Les ventes de voitures neuves ont encore baissé en 2024, “fini de rigoler” !
Sans trop de surprises, le marché automobile français termine l'année 2025 dans le rouge. Plusieurs représentants du secteur tirent la sonnette d'alarme.
2023 aura-t-elle été “une parenthèse dans une normalité ancrée sous les 1,7M d'unités en moyenne depuis la crise du Covid” ? C'est la question que se posent avec justesse les experts d'AAA Data. C'est que, sans que l'on s'en étonne vraiment, l'année 2024 n'aura pas été meilleure que le précédent cru. Elle aura même été moins bonne avec des immatriculations en recul de 3,2 % par rapport à 2023. Pire, par rapport à 2019 (juste avant la pandémie), la baisse s'établit à -22,39 %. Selon le délégué général de Mobilians, Xavier Horent (organisation patronale qui représente le secteur de la distribution automobile), “2024 se place à la 7ème position des pires années sur un demi-siècle”. Et il y a même plus gênant encore dans cette histoire…
Le leasing social n'aura pas servi à grand-chose
C'est que 2024 avait démarré sur les chapeaux de roues. Une raison à cela, le dispositif gouvernemental permettant de s'offrir une voiture électrique pour 100 € par mois, parfois beaucoup moins, qui a connu beaucoup de succès avec environ 50 000 dossiers validés (on attend toujours les détails du gouvernement). S'il n'avait pas été mis en application, le marché serait donc sans doute sous les 1,7 million d'unités.
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La voiture électrique stagne
D'ailleurs, malgré ce coup de pouce, les ventes de voitures électriques ont stagné. Leur part de marché s'établit à 16,9 %, c'est seulement 0,1 % de plus qu'en 2023. Les volumes sont même en baisse de 2,5 % (291 143 immatriculations au total). C'est simple, c'est la première baisse depuis que les modèles zéro émission ont été mis en avant par les pouvoirs publics. Inquiétant alors que l'objectif de 2035 se rapproche et que les constructeurs vont devoir vendre environ 20 % à 25 % de véhicules électriques pour ne pas payer des amendes faramineuses avec le durcissement de la norme CAFE en 2025.
La Renault 5 pour aider le marché en 2025 ?
Ce qui pourrait aider malgré tout, l'arrivée en masse de modèles (un peu) plus accessibles. Une Renault 5 sous les 30 000 €, c'est toujours mieux qu'un Tesla Model Y au-dessus des 40 000 €, mais cela reste moins bien qu'une Renault Clio démarrant sous les 20 000 €.
Les voitures hybrides gardent la tête hors de l'eau
Parce que les Français n'adoptent pas en masse les voitures électriques, peut-on dire pour autant qu'ils ne prêtent pas attention à leur bilan carbone ? Pas tout à fait car les voitures purement thermiques se sont effondrées l'année dernière. Les modèles essence ont chuté de près de 21 % et les diesel de plus de 27 %.
Une voiture neuve sur 5 vendues est hybride
Les grandes gagnantes de 2024, ce sont les voitures hybrides avec, en premier lieu, les full hybrid ou hybrides auto-rechargeables (comme les Toyota Yaris et Renault Clio) dont la part a augmenté de presque 5 points pour atteindre 19,5 %. Les véhicules à hybridation légère ont également le vent en poupe avec 5,1 points de part de marché en plus. Enfin, les hybrides rechargeables sauvent les meubles avec 8,5 % de part de marché, une baisse de seulement 0,5 point.
De sombres perspectives
Qu'à cela ne tienne, ces petites victoires ne suffisent pas à rassurer les experts du secteur. Et ce n'est pas la légère progression au mois de décembre mettant fin à 7 mois de baisses consécutives qui va changer quoi que ce soit à leur position. En même temps, si le marché termine à +1,47 % en décembre, c'est parce qu'il y avait un jour ouvré en plus. En appliquant la correction, on se retrouve à -3,36 %, il n'y a pas de quoi pavaner.
Pour Xavier Horent, “la crise automobile est le reflet de la crise politique française et des labyrinthes dogmatiques bruxellois”. Vincent Salimon, patron de BMW France (une marque qui s'en sort pourtant avec les honneurs avec +14,3 %), voit carrément rouge. Selon lui, “les politiques en place sont presque parfaites pour ne pas renouveler le parc, pour renchérir le marché du véhicule d'occasion, pour ralentir les ventes de véhicules 100% électriques”. “Fini de rigoler. Il est temps de sonner la fin de la récréation !”, ajoute-t-il. Des paroles qui seront entendues ?
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