Vue lecture

Télex

Vous vous souvenez de Fntastic ? Parce que les gens qui ont précommandé The Day Before, leur jeu de survie sorti tellement pété que Steam l'a retiré de la vente, eux, s'en souviennent. Nés avant la honte, les développeurs de Fntastic sont récemment revenus d'entre les morts en mode « hé les gars allez on oublie tout et on recommence », avant d'organiser un concours offrant à leur communauté de créer les cartes de leur prochain jeu gratuitement. LFS.  

Prompt à faire des bêtises

De toute l'histoire humaine, même en incluant le punk et Diogène de Sinope, personne n'a jamais atteint un stade de « je n'en ai plus rien à foutre » équivalent à celui des fondateurs de la startup Tales. Passe encore que ces derniers, perchés sur le nuage de kétamine qui flotte au dessus de la Silicon Valley, aient réussi à vendre à des investisseurs crédules la promesse d'une technologie qui permettra, je cite, « de générer un jeu AAA à partir d'un simple prompt IA ». Là bon, c'est n'importe quoi, on est d'accord, mais les promesses n'engagent que les gogos prêts à les croire. Là où ça devient dingue, c'est que pour faire la promotion de leur technologie, ils ont utilisé des images générées par leur moteur qui ressemblent trait pour trait aux jeux sur lesquels le modèle a été entraîné, avec notamment un clone d'Aloy, l'héroïne d'Horizon Zero Dawn. On admire l'audace et on attend la réaction des avocats de Sony. LFS.

Télex

Une interview de Kojima, c'est toujours une longue trajectoire, un peu comme des montagnes russes ou une montée d'acide. Dans un récent entretien avec le média japonais Anan News, il commence par dire des choses assez justes (« Il faut ne créer que des jeux auxquels on croit, qui ressemblent à ce qu'on voudrait laisser de nous après la mort ») puis détache les petites roues et explique qu'il aimerait bien distraire les défunts en continuant son métier de game designer dans la tombe. Et je trouve ça assez beau. LFS.

Prison ferme

Qu'importent les risques d'être accusé d'apologie d'escroquerie, je le dis : l'arnaque montée par Mehmet Aydin et son frère force le respect. Cet ancien rappeur turc a en effet créé un clone de Farmville du nom de Farm Bank, qui comme son nom l'indique à moitié propose aux gens d'investir dans leur ferme. En pratique, l'argent dépensé dans le jeu sous forme de microtransactions devait servir, d'après Aydin, à mettre en place une exploitation agricole bien réelle, qui aurait reversé des dividendes à ses « investisseurs » lorsqu'elle aurait réalisé des profits. Le pitch a incroyablement bien fonctionné, plus de 130 000 joueurs claquant 300 millions de dollars dans l'affaire. Bien sûr, aucune ferme n'a jamais été bâtie, Farm Bank n'étant qu'une banale pyramide de Ponzi : l'argent reversé aux premiers joueurs était celui des derniers arrivés. Comme toujours, cela a fini par se voir et Aydin a été condamné à 88 000 ans de prison. Oui oui, 88 000. Ça peut sembler beaucoup mais il ne faut pas oublier que les Turcs vivent extrêmement vieux grâce aux vertus curatives des eaux du Bosphore. LFS.

Lucky Tower Ultimate

Je vivais dans l'ignorance. Pour moi, Studio Seufz, c'était seulement The Longing, ce jeu génial qui consiste à attendre, sans rien faire, pendant des jours, que le roi d'un royaume souterrain se réveille. Que nenni ! The Longing n'était qu'un de leurs nombreux projets annexes, qui vont de l'animation web au dessin animé. Leur projet principal, depuis 2010, est un jeu Flash du nom de Lucky Tower, qui, après deux épisodes à succès, débarque sur Steam dans une version « Ultimate ».

Les trois frères

C'est bientôt Noël, l'heure des contes et des belles histoires. Par exemple celle de Asad, Asif et Ash Habib, trois frères passionnés de jeu vidéo mais dénués de la moindre expérience en matière de développement, qui un beau matin se sont dit : « Tiens, si on faisait un jeu de boxe ? » À force de journées passées à apprendre la programmation et la modélisation 3D devant des tutos YouTube, ils ont fini par obtenir quelque chose de vaguement montrable. Ils ont alors quitté leur emploi, commencé à démarcher des fédérations de boxe pour obtenir le droit d'utiliser l'image de sportifs bien réels. Le résultat : Undisputed, qui à lui seul a remis le jeu de boxe à la mode et s'est écoulé à plus d'un million de copies. Certes, le jeu s'est fait descendre par la critique et est jugé « plutôt négativement » sur Steam, mais c'est comme ça avec les contes de Noël, il faut s'intéresser à l'esprit, pas à la lettre. LFS.

Les tas de l’art

Si vous avez 16 000 balles de côté et l'envie pressante de vous faire humilier par ackboo lors du prochain tribunal des bureaux, vous voudrez sans doute acheter « Medusa », un PC disons, euh… différent créé par la marque singapourienne Aftershock. En plus de PC gaming ordinaires, Aftershock propose en effet une gamme de PC « d'art » qui, non contents d'offrir un hardware assez brutal (Ryzen 7 7800X3D et GeForce 4090), ont des formes qui seront du meilleur effet sur votre bureau, pour peu que vous ne fréquentiez que des gens dénués du moindre goût. Le « Medusa » ressemble à ce qui se serait passé à la fin de La Mouche si Seth Brundle avait fusionné avec une statue de Cellini. Le « Alien » est inspiré du xénomorphe de Giger. Quant au « Infinity », on se demande s'il s'agit d'une machine de jeu ou d'un caisson de cryogénisation. C'est hideux, certes, mais n'oublions pas qu'on part de très bas et qu'il s'agit toujours d'une vaste amélioration par rapport aux boîtiers RGB 50 000 lumens et aux tapis de souris avec des nichons. LFS.  

Terminus : Zombie Survivors

De la même façon que les films d'horreur font moins peur quand on les regarde en plein jour, les choses affreuses font moins peur en tour par tour. Regardez la guerre : horriblement stressante, avec la mort qui peut s'abattre à tout instant sous la forme d'une bombe ou d'une balle. Alors qu'en tour par tour, dans un wargame, elle devient cool, une sorte de partie d'échecs avec des chars. C'est pourquoi j'espère que l'apocalypse zombie se déroulera comme dans Terminus : Zombie Survivors : en tour par tour, tranquille, pour me laisser le temps de réfléchir à ce que j'embarque avant de devoir fuir ma maison.

Comment tuer ce qui est déjà mort ?

« N'est pas mort ce qui à jamais dort », a coutume de dire mon chat. Les faits viennent une fois encore de lui donner raison puisque DayZ a battu son record de joueurs simultanés onze ans après sa sortie en early access, avec 78 000 petits galopins connectés au même moment. Un résultat qui a étonné le vaste couillon que je suis, jusqu'ici persuadé que DayZ, après avoir changé à jamais l'histoire du jeu vidéo en popularisant le battle royale et en permettant l'apparition de jeux comme PUBG ou Fortnite, était mort de vieillesse dans sa petite niche hardcore. Je n'étais pas seul à le penser, puisque la plupart des commentateurs mettaient en avant le succès du DLC « Frostline » récemment sorti, qui aurait provoqué ce pic de connexion. Eh bien, figurez-vous que pas du tout : avant même la sortie du DLC, DayZ était sur une pente croissante depuis des années, les stats Steam sont formelles à ce sujet, je ne sais pas ce qu'il vous faut de plus. LFS.

La lubie d’Ubi

Rappelez-vous, c'était il y a trois ans. À l'époque, les venture capitalists cocaïnés brûlaient leur pognon dans des start-ups aux pitchs farcis de « blockchain » et de « web 3.0 » et Ubisoft, qui n'en rate jamais une, disait son intérêt pour les jeux à base de NFT. On pensait l'idée abandonnée (à la fois parce que la blockchain est passée de mode et que ça avait pas mal râlé en interne chez Ubi), il n'en était rien. Fin octobre est sorti Champions Tactics: Grimoria Chronicles, un free-to-play de combat tactique en tour par tour dans lequel les héros sont représentés par des figurines liées à des NFT, qui doivent être achetées avec de vrais brouzoufs ou des cryptomonnaies. Oui, c'est honteux, et Ubisoft est au courant : non seulement le jeu a été shadowdroppé mais rien dans le trailer n'indique qu'il s'agit un jeu web 3.0, il faut aller voir le site (ou lancer le jeu et découvrir que certains héros sont vendus 63 000 dollars) pour l'apprendre. LFS.

Interview : Molly Heady-Carroll, consultante en monstres

Cofondatrice du studio Arcane Circus, Molly Heady-Carroll est également consultante en monstres, notamment pour des studios de jeux vidéo. Nous nous devions de lui poser quelques questions, comme « qu'est-ce que ça fait d'avoir le métier le plus cool du monde ? » et « quelle est la différence entre le bon et le mauvais monstre ? ».

Hell is Us

Hell is Us a beaucoup pour lui. Son nom, déjà. Désolé, mais dans un monde où tous les jeux s'appellent soit Battle of Warriors soit Warriors of Battle, Hell is Us dégage une bonne grosse gravitas, on sent qu’on n’est pas là pour déconner mais pour sonder les profondeurs de l’âme humaine. Et puis il y a son directeur créatif, Jonathan Jacques-Belletête, à qui l'on doit Deus Ex: Human Revolution et Mankind Divided. Et enfin, son pitch.

A Dark Forest

Les jeux incrémentaux sont peut-être bêtes et répétitifs, mais au moins ils sont honnêtes : on est là juste pour remplir des jauges et faire grossir des chiffres. La nature profondément crétine du leveling, que même les premiers MMO essayaient de cacher en nous envoyant chasser des sangliers low poly pour nous faire croire que tout cela avait un sens, eux la dévoilent telle quelle. Ce qui rend d'autant plus admirables ceux qui, comme A Dark Forest, parviennent à les utiliser pour raconter une histoire.

Télex

On s'en doutait un peu, si Disney a investi dans Fortnite l'équivalent du PNB d'un petit pays du tiers-monde, ce n'était pas pour soutenir l'activité de cette petite entreprise familiale qu'est Epic. Non contente de bourrer le jeu de son contenu, la boîte à Mickey compte bien imposer ses conditions. Par exemple, certains de ses personnages ne pourront pas utiliser d'armes, car ce serait contraire à leur image. Autant vous dire que les joueurs sont ravis. LFS.

Télex

Tel le détective privé qui fouille les poubelles pour trouver la vérité, les dataminers qui avaient trouvé des indices dans SteamDB voyaient juste : le premier Red Dead Redemption débarque finalement sur PC ce 29 octobre, avec une version améliorée compatible avec la 4K et les résolutions ultra-wide et qui, tenez-vous bien, permet de jouer au clavier et à la souris. LFS.

LGBTC++

Après des jeux vidéo, des studios de développement et des boîtes de conseil comme Sweet Baby Inc, c'est aujourd'hui un moteur 3D qui est accusé de « wokisme » : le concurrent open source d'Unity, Godot, s'est fait bombarder de reviews négatives après un tweet en faveur des développeurs LGBT. Et là je réalise que finalement, oui, messieurs les gamergaters, vous aviez raison, ça devient n'importe quoi toute cette politique fourrée de force dans les jeux vidéo, n'hésitez pas à arrêter les premiers pour donner l'exemple. LFS.

Va voir Aiur si j’y suis

C'est une rumeur, certes, mais une rumeur en laquelle on peut croire : non seulement elle provient de Jason Schreier, titulaire pour dix années consécutives du titre d'« homme le plus fiable au monde », mais elle est tirée, excusez du peu, d'un LIVRE de Schreier. Dans Play Nice : The Rise, Fall and Future of Blizzard Entertainment, bouquin qu'il a consacré à Blizzard, Schreier nous apprend qu'une équipe travaillerait sur un FPS dans l'univers de StarCraft et que le projet serait piloté par Dan Hay, qui a longtemps été le grand manitou de la franchise Far Cry chez Ubi (et titulaire pour dix années consécutives du titre d'« homme avec la plus grosse voix au monde »). Les gens, dont je suis, qui attendent StarCraft: Ghost depuis plus de vingt ans seront heureux d'avoir une nouvelle raison d'espérer. LFS.

Pathos au grisbi !

Pile au moment où l'on pensait que la Russie avait atteint son pic en matière de tragédie, voilà qu'on apprend que le studio moscovite Ice Pick Lodge va sortir un nouvel épisode de Pathologic, série qui détient le double record du jeu vidéo le mieux écrit de tous les temps mais aussi du plus déprimant. Pathlogic 3, puisque c'est son nom, nous permettra d'incarner le « bachelor », jeune médecin venu sauver la ville de la peste, présent dans le jeu original mais pas dans Pathologic 2 (qui, rappelons-le, est un remake du 1) faute de budget. LFS.

Last Action Hero

Depuis quelque temps, à l'instar des héros de ses jeux, le cours des actions Ubisoft a une fâcheuse tendance à se jeter du ciel pour se crasher dans une botte de foin. D'après Bloomberg, la famille Guillemot aurait même entamé des discussions avec Tencent (qui détient déjà 10 % d'Ubi) pour chercher des moyens d'enrayer la chute. Parmi les rumeurs qui courent partout avec leurs petits pieds, la possibilité d'une sortie des marchés publics. Rien d'alarmant, à en croire un porte-parole de la boîte, qui explique qu'Ubisoft « explore régulièrement toutes les options stratégiques disponibles dans l'intérêt de ses actionnaires ». À cette annonce, l'action d'Ubi a d'ailleurs bondi de 40 %, à la grande joie du petit malin qui en a acheté 225 000 même pas une heure avant que l'info ne soit rendue publique, et qui est soit le type plus chanceux du monde, soit l'auteur d'un beau petit délit d'initié. LFS.    

Equi Ungula

À quelques exceptions près, comme celui de Minecraft, les mondes des jeux vidéo souffrent d'un terrible défaut : ils n'ont pas de bords, de limites, de marges dans leur carte où est écrit « hic sunt dracones » en grosses lettres gothiques. Au bout du monde, en général, on ne trouve qu'un mur invisible ou une falaise qui, comme par hasard, vient bloquer le chemin du joueur. Sauf dans Equi Ungula, jeu dont le but est, précisément, d'atteindre le bout du monde.
❌