Test Husqvarna GS 340is : un broyeur silencieux pour jardins exigeants
On parle souvent du jardin comme d’une pièce à part entière de la maison. Ceux qui passent leurs week-ends à tailler, élaguer et nettoyer les massifs savent pourtant que garder cet espace en ordre demande du temps… et une bonne dose d’allers-retours à la déchetterie. Le Husqvarna GS 340is se présente comme une réponse à ce casse-tête : un broyeur de branches sur batterie, pensé pour un usage régulier dans des jardins de taille moyenne à grande, avec une promesse claire : faire le travail sans transformer le quartier en chantier.
Derrière cette machine, le positionnement est assumé. Il ne s’agit pas d’un “petit broyeur de secours” utilisé une fois par an, mais d’un outil conçu pour accompagner réellement l’entretien du jardin, saison après saison, dans un environnement résidentiel où le bruit et l’ergonomie comptent autant que la capacité de coupe.
| Caractéristique Techniques | Husqvarna GS 340is |
|---|---|
| Type de machine | Broyeur de branches sur batterie 36 V |
| Energie | Batterie Husqvarna BLi30 / BLi200 / BLi300 (échangeables avec autres outils) |
| Système de broyage | Rotor à engrenage, basse vitesse (~28 tr/min), inversion automatique |
| Capacité de coupe annoncée | Jusqu’à 40 mm (branches) |
| Réglage de coupe | Réglage de la taille de broyage / distance entre rouleau et contre‑lame |
| Capacité du bac | 45 l, rigide, translucide |
| Poids | 23,5 kg |
| Puissance | 1,4 kW (1400 W) |
| Autonomie | Environ 1 h avec une batterie de capacité confortable (ex. BLi200) en conditions intensives |
| Utilisation recommandée | Jardins de taille moyenne à grande, usage régulier |
| Niveau sonore | Rotor “silencieux”, bruit moins agressif que les modèles à couteaux rapides |
| Fourchette de prix constatée | 550–600 € TTC “nu”, environ 900 € TTC en pack (batterie + chargeur) |
Montage et première prise en main
Le déballage du GS 340is ne réserve pas de mauvaise surprise. Le montage reste accessible à tout jardinier même peu habile. Il faut compter environ une demi-heure pour assembler le châssis, mettre en place les éléments de protection, fixer les roues avec enjoliveurs et installer le bac. Les seuls moments un peu agaçants concernent certains filetages montés sur caoutchouc, pas toujours très accessibles, qui exigent un peu de patience et de précision, sans pour autant bloquer la mise en service.
Une fois la machine sur ses roues, le premier constat porte sur l’encombrement. Le bloc moteur bascule vers le bas pour le stockage, ce qui réduit nettement la hauteur totale et permet de ranger facilement le broyeur dans un garage ou un abri déjà bien rempli.


Le bac de collecte rigide, translucide, renforce cette impression de produit abouti : l’ensemble semble conçu pour être manipulé, déplacé et rangé facilement, et pas seulement pour afficher de belles valeurs dans un tableau de caractéristiques.
Globalement, la qualité perçue ne relève pas seulement de l’impression mais se vérifie par la qualité des matériaux.
Une architecture sur batterie… et un prix en conséquence
Le GS 340is s’inscrit dans l’écosystème 36 V de Husqvarna. En pratique, la machine ne dépend du secteur que pour la recharge, en fonctionnement, elle repose entièrement sur sa batterie. Pas de rallonge à dérouler ni de câble à surveiller sous les pieds lorsque l’on se déplace autour du tas de branches. Le broyeur accepte les batteries BLi30, BLi200 et BLi300, interchangeables avec d’autres outils de la marque comme les tronçonneuses, taille-haies ou souffleurs.

Cette liberté a forcément un coût. La version “nue”, livrée sans batterie ni chargeur, se situe généralement entre 550 et 600 € TTC. Dès que l’on ajoute une batterie de capacité correcte et un chargeur, la facture monte facilement autour des 800 € TTC, parfois davantage selon la configuration et les promotions du moment. L’achat ne se résume donc pas à un simple broyeur, mais à un ticket d’entrée dans l’univers sans-fil de Husqvarna, qui prend tout son sens lorsque plusieurs outils partagent les mêmes accus. On peut toutefois regretter ce choix qui précisément…ne nous donne pas le choix entre batterie et alimentation filaire classique bien pratique en cas d’étourderie passagère par exemple.
Capacité de coupe et comportement sur le terrain
Selon la fiche technique officielle, le GS 340is est capable de traiter des branches jusqu’à 40 mm de diamètre, grâce à un rotor à engrenage capable de tourner à basse vitesse, autour de 28 tr/min, mais aussi d’adapter automatiquement sa vitesse selon la configuration des matériaux à broyer. Sur le papier, le positionnement est celui d’un broyeur domestique solide, capable d’absorber une bonne partie des déchets de taille d’un jardin particulier. Nos essais confirment ce positionnement, tout en révélant quelques nuances selon le type de bois et les conditions de travail.

Sur des branches bien droites, sèches, de 10 à 15 mm de diamètre, le comportement est très convaincant. Les rameaux de chêne, de figuier ou de bambou sont entraînés sans difficulté par les dents du rotor et se transforment en copeaux réguliers qui tombent dans le bac de 45 litres. Pour les petits diamètres et les déchets issus des tailles courantes, le GS 340is remplit parfaitement son rôle et produit un broyat facile à utiliser en paillage et en copeaux.

Les choses se compliquent lorsque les conditions s’éloignent de ce scénario idéal. Du bois humide après quelques jours de pluie, des branches tortueuses avec des aspérités, des feuillages encore bien fournis ou des essences très fibreuses mettent plus vite en difficulté la machine. Dans ces situations, les bourrages deviennent plus fréquents à partir de 30 mm environ, et le broyeur a tendance à écraser ou compacter la matière plutôt qu’à la sectionner net. Le contenu du bac comporte alors des morceaux encore assez intacts, signe que les fibres n’ont pas été totalement prises par la denture. Cette constatation vaut également pour d’autres modèles grand public testés comme le Stiga Bio Silent 2500.


Le rôle décisif du rodage des dents
Un constat intéressant apparaît toutefois lors d’un test prolongé : le comportement du GS 340is change au fil des heures. Les premières dizaines de minutes peuvent donner l’impression d’un appareil un peu susceptible au bourrage, surtout sur certains bois ou dès que l’on approche des diamètres maximaux annoncés.

En reprenant les essais après environ une heure à deux heures et demie d’utilisation cumulée, la machine devient nettement plus agréable à vivre. Sur le bambou comme sur le figuier, les coupes sont plus franches, les bourrages moins fréquents, et l’alimentation en branches se fait avec plus de continuité.
L’explication la plus plausible réside dans le rodage des dents : un léger émoussage initial des arêtes de coupe permettrait d’améliorer la façon dont le rotor “mord” dans le bois et limiterait les phénomènes de blocage.
Ce paramètre, rarement mis en avant par les fabricants, mérite d’être intégré dans l’évaluation du produit. Il est pertinent de considérer que les premières séances de broyage ne reflètent pas tout à fait le comportement stabilisé de la machine. Dans la pratique, prévoir une ou deux séances de “chauffe” sur un volume de branches raisonnable avant de porter un jugement définitif sur le GS 340is apparaît comme une approche raisonnable.
Gestion des bourrages et assistance électronique
En cas de blocage, l’électronique embarquée ne se contente pas d’arrêter la machine. Le GS 340is dispose d’une inversion automatique : lorsque le rotor rencontre une résistance anormale, il repart brièvement en sens inverse, libère la section coincée, puis tente de reprendre le travail dans le bon sens. Cette séquence peut se répéter plusieurs fois si nécessaire et évite, dans de nombreux cas, d’avoir recours au démontage. Cette inversion de marche peut être également déclenchée volontairement en pressant le bouton prévu à cet effet présent sur le tableau de bord de l’appareil.
Ce dispositif, combiné à un contrôle de la vitesse et de la puissance, permet de lisser les à-coups et de ménager la mécanique comme l’utilisateur. Dès que la charge augmente, la machine adapte son effort pour passer la difficulté sans caler brutalement. À l’inverse, lorsque le flux de branches est moins exigeant, le système ne tourne pas en permanence à pleine puissance, ce qui préserve la batterie et contribue à une autonomie cohérente avec un usage soutenu.
Ergonomie, sécurité et confort d’utilisation
L’ergonomie générale fait partie des points forts du GS 340is. Le bac de 45 litres, placé en façade, se retire par simple traction vers l’avant. Cette action déclenche immédiatement l’arrêt du moteur grâce à un verrouillage magnétique intégré, sans levier supplémentaire ni manipulation compliquée. Le cycle “remplir – vider – reprendre” se fait ainsi avec un minimum de ruptures dans le geste.
Le châssis large, les roues de bon diamètre et la poignée de transport facilitent les déplacements sur terrain irrégulier. Les 23,5 kg de la machine sont transportés facilement. Le bloc moteur basculant contribue à réduire l’encombrement lors du stockage, tandis que les emplacements dédiés au poussoir et à la clé six pans évitent de voir ces accessoires se perdre. L’interface de commande se veut volontairement simple : un bouton de mise en marche bien visible, un arrêt clairement identifié, des témoins lumineux pour l’état de charge et les défauts éventuels.
Sur le volet sécurité, l’ensemble est cohérent avec ce que l’on est en droit d’attendre d’un broyeur moderne. La conception de la goulotte rend difficile l’accès aux parties en mouvement en usage normal, et l’arrêt automatique à l’ouverture du bac limite les risques de manipulation hasardeuse voire dangereuse. Le fait de ne pas traîner de câble pendant le travail réduit aussi les risques de chute ou de section accidentelle d’un cordon d’alimentation.
Un vrai progrès sur le bruit
Le qualificatif “silencieux” est souvent galvaudé dans l’univers des broyeurs. Dans le cas du GS 340is, le choix d’un rotor à basse vitesse permet malgré tout un vrai progrès par rapport aux modèles à couteaux tournant très vite. Le niveau sonore semble élevé en valeur absolue, comme pour toute machine de broyage, mais la perception est nettement moins agressive que celle de nombreux appareils électriques d’entrée de gamme.
Il est possible de tenir une conversation à proximité sans avoir à hurler, ce qui n’est pas toujours le cas avec des broyeurs plus bruyants. En environnement pavillonnaire dense, cette différence se ressent immédiatement. Pour un utilisateur soucieux de ses relations de voisinage, ce point pèse lourd dans la balance au moment du choix. Souvent votre voisin s’apercevra à peine que vous êtes en pleine cession de broyage. Pas mal si on tient à conserver de bonnes relations avec son voisin un peu bougon !

Autonomie, profils d’usage et limites
L’autonomie varie naturellement en fonction de la batterie choisie. Avec un accu de capacité confortable, il est envisageable de travailler autour d’une heure dans des conditions réalistes, davantage lorsque l’on traite surtout des petits diamètres. Dans un jardin de taille moyenne, une batterie bien dimensionnée permet généralement de couvrir l’essentiel des besoins d’une séance de taille importante, quitte à achever le reste lors d’un passage ultérieur.
Lors de notre test nous avons perdu une “barrette” sur l’indicateur de charge du GS 340is après 60 minutes d’utilisation non intensive. Équipé par la batterie Bli 200, c’est tout à fait honorable et bien meilleur que ce qui est mentionné dans la fiche technique des revendeurs annonce généralement une autonomie jusqu’à 70 minutes. Cela dépend aussi du type de batterie utilisé et donc du prix que vous allez y mettre. Ceci explique parfois les écarts de tarifs lors d’offres en pack complet ( Broyeur + batterie + chargeur ).

Ce fonctionnement sur batterie invite toutefois à réfléchir au profil d’utilisateur. Pour un jardin modeste et une utilisation très ponctuelle du broyage, l’investissement peut sembler discutable, surtout si aucun autre outil Husqvarna n’est déjà présent. En revanche, pour un jardinier équipé – ou en passe de s’équiper – de plusieurs machines de la gamme 36 V, l’achat d’un GS 340is nu tire pleinement parti de la mutualisation des batteries et rend l’ensemble plus cohérent économiquement.
Ses points faibles sont connus : un tarif élevé dès que l’on inclut batterie et chargeur, l’absence de possibilité d’alimentation filaire qui impose le tout-batterie, et des difficultés persistantes sur le bois humide ou très filandreux, domaine où peu de broyeurs électriques brillent réellement.
Le GS 340is s’adresse donc avant tout à un jardinier exigeant, doté d’un jardin de taille moyenne à grande, qui prévoit un usage régulier du broyage et accorde une importance particulière au confort d’utilisation et au bruit. Dans ce cadre, l’investissement se défend. Pour un terrain plus réduit et des besoins très occasionnels, un broyeur filaire plus abordable, quitte à être un peu plus bruyant et moins raffiné sur le plan ergonomique, restera souvent un choix plus rationnel.
Et la concurrence ?
Le Husqvarna GS 340is occupe la spectre haut de gamme de l’offre des broyeurs de jardins domestiques. D’autres fabricants tels l’Italien “Stiga” et le japonais “Ryobi”, bénéficient d’une bonne réputation qui ne devrait pas avoir à pâlir face au Suédois Husqvarna, malgré un aspect plus rustique et moins friendly pour l’utilisateur. Comme souvent, votre choix dépend surtout de l’utilisation que vous voulez faire de votre broyeur et du montant que vous êtes prêt à investir. Entre allégement du portefeuille et fréquence d’utilisation, voici un aperçu des concurrents.
- Stiga Bio Silent 2500 (filaire, rotor, bac 60 l, env. 270–300 € TTC)
Broyeur électrique 2 500 W, filaire, à rouleau 8 dents, avec un grand bac de 60 l. Convient bien aux jardins de petite à moyenne taille et aux usages occasionnels, avec un prix public autour de 299 € TTC et des “prix de rue” souvent entre 269 et 290 € TTC. - Ryobi RSH3045U 3000 W (filaire, rotor, bac 55 l, env. 280–320 € TTC)
Broyeur électrique 3 000 W, à rotor “silencieux”, destiné à des branches jusqu’à 45 mm, avec un bac de 55 l. Les offres en ligne tournent généralement autour de 280–320 € TTC, avec des meilleurs prix repérés proche de 280–290 € TTC.
On peut donc proposer le dessin suivant : Stiga et Ryobi occupent la zone 270–320 € pour des broyeurs filaires puissants adaptés à un usage ponctuel ou soutenu sur petit à moyen jardin, alors que Husqvarna se positionne nettement plus haut, en misant sur le confort de la batterie, le silence et l’intégration dans un écosystème d’outils, ce qui le destine à un jardinier plus intensif et déjà équipé.
Test réalisé avec Guillaume Origoni.




































































































