La Normandie, terre de narcotrafic
Un procès exemplaire qui montre la fragilité des élus locaux
La vague du trafic de drogue a submergé la France. Et pas seulement dans les grandes métropoles, mais aussi les villes moyennes et les villages. Illustration avec le procès qui a vu comparaitre une bande de malfrats et une partie du conseil municipal d’une ville moyenne de Seine Maritime.
Elle était arrivée très pale au tribunal de Bobigny, répétant son innocence. Mélanie Boulanger, l’ex maire socialiste de Canteleu, une ville de 14.000 habitants près de Rouen, comparaissait avec 17 autres prévenus pour complicité de trafic de stupéfiants. Elle en est ressortie relaxée, faute « d’actes positifs » concrétisant sa complicité, a estimé la cour. Son adjoint, Hasbi Colak, a été condamné à un an de prison avec sursis. Un procès qui a permis de détailler la mainmise d’une bande de trafiquants sur toute une ville, avec un processus d’infiltration-corruption de la municipalité.
En octobre 2021, une vaste opération anti stups est organisée simultanément dans plusieurs régions, avec des coups de filet lancés en Seine maritime, en Seine Saint-Denis, dans l’Eure, le Val d’Oise et les Yvelines. L’enquête a débuté deux ans plus tôt, quand deux hommes sont interpellés en flagrant délit de transaction dans un parking de Saint-Denis, en possession de 2kg de cocaïne et 50.000 euros en espèces. L’un d’eux est en lien avec les frères Meziani, un clan de cinq frères et deux sœurs qui « tient » le trafic de drogue de la région rouennaise, depuis Canteleu. La voiture utilisée appartient à un adjoint à la mairie, par ailleurs propriétaire d’un restaurant de kebab dans la ville.
Le lien est donc fait avec la cité de Seine-Maritime, où le trafic de drogue régional aurait généré un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros sur les deux années de l’enquête, selon une...