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La vidéosurveillance vertueuse et éthique ? #5

Google avait pourtant déjà fait le coup avec son « Don't be evil »

La vidéosurveillance algorithmique (VSA) s’adapte. Cantonnés pendant des années au secteur de la sécurité, les éditeurs de logiciel de surveillance tentent d’intégrer de nouvelles fonctionnalités dans leurs outils pour créer de nouveaux besoins, mais surtout pour intéresser de nouvelles industries. Une diversification stratégique qui s’élabore notamment autour d’un discours tourné vers l’éthique, tendant à banaliser la surveillance des comportements humains dans notre quotidien par les machines.

VSA pour l'analyse d'une manifestation (Société Evitech) - Copie d'écran

XXII (« Twenty two ») c’est la startup sécuritaire cool et tendance par excellence. Présente dans le catalogue des solutions du « Programme général de sécurité des grands événements et des Jeux olympiques 2024 », membre du groupement Business France, de France Digital, de la French Tech DeepNum, de l’Alliance pour la Confiance Numérique (ACN), de l’Association nationale de la Vidéoprotection (AN2V), soutenue par la BPI, l’entreprise navigue avec aisance dans de nombreux réseaux d’affaires. Signe d’une banalisation croissante de l’industrie de surveillance, l’entreprise présentait il y a quelques jours son savoir-faire sur la scène principale de Vivatech, lors d’une conférence intitulée « L’IA dans les radars ». Événement durant lequel les visiteurs pouvaient obtenir des renseignements sur leur logiciel de vidéosurveillance algorithmique (VSA) directement auprès des stands (partenaires) de la SNCF, de Bouygues et du ministère des Armées.

XXII se présente elle-même comme leader de la « vidéosurveillance intelligente » en France. Avec environ 70 employés, et une impressionnante première levée de fonds de 22 millions d’euros bouclée en 2023, des fonds d’investissement prestigieux ont jugé utile pour leurs affaires de miser sur le domaine de l’IA de surveillance : Kima Ventures (Xavier Niel), 574 Invest (SNCF), Bouygues, Colas, ou encore l’Agence nationale de la Défense.

La société a vu le jour en 2015 grâce à son fondateur William Eldin, mais aussi via un capital de départ...

La vidéosurveillance algorithmique relance l'intérêt des caméras #4

Et pourtant, rien ne dit qu'elle sera plus efficace

Équipement particulièrement inefficace depuis sa première installation en 1991 pour résoudre les troubles à l’ordre public, la caméra retrouve depuis quelques années une seconde jeunesse grâce à l’apprentissage profond. Une innovation pleine de promesses sécuritaires, qui ouvre la voie à de nouvelles parts de marché, mais aussi à une nouvelle ère de la surveillance urbaine.

Des JO sous haute surveillance

Il n’aura échappé à personne que la vidéosurveillance algorithmique (VSA) a officiellement été autorisée dans l’espace public le 19 mai 2023, lors de la promulgation de la Loi du 19 mai 2023 relative aux jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. Une loi adoptée à toute vitesse — à peine cinq mois — lors d’une procédure accélérée, pour permettre aux entreprises privées de brancher leurs logiciels d’analyse comportementale derrière les caméras de vidéosurveillance.

Toujours selon les sources officielles , la VSA — appelée vidéoprotection intelligente par ses promoteurs — sera déployée (trouver les régions / sites) et aura pour objectif de détecter huit types situations.

  1. le non-respect du sens de circulation,
  2. le franchissement d’une zone interdite,
  3. la présence ou l’utilisation d’une arme,
  4. un départ de feu,
  5. un mouvement de foule,
  6. une personne au sol,
  7. une densité trop importante,
  8. un colis abandonné.

Copie d'écran d'un schéma figurant la VSA réalisé par la société Evitech
Copie d'écran d'un schéma figurant la VSA réalisé par la société Evitech

Avant de décrire les caractéristiques techniques de deux sociétés qui participent au programme d’expérimentation pour les JO 2024, voici quelques éléments de contexte pour mieux saisir les raisons de l’arrivée récente de la VSA en France dans l'espace public.

Tout part de la vidéosurveillance classique déployée pour la première fois à Levallois Perret en 1991, sous l’impulsion du maire le plus condamné du pays qui profita d’un vide juridique sur la captation d’images dans l’espace...

JO : tapis rouge pour les industriels de la sécurité et terrain d’expérimentations #3

Quelque 21,5 millions ont été débloqués via France Relance

Emmanuel Macron célèbre dès qu’il le peut les valeurs sportives et la beauté des JO. Mais derrière la com’ et le décorum, c’est l’industrie française de la sécurité qui est boostée avec pour objectif, une amélioration de la balance commerciale…

Affiche des JO - Copie d'écran

Si L’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques vous semble acrobatique, celle mise en place pour déployer des « innovations » techno-sécuritaires s’est quant à elle déroulée avec maîtrise et discrétion. Il faut dire que la vitrine offerte aux industriels de la sécurité urbaine par l’un des plus grands évènements planétaire représente avant tout une fantastique opportunité commerciale pour exporter leur savoir-faire.

Créés en 2010 à l’initiative du Premier ministre François Fillon, les Comités stratégiques de filières (CSF) se divisent en 19 catégories, chacune étant composée d’un groupement d’entreprises privées et spécialisées dans un domaine d’activité industrielle ou numérique. Les CSF dépendent directement du Conseil national de l’industrie (CNI), avec à sa tête un comité exécutif composé de 17 personnes, dont Gabriel Attal en tant que Premier ministre, Bruno Lemaire ministre de l’Économie, Patrice Caine (P.-D.G. de Thales) et Éric Trappier (P.-D.G. de Dassault Aviation). En se réunissant tous les trimestres, les industriels ont l’opportunité de « conseiller et éclairer les pouvoirs publics sur les enjeux de l’industrie française » au plus haut niveau. C’est également l’occasion d’assurer le suivi et la bonne application de contrats de filières signés entre les groupements d’entreprises (CSF) et l’État.

le Conseil Stratégique de Filière des Industries de sécurité (CSF) - Alliance pour la confiance numérique - Copie d'écran
le Conseil Stratégique de Filière des Industries de sécurité (CSF) - Alliance pour la confiance numérique - Copie d'écran

C’est dans le contrat de filière...

Le juteux marché de l'aide à la recherche d'emploi

France Travail : 559 millions euros de prestations externalisées

Alors que le gouvernement souhaite à nouveau durcir l'accès à l'assurance chômage, les services publics dépensent chaque année des centaines de millions d'euros dans la sous-traitance de l'accompagnement des plus précaires à des entreprises privées.

Une drôle de privatisation du rôle de France Travail

Tout est bon pour occuper les 15 à 20 heures d'activité hebdomadaires des nouveaux allocataires du Revenu de solidarité active (RSA) : « Actions pour favoriser l'estime et la confiance en soi » dans le Loir-et-Cher, « remobilisation et savoir-être » dans l'Allier, « accompagnement des bénéficiaires du RSA en santé mentale » dans la Manche... Une aubaine pour certaines entreprises qui décrochent des appels d'offres à plusieurs centaines de milliers d'euros. Ces marchés ont été publiés ces dernières semaines par plusieurs conseils départementaux. Depuis le 1er mars, le nombre de départements à expérimenter la réforme du RSA est passé de 18 à 47, avant sa généralisation en 2025.

Parmi eux : le Loir-et-Cher, dont l'appel d'offres comprend trois lots d'une valeur hors taxes estimée à plus de 420.000 pour quatre ans. Dans un mail adressé à Reflets, la Manche évalue quant à elle à près de 640.000 le coût des actions menées dans le cadre plus global du « réseau pour l'emploi ». L’État en finance la moitié. Ces marchés représentent une manne pour les sociétés spécialisées dans l'orientation, l'accompagnement et l'évolution professionnelle. Avec l'entrée en vigueur de la loi « plein emploi » en décembre 2023, « Nous craignons une augmentation de la sous-traitance voire même qu'elle se substitue, en partie, à notre propre intervention », lâche Natalia Jourdin, déléguée syndicale FO à France Travail (ex Pôle emploi).

...

JO 2024 : le prétexte sécuritaire #1

Une occasion idéale pour répondre aux différents besoins de l’État

Issu d'une étroite collaboration entre la filière industrielle sécuritaire et le ministère de l'Intérieur, un programme en vue des JO 2024 a permis de tester en dehors de tout contrôle démocratique une centaine de dispositifs. Que contient ce programme, quelles innovations ont été testées, et par quelles stratégies l'industrie de sécurité s'organise-t-elle pour déployer ses produits dans notre quotidien ? Réponses dans cette série d'articles.

À Milipol, l'État fait la démonstration de son savoir-faire - © Reflets

L’artiste auteur de l’affiche officielle des JO 2024 dévoilée le 4 mars semble avoir voulu intégrer dans son œuvre tous les symboles possibles de cette 33ème olympiade. Dans un décor joyeux et haut en couleur — censé représenter tous les lieux des sites de compétitions olympiques —, les citoyens et sportifs sont mélangés et disséminés dans de somptueux gradins, amphithéâtres et terrains de jeux animés, où s’entremêlent des ponts et des édifices majestueux entourés de quelques luxuriants jardins à la française. L’eau, représentée à la fois par la Seine et l’océan, occupe presque un quart de l’illustration, exprimant un sentiment de douceur et d’apaisement. L’univers artistique est indiscutablement féérique, presque poétique. Mais il subsiste une ombre importante au tableau. On ne trouve pas la moindre trace des 35.000 policiers, 18.000 agents de sécurité privée, ou des 10.000 soldats de l’opération Sentinelle qui seront déployés chaque jour de compétition. Aucun périmètre de sécurité antiterroriste comme le prévoit la Loi SILT, d’escadrons de CRS en action, d’équipes du GIGN, de la BRI ou du RAID n’apparaissent. Ni caméras de vidéosurveillance ou hélicoptères, ni tireurs d'élite en stationnaire, ni drones, ni même le moindre petit centre de commande n'ont été représentés.

En se portant candidat et en remportant l’organisation de ces jeux, l’État français s’est lui-même créé un défi sécuritaire titanesque : 15 millions de visiteurs attendus dont 1 à 2 millions d’...

L’ex conseiller juridique de Patrick Drahi déballe les magouilles de son patron

Fraude fiscale et faux prêts

Dans un long courrier, l’ex-conseiller juridique de Patrick Drahi accuse l’homme d'affaires d’organiser la fraude fiscale de certains de ses lieutenants. Il est bien placé pour connaître la combine puisqu’il en a lui même été bénéficiaire.

Michel Matas met en cause Patrick Drahi - © Caroline Varon

La lettre recommandée qu’il décachette, en cette fin mars 2021, plonge Patrick Drahi dans une colère noire. L’homme d’affaire voit derrière la mise en demeure qui vient d’échouer dans sa boîte aux lettres une tentative de chantage de l’ancien conseiller juridique de son groupe, rien de moins. Il jure qu’il ne cédera pas… Et pourtant il va céder et signer un accord confidentiel assorti d’un joli dédommagement pour échapper à un grand déballage devant les tribunaux.

Au fil des 4 pages de cette mise en demeure, repêchées par Reflets, StreetPress et Blast dans les DrahiLeaks, Michel Matas retrace son parcours professionnel dans l’entreprise. De 2000 à 2004, il est l’avocat de Patrick Drahi «dans les dossier télécoms». Le 19 juillet 2005, il entre au service exclusif de Patrick Drahi et devient son conseiller juridique principal. La rémunération est des plus confortables : un fixe annuel de 130.000 euros (hors taxes) auquel peut s’ajouter jusqu’à 50.000 euros de «variable».

Première page du courrier de Michel Matas à Patrick Drahi - Copie d'écran - © Reflets
Première page du courrier de Michel Matas à Patrick Drahi - Copie d'écran - Reflets

Mais surtout le deal inclut une prime de 600.000 euros si Michel dépasse les cinq ans au service de Drahi et qu’il va encaisser en plusieurs fois. «Les modalités de versement de cette prime étaient explicitement mentionnées, sur ta proposition, “selon des modalités fiscales à déterminer” car tu m’avais expliqué à l’époque qu’un versement en Suisse éviterait tout impôt mais qu’on ne pouvait pas l’écrire comme ça»,...

DrahiLeaks saison 3 : Altice, le groupe propriétaire de SFR pourrait s’écrouler

Nouvelles révélations sur un empire aujourd’hui en péril

Reflets, StreetPress et Blast publient une nouvelle série de révélations sur le groupe Altice (SFR, BFM, Sotheby’s…). L’empire de Patrick Drahi, dans le viseur de la justice et rattrapé par ses dettes délirantes est aujourd’hui en péril. Enquêtes.

La dette, le point faible de Patrick Drahi - © Caroline Varon

Tremblement de terre le 13 juillet 2023 : la justice portugaise déclenche l’opération « Picoas » et place en détention l’ami de toujours, le bras droit de Patrick Drahi, Armando Pereira. Dans son pays, celui-ci est un homme d’affaire star. Il a un temps été l’homme le plus riche du portugal avec une fortune estimée aujourd’hui à environ 2 milliards d’euros. Armando Pereira est l’homme avec qui Patrick Drahi a créé Altice en 2002. Il a été ensuite de tous les montages financiers, de tous les investissements, de tous les projets les plus fous. Armando Pereira est connu comme le cost-killer du groupe, craint pour ses méthodes de management brutales et les charrettes de licenciements qu’il laisse derrière lui.

DRAHILEAKS

Patrick Drahi est un homme d’affaires puissant. 13e fortune française bien que domicilié en Suisse, il est à la tête du groupe Altice. Un empire tentaculaire qui réunit notamment des entreprises de télécom (SFR, Cablevision…) et des médias (BFM TV, RMC…) ou de commerce d’art (Sotheby’s)...

En août 2022, le groupe de hackers russes Hive a mis en ligne dans un recoin caché d’Internet des centaines de milliers de documents piratés à Altice après avoir échoué à faire chanter l’homme d’affaires. Reflets, Blast et StreetPress se sont associés pour explorer ces leaks.

Aujourd’hui le groupe Altice est en péril. Nos enquêtes sur Patrick Drahi et son système de prédation de ses propres sociétés permet de mieux comprendre pourquoi il est si près du gouffre. Elles sont...

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