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OQTF en sortie d’audiences à Bobigny

La justice instrumentalisée illégalement par la préfecture pour expulser des étrangers ?

Ils sortent libres du tribunal puis semblent s’évaporer, à peine l’audience terminée. Depuis plus d’un an, avocats et juges constatent la disparition inexpliquée de certains justiciables. Un seul point commun : ils sont tous étrangers. Que se passe-t-il dans les coulisses du tribunal de Bobigny ?

Des OQTF délivrée par surprise au tribunal...

« Nos clients disparaissent tout simplement ». Le constat d’Agathe Grenouillet, avocate et membre du Syndicat des Avocats de France (SAF) est partagé par ses confrères et par des juges de Bobigny. Dans cette juridiction, des étrangers en situation irrégulière, convoqués pour des affaires sans lien avec leur statut administratif, ne ressortent pas du tribunal. Entre la salle d'audience et les portes du palais de justice, les policiers les retiennent sous de faux prétextes et les conduisent au dépôt, l'espace de rétention du tribunal. L'objectif caché ? Les expulser. Avocats et juges s'accordent sur un point : ces interpellations sont parfaitement illégales. La préfecture utiliserait le tribunal pour y faire la chasse aux étrangers.

Ils m’ont dit : venez récupérer vos affaires

En cherchant un de ses clients, un avocat l’a retrouvé au Centre de Rétention Administrative (CRA) du Mesnil-Amelot, une prison administrative pour étrangers en situation irrégulière, ultime antichambre avant l'expulsion. C’est ce qui est arrivé à Ibrahim Dosso. Installé en France depuis 2017, ce coiffeur comparaît mi septembre pour une affaire de violences conjugales. Son procès est reporté, il ressort donc libre aux côtés de son avocat. Mais à cet instant, des policiers l'invitent à les suivre au dépôt sous prétexte de récupérer ses affaires. Sur place, on lui remet une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), la mesure administrative qui enjoint à un...

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Chronique syrienne : retour à Alep #3

Le prix de la liberté

Cela fait douze ans que Talal n’a pas vu son cousin Farès. Il vit en Turquie et, comme Talal, veut retourner vivre à Alep. Au milieu de la joie des retrouvailles, il lui livre le récit de ses années de détention sous l’ancien régime.

Vues d'Alep - © Reflets

Depuis la libération, on se téléphone beaucoup avec Farès et on s’est enfin donné rendez-vous ici, à Alep. J’étais encore jeune à l’époque, mais je me rappelle qu’il avait été arrêté puis libéré avant de fuir Alep. Je suis très heureux de le retrouver et de discuter avec lui, mais, avant de refaire le monde, nous partons nous balader à pied. Comme moi il a eu envie, en arrivant, de faire le tour de la ville, et aussi de repasser devant le tribunal militaire où il a passé des nuits.

Arrivés à la maison, il nous raconte ses années d’emprisonnement. Le jour de son arrestation revient à ma mémoire : c’était en 2008, six ou sept voitures des services secrets ont débarqué dans notre quartier pour venir l’arrêter. Des hommes armés en sont descendus et ont perquisitionné chez ses parents, fouillant les papiers, dans les ordinateurs, même les CD de musique. Ils sont restés plusieurs jours à quadriller le secteur à sa recherche, mais il se cachait dans un autre quartier de la ville. Il a quand même été fait prisonnier quelques semaines plus tard. Il lui était reproché de diffuser des idées « troublant l’ordre public ».

En réalité, ses amis et lui se retrouvaient régulièrement pour parler politique, il était très à l’aise pour critiquer publiquement la dictature, et il rassemblait des jeunes autour de ses idées. Il a été dénoncé par un voisin, qui assistait souvent aux discussions, un imam en lequel il avait confiance, mais qui les surveillait en sous-main…

Le bâtiment des agents des transports, où les barrages policiers ont disparu et où flotte le drapeau de la libération - © Reflets
Le bâtiment des agents...
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La Thermite ouvre ses portes

Un nouveau squat à Montpellier dans le contexte difficile de la loi Kasbarian

L'occupation s'est installée au cœur du quartier des beaux-arts dans une ancienne salle de sport. Un lieu que la mairie et la chambre de commerce entendaient transformer en halle culturelle, avant que le promoteur ne jette l'éponge en mai dernier face aux inquiétudes des habitants.

Visite nocturne du bâtiment par les membres du collectif présent sur place depuis plusieurs jours. - La Thermite

Depuis le 28 juillet 2023 et la publication au journal officiel de la loi contre l’occupation illicite, dite « Kasbarian », le milieu du squat est en crise. Au printemps dernier, le temps d’un festival, Intersquat Île de France se réunissait pour essayer de trouver des solutions face à la nouvelle donne sécuritaire. À l’occasion, le collectif UNIBETON tentait d’ouvrir un nouveau lieu, le Squat Baudin. La nouvelle occupation ne tiendra finalement que quelques jours.

Car si la loi Kasbarian avait valeur de symbole, la répression, elle, avait débuté bien avant. Sur Montpellier, une première vague d’expulsion des squats a lieu au printemps 2020, au sortir du confinement. Le journal Le Poing raconte : « Dans cette ville "de gauche", les forces de l’ordre s’enfoncent dans les squats comme dans du beurre, chacun son tour, sur fond d’une terrifiante indifférence quasi générale. Et épuisement militant ».

En juillet 2021, un jeu de chaise musicale a lieu à la préfecture mais les militants locaux n’y gagnent pas au change. Pour remplacer le préfet Witkowski envoyé en Seine-Saint-Denis, Montpellier hérite de Hugues Moutouh, un sarkozyste qui obtiendra très vite le surnom de « préfet bulldozer ». La ZAD du L.I.E.N à Grabels est rapidement expulsée avant que Moutouh ne tourne son attention sur les bidonvilles rapidement effacés du tableau.

Dans son manifeste, le collectif a l’origine de la Thermite témoigne :

« Le "bon" sens est...

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Soupçons de favoritisme au centre Hélène Borel

Le centre de rééducation de Raimbeaucourt (Nord) visé par deux plaintes

Seize dossiers sont regroupés dans ces deux plaintes. Dénoncés par l'association anti-corruption AC !!, les faits concernent d’éventuelles irrégularités dans les marchés publics, des soupçons d’escroquerie, de favoritisme ou de recel.

La tour du château de Lez à Raimbeaucourt - Copie d'écran du site du centre Hélène Borel

De mémoire d’habitants, jamais le centre Hélène Borel, qui est un centre d’hébergement, de soins et d’accompagnement pour adultes en situation de handicap, à Raimbeaucourt (Nord) n’avait fait autant parler de lui que ces derniers jours. Fin février, la petite commune de 4.000 âmes voit débarquer la brigade financière venue perquisitionner, entre autres, les services informatique et comptabilité du centre.

Malgré la présence des policiers pendant presque huit heures et leur recherche de documents, certains salariés ne se disent pas du tout « étonnés ». « Je n’ai pas du tout été surpris par cette descente », confie Sébastien*, exerçant depuis quelques années à Raimbeaucourt. « Il y a des tensions dans les équipes, le management est très dur et il n’y a pratiquement aucune transparence dans les décisions ».

Pour Nicolas*, arrivé plus récemment, l’ambiance est « pesante ». « Quand on a le malheur de demander des comptes, on ne les obtient jamais. Pire, on est pris à parti. C’est la loi du silence qui règne ici ».

Une perquisition de la brigade financière

Des « allégations sans fondement », balaie la dirigeante Caroline Nio. Dans un entretien accordé à Reflets, celle qui est, depuis 2004, à la tête des trois établissements nordistes que compte le centre Hélène Borel (Arleux, Lomme et Raimbeaucourt), voit dans le passage de la brigade financière « un règlement de comptes de deux ex-salariés que nous avons licenciés et que nous...

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Plongée dans l'apnée : objectif 30 mètres

T'es pas un peu vieux pour ces conneries ?

Tombé dans la marmite de la plongée en apnée quand j'étais petit, je me lance un défi : atteindre les 30 mètres en mer en poids constant, en juin prochain. Soit 10 mètres de plus que ce que je peux faire aujourd'hui. Pour un touriste de cette pratique, c'est un gros challenge. Dix mètres, c'est l'équivalent de 3 étages.

En route pour les 30 mètres - Photo xphere - CC

Je sors du cours préparatoire. Ma vie va changer. Je quitte la région parisienne pour vivre sur une petite île de la Méditerranée. D'un seul coup, il fait beau à peu près tout le temps et la mer est turquoise, cristalline. J'ai vite fait de recevoir un masque. Un de ces vieux machins fabriqués dans un plastique qui vieillit vite, avec deux trous sous le nez, pour le pincer quand on descend sous l'eau et éviter la pression sur les tympans, qui fait très mal. On m'a même offert un tuba surmonté d'un mécanisme avec une balle de ping-pong blanche comme la neige. En descendant, la balle est censée bloquer l'entrée de l'eau dans le tube. C'est rudimentaire, mais suffisant pour découvrir un autre monde. Près de 71% de la planète est recouverte d'eau. Et sous l'eau, tout un univers évolue. Il y a deux manières de le découvrir. Avec des bouteilles ou avec l'air que l'on peut contenir dans ses poumons et en retenant sa respiration. J'ai choisi la deuxième.

Aujourd'hui, désormais bien plus près de la retraite que du CP, je me fixe l'objectif de descendre à 30 mètres, soit à peu près l'équivalent d'un immeuble de 10 étages.

Que l'on se comprenne bien, je suis un touriste de l'apnée. Plongé par hasard dans cette pratique depuis tout petit, je ne m'entraine pas, je n'ai jamais fait partie d'un quelconque club et j'ai tout appris seul en pratiquant avec des amis. D'abord pour regarder les...

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Chronique syrienne : retour à Alep #2

Bachar est parti, et maintenant ?

Talal est maintenant depuis quelques jours à Alep. Il retrouve sa famille et ses amis les plus proches, qui lui racontent l’espoir de pouvoir enfin vivre normalement et leurs inquiétudes face à un nouveau régime issu de rangs islamistes.

Place Saad Allah Al Jabery à Alep. Première manifestation nationale pour fêter la libération du pays - © Reflets

J’ai 35 ans. J’ai vécu vingt-trois ans de ma vie dans un pays sous dictature. J’ai vécu aussi trois ans de guerre, de 2011 à 2013. Ces dernières années, depuis 2021, j’ai pu retourner trois fois en Syrie.

La première fois que je suis revenu, après huit ans d'absence, j’étais tellement pressé de retrouver ma mère que je n’ai pas prêté attention à ce qui m’entourait. Avec aussi l’émotion de retourner dans notre maison, là où mon père était décédé quelques années plus tôt sans que je ne puisse le revoir. Ce n’est que le lendemain, en allant voir mes amis d’enfance, que je me suis rendu compte que rien n’avait vraiment changé depuis la guerre. Les ruines des bâtiments détruits par les bombes du régime étaient toujours là. Les habitants semblaient tous épuisés, résignés. La ville n’avait pas bougé, comme figée dans le temps depuis 2013. Un détail m’avait frappé : il n’y avait aucune voiture de nouvelle génération.

Aujourd’hui, je reviens à Alep pour la quatrième fois, et tout est différent. Lorsque J’arrive en ville à la nuit, il n’y a presque pas de lumière. Le stress monte, sans vraie raison. A nouveau je cherche fébrilement ma carte d’identité et mon passeport, les réflexes ont la vie dure et le temps des barrages militaires est encore frais dans ma mémoire. Le chauffeur rigole. Il a parfaitement compris mon début de panique. Ça m’a pris quelques secondes pour réaliser que je n’en avais plus besoin. Le chauffeur hoche la tête : « il y a des habitudes qu’on va...

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Nord : le centre Hélène Borel a été perquisitionné

Plusieurs plaintes avaient été déposées

Le centre de prise en charge d’adultes en situation de handicap Hélène Borel, à Raimbeaucourt (Nord) a fait l’objet ce mercredi d’une perquisition de la brigade financière.

La tour du château de Lez à Raimbeaucourt - Copie d'écran du site du centre Hélène Borel

Dans cette petite commune de 4.000 habitants du Nord, le centre Hélène Borel est une véritable institution. Depuis les années 60, il prend en charge des adultes en situation de handicap physique, leur assurant soins, hébergement et accompagnement. Ce 26 février, une quinzaine de policiers de la brigade financière de Lille ont débarqué dès 9 heures dans les locaux pour les perquisitionner. Des boîtes mails ont été saisies ainsi qu’un certain nombre de dossiers, notamment dans les services comptabilité et informatique. Reflets.info a également appris que la directrice générale Caroline Nio et la présidente Annette Glowacki ont été entendues, séparément.

Cette visite serait-elle en lien avec les investigations que mène actuellement Reflets.info sur le centre Hélène Borel ? En effet, nous préparons une enquête, à paraître prochainement, concernant des soupçons de favoritisme et d’escroquerie liés à des marchés publics.

Deux plaintes et 16 dossiers

L’association anti-corruption AC !! a déposé deux plaintes contre X auprès du tribunal de Grande Instance de Lille. Elles concernent en tout 16 dossiers. La première, en mars 2024, regroupe, des marchés publics pour lesquels AC!! pointe, entre autres, des délits de favoritisme. Dans la plainte que nous avons pu consulter, il est question en particulier du renouvellement d’un appareil médical pour lequel l’appel d’offres est réalisé alors même que le choix du fournisseur est déjà acté par mail, et dont la proposition s’avère, par...

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Un salut nazi en audience

Alexis Issaurat - D.R.

Alexis Issaurat - D.R.
Alexis Issaurat - D.R.
Le tribunal de Paris venait de condamner ce suprémaciste blanc de 37 ans, Alexis Issaurat, à un an de prison pour propos haineux. En fin d’audience il est venu au micro pour indiquer qu’il faisait appel, avant de lancer un salut nazi, bras tendu vers la Cour. Passé un moment de stupéfaction, il a été placé en garde à vue et comparaitra pour « outrage à magistrat par geste ou menace à l'audience et apologie publique de crime ou délit ». Skinhead depuis 1998 selon ses dires et membre du Front national de la jeunesse, puis du FN , il appartient au mouvement « Unité blanche ». Il aurait combattu en Ukraine au sein du bataillon Azov, qui a attiré de nombreux militants de l'extrême droite française, pendant huit mois en 2015. Son palmarès judicaire est déjà fourni avec des condamnations pour violences, détention, trafic et usage d'armes, injures racistes, apologie de crime contre l'Humanité et provocation à commettre un génocide. Une affaire de menace lui vaut un autre procès en fin d’année. Ses vidéos Youtube laissent perplexes sur la profondeur de la pensée de cet extrémiste.
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Du rififi dans les Chambres d’Agriculture

Un an après les grandes mobilisations paysannes, le paysage syndical agricole connaît une petite révolution

La Coordination Rurale – syndicat très à droite - réalise une percée d’ampleur dans les Chambres d’Agriculture, qui remet en question l’hégémonie du syndicat majoritaire, la FNSEA, et son modèle productiviste. Pour desserrer cet étau encore bien installé, les « bonnets jaunes » sont prêts à bousculer les habitudes, quitte à y laisser quelques plumes.

Les paisibles campagnes sont parfois agitées (dans les chambres d'agriculture) - © Reflets

Les élections professionnelles de janvier 2025 ébranlent l'hégémonie historique de la FNSEA. Dans ce scrutin, qui porte sur 88 chambres, la Coordination Rurale (CR) en remporte 14 au lieu de 3 précédemment. C’est le reflet d'un ras-le-bol des agriculteurs envers les structures syndicales traditionnelles et les politiques gouvernementales, déconnectées du terrain. La FNSEA reste toutefois majoritaire mais perd le contrôle d’une grosse dizaine de structures, passant de 84 à 71. La Confédération paysanne, qui ne dominait qu’une chambre, en remporte deux supplémentaires.

Le discours médiatique dominant généralise l’influence du Rassemblement National sur la CR et ses "bonnets jaunes", mais c’est plutôt dans l’autre sens que se fait la transfusion. Le parti de Marine Le Pen cherche à capter la colère paysanne depuis longtemps. Avec une présence régulière dans des rencontres professionnelles, comme le Sommet de l’élevage en Auvergne, ou plus grand public, comme le Salon de l’agriculture, le Rassemblement National renforce son influence à bas bruit dans le monde agricole français. Malgré l’indigence de son programme agricole, il capte un électorat rural en capitalisant sur la colère des agriculteurs face aux politiques écologiques. Il a dupliqué certaines revendications de la Coordination rurale et dénonce notamment les normes environnementales et le libre-échange, perçu comme une menace pour la souveraineté alimentaire. Près d’un adhérent sur deux de la CR se...

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Doctolib : des données de santé insuffisamment protégées

Les États-Unis de Donald Trump pourraient se servir allègrement

C’est une discussion sans fin mais qu’il convient d’avoir à nouveau au moment où Doctolib propose d’héberger nos ordonnances et autres résultats médicaux : nos données de santé sont-elles protégées correctement ? Ces données sensibles pourraient être accaparées par les États-Unis. Alors que 60 millions de Français utilisent Doctolib, que se passerait-il si la société était vendue à un groupe étranger ? L'élection de Trump modifie-t-elle la donne ?

Doctolib respecte la vie privée des utilisateurs

Il fut un temps, lointain, où les données de santé et plus généralement les données personnelles étaient un sujet de premier plan en France. En 1974, un article du Monde titré « SAFARI ou la chasse aux Français » met le feu aux poudres. Le Système automatisé pour les fichiers administratifs et répertoires des individus (SAFARI) inquiète. Ce projet visait, selon Le Monde, à relier par le numéro de sécurité sociale toutes les informations détenues dans « les 400 fichiers que possèdent les services de police […] le cadastre, le fichier... des impôts et, plus grave peut-être, celui du ministère du Travail ». La généralisation de cette identification dans toute l'administration avait pour but de faciliter l'interconnexion des fichiers. Déjà…

Le tollé provoqué par cet article déclenche la création de la CNIL. Le temps s’est écoulé, Internet est arrivé, les États comme les entreprises privées se sont littéralement gavés de nos données personnelles sans véritable contrôle. Le poids croissant de la société Doctolib dans la gestion des données de santé des Français devrait générer un débat bien plus soutenu et l’on peut s’étonner du silence des gouvernements successifs et des députés et sénateurs. Car, à bien y regarder, les garde-fous ne semblent pas suffisants.

Depuis des années, le collectif InterHop, ainsi que plusieurs associations et syndicats médicaux tentent de faire valoir que les prises de rendez-vous dans les hôpitaux, avec des médecins dans le privé, ou pour la...

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Anonymat sur Internet : Darmanin... porte quoi !

Le ministre met ses pas dans ceux des plus gros incultes numériques et il y a des raisons à cela.

Ils sont tellement nombreux, depuis l'arrivée d'Internet à pester contre un supposé « anonymat », contre une « zone de non droit » supposée. Rien de tous cela n'existe et cela a été démontré mille fois. Mais on ne renonce pas à le faire à nouveau, histoire de tourner en ridicule le nouveau ministre de la justice.

Gérald Darmanin - Jacques Paquier - Wikipedia - CC BY 2.0

Ça manquait à son palmarès. Gérald Darmanin, qui s'était déjà illustré avec « les messageries cryptées comme Wazzaaaap » va s'attaquer avec ses gros muscles à l'affreux anonymat qui prévaut sur Internet et au fait que bien sûr, il s'agit d'une zone de non droit. Et pour cela, il a une solution : imposer à chaque Français une « identité numérique propre ».

Il s'en explique dans Le Parisien :

« Dans les semaines qui viennent, nous nous intéresserons à l’anonymat sur les réseaux sociaux. Au ministère de la Justice, nous considérons que la fin de l’anonymat sur les réseaux sociaux est d’une importance capitale dans la lutte contre la pédocriminalité, le trafic de drogue, le cyberharcèlement… Reprenons la proposition du député Paul Midy déposée il y a quelques mois, pour que chaque citoyen français ait une identité numérique propre, qui permette aux enquêteurs de remonter à l’auteur de l’infraction. Pourquoi les réseaux sociaux seraient le seul endroit où l’expression ne serait pas conforme aux règles de la République ? On sait qu’une grande partie de la délinquance et de la criminalité est aujourd’hui numérisée. Internet doit cesser d’être une zone de non droit. »

Bon... Commençons par démonter les arguments du ministre avant de s'intéresser à son propre anonymat et pseudonymat sur les Internet. Paul Midy, sors de ce corps !

On va faire court parce que les redites, ça consomme de l'octet et c'est mauvais...

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Les néonazis attaquent à Paris

Une agression qui aurait pu faire plus de victimes

Ce dimanche 16 février, alors que la section parisienne de Young Struggle – organisation de jeunes socialistes et internationalistes implantée à travers l'Europe – organisait la projection d'un film antifasciste à Paris, dans les locaux de l'ACTIT, elle a subi une attaque ultra-violente menée par une vingtaine de néonazis. Ces derniers étaient armés de bâtons et de couteaux. Un blessé finit à l'hôpital.

Un déferlement de violence à Paris - © Reflets

L'ACTIT est une association culturelle des travailleurs immigrés de Turquie, créée en 1999, qui accueillait une soirée cinématographique avec le collectif Young Struggle Paris. Le film choisi était Z, du réalisateur Costa-Gavras. Pour Reflets, Ali* explique : « Young Struggle est une organisation de jeunes socialistes et internationalistes implantée à travers l'Europe. En France, il y a trois sections : une à Paris, une à Nancy et une à Rennes ». Pour ce collectif révolutionnaire, Young Struggle a « pour objectif d'organiser et de politiser la jeunesse sous le prisme du socialisme, dans les lieux de travail, d’études et les quartiers ».

Affiche de l'evenement - Instagram - Young Struggle
Affiche de l'evenement - Instagram - Young Struggle

Sur leur page Instagram on peut lire également : « Young Struggle vise l'émancipation de toutes et tous. La libération de notre classe ne pourra pas se faire sans une révolution des femmes, sans la fin des LGBTIphobies et du racisme. »

Une attaque très violente

Aujourd’hui, lundi 17, le canal Telegram Memoria, dont le contenu est raciste, violent et néonazi, publie la vidéo du tabassage d’un militant de Young Struggle Paris, accompagnée du titre : « Six nationalistes en garde à vue après avoir rendu visite aux antifas du groupe Young Struggle. » Pour tenter de justifier leur attaque, ils diffusent une fake news, prétendant qu’il existerait un lien entre l'ACTIT, Young Struggle et le Parti communiste marxiste-léniniste (MLKP)...

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Chroniques syriennes : retour à Alep #1

Plus un seul soldat à la frontière syrienne

En 2014, Talal Sarout fuit vers la France. Malgré des études de droit, il vit de petits boulots, jusqu’à son embauche en CDI. Il épouse une française, puis renonce à son statut de réfugié pour pouvoir revoir sa famille, au prix d’une très forte amende à payer au régime. Il envisage désormais de rentrer pour aider à reconstruire son pays. C’est ce qu’il va chercher à savoir dans ce voyage, dont il tiendra la chronique dans Reflets.

A l’intérieur du hall de contrôle de la douane en Jordanie, les membres du Croissant Rouge viennent à la rencontre des voyageurs qui rentrent en Syrie - © Reflets

« Vous, les Syriens, vous méritez d’avoir un pays digne de ce nom  ». C’est ainsi que m’accueille une employée au comptoir de l’aéroport de Marseille, alors que je m’apprête à embarquer pour Alep, via la Jordanie. « J’espère que vous êtes content de ce qu’il s’y passe et que vous allez fêter ça. On suit de près la chute du régime, j’espère que l’avenir se passera aussi bien que ce qu’il se passe pour l’instant ! » C’est la première fois que des membres du personnel sortent de leur réserve professionnelle alors que j’embarque pour mon pays et cela me fait chaud au cœur. « Incha’Allah » lui dit-je spontanément. « oui, incha‘Allah ! » me répond-elle en souriant, et en me proposant une petite place supplémentaire pour une valise en soute.

Dans l’avion Istanbul-Amman, je suis à côté d’un Syrien originaire de Damas. Installé en Allemagne depuis treize ans, cet homme d’une quarantaine d'années n’est jamais retourné dans notre pays. Tout ce temps, il était recherché par le régime d’Al-Assad pour avoir fui le service militaire et pour des activités avec l’opposition. Sa famille est complètement éclatée. Ses sœurs, restées en Syrie, ont été menacées par le régime qui voulait les obliger à dire où leur frère se cachait. Elles ont fui Damas avec leurs maris. Il a deux filles, qui sont parties au Liban avec leur mère, et qui n’ont aucun souvenir de la Syrie car elles étaient trop petites à leur départ. Il est très content de rentrer, surtout avec ses filles,...

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Le bide de la vidéosurveillance algorithmique

Et pourquoi elle sera pérennisée

Des IA peu performantes, un faible intérêt opérationnel, des faux-positifs en pagaille ; l’expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique (VSA) permise par la loi JO a montré ses limites. Mais les perspectives promises par ces logiciels ont enchanté les forces de sécurité, qui se positionnent toutes pour leur pérennisation.

Un système de traitement le l'image par IA - D.R.

Déposé le 14 janvier sur le bureau du ministère de l’Intérieur, le rapport d’évaluation de l’expérimentation VSA est tombé. Ce document a pour objectif d’alimenter les débats sur la pérennisation du dispositif de contrôle algorithmique de la population. Il est le fruit du travail d’une commission qui a pu assister au déploiement de ces technologies durant plusieurs mois et recueillir le retour d’expérience des quatre utilisateurs que sont la Préfecture de Police (PP), la Régie Autonome des Transports Parisien (RATP), la Société Nationale des Transports (SNCF), et la ville de Cannes.

Permise par la loi du 19 mai 2023 autorisant officiellement l’usage de ces technologies controversées — la VSA était en réalité utilisée depuis des années par de nombreuses villes sans aucun cadre légal et idem pour le ministère de l’Intérieur qui utilisait la reconnaissance faciale depuis 2015 en cachette — l’implémentation de ces technologies est justifiée par un impératif de lutte contre le terrorisme et d’atteinte grave à la sécurité des personnes. Il détecte automatiquement et en temps réel huit situations (ou cas d’usage : colis abandonné, départ de feu,* etc. ). Censés venir combler l’inefficacité patente de la vidéosurveillance traditionnelle** , les deux logiciels testés sont ceux de l’entreprise Videtics déployés dans la ville de Cannes, et celui de la start-up Wintics, utilisés par la PP, la SNCF et la RATP.

Ces logiciels reposent sur la vision par ordinateur, une branche de l’...

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Procès du financement libyen : le moment Amesys

Nicolas Sarkozy et Claude Guéant livrent une histoire abracadabrantesque

La troisième semaine du procès dit du financement libyen a permis d'explorer le contrat Amesys ayant permis l'interception du trafic Internet de tous les libyens. Cette vente a amené par ailleurs à une mise en examen des dirigeants et de l'entreprise pour complicité de torture. L'ancien président et son secrétaire général ont raconté n'avoir jamais rencontré Amesys et ne pas connaître cette entreprise. Une belle histoire. Mais fausse.

Amesys, une histoire des interceptions massives en France et dans le monde - © Reflets

La troisième semaine du procès dit du financement libyen de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007 (du 27 au 31 janvier) a commencé par l'examen des conditions de la libération des infirmières bulgares. La présidente se demande quand Nicolas Sarkozy a commencé à s'intéresser à leur sort. « Je m'y suis intéressé parce que entre les deux tours, leurs familles avaient demandé à nous rencontrer, moi et Madame Royal. J'avais reçu les familles qui m'avaient raconté leur calvaire et notamment les tortures dont elles étaient victimes », indique l'ancien président de la république. Il savait donc que Mouammar Kadhafi pratiquait allègrement la torture. Il traite régulièrement à la barre l'ancien dictateur de fou mais trouve toujours normal lorsqu'on l'interroge sur ce sujet, de faire du commerce avec lui. Il n'est pas à un paradoxe près.

Un peu plus tard, lorsqu'un avocat des parties civiles interroge Nicolas Sarkozy, précisément cette fois, sur sa connaissance à l'époque des problèmes démocratiques dans ce pays - notamment la torture et les incarcérations- tout en signant des contrats pour du matériel militaire, celui-ci biaise. Il s'engage sur le terrain des ventes d'armes par les Espagnols et s'énerve : « nous n'avons pas signé de contrat de vente d'armes à une dictature ». Plus précisément, « les 10 milliards, on en a jamais vu le début d'un commencement, notamment les...

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Le Benghazi Medical Center, l'autre affaire libyenne de Nicolas Sarkozy

30 millions d'euros et la mort d'un français sur fond de soupçons de corruption

En plein procès du financement libyen de la campagne 2007, Reflets rouvre une enquête sur une histoire méconnue : 30 millions d'euros versés sur ordre de l'Elysée pour équiper l'hôpital de Benghazi. Et dans cette affaire, il y a eu mort d'homme. Depuis nos révélations en 2015, le Parquet national financier s'est saisi du volet corruption de ce dossier. Une audience est prévue en juin prochain.

Vue de l'hôpital de Benghazi - D.R.

« M. Guéant a dit : il faut qu'on s'occupe de l'hôpital de Benghazi. On s'en est occupés. » Cette phrase anodine, jetée en pleine séance du tribunal ce lundi 20 janvier par Nicolas Sarkozy, a eu l’effet d’un coup de tonnerre sur les connaisseurs du dossier. À peine prononcée, elle a fait resurgir tout un pan du passé trouble de la France en Libye, où la libération des infirmières bulgares sert de sordide toile de fond à des intrigues franco-libyennes. Or ces intrigues où l'argent de la France a coulé à flots ont coûté la vie à un Français, Patrice Réal, le soir du 2 mars 2014 à Benghazi. Qui s’en souvient ?

Ce responsable de la sécurité du fameux Benghazi Medical Center, 49 ans, employé par un prestataire de la très controversée société française Ideal Medical Product Engineering (IMPE) est mort criblé de balles, alors qu’il était passager d’un minibus, de retour du souk de Benghazi. L’enquête -classée sans suite- n’a jamais permis de savoir qui étaient les tueurs et surtout pourquoi cet homme apparemment sans histoire a été visé. Sa mort a fait l’objet de quelques échos dans la presse, mais en 2014, personne ne s’était jamais inquiété de savoir qui il était, ni d’où il venait. Des rumeurs jamais confirmées évoquaient un agent secret français. En 2015, avec Jacques Duplessy (nous sommes deux journalistes travaillant aujourd’hui pour Reflets), nous avions dénoué les premiers fils de l’énigme, avec la conviction que le Benghazi Medical Center n...

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Un projet de fichage biométrique mondial géré par le privé

Perspective de fortunes via le contrôle humain

Reflets a pu consulter un document confidentiel de l’un des leaders mondiaux du contrôle biométrique, IDEMIA. On y découvre un projet industriel à destination d’acteurs économiques qui souhaiteraient investir dans un marché d’avenir : celui du contrôle biométrique permanent.

Site Web d'Idemia - Copie d'écran

« Chaque époque a son Inquisition. La nôtre a le passeport pour remplacer les tortures du Moyen Âge. Et le chômage ». Cette citation du mystérieux et célèbre écrivain B. Traven est tirée de son livre Le Vaisseau des morts. Une critique tragicomique du contrôle des États sur les populations – dans une période de déploiement progressif des passeports – qui raconte l’histoire d’un citoyen américain perdant ses papiers d’identité dans la ville d’Anvers pendant les années vingt. Ne pouvant prouver sa nationalité ni son identité, il est plusieurs fois chassé de Belgique comme un vagabond et accepte pour survivre de trimer comme que marin sur un rafiot voué à couler en mer.

Un siècle « d’innovations » plus tard, le contrôle d’identité est devenu la norme, dans une large partie des pays occidentaux, pour accéder à toute sorte de services publics (et privés), et confine toujours les personnes « sans papiers » à une vie marginale et souvent misérable. L’identification des citoyens via leurs données biométriques est aujourd’hui devenue un marché mondial prometteur, sous-traité à des acteurs privés que leurs objectifs de rendement poussent à déployer ces équipements de contrôle sur l’ensemble du globe et dans un maximum de situations du quotidien.

C’est en tout cas ce que propose le projet porté par la société française IDEMIA. Dans un document que Reflets s’est procuré, on découvre la mise en lumière d’un projet industriel mondial basé sur les produits...

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Ce que dit l’alliance entre les géants de la tech et Trump

Un point positif dans un océan de n’importe quoi

Tous sont venu faire un exercice de génuflexion devant le nouveau conducator. Elon Musk le premier, Jeff Bezos, Mark Zuckerberg, tous ont rallié Donald Trump. Bien entendu, l’alliance des géants de la tech qui règnent sur le monde numérique, et le fou de la Maison-Blanche, inquiète. Mais il y a une lueur d’espoir.

Donald Trump vu par l'IA Grok d'Elon Musk

Elon Musk a apporté 270 millions de dollars à Donald Trump pour financer sa campagne. Mais il a surtout mis Twitter (devenu X) au service de l’ambition politique du nouveau président américain. Il y a bien sûr une concordance des idées entre les deux hommes. Mais ce n’est certainement pas pour un poste qu’Elon Musk a mouillé le maillot à ce point. De quoi rêve l’homme le plus riche du monde ? Pas de devenir ministre du Department of Government Efficiency (DOGE). Le nom de ce ministère choisi par lui est d’ailleurs une blague de geek. L’acronyme du ministère est le nom d’une cryptomonnaie, elle-même une blague que le patron de Tesla a souvent poussée, lui permettant de s’envoler.

Elon Musk a besoin des commandes publiques et des aides gouvernementales pour ses entreprises comme Space X ou Tesla. Il sait que Donald Trump est totalement imprévisible. Si les idées d’extrême-droite des deux hommes s’alignent, tout comme leurs délires complotistes et leur goût des fake news, Elon Musk a surtout assuré l’avenir de ses entreprises. S’il a lu le livre de Bob Woodward Peur, Trump à la Maison-Blanche, il sait que le dernier ayant parlé à l’oreille de l’homme orange gagne son appui. Il sait aussi qu’il a une mémoire de poisson-rouge et qu’il faut sans cesse le travailler pour garder ses faveurs. Et avoir les faveurs du boss de la première puissance mondiale peut avoir son intérêt. Même pour l’homme le plus riche du monde. Tout est désormais possible : baisse des impôts, législation...

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La responsabilité de l'autorité judiciaire dans la mort d'Amandine

Entre 2010 et 2014, trois procédures éducatives ont conclu à un non-lieu et une enquête pour violences a été classée sans suite

Amandine Pissara-Florès est morte le 6 août 2020, après des mois de coups, de privation de nourriture et de séquestration dans un débarras sordide. Son cas avait fait réagir des membres du corps éducatif, qui l'ont signalé plusieurs fois à l’institution judiciaire. Malgré ces alertes et plusieurs rapports inquiétant des services sociaux, une juge a décidé, à trois reprises, qu’Amandine n’était pas en danger.

La Justice - CC

Le vendredi 24 janvier, Sandrine Pissara a été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité pour « actes de torture et de barbarie » sur sa fille Amandine, tandis que son compagnon, Jean-Michel Cros, reconnu coupable de « privation de soins et d’aliments suivie de mort », s’est vu infliger une peine de 20 ans de réclusion. Les débats ont permis de retracer le calvaire que la mère avait infligé à Amandine, mais aussi à ses aînés, Jérémy et Cassandra, mettant au jour une mère maltraitante au plus au point, perverse et manipulatrice, qui a facilement dupé des institutions faibles n'ayant pas été à la hauteur de certains acteurs de terrain. Car avant cette période du confinement où les mauvais traitements ont atteint leur paroxysme jusqu’au dénouement fatal, Amandine a subi une vie de violences, de privations et d’humiliations, dont certains enseignants ont perçu les signes très en amont. Plusieurs signalements ont été réalisés ; ils ont donné lieu à trois procédures éducatives, qui se sont toutes soldées par un non-lieu. Une enquête pénale pour violences, menée au début de l’année 2014, a débouché sur un classement sans suite par le parquet de Montpellier. Ces procédures, si elles avaient été menées à terme, aurait sans doute permis de révéler les violences commises par Sandrine Pissara sur Amandine, de placer l'enfant, et donc, in fine, de la sauver. Cet article vise à exposer des faits ; il appartient à l'autorité judiciaire de déterminer...

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« Mais qu’allait-il faire dans cette galère ? »

Guéant et Hortefeux : les improbables piégés

La troisième semaine du procès Sarkozy dit du financement libyen a été marqué par les déclarations de deux grands naïfs, Claude Guéant et Brice Hortefeux, piégés par le machiavélique Ziad Takieddine. Leur histoire à peu convaincu. Les proches des morts dans l'attentat du DC10 ont témoigné de l'horreur.

Abdallah al-Senoussi

Alors chef de cabinet du ministre de l'intérieur Nicolas Sarkoy, Claude Guéant se rend à Tripoli les 30 septembre et 1er octobre 2005 pour « préparer » la visite de son ministre dans les jours qui suivent. Ce grand naïf, qui semble n'avoir aucune expérience politique (il a fait toute sa carrière au service de l'exécutif) reçoit un coup de téléphone de Ziad Takieddine lui proposant de rencontrer une « personnalité » libyenne. Aussi incroyable que cela puisse paraître - Claude Guéant et Nicolas Sarkozy affirment depuis le début du procès que l'intermédiaire n'avait jamais eu le moindre rôle dans la préparation des voyages officiels en Libye- il accepte. Le voilà donc montant dans une voiture avec Ziad Takieddine, le soir du 30 septembre 2005. Il ne prévient personne, ni l'ambassadeur, ni un officier de sécurité, ni un interprète, lui qui ne parle pas un mot d'arabe.

Et voilà le numéro deux du ministère de l'intérieur qui disparait dans la nuit noire de Tripoli pour rencontrer dieu sait-qui. Et là, paf, la tuile ! La mystérieuse « personnalité » n'est autre que le beau-frère de Kadhafi, Abdallah Senoussi. Cet homme a été condamné à la perpétuité pour terrorisme par une cour d'assises en France et fait l'objet d'un mandat international. Selon Claude Guéant, qui n'a pas demandé qui il allait rencontrer pendant le trajet en voiture, il se retrouve « piégé » par l'intermédiaire. Il en est tellement...

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