner un an d'abonnement numérique gratuit.

La chance n'a rien à voir là dedans : c'est uniquement de la volonté les p'tits potes.
J'ai spammé le bousin jusqu'à ce que je gagne...

Mais c'est pour une bonne cause puisqu'il est désormais quasiment acquis que je m'abonnerai dans un an.
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Note: Fusionner ou supprimer les agences ou opérateurs de l'Etat, une fausse bonne idée

Je vous colle ci-dessous un extrait de la newsletter "Chez Pol" de Libé qui, comme son nom l'indique, est consacrée à la politique.
Contre toute attente, je la trouve extrêmement intéressante et la lis tous les jours avec grand intérêt.

> FAUSSE BONNE IDÉE • La solution de facilité est souvent la solution la plus démago. Exemple avec la droite, aussi bien macroniste que LR, qui ne cesse de répéter qu'en fusionnant ou supprimant des agences de l'État, les économies seraient considérables. Dans une interview aux Échos, la sénatrice LR Christine Lavarde remet à leur place ses camarades fanas de tronçonneuses. Pilote d'une mission d'enquête sur les agences et opérateurs de l'État, l'élue de droite bat en brèche tous les préjugés sur cette question. «Étonnée» par les propos récents d'Amélie de Montchalin, la ministre du Budget qui veut supprimer ou fusionner un tiers des agences de l'État, Lavarde a «demandé à la ministre qu'elle fournisse les documents qui étayent ces assertions». Car pour la sénatrice, si une réorganisation de ces instances est nécessaire, elle ne servira pas à réduire drastiquement les dépenses publiques. «Les exemples récents montrent qu'il y a un surcoût au moment de la fusion», explique-t-elle, forte de son expertise qui la prémunit des prises de positions trop populistes, avant de développer : «Alignement par le haut des rémunérations, nécessité de créer un nouveau système d'information, etc. La récente fusion entre l'Autorité de sûreté nucléaire et l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire en est une illustration parfaite : en 2026, le budget de la nouvelle structure sera supérieur de 65 millions € à l'addition des budgets des deux entités précédentes à périmètre équivalent.» CQFD.
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Choose Europe for Science : pour les scientifiques américains, un accueil en France dans des universités délabrées – Libération

Comment sabrer le budget de la recherche d'une main, déjà fort mal en point depuis des décennies, tout en invitant de l'autre les chercheurs américains prêt à quitter leur pays pour fuir la dictature trumpiste.

Mais attention : on n'invite que les chercheureuses qui ne vont pas à l'encontre des fixettes de nos abrutis d'extrême-droite : les études sur le genre, les minorités, le racisme ou la colonisation, on veut pas de ça chez nous.
https://www.liberation.fr/sciences/etudes-sur-le-genre-ou-les-minorites-ces-scientifiques-que-la-france-ne-veut-pas-sauver-du-trumpisme-20250505_Z5W5FGLJUFH6TCST76736OQ7YY/
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Allemagne : officiellement qualifiée d’«extrême droite», l’AfD ravie d’être diabolisée – Libération

> L’un des élus les plus radicaux du mouvement, Björn Höcke, président de la fédération de Thuringe, a encouragé les fonctionnaires de l’Office fédéral de protection de la Constitution de «chercher un nouveau job». «Vous passerez tous à la casserole comme les autres [lorsque l’AfD sera au pouvoir]», a-t-il déclaré sur X, avant d’effacer ce post révélateur des tendances fascistes du parti.

Terrifiant. Bienvenue en 1932.
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Succession du pape François : et pourquoi pas une papesse ? – Libération

> Selon le droit canonique n’importe quel baptisé, membre du clergé ou simple laïc, peut être désigné. Du moment qu’il est de sexe masculin. J’ai donc, moi, qui suis baptisé, même incroyant, une plus grande possibilité théorique d’être élu pape que n’importe quelle grenouille de bénitier ou mère supérieure prestigieuse.

[...]

> On s’habitue mais, à bien y réfléchir, que dirait-on d’une association, d’une entreprise, d’un parti politique qui stipulerait dans ses statuts que tous les postes d’encadrement sont réservés aux hommes, que tous les sièges du conseil d’administration ou du bureau politique sont interdits aux femmes ? Que dirait-on d’une structure d’encadrement qui interdirait à ses membres de se marier ou même d’avoir des relations sexuelles ?

[...]

> Les principales religions sont formatées par la domination masculine. Il existe bien quelques pasteures protestantes, quelques rabbines. Ça va de l’enfer islamiste en Afghanistan, où les femmes sont chosifiées et martyrisées, au simple et classique conservatisme catholique.

Ça me fait penser à ce vieux dessin de Charlie, où on voit un curé, un rabbin et un imam, assis dans un canapé avec les pieds posés sur le dos d'une femme à quatre pattes, jouant le rôle de la table basse...

EDIT : retrouvé
https://sammyfisherjr.net/galerie/photos/Religions/religions-patriarcat.jpg
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Chez LFI, l’inquiétante dérive autocratique du patron Mélenchon – Libération

> La Meute raconte comment l’ancien ministre de Lionel Jospin a verrouillé de l’intérieur le mouvement qu’il a fondé. Le grand public a pu, au fil des années et de certains événements qui ont marqué la vie interne du mouvement insoumis, être informé des accès de violence de Jean-Luc Mélenchon, de son goût pour les purges, de son peu de goût à l’inverse pour la démocratie interne et les débats collectifs sur la stratégie à suivre. Mais le livre de nos confrères démontre, en s’appuyant sur d’innombrables exemples et témoignages de proches, anciens ou actuels, de militants, anciens ou actuels, qu’il ne s’agit pas de faits isolés qui peuvent s’expliquer par la violence du combat politique ou par les rivalités qui sévissent dans tous les partis. Non, il s’agit bien d’un mode de fonctionnement assumé, où celui qui émet un désaccord avec le chef est du jour au lendemain blacklisté, sorti des boucles de discussion, privé d’une investiture, écarté d’une fonction dans l’appareil. Ainsi va la vie à LFI, organisation tout entière dédiée au culte du patron, où aucune tête ne doit dépasser, aucun désaccord n’est toléré.

Depuis le temps qu'on vous dit que c'est Mélenchon le problème...
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Académicien, libre-penseur, proche de Macron : dans le sillage de François Sureau, sage mouvant – Libération

Un article fleuve sur François Sureau, homme à multiples facettes. Pour ne pas dire contradictions.

Juriste (avocat, conseiller d’État), écrivain (désormais membre de la Gagadémie), de droite mais venant en aide aux réfugiés, proche de Macron mais un de ses plus virulents critiques, notamment sur sa dérive autoritaire et liberticide. Il s'habille comme un vieux et fume la pipe ? Normal il a 66 ans direz-vous. Que nenni, il était déjà comme ça à 30 ans.
Bref, un bonhomme drôlement intéressant.

Bien envie de lire ses livres et, qualité que j'affectionne beaucoup chez les écrivains, il donne aussi envie de lire les livres des autres :
> Objet surréaliste, S’en aller n’a rien de l’exercice littéraire consistant à ordonner le chaos de ses fragments personnels. «Je ne souffre pas de ne pas trouver d’unité à ma vie. J’ai très tôt laissé l’idée d’en trouver une», y confesse-t-il dès le premier chapitre. Le livre est une digression érudite en compagnie de ceux qui, écrivains ou personnages fictifs, ont été animés, comme lui, par le désir ardent de prendre le large : Hugo donc, Vladimir Nabokov, Patrick Leigh Fermor, cet écrivain voyageur et membre des services secrets britanniques, improbable croisement d’Indiana Jones et de James Bond, ou encore Arsène Lupin.
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Kafka et ses doubles, une conversation avec Maïa Hruska | Le Grand Continent

> Et Kafka a demandé à Max Brod de détruire après sa mort la troisième partie restante.

> Évidemment, on sait que Max Brod n’a non seulement pas respecté la demande testamentaire de Kafka, mais qu’il a trié, édité, mis en volume et diffusé ces textes.

> Georges Perec, en parlant de ses parents qu’il n’a pas connus, dit « leur mort fut l’affirmation de ma vie ». C’est un peu la même chose avec Kafka : c’est d’une certaine façon au moment de sa mort que son œuvre naît et que naît le Kafka que nous connaissons. Son entourage se sent alors autorisé à aller piocher dans son monde — pour mettre en valeur et pour diffuser. Le patronyme Kafka peut alors s’installer dans la littérature européenne, puis mondiale.

> C’est pour cela que je disais qu’il fallait certes commémorer en 2024 le centenaire d’une mort de Kafka, mais qu’il fallait surtout célébrer le centenaire du début de l’aventure éditoriale de Kafka — notamment avec le centenaire de la publication du Procès.

> Grâce à cette trahison testamentaire et à cette aventure éditoriale entreprise par Max Brod, les textes de Kafka circulent, traversent les frontières — l’océan même, et arrivent jusque dans les mains des premiers traducteurs dont je parle dans le livre. Ce fut donc l’affirmation de la vie de Kafka.

Un article très long mais passionnant sur Kafka et ses traducteurs.
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Quelque chose en nous de Jay Gatsby, par Jakuta Alikavazovic – Libération

> et, quand je dis que nous sommes nombreux à être les descendants de Gatsby, il conviendrait en réalité peut-être de préciser de quelle page ou même de quelle phrase, en particulier, nous sommes issus.

> De Tom et Daisy, couple riche et brutal, F. Scott Fitzgerald écrit : «C’étaient des gens négligents […], ils détruisaient les choses et les êtres, puis ils se repliaient à l’abri de leur fortune, ou de leur infinie négligence, ou de ce qui les unissait, quoi que ce fût, et laissaient à d’autres le soin de nettoyer les dégâts qu’ils avaient causés.» Cette phrase (1) a eu pour moi le même effet qu’une lentille de contact posée pour la première fois sur un œil myope. J’ai vu. J’ai vu le monde par cette phrase, et après elle, il n’a plus été le même pour moi. Je le voyais désormais tel qu’il était ; et cette révélation-là, hélas, rien ne l’a jamais démentie.

Et voilà, encore un livre (un classique) qu'il faut que je lise : Gatsby le magnifique.
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Les députés adoptent en commission un texte créant une «aide à mourir» – Libération

> Un texte assorti de strictes conditions. Les députés avaient approuvé en avril en commission l’article clé de la proposition de loi, qui définit une série de critères stricts ouvrant le droit pour les malades de recourir à «l’aide à mourir». Ces cinq critères cumulatifs sont : être âgé d’au moins 18 ans ; français ou résidant en France ; atteint d’une «affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, qui engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale» ; cette dernière provoquant une «souffrance physique ou psychologique» réfractaire aux traitements ou insupportable ; être apte à manifester sa volonté de façon libre et éclairée.

C'est bien, mais il y a encore trop de choses qui ne vont pas :
- pourquoi des critères cumulatifs ?
- pourquoi 18 ans ? Si tu souffres le martyre H24 mais que tu n'as que 16 ans, tu as deux choix, te jeter par la fenêtre ou patienter deux ans ?
- pourquoi français ??? Pour éviter le tourisme médical ?
- être apte à manifester sa volonté, je comprends l'idée d'éviter les abus, mais ça va laisser des gens sur le côté de la route...
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