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À Nancy, la police et la justice ne voient pas les fascistes

Mais leurs opposants se retrouvent en garde à vue

Cadeau de la Macronie, les nationalistes révolutionnaires voient dans les élections anticipées une autoroute vers le pouvoir. Dans la foulée, une partie de la population s'organise contre l'extrême droite. Le 11 juin à Nancy, alors que les fascistes, sous les yeux de la police, ont pu enfiler leurs cagoules et préparer leurs ceintures pour « taper du gaucho » sans être inquiétés, quelques semaines plus tard, trois militants de gauche sont placés en garde à vue pour violences en réunion.

Des groupes ultra-violents - © Reflets

Deux jours après le score de l’extrême droite aux élections européennes le 7 juin, Emmanuel Macron annonce la dissolution de l’Assemblée nationale. Le week-end, plusieurs manifestations contre l’extrême droite sont prévues en France. À Nancy, le 11 juin au soir, plus de 1.000 manifestants se rassemblent place Stanislas. Un cortège se forme et défile dans le quartier. Lorsque les manifestants tentent de passer par la Grande Rue, secteur que les fascistes cherchent à monopoliser depuis des années suite à l’implantation de la librairie fasciste « Les Deux Cités », des militants d’extrême droite se mobilisent pour empêcher la manifestation de passer.

Stationnés place Vaudémont, une douzaine de policiers de la CDI et de la BAC avancent vers la Grande Rue et se positionnent quelques mètres après la librairie fasciste. Selon plusieurs témoignages, des fascistes auraient été aperçus en train de discuter avec la police, qui, pendant plus de trente minutes, a laissé les militants d'extrême droite circuler librement sans effectuer aucun contrôle. Bien que le service de communication de la police nationale de Nancy ait affirmé que les forces de l’ordre n'étaient pas là pour protéger la librairie, « ce n'est pas la première fois qu'ils forment une barrière devant la vitrine de celle-ci et qu'ils dispersent, à coups de gazeuses, toutes les personnes qui s'en approchent », témoigne Bernard*, un manifestant régulier à Nancy, auprès de Reflets.

Dans un communiqué,...

Hydrogène à Metz : où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir

Un intriguant marché pour les véhicules lourds de l’Eurométropole

Une société remporte le marché en dépit d'un prix trop cher. Coup de bol, elle va installer son infrastructure à côté des bus à équiper, ce qui la sauve. L'un de ses actionnaires a obtenu un bail emphytéotique de Metz Métropole pour un terrain contigu au dépôt des bus. Elle annonce s'y installer. Il y a pourtant probablement des obus de la seconde guerre mondiale sur ce site. D'ici à ce que tout ça fasse Boum...

L'hydrogène, ça peut faire Boum... Surtout quand il y a des explosif sur le site où il est stocké...

Fin mars 2024 l’Eurométropole de Metz a attribué à la société H2 Metz un marché visant la fourniture d'hydrogène renouvelable pour sa flotte de véhicules lourds. D’une durée de sept ans, le contrat implique un coût (estimé) pour la collectivité de 15 millions d’euros. L’Hydrogène permettra aux transports collectifs et aux bennes à ordures ménagères de circuler avec une source d’énergie présentée comme totalement décarbonée.

Sur le papier, le projet est vert comme la veste de Marine Tondelier. Mais à y regarder de plus près, on peut se demander si l’énergie permettant de fabriquer l’hydrogène sera bien totalement décarboné et surtout, si la société H2 Metz n’a pas bénéficié d’un petit avantage concurrentiel. L’association anti-corruption AC qui a découvert cette situation s’interroge sur la possibilité d’un délit de prise illégale d’intérêts et de favoritisme. C’est au procureur, saisi par AC de le dire.

Pour cet appel d’offres, l’Eurométropole, collectivité territoriale de 46 communes et 230.000 habitants, a retenu cette société alors même que son offre était plus chère que celle de sa concurrente Altens. Mais H2 aurait, semble-t-il, l’avantage d’être située plus près du dépôt des bus. Pur hasard sans doute.

Il faut remonter un peu dans le temps pour comprendre ce qui s’est passé.

Metz Métropole signe en juin 2021 un contrat de partenariat avec l’UEM (Usine d’électricité de Metz), une société d’économie mixte et Cockerill Maintenance et Ingénierie, une entreprise dont...

La vie cachée de Paul Godefrood sur Twitter

Le nouveau conseiller à l’intégration et à la laïcité n’est pas très inclusif

Mediapart a épinglé les écrits de Paul Godefrood, nouveau conseiller à l’intégration et à la laïcité du secrétaire d’État Othman Nasrou, dans des journaux d’extrême-droite et qui ont mystérieusement disparu d’Internet. Reflets s’est penché sur un compte caché de Paul Godefrood sur Twitter et ce n’est pas triste non plus…

Autoportrait de Paul Godefrood - Copie d'écran

Dans un article sur Mediapart, Marie Turcan a révélé que Paul Godefrood, nouveau conseiller à l’intégration et à la laïcité du secrétaire d’État Othman Nasrou, « combat depuis des années l’immigration et les militants antiracistes ». Selon Mediapart, « son compte X a été supprimé et une quinzaine de ses textes publiés dans des revues d’extrême droite ont mystérieusement disparu ».

Mais sur Internet, rien ne disparait vraiment. Mediapart a donc pu retrouver les écrits. Nous nous sommes intéressés à la présence numérique de Paul Godefrood.

Mediapart note qu’il a écrit pour l’Incorrect, un journal notoirement d’extrême-droite. Les articles sont toujours archivés et accessibles. Par ailleurs, nous avons retrouvé la trace d’une adresse mail pgodefrood@lincorrect.org démontrant qu’il n’était visiblement pas qu’un contributeur occasionnel.

Son compte Facebook, peu nourri, affiche une photo de profil intrigante montrant un intérêt pour la période napoléonienne que l’on retrouve dans une de ses anciennes adresses mail « napoleonlegrand@*****.fr

Compte Facebook de Paul Godefrood - Copie d'écran
Compte Facebook de Paul Godefrood - Copie d'écran

Le nouveau conseiller chargé de la citoyenneté, de la laïcité, de l'intégration et des discours auprès de d’Othman Nasrou (Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Intérieur, chargé de la Citoyenneté et de la Lutte contre les discriminations) était étudiant à l’ESSEC et bénéficiait donc d’une adresse mail paul.godefrood@essec.edu

Avec cet email, il...

La lutte contre la désinformation : un business comme un autre

Est-elle une cause perdue ?

C’est le sujet à la mode : il faut lutter contre la désinformation qui mine nos démocraties. On accuse pêle-mêle les réseaux sociaux, les Russes, les Chinois (jamais les États-Unis l’Allemagne ou la France, par exemple), on organise de grandes conférences, produit des rapports savants. Mais n’a-t-on pas déjà dépassé le point de non-retour ?

Dina Sadek et Emerson Brooking du DFRLab - © Reflets

Riga, capitale de la Lettonie. Un pays coincé entre la Russie et l’Ukraine, deux pays en guerre. Une guerre dans laquelle la désinformation en ligne n'a pas été absente. Dans les salons d’un grand hôtel, tous ceux qui comptent dans le nouveau business de la lutte contre la désinformation déambulent, se lancent dans des conciliabules entre deux conférences sur des sujets vendeurs : « Doppelganger : la nécessité d'une approche communautaire », « Année électorale : un test de résistance pour la démocratie face aux FIMI (Foreign Information Manipulation and Interference – Manipulation et interférence étrangère de l’information, NDLR) », « Intelligence artificielle, information artificielle ? Une nouvelle accélération du cycle de la (dés)information »… Mais derrière ce tableau idyllique d’un écosystème en lutte contre les opérations de désinformation organisées par des puissances étrangères s’en profile un autre. Celui d’un secteur qui n’existe que par la présence de ce qu’il combat, comme le yin et le yang et qui a besoin de l’existence de la désinformation pour que le business continue.

Étonnamment, les conférences de Disinfo2024, une grand-messe sur le sujet organisée par EU Disinfolab, à laquelle Reflets a pu assister, survolent les sujets. Est-ce dû au court laps de temps donné aux orateurs (généralement 15 minutes), à la jeunesse de certains intervenants (un étudiant d’une université américaine, par exemple) ? Est-ce parce que si l’on entrait trop dans des détails...

Ransomware #5 : guerre civile dans l'underground cybercriminel

Pourquoi Poutine a raté sa cyber-guerre contre l'Ukraine

Autrefois meilleurs alliés, désormais pires ennemis. La guerre en Ukraine a créé un schisme entre pirates ukrainiens et russes. Analyse de leur affrontement feutré, occasion en or de découvrir quelques petites mains de la cybercriminalité. Selon leurs propres mots, à prendre avec des pincettes.

En janvier 2024, Blackjack, un groupe de pirates possiblement en lien avec l'espionnage ukrainien, parviennent à dérober les plans de construction de 500 sites militaires dont des bases aériennes, des sites de défense aérienne, des arsenaux.

Le hacker Baasterlord semble de son propre aveu être né dans les convulsions de la guerre du Dombass. Nous sommes probablement à la fin de l'année 2019, dans la république séparatiste de Lougansk, dans l'Est de l'Ukraine. Un jeune homme sort précipitamment de chez lui et arrête la voiture d'un voisin qui passe par là : « Aidez-moi, je vous donnerai ce que vous voudrez, mais emmenez ma mère à l'hôpital. Elle a eu une attaque ! ». La ville est plongée dans l'obscurité due aux coupures intempestives de courant. Alors qu'il revient chez lui, quelques heures plus tard, il réalise que ses petits boulots d'informaticien freelance et veilleur de nuit ne lui permettront pas de payer les médicaments dont sa mère a besoin. Baasterlord doit avoir 23 ans. Au-dessus de lui, dans la nuit, volent des avions de chasse.

Il va alors prendre son ordinateur et se connecter sur le forum de l'underground russe « XSS.in » pour y déposer un CV. Contacté par un hacker du nom de Lalartu, il intègre son équipe d'affiliés : la « National Hazard Agency ». Lalartu, qui le prend sous son aile, s'avèrera faire partie du gang REvil. En juin 2020, lors du « Défi de l'été » sponsorisé par le groupe Lockbit, Baasterlord soumet un rapport sur les techniques de spam, sa spécialité. En 2021, il publie un « Manuel de hacking » suivi d'une deuxième version payante, en dix exemplaires, contenant des portes dérobées...

Qui veut être l'associé d'Anthony Bourbon ?

Le Blast Club : des investissements qui pourraient être périlleux

Ce « club » permet d'investir dans les levées de fonds de startups y compris pour des particuliers avec peu de moyens. Mais ses membres n'ont souvent aucune expérience de ce type de marché. Ont-ils vraiment conscience que si l'on peut gagner beaucoup, on peut aussi tout perdre ? Enquête sur une nouvelle tendance, la démocratisation de l'accès au financement des futures licornes ou des futures oubliées de l'histoire du Net...

Une arme marketing... - Copie d'écran du site Web du Blast Club

Depuis deux ans, Anthony Bourbon est jury de l’émission « Qui veut être mon associé » sur M6. Il est présenté, ce qui est logique, comme le patron de sa plateforme d'investissement « Blast ». Ces passages télé ne peuvent manquer de faire croitre la notoriété d'Anthony Bourbon et d'inciter, ne serait-ce que par curiosité, de nombreux téléspectateurs à se renseigner sur ce « club » qui semble avoir fait la fortune de ce membre du jury. D'autant qu'un autre juré, le célèbre basketteur Tony Parker en est également membre. Mais les risques liés à ces investissements ne sont jamais mentionnés à l’antenne, où investissement et divertissement se mélangent.

« Avec mon mari on a découvert le Blast Club en regardant par plaisir "Qui veut être mon associé ? " (QVEMA) où Anthony Bourbon était juré ». C'est ainsi que Camille, comme toutes les personnes que nous avons interviewées, a découvert le Blast Club. Depuis 2023, elle a investi plus de 5.000 euros avec son mari dans divers projets sur la plateforme, dont 1.000 euros dans le rachat de parts de Blast, directement auprès de ses fondateurs. Le 12 juillet 2024, Anthony Bourbon et son co-fondateur, Samuel Guez, ont mis en vente 20% de leurs parts auprès de leurs 8.000 membres pour un montant total de 30 millions d’euros. Les fondateurs ont valorisé leur entreprise à 150 millions d’euros, sans expertise indépendante.

Document de présentation de la vente des actions des fondateurs - Copie d'écran
Document de présentation de la vente des actions des fondateurs -...

Ransomware #4 : les eaux troubles

Gangs de hackers et services secrets russes. Sur les traces de Conti et de Evil Corp.

Protégés par l'État russe, élusifs par essence, les cyber-gangs seraient, évidemment, des marionnettes du FSB ? Loin des fantasmes, quelles sont les pistes tangibles qui ont été levées et comment ces liens troubles pourraient-ils s'articuler ?

Les liens entre gangs de hackers et services russes, remontés par Jon Di Maggio dans son rapport "Nationstate Ransomware" - Analyst1

Pour cette histoire, il faut remonter dans le temps sur les traces d'un ancien du milieu, un parrain du cyber-crime : Evgeniy Bogachev. L'homme apparait sur les radars dès 2007 comme le créateur du cheval de Troie bancaire Zeus. Il est alors connu sous le pseudo de Slavik.

Le business club de Evgeniy Bogachev

L'attaque commence souvent avec un spam. Un clic de trop et voilà l'ordinateur infecté, le malware attendant patiemment une connexion vers un site bancaire. S'éveillant alors, il modifie les pages que l'utilisateur consulte, l'amenant à divulguer ses identifiants. Et voilà les comptes bancaires de la victime aux mains des pirates. La souche virale est tenue à jour et de nouvelles fonctionnalités apparaissent, permettant de déposer d'autres malwares sur les ordinateurs victimes. Le botnet Zeus devient populaire auprès de la communauté cyber-criminelle. La maintenance de son réseau de machines zombies devenant trop lourde, Slavik va s'entourer. Pendant un temps, il collabore avec les cyber-gangs RockFish et Avalanche avant de créer sa propre association de malfaiteurs. Il va la nommer le « Business club ».

Le « Club » apparait sur le radar des autorités en 2010. Après une plainte déposée dans le Nebraska, des enquêteurs vont remonter à une machine utilisée par le gang pour communiquer. De fil en aiguille, l'enquête conduit à l'identification de plusieurs membres du groupe et à des arrestations en Ukraine....

L'ex juge de Dijon définitivement condamné pour instigation à commettre un viol sur sa fille

Le juge, absent au procès, a plaidé le "pur fantasme" : peut-il être cru ?

La cour d’appel de Paris a condamné Olivier B., 59 ans, à 3 ans de prison avec sursis probatoire ainsi qu'au retrait de l'autorité parentale. En 2019 et 2020, ce magistrat du tribunal de Dijon avait proposé à des inconnus sur internet de violer sa fille de 12 ans. Après deux procès et une cassation, il était jugé une dernière fois, le 1er juillet 2024, par la cour d’appel de Paris.

Palais de Justice de Paris - Wikipedia

Dans la vie, Olivier B. est magistrat, premier vice-président du tribunal de Dijon, en charge du pôle familial. Il ordonne chaque jour des mesures dans l’intérêt supérieur des enfants de couples qui se séparent, veillant à ce que le conflit des adultes affecte le moins possible le développement du mineur.

Sur le site Wyylde de rencontres libertines, Olivier B. est «MAXIVOLUPTATEM». Il a eu des centaines de conversations avec des dizaines d’internautes au sujet de fantasmes libertins. Parmi ceux-ci, Olivier B. aimerait bien que des hommes «dominateurs» dépucèlent par le viol sa fille de 13 ans. Il est interpellé en compagnie de sa femme le 4 juin 2020.

L'utilisateur «MAXIVOLUPTATEM», écrivent les enquêteurs, se présentait comme « Olivier et Solène», couple marié qui recherchait un partenaire masculin «dominant» pour des rapports sexuels avec Solène, en présence de son mari. «Il ressortait de l'analyse des conversations que l'un et l’autre époux semblaient utiliser ce même pseudonyme», notent-ils.

Solène B. est également magistrate : conseillère à la cour d’appel de Dijon. Quelques années auparavant, elle avait accepté de s’adonner au libertinage avec son mari, puis ils avaient cessé cette activité et le compte Wyylde avait été désactivé en 2017. Olivier B. le réactive en 2019 sans en informer sa femme. Au départ, elle ne sait pas qu’il utilise leur compte commun pour la proposer à des kyrielles d’hommes, mais fin 2019, Olivier B. finit par la mettre au courant...

Déclaration de rébellion

Nous republions un texte d'Adbusters

Adbusters est une organisation qui alerte sur les dérives de la publicité, des médias et de la société de consommation depuis 1989. Elle publie un journal et reste très active sur Internet. A l'initiative du mouvement Occupy Wall Street, Adbusters lance un appel à la rébellion en ce 13ème anniversaire du début de cette contestation pacifique du capitalisme et de ses abus financiers.

La traduction de ce texte se situe en dessous.

Declaration of Rebellion

Since we launched Occupy Wall Street thirteen years ago, the world has become meaner, more vicious, more selfish and less human — an insidious degradation of our whole global system has set in.

Big oil, Big Pharma, Big Ag and most mega-corporations are now corrupt. Global finance is corrupt. Meta, Google and X are totally fucking corrupt. Our elections are vulnerable and our sense of truth has been contaminated. And presiding over it all, our world leaders are monstrous opportunists. They only care about staying in power.

Under their rule, we have zero chance of working our way out of the climate crisis and other existential crises we’re in.

So on this anniversary of Occupy Wall Street, let's fire up our revolutionary imagination and try something new. Let’s launch a #FuckItAllFriday Rebellion.

Let’s take one day of the week and just … reclaim it. Make it ours. Repurpose it. Rededicate it to the service of the human spirit and a sane, sustainable future. Weekdays we work. Saturdays we party. Sundays we rest. And now, in cities around the world, we turn every Friday into a raucous carnival of resistance.

Most of us will just have fun . . . play jazz, recite poetry, drink, dance, make crazy love . . . maybe we’ll stick a few OUT OF ORDER signs on ATMs and manifestos on bank windows.

But the rough souls among us will take some skin. They’ll let air out of SUV tires … snarl traffic … block highways...

IA et pédocriminalité : en Europe et aux Etats-Unis, la justice prête à sévir

L'avocat Yann-Maël Laeher explique ce qu'encourent les utilisateurs de ces nouveaux contenus

L’IA ouvre de nouvelles possibilités aux promoteurs de matériel pédopornographique mais des deux côtés de l'Atlantique, les systèmes judiciaires prennent les devants.

Palais de Justice de Paris - © Reflets

C’est une première dans la jeune histoire des utilisations problématiques de l'Intelligence Artificielle : en mai dernier, le Département Américain De la Justice (DOJ, ministère de la Justice) a arrêté dans le Wisconsin un individu qui avait créé par l’intelligence artificielle des images pédopornographiques. Les générateurs d’image par intelligence artificielle dominants sur le marché comme Midjourney et DALL-E 3 ont beau imposer des garde-fous qui empêchent ce type de dérives, d’autres opérateurs moins connus se révèlent plus laxistes. Ce qui n’est pas le cas de la justice américaine qui considère que la création et diffusion de tout matériel relevant de la pédopornographie demeure en soi un crime, quand bien même le processus n’a pas nécessité d’exploiter de « vrais » mineurs. Le DOJ fait en effet valoir que ce genre d’images banalise des pratiques sexuelles illégales et peut servir à manipuler des mineurs dans la vraie vie. Qu’en est-il pour la France et l’Europe ? L’avocat Yann-Maël Larher, avocat spécialiste du numérique, apporte quelques éléments de réponse :

Reflets : Les images virtuelles vont-elles de plus en plus se substituer aux images réelles dans les affaires de pédocriminalité?

Yann-Maël Larher : Oui, c’est malheureusement très probable, car les outils d’intelligence artificielle sont facilement accessibles et simples d’utilisation, et ne prennent pas encore en compte les enjeux éthiques et juridiques associés à ces questions. Cependant, il...

Les membres du gouvernement israélien ont perdu leur humanité

Que fait la communauté internationale ?

Les images et les informations qui parviennent de la bande de Gaza sont chaque jour plus terribles. Corps d’enfants détruits, famine, maladies, soif... Ce territoire d’où les habitants ne peuvent pas fuir et dont les infrastructures sont systématiquement rasées est devenu un mouroir.

Enfant victime de la guerre que mène le gouvernement israélien dans la bande de Gaza - D.R.

MISE EN GARDE: cet article contient en fin de page une image montrant un corps d’enfant déchiqueté, porté par un homme. Par le passé, nous avions également choisi de montrer des images très dures de la répression du printemps arabe à Bahreïn. L’horreur de la guerre, de la répression, des attentats, on la construit dans notre esprit. On «l’imagine».Mais cette construction mentale est encore loin de la réalité que montre une photo, bien plus loin encore de ce que vivent les victimes. Au début de la guerre à Gaza, Reflets avait publié un article qui relatait la mort des quatre enfants de notre correspondant dans le territoire. Rien n’a changé.

La guerre qui fait rage actuellement dans la bande de Gaza fait suite aux massacres du 7 octobre faisant 1.200 morts dont 37 enfants. Quelques 120 personnes dont deux enfants sont toujours otages du Hamas à Gaza. «Israël a le droit de se défendre», entonnent en coeur les soutiens du gouvernement israélien. Sans doute. Comme tous les pays attaqués. Mais a-t-il le droit de tuer plus de 33 fois plus de personnes en représailles, majoritairement des civils dont plus de 14.000 enfants? De pilonner avec des bombes d’une tonne un petit territoire (360 km²) fermé et très densément peuplé, dont personne ne peut s’enfuir?

Pour comprendre la violence du conflit en cours, ce chiffre : quelque 6.000bombes ont été larguées par Israël pendant les six premiers jours de guerre, soit plus que celles utilisées par lesÉtats-Unisen un an enAfghanistan...

Néobanque : le fasciste Martin Sellner finance son concept de « déportation » via la France

Les autorités françaises restent muettes...

Martin Sellner est l'une des figures les plus influentes de l'extrême droite européenne, connu pour son rôle de leader au sein de Identitäre Bewegung Österreich, mouvement qui prône la "déportation" des exilés au nom de la défense de la culture européenne. En 2019, il reçoit des fonds du terroriste néo-zélandais Brenton Tarrant. Après la fermeture de dizaines de comptes bancaires, Sellner s'est tourné vers une néobanque française pour continuer à financer ses activités haineuses.

Une idéologie mortifère

Sellner, qui était un néonazi dans sa jeunesse, est devenu une figure centrale du mouvement identitaire à partir de 2012, lorsqu'il a participé à la création du mouvement Identitäre Bewegung Österreich (IBÖ), branche de l'ancienne Génération Identitaire, qui a émergé en France avant de se répandre dans d'autres pays européens. L'IBÖ prône une opposition farouche à l'immigration et la promotion de la « remigration », concept visant à « déporter » les immigrants ainsi que les Européen·ne·s racisé·e·s dans leurs pays d'origine.

Manifestation à Vienne le 20 juin 2024 - image issue de leur compte Telegram de l'IBÖ - D.R.
Manifestation à Vienne le 20 juin 2024 - image issue de leur compte Telegram de l'IBÖ - D.R.

Pour ces fascistes, la « remigration » est la réponse politico-administrative censée arrêter le grand remplacement, théorie néonazie dénuée de fondements scientifiques qui est au cœur de l’idéologie identitaire promue par Sellner. Les actions racistes et les discours virulents de Sellner sont tellement radicaux que plusieurs pays lui ont interdit de participer à plusieurs événements sur leur territoire. En 2018, alors qu’il veut participer à une conférence anti-musulmans à Londres, Sellner et le fasciste hongrois Abel Bodi, fondateur de la branche identitaire en Hongrie, sont arrêtés à la frontière pour la seconde fois en un mois. Interdit de séjour aux États-Unis en 2019, en 2024, il a également été refoulé de Suisse et interdit de séjour en Allemagne.

Le Lien avec Brenton Tarrant

La réputation de...

L'arrestation de Pavel Durov : au delà du bruit médiatique

Décryptage des rumeurs et autres complots évoqués dans la presse et sur les réseaux sociaux

L’arrestation de Pavel Durov, patron de Telegram est-elle un coup porté à la liberté d’expression ? Contrairement aux apparences, ce n’est pas du tout aussi simple que cela.

L'application Telegram - Desiree Catani - https://www.flickr.com/photos/desireecatani/ - CC BY-NC-SA 2.0

Visiblement, tout le monde a un commentaire à faire sur l’arrestation à Paris du patron de Telegram, Pavel Durov. Tous les bords politiques de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, tous les courants, complotistes, antivax, néo-nazis, ont leur opinion sur cette décision d’un magistrat français, sans rien connaître de la procédure en cours. Le parquet a listé 12 chefs d’inculpation dont certains pourraient s’appliquer à toutes les plateformes similaires à Telegram. Du coup verra-t-on Elon Musk ou Mark Zuckerberg menottes aux poings lors de leur prochain passage en France, comme le craignent certains? C’est bien plus compliqué que cela. Enfin, il est toujours très aventureux de s’exprimer sur une procédure judiciaire en cours sans avoir accès au dossier. Les magistrats ont probablement des raisons (qui ne sont pas encore publiques) de rechercher telle ou telle responsabilité du patron de Telegram. Petite tentative d’analyse…

Communiqué de presse du parquet de paris
Communiqué de presse du parquet de paris

L’atteinte à la vie privée?

Nous avons beaucoup écrit au fil des ans sur Telegram (voir ici , ici , ici ou ) et nous avons toujours expliqué que parmi les outils que l’on peut utiliser comme messagerie chiffrée, c’est clairement celui qu’il ne faut pas utiliser. La justice reproche à Pavel Durov de fournir un moyen de cryptographie «sans déclaration conforme». Si Pavel Durov avait eu le moindre intérêt pour la vie privée des utilisateurs de sa messagerie, il aurait produit un autre type d'application ou...

Le passeport tranquillité de Pavel Durov

Comment le patron de Telegram s’est acheté la nationalité de Saint Kitts and Nevis…

En investissant quelques dollars, il est possible d'acquérir des nationalités exotiques. Antigua, Sainte Lucie, Chypre, Malte, la Grenade, tout est possible. Y compris Saint Kitts and Nevis, ce petit paradis des Caraïbes que nous avions découvert avec Patrick Drahi. Pavel Durov a acquis la nationalité, mais ça n'a pas été simple comme le montrent des emails auxquels Reflets a eu accès.

Pavel Durov, patron et co-fondateur deTelegram pendant une conférence de TechCrunch Disrupt SF 2015 - Steve Jennings - CC BY 2.0

Pavel Durov, le patron de Telegram, a été arrêté samedi 24 août 2024 à l'aéroport du Bourget, alors que son avion faisait escale. Un juge d'instruction avait émis un mandat de recherche dans le cadre d’une enquête préliminaire par l’Ofmin, l'Office mineurs spécialisé dans la lutte contre les violences faites aux mineurs. Pour ce que l'on sait de l'enquête en cours, la justice lui reprocherait de ne pas coopérer suffisamment lors de réquisitions judiciaires. Pavel Durov, originaire de Russie, avait acquis la nationalité française et ne pourra donc pas être extradé vers... Saint Kitts and Nevis dont il a aussi obtenu la nationalité en investissant quelques pièces.

A quoi pourrait bien servir d'obtenir la nationalité d'une île perdue au fin fond des Caraïbes lorsque l'on dispose déjà de plusieurs passeports ? Dans le cas de Patrick Drahi, il s'agissait de négocier avec le gouvernement local une exemption de TVA sur les bien importés pour la construction de sa résidence (sur un coût de 30 millions de dollars cela devient intéressant) et surtout, sur l'importation d'oeuvres d'art qui atterrissent ainsi directement d'un port franc à sa villa sans passer par la case TVA.

Dans celui de Pavel Durov, c'est plus curieux. Le patron de Telegram avait obtenu une faveur du président français Emmanuel Macron ou de ses ministres. Le Monde avait publié un long article sur l'acquisition de la nationalité française par ce...

Films et séries à voir ou à ne pas voir

Quelques bonnes surprises

L'été se termine lentement, il est encore temps de regarder quelques films et séries en sirotant une limonade bien fraiche.

Shogun

3 Body Problem

Les non-scientifiques vont encore avoir mal à la tête. Plutôt une bonne surprise pour la première saison de cette série de science-fiction tirée d'une série de romans de Liu Cixin, un auteur chinois. Moralité ? Parfois, communiquer avec les extra-terrestres peut être périlleux.

The Acolyte

Disney n'en finit pas de traire la vache à lait Star Wars. N'ayant visiblement plus trop d'idées, le studio imagine une histoire où il y aurait un gentil et un méchant. L'un du bon côté de la force et l'autre ayant basculé vers le côté obscur. Il y a un peu comme un air de déjà-vu.

Ad Astra

Est-on seuls dans l'univers ? Le fils doit-il forcément tuer le père ? A quoi ressemble un voyage spatial aux confins du système solaire. Toutes les réponses vous seront donnée par Brad Pitt. Et ce n'est pas mal. Slow motion.

Arcadian

C'est fort. À chaque nouveau film, Nicolas Cage parvient à tourner dans un bouse plus terrible que la précédente. Aux jeux olympiques du nanard, l'acteur est médaille d'or toutes catégories.

Argylle

C'est un genre. Le film d'espionnage burlesque mais pas trop. Si l'on n'est pas séduit par le délire, le film tombe complètement à plat. Mais il y a quand même quelques bonnes blagues et du coup, pourquoi pas ?

Babylon

C'est beau, hors du temps. Babylon raconte le passage du muet au cinéma qui « parle » et toutes les stars qui ont du mal (ou pas) à passer de l'un à l'autre. Le...

La bataille contre l'extrême-droite est elle perdue ?

Internet a raté sa mission

Le réseau devait offrir à tous le savoir et la culture. A l'inverse, il véhicule la désinformation - souvent produite par l'extrême-droite - et lui donne un sceau de respectabilité. On est passés de « c'est vrai puisque c'est dans la presse » à « Je l'ai vu sur Internet en faisant mes propres recherches ». Les idées de l'extrême droite ont percolé dans toutes les couches de la population. Les micro-polémiques permanentes ruinent les efforts de ceux qui tentent de démonter le discours ambiant.

Lucie Castets

Deux jours. Lancée début août par le Canard Enchaîné et abondamment relayée par la droite et l'extrême-droite, la micro-polémique sur Lucie Castets et son engagement politique pendant ses vacances a duré deux jours. C'est un parfait exemple qui démontre que la bataille contre l'extrême-droite est désormais perdue.

Deux jours où les médias complaisants ont relayé à la Une les inepties de la droite sur le fait qu'il s'agirait d'un détournement d'argent public, les dénégations de la gauche et les pensées profondes vides des éditocrates. Deux jours.

Pendant se temps-là, le monde continue de s'écrouler. Les effets du réchauffement climatique ou l'effondrement lent mais inéluctable de l'économie française ont péniblement atteint le niveau des brèves en fin de journal tandis que les massacres israéliens à Gaza et les bombardements russes indiscriminés en Ukraine généraient quelques lignes.

Les mêmes médias n'ont étonnamment pas traité avec le même acharnement les dîners organisés par Laurent Wauquiez au frais de la région (lire la liste des invités ici) ou le rapport de la Cour des comptes sur les réceptions somptuaires organisées par Emmanuel Macron aux frais des contribuables. La presse serait-elle de droite ou opposée à la gauche ?

Au delà des chaînes de télévision d'information en continu qui lobotomisent lentement mais surement la population, Internet et ses « réseaux sociaux » jouent un rôle prépondérant dans la...

La Normandie, terre de narcotrafic

Un procès exemplaire qui montre la fragilité des élus locaux

La vague du trafic de drogue a submergé la France. Et pas seulement dans les grandes métropoles, mais aussi les villes moyennes et les villages. Illustration avec le procès qui a vu comparaitre une bande de malfrats et une partie du conseil municipal d’une ville moyenne de Seine Maritime.

le narcotrafic s'étend en France

Elle était arrivée très pale au tribunal de Bobigny, répétant son innocence. Mélanie Boulanger, l’ex maire socialiste de Canteleu, une ville de 14.000 habitants près de Rouen, comparaissait avec 17 autres prévenus pour complicité de trafic de stupéfiants. Elle en est ressortie relaxée, faute « d’actes positifs » concrétisant sa complicité, a estimé la cour. Son adjoint, Hasbi Colak, a été condamné à un an de prison avec sursis. Un procès qui a permis de détailler la mainmise d’une bande de trafiquants sur toute une ville, avec un processus d’infiltration-corruption de la municipalité.

En octobre 2021, une vaste opération anti stups est organisée simultanément dans plusieurs régions, avec des coups de filet lancés en Seine maritime, en Seine Saint-Denis, dans l’Eure, le Val d’Oise et les Yvelines. L’enquête a débuté deux ans plus tôt, quand deux hommes sont interpellés en flagrant délit de transaction dans un parking de Saint-Denis, en possession de 2kg de cocaïne et 50.000 euros en espèces. L’un d’eux est en lien avec les frères Meziani, un clan de cinq frères et deux sœurs qui « tient » le trafic de drogue de la région rouennaise, depuis Canteleu. La voiture utilisée appartient à un adjoint à la mairie, par ailleurs propriétaire d’un restaurant de kebab dans la ville.

Canteleu
Canteleu

Le lien est donc fait avec la cité de Seine-Maritime, où le trafic de drogue régional aurait généré un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros sur les deux années de l’enquête, selon une...

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