En réponse à vVDB.
Remarquez bien que l’analyse prédictive, parce que limitée à, spécialisée et instruite pour un champ d’action limité, est tout de même plus fiable que celle dite générative. Me semble-t-il, mais je ne suis pas expert. Et puis enfin, si l’IA dirige elle ne saurait être prise au mot, si j’ose dire : vérifier, toujours.
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Pour ce qui est des traits que vous exprimez comme pertinents à l’IA, on les sait transposable au genre humain, à l’InA (‘Intelligence non Artificielle’, c’est nouveau, ça vient de sortir) : on l’a passablement évoqué un peu partout ces derniers temps, ce fait qu’un mensonge répété à outrance devienne “vérité”, en tous les cas à l’entendement des masses. L’Outre-Atlantique en sait quelque chose en ces temps chaotiques pour elle et pour nous tous ; ailleurs, peut-être partout, la contestation n’est plus celle de contester un fait mais bien son existence.
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Vous écrivez, “La science c’est parfois démontrer qu’une idée est rationnelle malgré des millions de personnes pensant le contraire.”. Vous employez le qualificatif “rationnelle”, ce qui vous honore tant se référer à celui de “vrai”, de “vérité” est audacieux, peut-être moins scientifiquement que philosophiquement, mais audacieux tout de même. La science, quand bien même rationnelle, peut se tromper, et l’ire d’une populace, quand bien même hystériquement irrationnelle, s’avérer être le vecteur d’une vérité, quand bien même malgré elle, si par là on entend libre de tout argument acceptable par l’entendement (lequel peut se différencier de la raison pure).
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Peut-être envisager le doute, en particulier à une époque qui laisse les esprits les plus faibles voire démunis (je ne dis ni ne pense ‘inculte’) conclure plus ou moins consciemment qu’il leur faut absolument se ranger dans un camp tout de certitudes, s’y ranger et ainsi être convaincus — que dis-je ‘convaincus’, certains comme un “affirmatif mon capitaine” — qu’ils détiennent la vérité, laquelle ne saurait prêter le flanc à aucune contestation. Partant, sans arguments et quand confrontés à une remise en cause de leurs certitudes, ils sortent l’artillerie lourde : non seulement le débat contradictoire se meurt mais la diplomatie relationnelle elle-même est déniée : on affirme, et on affirme sans ce tact, cette courtoisie laquelle, si elle sait faire œuvre d’hypocrisie, sait néanmoins mettre de l’huile dans les rouages des rapports humains.
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Ce doute, profitable à nous-mêmes pour commencer, à nous tous comme préambule de tout dialogue. Ce “je ne sais pas, mais je crois que”. Envisager cet état d’esprit c’est ouvrir la voie au vrai progrès, celui de l’échange, de la pluralité comme condition d’ensemble avancer vers sinon la Vérité du moins une vérité aux contours moins flous. Sinon, on fait du sur-place.
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Ravi de vous avoir lu.