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OQTF en sortie d’audiences à Bobigny

La justice instrumentalisée illégalement par la préfecture pour expulser des étrangers ?

Ils sortent libres du tribunal puis semblent s’évaporer, Ă  peine l’audience terminĂ©e. Depuis plus d’un an, avocats et juges constatent la disparition inexpliquĂ©e de certains justiciables. Un seul point commun : ils sont tous Ă©trangers. Que se passe-t-il dans les coulisses du tribunal de Bobigny ?

Des OQTF délivrée par surprise au tribunal...

« Nos clients disparaissent tout simplement Â». Le constat d’Agathe Grenouillet, avocate et membre du Syndicat des Avocats de France (SAF) est partagĂ© par ses confrĂšres et par des juges de Bobigny. Dans cette juridiction, des Ă©trangers en situation irrĂ©guliĂšre, convoquĂ©s pour des affaires sans lien avec leur statut administratif, ne ressortent pas du tribunal. Entre la salle d'audience et les portes du palais de justice, les policiers les retiennent sous de faux prĂ©textes et les conduisent au dĂ©pĂŽt, l'espace de rĂ©tention du tribunal. L'objectif cachĂ© ? Les expulser. Avocats et juges s'accordent sur un point : ces interpellations sont parfaitement illĂ©gales. La prĂ©fecture utiliserait le tribunal pour y faire la chasse aux Ă©trangers.

Ils m’ont dit : venez rĂ©cupĂ©rer vos affaires

En cherchant un de ses clients, un avocat l’a retrouvĂ© au Centre de RĂ©tention Administrative (CRA) du Mesnil-Amelot, une prison administrative pour Ă©trangers en situation irrĂ©guliĂšre, ultime antichambre avant l'expulsion. C’est ce qui est arrivĂ© Ă  Ibrahim Dosso. InstallĂ© en France depuis 2017, ce coiffeur comparaĂźt mi septembre pour une affaire de violences conjugales. Son procĂšs est reportĂ©, il ressort donc libre aux cĂŽtĂ©s de son avocat. Mais Ă  cet instant, des policiers l'invitent Ă  les suivre au dĂ©pĂŽt sous prĂ©texte de rĂ©cupĂ©rer ses affaires. Sur place, on lui remet une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), la mesure administrative qui enjoint Ă  un...

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Chronique syrienne : retour Ă  Alep #3

Le prix de la liberté

Cela fait douze ans que Talal n’a pas vu son cousin FarĂšs. Il vit en Turquie et, comme Talal, veut retourner vivre Ă  Alep. Au milieu de la joie des retrouvailles, il lui livre le rĂ©cit de ses annĂ©es de dĂ©tention sous l’ancien rĂ©gime.

Vues d'Alep - © Reflets

Depuis la libĂ©ration, on se tĂ©lĂ©phone beaucoup avec FarĂšs et on s’est enfin donnĂ© rendez-vous ici, Ă  Alep. J’étais encore jeune Ă  l’époque, mais je me rappelle qu’il avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© puis libĂ©rĂ© avant de fuir Alep. Je suis trĂšs heureux de le retrouver et de discuter avec lui, mais, avant de refaire le monde, nous partons nous balader Ă  pied. Comme moi il a eu envie, en arrivant, de faire le tour de la ville, et aussi de repasser devant le tribunal militaire oĂč il a passĂ© des nuits.

ArrivĂ©s Ă  la maison, il nous raconte ses annĂ©es d’emprisonnement. Le jour de son arrestation revient Ă  ma mĂ©moire : c’était en 2008, six ou sept voitures des services secrets ont dĂ©barquĂ© dans notre quartier pour venir l’arrĂȘter. Des hommes armĂ©s en sont descendus et ont perquisitionnĂ© chez ses parents, fouillant les papiers, dans les ordinateurs, mĂȘme les CD de musique. Ils sont restĂ©s plusieurs jours Ă  quadriller le secteur Ă  sa recherche, mais il se cachait dans un autre quartier de la ville. Il a quand mĂȘme Ă©tĂ© fait prisonnier quelques semaines plus tard. Il lui Ă©tait reprochĂ© de diffuser des idĂ©es « troublant l’ordre public ».

En rĂ©alitĂ©, ses amis et lui se retrouvaient rĂ©guliĂšrement pour parler politique, il Ă©tait trĂšs Ă  l’aise pour critiquer publiquement la dictature, et il rassemblait des jeunes autour de ses idĂ©es. Il a Ă©tĂ© dĂ©noncĂ© par un voisin, qui assistait souvent aux discussions, un imam en lequel il avait confiance, mais qui les surveillait en sous-main


Le bĂątiment des agents des transports, oĂč les barrages policiers ont disparu et oĂč flotte le drapeau de la libĂ©ration - © Reflets
Le bĂątiment des agents...
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La Thermite ouvre ses portes

Un nouveau squat Ă  Montpellier dans le contexte difficile de la loi Kasbarian

L'occupation s'est installĂ©e au cƓur du quartier des beaux-arts dans une ancienne salle de sport. Un lieu que la mairie et la chambre de commerce entendaient transformer en halle culturelle, avant que le promoteur ne jette l'Ă©ponge en mai dernier face aux inquiĂ©tudes des habitants.

Visite nocturne du bùtiment par les membres du collectif présent sur place depuis plusieurs jours. - La Thermite

Depuis le 28 juillet 2023 et la publication au journal officiel de la loi contre l’occupation illicite, dite « Kasbarian Â», le milieu du squat est en crise. Au printemps dernier, le temps d’un festival, Intersquat Île de France se rĂ©unissait pour essayer de trouver des solutions face Ă  la nouvelle donne sĂ©curitaire. À l’occasion, le collectif UNIBETON tentait d’ouvrir un nouveau lieu, le Squat Baudin. La nouvelle occupation ne tiendra finalement que quelques jours.

Car si la loi Kasbarian avait valeur de symbole, la rĂ©pression, elle, avait dĂ©butĂ© bien avant. Sur Montpellier, une premiĂšre vague d’expulsion des squats a lieu au printemps 2020, au sortir du confinement. Le journal Le Poing raconte : « Dans cette ville "de gauche", les forces de l’ordre s’enfoncent dans les squats comme dans du beurre, chacun son tour, sur fond d’une terrifiante indiffĂ©rence quasi gĂ©nĂ©rale. Et Ă©puisement militant Â».

En juillet 2021, un jeu de chaise musicale a lieu Ă  la prĂ©fecture mais les militants locaux n’y gagnent pas au change. Pour remplacer le prĂ©fet Witkowski envoyĂ© en Seine-Saint-Denis, Montpellier hĂ©rite de Hugues Moutouh, un sarkozyste qui obtiendra trĂšs vite le surnom de « prĂ©fet bulldozer Â». La ZAD du L.I.E.N Ă  Grabels est rapidement expulsĂ©e avant que Moutouh ne tourne son attention sur les bidonvilles rapidement effacĂ©s du tableau.

Dans son manifeste, le collectif a l’origine de la Thermite tĂ©moigne :

« Le "bon" sens est...

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Soupçons de favoritisme au centre HélÚne Borel

Le centre de rééducation de Raimbeaucourt (Nord) visé par deux plaintes

Seize dossiers sont regroupĂ©s dans ces deux plaintes. DĂ©noncĂ©s par l'association anti-corruption AC !!, les faits concernent d’éventuelles irrĂ©gularitĂ©s dans les marchĂ©s publics, des soupçons d’escroquerie, de favoritisme ou de recel.

La tour du chĂąteau de Lez Ă  Raimbeaucourt - Copie d'Ă©cran du site du centre HĂ©lĂšne Borel

De mĂ©moire d’habitants, jamais le centre HĂ©lĂšne Borel, qui est un centre d’hĂ©bergement, de soins et d’accompagnement pour adultes en situation de handicap, Ă  Raimbeaucourt (Nord) n’avait fait autant parler de lui que ces derniers jours. Fin fĂ©vrier, la petite commune de 4.000 Ăąmes voit dĂ©barquer la brigade financiĂšre venue perquisitionner, entre autres, les services informatique et comptabilitĂ© du centre.

MalgrĂ© la prĂ©sence des policiers pendant presque huit heures et leur recherche de documents, certains salariĂ©s ne se disent pas du tout « Ă©tonnĂ©s ». « Je n’ai pas du tout Ă©tĂ© surpris par cette descente Â», confie SĂ©bastien*, exerçant depuis quelques annĂ©es Ă  Raimbeaucourt. « Il y a des tensions dans les Ă©quipes, le management est trĂšs dur et il n’y a pratiquement aucune transparence dans les dĂ©cisions Â».

Pour Nicolas*, arrivĂ© plus rĂ©cemment, l’ambiance est « pesante ». « Quand on a le malheur de demander des comptes, on ne les obtient jamais. Pire, on est pris Ă  parti. C’est la loi du silence qui rĂšgne ici Â».

Une perquisition de la brigade financiĂšre

Des « allĂ©gations sans fondement Â», balaie la dirigeante Caroline Nio. Dans un entretien accordĂ© Ă  Reflets, celle qui est, depuis 2004, Ă  la tĂȘte des trois Ă©tablissements nordistes que compte le centre HĂ©lĂšne Borel (Arleux, Lomme et Raimbeaucourt), voit dans le passage de la brigade financiĂšre « un rĂšglement de comptes de deux ex-salariĂ©s que nous avons licenciĂ©s et que nous...

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Plongée dans l'apnée : objectif 30 mÚtres

T'es pas un peu vieux pour ces conneries ?

Tombé dans la marmite de la plongée en apnée quand j'étais petit, je me lance un défi : atteindre les 30 mÚtres en mer en poids constant, en juin prochain. Soit 10 mÚtres de plus que ce que je peux faire aujourd'hui. Pour un touriste de cette pratique, c'est un gros challenge. Dix mÚtres, c'est l'équivalent de 3 étages.

En route pour les 30 mĂštres - Photo xphere - CC

Je sors du cours prĂ©paratoire. Ma vie va changer. Je quitte la rĂ©gion parisienne pour vivre sur une petite Ăźle de la MĂ©diterranĂ©e. D'un seul coup, il fait beau Ă  peu prĂšs tout le temps et la mer est turquoise, cristalline. J'ai vite fait de recevoir un masque. Un de ces vieux machins fabriquĂ©s dans un plastique qui vieillit vite, avec deux trous sous le nez, pour le pincer quand on descend sous l'eau et Ă©viter la pression sur les tympans, qui fait trĂšs mal. On m'a mĂȘme offert un tuba surmontĂ© d'un mĂ©canisme avec une balle de ping-pong blanche comme la neige. En descendant, la balle est censĂ©e bloquer l'entrĂ©e de l'eau dans le tube. C'est rudimentaire, mais suffisant pour dĂ©couvrir un autre monde. PrĂšs de 71% de la planĂšte est recouverte d'eau. Et sous l'eau, tout un univers Ă©volue. Il y a deux maniĂšres de le dĂ©couvrir. Avec des bouteilles ou avec l'air que l'on peut contenir dans ses poumons et en retenant sa respiration. J'ai choisi la deuxiĂšme.

Aujourd'hui, désormais bien plus prÚs de la retraite que du CP, je me fixe l'objectif de descendre à 30 mÚtres, soit à peu prÚs l'équivalent d'un immeuble de 10 étages.

Que l'on se comprenne bien, je suis un touriste de l'apnée. Plongé par hasard dans cette pratique depuis tout petit, je ne m'entraine pas, je n'ai jamais fait partie d'un quelconque club et j'ai tout appris seul en pratiquant avec des amis. D'abord pour regarder les...

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Chronique syrienne : retour Ă  Alep #2

Bachar est parti, et maintenant ?

Talal est maintenant depuis quelques jours Ă  Alep. Il retrouve sa famille et ses amis les plus proches, qui lui racontent l’espoir de pouvoir enfin vivre normalement et leurs inquiĂ©tudes face Ă  un nouveau rĂ©gime issu de rangs islamistes.

Place Saad Allah Al Jabery Ă  Alep. PremiĂšre manifestation nationale pour fĂȘter la libĂ©ration du pays - © Reflets

J’ai 35 ans. J’ai vĂ©cu vingt-trois ans de ma vie dans un pays sous dictature. J’ai vĂ©cu aussi trois ans de guerre, de 2011 Ă  2013. Ces derniĂšres annĂ©es, depuis 2021, j’ai pu retourner trois fois en Syrie.

La premiĂšre fois que je suis revenu, aprĂšs huit ans d'absence, j’étais tellement pressĂ© de retrouver ma mĂšre que je n’ai pas prĂȘtĂ© attention Ă  ce qui m’entourait. Avec aussi l’émotion de retourner dans notre maison, lĂ  oĂč mon pĂšre Ă©tait dĂ©cĂ©dĂ© quelques annĂ©es plus tĂŽt sans que je ne puisse le revoir. Ce n’est que le lendemain, en allant voir mes amis d’enfance, que je me suis rendu compte que rien n’avait vraiment changĂ© depuis la guerre. Les ruines des bĂątiments dĂ©truits par les bombes du rĂ©gime Ă©taient toujours lĂ . Les habitants semblaient tous Ă©puisĂ©s, rĂ©signĂ©s. La ville n’avait pas bougĂ©, comme figĂ©e dans le temps depuis 2013. Un dĂ©tail m’avait frappĂ© : il n’y avait aucune voiture de nouvelle gĂ©nĂ©ration.

Aujourd’hui, je reviens Ă  Alep pour la quatriĂšme fois, et tout est diffĂ©rent. Lorsque J’arrive en ville Ă  la nuit, il n’y a presque pas de lumiĂšre. Le stress monte, sans vraie raison. A nouveau je cherche fĂ©brilement ma carte d’identitĂ© et mon passeport, les rĂ©flexes ont la vie dure et le temps des barrages militaires est encore frais dans ma mĂ©moire. Le chauffeur rigole. Il a parfaitement compris mon dĂ©but de panique. Ça m’a pris quelques secondes pour rĂ©aliser que je n’en avais plus besoin. Le chauffeur hoche la tĂȘte : « il y a des habitudes qu’on va...

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Nord : le centre HélÚne Borel a été perquisitionné

Plusieurs plaintes avaient été déposées

Le centre de prise en charge d’adultes en situation de handicap HĂ©lĂšne Borel, Ă  Raimbeaucourt (Nord) a fait l’objet ce mercredi d’une perquisition de la brigade financiĂšre.

La tour du chĂąteau de Lez Ă  Raimbeaucourt - Copie d'Ă©cran du site du centre HĂ©lĂšne Borel

Dans cette petite commune de 4.000 habitants du Nord, le centre HĂ©lĂšne Borel est une vĂ©ritable institution. Depuis les annĂ©es 60, il prend en charge des adultes en situation de handicap physique, leur assurant soins, hĂ©bergement et accompagnement. Ce 26 fĂ©vrier, une quinzaine de policiers de la brigade financiĂšre de Lille ont dĂ©barquĂ© dĂšs 9 heures dans les locaux pour les perquisitionner. Des boĂźtes mails ont Ă©tĂ© saisies ainsi qu’un certain nombre de dossiers, notamment dans les services comptabilitĂ© et informatique. Reflets.info a Ă©galement appris que la directrice gĂ©nĂ©rale Caroline Nio et la prĂ©sidente Annette Glowacki ont Ă©tĂ© entendues, sĂ©parĂ©ment.

Cette visite serait-elle en lien avec les investigations que mĂšne actuellement Reflets.info sur le centre HĂ©lĂšne Borel ? En effet, nous prĂ©parons une enquĂȘte, Ă  paraĂźtre prochainement, concernant des soupçons de favoritisme et d’escroquerie liĂ©s Ă  des marchĂ©s publics.

Deux plaintes et 16 dossiers

L’association anti-corruption AC !! a dĂ©posĂ© deux plaintes contre X auprĂšs du tribunal de Grande Instance de Lille. Elles concernent en tout 16 dossiers. La premiĂšre, en mars 2024, regroupe, des marchĂ©s publics pour lesquels AC!! pointe, entre autres, des dĂ©lits de favoritisme. Dans la plainte que nous avons pu consulter, il est question en particulier du renouvellement d’un appareil mĂ©dical pour lequel l’appel d’offres est rĂ©alisĂ© alors mĂȘme que le choix du fournisseur est dĂ©jĂ  actĂ© par mail, et dont la proposition s’avĂšre, par...

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Un salut nazi en audience

Alexis Issaurat - D.R.

Alexis Issaurat - D.R.
Alexis Issaurat - D.R.
Le tribunal de Paris venait de condamner ce suprĂ©maciste blanc de 37 ans, Alexis Issaurat, Ă  un an de prison pour propos haineux. En fin d’audience il est venu au micro pour indiquer qu’il faisait appel, avant de lancer un salut nazi, bras tendu vers la Cour. PassĂ© un moment de stupĂ©faction, il a Ă©tĂ© placĂ© en garde Ă  vue et comparaitra pour « outrage Ă  magistrat par geste ou menace Ă  l'audience et apologie publique de crime ou dĂ©lit Â». Skinhead depuis 1998 selon ses dires et membre du Front national de la jeunesse, puis du FN , il appartient au mouvement « UnitĂ© blanche Â». Il aurait combattu en Ukraine au sein du bataillon Azov, qui a attirĂ© de nombreux militants de l'extrĂȘme droite française, pendant huit mois en 2015. Son palmarĂšs judicaire est dĂ©jĂ  fourni avec des condamnations pour violences, dĂ©tention, trafic et usage d'armes, injures racistes, apologie de crime contre l'HumanitĂ© et provocation Ă  commettre un gĂ©nocide. Une affaire de menace lui vaut un autre procĂšs en fin d’annĂ©e. Ses vidĂ©os Youtube laissent perplexes sur la profondeur de la pensĂ©e de cet extrĂ©miste.
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Du rififi dans les Chambres d’Agriculture

Un an aprÚs les grandes mobilisations paysannes, le paysage syndical agricole connaßt une petite révolution

La Coordination Rurale – syndicat trĂšs Ă  droite - rĂ©alise une percĂ©e d’ampleur dans les Chambres d’Agriculture, qui remet en question l’hĂ©gĂ©monie du syndicat majoritaire, la FNSEA, et son modĂšle productiviste. Pour desserrer cet Ă©tau encore bien installĂ©, les « bonnets jaunes » sont prĂȘts Ă  bousculer les habitudes, quitte Ă  y laisser quelques plumes.

Les paisibles campagnes sont parfois agitées (dans les chambres d'agriculture) - © Reflets

Les Ă©lections professionnelles de janvier 2025 Ă©branlent l'hĂ©gĂ©monie historique de la FNSEA. Dans ce scrutin, qui porte sur 88 chambres, la Coordination Rurale (CR) en remporte 14 au lieu de 3 prĂ©cĂ©demment. C’est le reflet d'un ras-le-bol des agriculteurs envers les structures syndicales traditionnelles et les politiques gouvernementales, dĂ©connectĂ©es du terrain. La FNSEA reste toutefois majoritaire mais perd le contrĂŽle d’une grosse dizaine de structures, passant de 84 Ă  71. La ConfĂ©dĂ©ration paysanne, qui ne dominait qu’une chambre, en remporte deux supplĂ©mentaires.

Le discours mĂ©diatique dominant gĂ©nĂ©ralise l’influence du Rassemblement National sur la CR et ses "bonnets jaunes", mais c’est plutĂŽt dans l’autre sens que se fait la transfusion. Le parti de Marine Le Pen cherche Ă  capter la colĂšre paysanne depuis longtemps. Avec une prĂ©sence rĂ©guliĂšre dans des rencontres professionnelles, comme le Sommet de l’élevage en Auvergne, ou plus grand public, comme le Salon de l’agriculture, le Rassemblement National renforce son influence Ă  bas bruit dans le monde agricole français. MalgrĂ© l’indigence de son programme agricole, il capte un Ă©lectorat rural en capitalisant sur la colĂšre des agriculteurs face aux politiques Ă©cologiques. Il a dupliquĂ© certaines revendications de la Coordination rurale et dĂ©nonce notamment les normes environnementales et le libre-Ă©change, perçu comme une menace pour la souverainetĂ© alimentaire. PrĂšs d’un adhĂ©rent sur deux de la CR se...

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Doctolib : des données de santé insuffisamment protégées

Les États-Unis de Donald Trump pourraient se servir allùgrement

C’est une discussion sans fin mais qu’il convient d’avoir Ă  nouveau au moment oĂč Doctolib propose d’hĂ©berger nos ordonnances et autres rĂ©sultats mĂ©dicaux : nos donnĂ©es de santĂ© sont-elles protĂ©gĂ©es correctement ? Ces donnĂ©es sensibles pourraient ĂȘtre accaparĂ©es par les États-Unis. Alors que 60 millions de Français utilisent Doctolib, que se passerait-il si la sociĂ©tĂ© Ă©tait vendue Ă  un groupe Ă©tranger ? L'Ă©lection de Trump modifie-t-elle la donne ?

Doctolib respecte la vie privée des utilisateurs

Il fut un temps, lointain, oĂč les donnĂ©es de santĂ© et plus gĂ©nĂ©ralement les donnĂ©es personnelles Ă©taient un sujet de premier plan en France. En 1974, un article du Monde titrĂ© « SAFARI ou la chasse aux Français » met le feu aux poudres. Le SystĂšme automatisĂ© pour les fichiers administratifs et rĂ©pertoires des individus (SAFARI) inquiĂšte. Ce projet visait, selon Le Monde, Ă  relier par le numĂ©ro de sĂ©curitĂ© sociale toutes les informations dĂ©tenues dans « les 400 fichiers que possĂšdent les services de police [
] le cadastre, le fichier... des impĂŽts et, plus grave peut-ĂȘtre, celui du ministĂšre du Travail ». La gĂ©nĂ©ralisation de cette identification dans toute l'administration avait pour but de faciliter l'interconnexion des fichiers. DĂ©jà


Le tollĂ© provoquĂ© par cet article dĂ©clenche la crĂ©ation de la CNIL. Le temps s’est Ă©coulĂ©, Internet est arrivĂ©, les États comme les entreprises privĂ©es se sont littĂ©ralement gavĂ©s de nos donnĂ©es personnelles sans vĂ©ritable contrĂŽle. Le poids croissant de la sociĂ©tĂ© Doctolib dans la gestion des donnĂ©es de santĂ© des Français devrait gĂ©nĂ©rer un dĂ©bat bien plus soutenu et l’on peut s’étonner du silence des gouvernements successifs et des dĂ©putĂ©s et sĂ©nateurs. Car, Ă  bien y regarder, les garde-fous ne semblent pas suffisants.

Depuis des années, le collectif InterHop, ainsi que plusieurs associations et syndicats médicaux tentent de faire valoir que les prises de rendez-vous dans les hÎpitaux, avec des médecins dans le privé, ou pour la...

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Anonymat sur Internet : Darmanin... porte quoi !

Le ministre met ses pas dans ceux des plus gros incultes numériques et il y a des raisons à cela.

Ils sont tellement nombreux, depuis l'arrivée d'Internet à pester contre un supposé « anonymat », contre une « zone de non droit » supposée. Rien de tous cela n'existe et cela a été démontré mille fois. Mais on ne renonce pas à le faire à nouveau, histoire de tourner en ridicule le nouveau ministre de la justice.

GĂ©rald Darmanin - Jacques Paquier - Wikipedia - CC BY 2.0

Ça manquait Ă  son palmarĂšs. GĂ©rald Darmanin, qui s'Ă©tait dĂ©jĂ  illustrĂ© avec « les messageries cryptĂ©es comme Wazzaaaap Â» va s'attaquer avec ses gros muscles Ă  l'affreux anonymat qui prĂ©vaut sur Internet et au fait que bien sĂ»r, il s'agit d'une zone de non droit. Et pour cela, il a une solution : imposer Ă  chaque Français une « identitĂ© numĂ©rique propre Â».

Il s'en explique dans Le Parisien :

« Dans les semaines qui viennent, nous nous intĂ©resserons Ă  l’anonymat sur les rĂ©seaux sociaux. Au ministĂšre de la Justice, nous considĂ©rons que la fin de l’anonymat sur les rĂ©seaux sociaux est d’une importance capitale dans la lutte contre la pĂ©docriminalitĂ©, le trafic de drogue, le cyberharcĂšlement
 Reprenons la proposition du dĂ©putĂ© Paul Midy dĂ©posĂ©e il y a quelques mois, pour que chaque citoyen français ait une identitĂ© numĂ©rique propre, qui permette aux enquĂȘteurs de remonter Ă  l’auteur de l’infraction. Pourquoi les rĂ©seaux sociaux seraient le seul endroit oĂč l’expression ne serait pas conforme aux rĂšgles de la RĂ©publique ? On sait qu’une grande partie de la dĂ©linquance et de la criminalitĂ© est aujourd’hui numĂ©risĂ©e. Internet doit cesser d’ĂȘtre une zone de non droit. Â»

Bon... Commençons par démonter les arguments du ministre avant de s'intéresser à son propre anonymat et pseudonymat sur les Internet. Paul Midy, sors de ce corps !

On va faire court parce que les redites, ça consomme de l'octet et c'est mauvais...

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Les néonazis attaquent à Paris

Une agression qui aurait pu faire plus de victimes

Ce dimanche 16 fĂ©vrier, alors que la section parisienne de Young Struggle – organisation de jeunes socialistes et internationalistes implantĂ©e Ă  travers l'Europe – organisait la projection d'un film antifasciste Ă  Paris, dans les locaux de l'ACTIT, elle a subi une attaque ultra-violente menĂ©e par une vingtaine de nĂ©onazis. Ces derniers Ă©taient armĂ©s de bĂątons et de couteaux. Un blessĂ© finit Ă  l'hĂŽpital.

Un déferlement de violence à Paris - © Reflets

L'ACTIT est une association culturelle des travailleurs immigrĂ©s de Turquie, crĂ©Ă©e en 1999, qui accueillait une soirĂ©e cinĂ©matographique avec le collectif Young Struggle Paris. Le film choisi Ă©tait Z, du rĂ©alisateur Costa-Gavras. Pour Reflets, Ali* explique : « Young Struggle est une organisation de jeunes socialistes et internationalistes implantĂ©e Ă  travers l'Europe. En France, il y a trois sections : une Ă  Paris, une Ă  Nancy et une Ă  Rennes Â». Pour ce collectif rĂ©volutionnaire, Young Struggle a « pour objectif d'organiser et de politiser la jeunesse sous le prisme du socialisme, dans les lieux de travail, d’études et les quartiers Â».

Affiche de l'evenement - Instagram - Young Struggle
Affiche de l'evenement - Instagram - Young Struggle

Sur leur page Instagram on peut lire Ă©galement : « Young Struggle vise l'Ă©mancipation de toutes et tous. La libĂ©ration de notre classe ne pourra pas se faire sans une rĂ©volution des femmes, sans la fin des LGBTIphobies et du racisme. Â»

Une attaque trĂšs violente

Aujourd’hui, lundi 17, le canal Telegram Memoria, dont le contenu est raciste, violent et nĂ©onazi, publie la vidĂ©o du tabassage d’un militant de Young Struggle Paris, accompagnĂ©e du titre : « Six nationalistes en garde Ă  vue aprĂšs avoir rendu visite aux antifas du groupe Young Struggle. Â» Pour tenter de justifier leur attaque, ils diffusent une fake news, prĂ©tendant qu’il existerait un lien entre l'ACTIT, Young Struggle et le Parti communiste marxiste-lĂ©niniste (MLKP)...

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Chroniques syriennes : retour Ă  Alep #1

Plus un seul soldat Ă  la frontiĂšre syrienne

En 2014, Talal Sarout fuit vers la France. MalgrĂ© des Ă©tudes de droit, il vit de petits boulots, jusqu’à son embauche en CDI. Il Ă©pouse une française, puis renonce Ă  son statut de rĂ©fugiĂ© pour pouvoir revoir sa famille, au prix d’une trĂšs forte amende Ă  payer au rĂ©gime. Il envisage dĂ©sormais de rentrer pour aider Ă  reconstruire son pays. C’est ce qu’il va chercher Ă  savoir dans ce voyage, dont il tiendra la chronique dans Reflets.

A l’intĂ©rieur du hall de contrĂŽle de la douane en Jordanie, les membres du Croissant Rouge viennent Ă  la rencontre des voyageurs qui rentrent en Syrie - © Reflets

« Vous, les Syriens, vous mĂ©ritez d’avoir un pays digne de ce nom  Â». C’est ainsi que m’accueille une employĂ©e au comptoir de l’aĂ©roport de Marseille, alors que je m’apprĂȘte Ă  embarquer pour Alep, via la Jordanie. « J’espĂšre que vous ĂȘtes content de ce qu’il s’y passe et que vous allez fĂȘter ça. On suit de prĂšs la chute du rĂ©gime, j’espĂšre que l’avenir se passera aussi bien que ce qu’il se passe pour l’instant ! Â» C’est la premiĂšre fois que des membres du personnel sortent de leur rĂ©serve professionnelle alors que j’embarque pour mon pays et cela me fait chaud au cƓur. « Incha’Allah » lui dit-je spontanĂ©ment. « oui, incha‘Allah ! » me rĂ©pond-elle en souriant, et en me proposant une petite place supplĂ©mentaire pour une valise en soute.

Dans l’avion Istanbul-Amman, je suis Ă  cĂŽtĂ© d’un Syrien originaire de Damas. InstallĂ© en Allemagne depuis treize ans, cet homme d’une quarantaine d'annĂ©es n’est jamais retournĂ© dans notre pays. Tout ce temps, il Ă©tait recherchĂ© par le rĂ©gime d’Al-Assad pour avoir fui le service militaire et pour des activitĂ©s avec l’opposition. Sa famille est complĂštement Ă©clatĂ©e. Ses sƓurs, restĂ©es en Syrie, ont Ă©tĂ© menacĂ©es par le rĂ©gime qui voulait les obliger Ă  dire oĂč leur frĂšre se cachait. Elles ont fui Damas avec leurs maris. Il a deux filles, qui sont parties au Liban avec leur mĂšre, et qui n’ont aucun souvenir de la Syrie car elles Ă©taient trop petites Ă  leur dĂ©part. Il est trĂšs content de rentrer, surtout avec ses filles,...

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Le bide de la vidéosurveillance algorithmique

Et pourquoi elle sera pérennisée

Des IA peu performantes, un faible intĂ©rĂȘt opĂ©rationnel, des faux-positifs en pagaille ; l’expĂ©rimentation de la vidĂ©osurveillance algorithmique (VSA) permise par la loi JO a montrĂ© ses limites. Mais les perspectives promises par ces logiciels ont enchantĂ© les forces de sĂ©curitĂ©, qui se positionnent toutes pour leur pĂ©rennisation.

Un systĂšme de traitement le l'image par IA - D.R.

DĂ©posĂ© le 14 janvier sur le bureau du ministĂšre de l’IntĂ©rieur, le rapport d’évaluation de l’expĂ©rimentation VSA est tombĂ©. Ce document a pour objectif d’alimenter les dĂ©bats sur la pĂ©rennisation du dispositif de contrĂŽle algorithmique de la population. Il est le fruit du travail d’une commission qui a pu assister au dĂ©ploiement de ces technologies durant plusieurs mois et recueillir le retour d’expĂ©rience des quatre utilisateurs que sont la PrĂ©fecture de Police (PP), la RĂ©gie Autonome des Transports Parisien (RATP), la SociĂ©tĂ© Nationale des Transports (SNCF), et la ville de Cannes.

Permise par la loi du 19 mai 2023 autorisant officiellement l’usage de ces technologies controversĂ©es — la VSA Ă©tait en rĂ©alitĂ© utilisĂ©e depuis des annĂ©es par de nombreuses villes sans aucun cadre lĂ©gal et idem pour le ministĂšre de l’IntĂ©rieur qui utilisait la reconnaissance faciale depuis 2015 en cachette — l’implĂ©mentation de ces technologies est justifiĂ©e par un impĂ©ratif de lutte contre le terrorisme et d’atteinte grave Ă  la sĂ©curitĂ© des personnes. Il dĂ©tecte automatiquement et en temps rĂ©el huit situations (ou cas d’usage : colis abandonnĂ©, dĂ©part de feu,* etc. ). CensĂ©s venir combler l’inefficacitĂ© patente de la vidĂ©osurveillance traditionnelle** , les deux logiciels testĂ©s sont ceux de l’entreprise Videtics dĂ©ployĂ©s dans la ville de Cannes, et celui de la start-up Wintics, utilisĂ©s par la PP, la SNCF et la RATP.

Ces logiciels reposent sur la vision par ordinateur, une branche de l’...

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ProcĂšs du financement libyen : le moment Amesys

Nicolas Sarkozy et Claude Guéant livrent une histoire abracadabrantesque

La troisiÚme semaine du procÚs dit du financement libyen a permis d'explorer le contrat Amesys ayant permis l'interception du trafic Internet de tous les libyens. Cette vente a amené par ailleurs à une mise en examen des dirigeants et de l'entreprise pour complicité de torture. L'ancien président et son secrétaire général ont raconté n'avoir jamais rencontré Amesys et ne pas connaßtre cette entreprise. Une belle histoire. Mais fausse.

Amesys, une histoire des interceptions massives en France et dans le monde - © Reflets

La troisiĂšme semaine du procĂšs dit du financement libyen de la campagne Ă©lectorale de Nicolas Sarkozy en 2007 (du 27 au 31 janvier) a commencĂ© par l'examen des conditions de la libĂ©ration des infirmiĂšres bulgares. La prĂ©sidente se demande quand Nicolas Sarkozy a commencĂ© Ă  s'intĂ©resser Ă  leur sort. « Je m'y suis intĂ©ressĂ© parce que entre les deux tours, leurs familles avaient demandĂ© Ă  nous rencontrer, moi et Madame Royal. J'avais reçu les familles qui m'avaient racontĂ© leur calvaire et notamment les tortures dont elles Ă©taient victimes Â», indique l'ancien prĂ©sident de la rĂ©publique. Il savait donc que Mouammar Kadhafi pratiquait allĂšgrement la torture. Il traite rĂ©guliĂšrement Ă  la barre l'ancien dictateur de fou mais trouve toujours normal lorsqu'on l'interroge sur ce sujet, de faire du commerce avec lui. Il n'est pas Ă  un paradoxe prĂšs.

Un peu plus tard, lorsqu'un avocat des parties civiles interroge Nicolas Sarkozy, prĂ©cisĂ©ment cette fois, sur sa connaissance Ă  l'Ă©poque des problĂšmes dĂ©mocratiques dans ce pays - notamment la torture et les incarcĂ©rations- tout en signant des contrats pour du matĂ©riel militaire, celui-ci biaise. Il s'engage sur le terrain des ventes d'armes par les Espagnols et s'Ă©nerve : « nous n'avons pas signĂ© de contrat de vente d'armes Ă  une dictature Â». Plus prĂ©cisĂ©ment, « les 10 milliards, on en a jamais vu le dĂ©but d'un commencement, notamment les...

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Le Benghazi Medical Center, l'autre affaire libyenne de Nicolas Sarkozy

30 millions d'euros et la mort d'un français sur fond de soupçons de corruption

En plein procĂšs du financement libyen de la campagne 2007, Reflets rouvre une enquĂȘte sur une histoire mĂ©connue : 30 millions d'euros versĂ©s sur ordre de l'ElysĂ©e pour Ă©quiper l'hĂŽpital de Benghazi. Et dans cette affaire, il y a eu mort d'homme. Depuis nos rĂ©vĂ©lations en 2015, le Parquet national financier s'est saisi du volet corruption de ce dossier. Une audience est prĂ©vue en juin prochain.

Vue de l'hĂŽpital de Benghazi - D.R.

« M. GuĂ©ant a dit : il faut qu'on s'occupe de l'hĂŽpital de Benghazi. On s'en est occupĂ©s. Â» Cette phrase anodine, jetĂ©e en pleine sĂ©ance du tribunal ce lundi 20 janvier par Nicolas Sarkozy, a eu l’effet d’un coup de tonnerre sur les connaisseurs du dossier. À peine prononcĂ©e, elle a fait resurgir tout un pan du passĂ© trouble de la France en Libye, oĂč la libĂ©ration des infirmiĂšres bulgares sert de sordide toile de fond Ă  des intrigues franco-libyennes. Or ces intrigues oĂč l'argent de la France a coulĂ© Ă  flots ont coĂ»tĂ© la vie Ă  un Français, Patrice RĂ©al, le soir du 2 mars 2014 Ă  Benghazi. Qui s’en souvient ?

Ce responsable de la sĂ©curitĂ© du fameux Benghazi Medical Center, 49 ans, employĂ© par un prestataire de la trĂšs controversĂ©e sociĂ©tĂ© française Ideal Medical Product Engineering (IMPE) est mort criblĂ© de balles, alors qu’il Ă©tait passager d’un minibus, de retour du souk de Benghazi. L’enquĂȘte -classĂ©e sans suite- n’a jamais permis de savoir qui Ă©taient les tueurs et surtout pourquoi cet homme apparemment sans histoire a Ă©tĂ© visĂ©. Sa mort a fait l’objet de quelques Ă©chos dans la presse, mais en 2014, personne ne s’était jamais inquiĂ©tĂ© de savoir qui il Ă©tait, ni d’oĂč il venait. Des rumeurs jamais confirmĂ©es Ă©voquaient un agent secret français. En 2015, avec Jacques Duplessy (nous sommes deux journalistes travaillant aujourd’hui pour Reflets), nous avions dĂ©nouĂ© les premiers fils de l’énigme, avec la conviction que le Benghazi Medical Center n...

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Un projet de fichage biométrique mondial géré par le privé

Perspective de fortunes via le contrĂŽle humain

Reflets a pu consulter un document confidentiel de l’un des leaders mondiaux du contrĂŽle biomĂ©trique, IDEMIA. On y dĂ©couvre un projet industriel Ă  destination d’acteurs Ă©conomiques qui souhaiteraient investir dans un marchĂ© d’avenir : celui du contrĂŽle biomĂ©trique permanent.

Site Web d'Idemia - Copie d'Ă©cran

« Chaque Ă©poque a son Inquisition. La nĂŽtre a le passeport pour remplacer les tortures du Moyen Âge. Et le chĂŽmage Â». Cette citation du mystĂ©rieux et cĂ©lĂšbre Ă©crivain B. Traven est tirĂ©e de son livre Le Vaisseau des morts. Une critique tragicomique du contrĂŽle des États sur les populations – dans une pĂ©riode de dĂ©ploiement progressif des passeports – qui raconte l’histoire d’un citoyen amĂ©ricain perdant ses papiers d’identitĂ© dans la ville d’Anvers pendant les annĂ©es vingt. Ne pouvant prouver sa nationalitĂ© ni son identitĂ©, il est plusieurs fois chassĂ© de Belgique comme un vagabond et accepte pour survivre de trimer comme que marin sur un rafiot vouĂ© Ă  couler en mer.

Un siĂšcle « d’innovations Â» plus tard, le contrĂŽle d’identitĂ© est devenu la norme, dans une large partie des pays occidentaux, pour accĂ©der Ă  toute sorte de services publics (et privĂ©s), et confine toujours les personnes « sans papiers Â» Ă  une vie marginale et souvent misĂ©rable. L’identification des citoyens via leurs donnĂ©es biomĂ©triques est aujourd’hui devenue un marchĂ© mondial prometteur, sous-traitĂ© Ă  des acteurs privĂ©s que leurs objectifs de rendement poussent Ă  dĂ©ployer ces Ă©quipements de contrĂŽle sur l’ensemble du globe et dans un maximum de situations du quotidien.

C’est en tout cas ce que propose le projet portĂ© par la sociĂ©tĂ© française IDEMIA. Dans un document que Reflets s’est procurĂ©, on dĂ©couvre la mise en lumiĂšre d’un projet industriel mondial basĂ© sur les produits...

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Ce que dit l’alliance entre les gĂ©ants de la tech et Trump

Un point positif dans un ocĂ©an de n’importe quoi

Tous sont venu faire un exercice de gĂ©nuflexion devant le nouveau conducator. Elon Musk le premier, Jeff Bezos, Mark Zuckerberg, tous ont ralliĂ© Donald Trump. Bien entendu, l’alliance des gĂ©ants de la tech qui rĂšgnent sur le monde numĂ©rique, et le fou de la Maison-Blanche, inquiĂšte. Mais il y a une lueur d’espoir.

Donald Trump vu par l'IA Grok d'Elon Musk

Elon Musk a apportĂ© 270 millions de dollars Ă  Donald Trump pour financer sa campagne. Mais il a surtout mis Twitter (devenu X) au service de l’ambition politique du nouveau prĂ©sident amĂ©ricain. Il y a bien sĂ»r une concordance des idĂ©es entre les deux hommes. Mais ce n’est certainement pas pour un poste qu’Elon Musk a mouillĂ© le maillot Ă  ce point. De quoi rĂȘve l’homme le plus riche du monde ? Pas de devenir ministre du Department of Government Efficiency (DOGE). Le nom de ce ministĂšre choisi par lui est d’ailleurs une blague de geek. L’acronyme du ministĂšre est le nom d’une cryptomonnaie, elle-mĂȘme une blague que le patron de Tesla a souvent poussĂ©e, lui permettant de s’envoler.

Elon Musk a besoin des commandes publiques et des aides gouvernementales pour ses entreprises comme Space X ou Tesla. Il sait que Donald Trump est totalement imprĂ©visible. Si les idĂ©es d’extrĂȘme-droite des deux hommes s’alignent, tout comme leurs dĂ©lires complotistes et leur goĂ»t des fake news, Elon Musk a surtout assurĂ© l’avenir de ses entreprises. S’il a lu le livre de Bob Woodward Peur, Trump Ă  la Maison-Blanche, il sait que le dernier ayant parlĂ© Ă  l’oreille de l’homme orange gagne son appui. Il sait aussi qu’il a une mĂ©moire de poisson-rouge et qu’il faut sans cesse le travailler pour garder ses faveurs. Et avoir les faveurs du boss de la premiĂšre puissance mondiale peut avoir son intĂ©rĂȘt. MĂȘme pour l’homme le plus riche du monde. Tout est dĂ©sormais possible : baisse des impĂŽts, lĂ©gislation...

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La responsabilité de l'autorité judiciaire dans la mort d'Amandine

Entre 2010 et 2014, trois procĂ©dures Ă©ducatives ont conclu Ă  un non-lieu et une enquĂȘte pour violences a Ă©tĂ© classĂ©e sans suite

Amandine Pissara-FlorĂšs est morte le 6 aoĂ»t 2020, aprĂšs des mois de coups, de privation de nourriture et de sĂ©questration dans un dĂ©barras sordide. Son cas avait fait rĂ©agir des membres du corps Ă©ducatif, qui l'ont signalĂ© plusieurs fois Ă  l’institution judiciaire. MalgrĂ© ces alertes et plusieurs rapports inquiĂ©tant des services sociaux, une juge a dĂ©cidĂ©, Ă  trois reprises, qu’Amandine n’était pas en danger.

La Justice - CC

Le vendredi 24 janvier, Sandrine Pissara a Ă©tĂ© condamnĂ©e Ă  la rĂ©clusion criminelle Ă  perpĂ©tuitĂ© pour « actes de torture et de barbarie Â» sur sa fille Amandine, tandis que son compagnon, Jean-Michel Cros, reconnu coupable de « privation de soins et d’aliments suivie de mort Â», s’est vu infliger une peine de 20 ans de rĂ©clusion. Les dĂ©bats ont permis de retracer le calvaire que la mĂšre avait infligĂ© Ă  Amandine, mais aussi Ă  ses aĂźnĂ©s, JĂ©rĂ©my et Cassandra, mettant au jour une mĂšre maltraitante au plus au point, perverse et manipulatrice, qui a facilement dupĂ© des institutions faibles n'ayant pas Ă©tĂ© Ă  la hauteur de certains acteurs de terrain. Car avant cette pĂ©riode du confinement oĂč les mauvais traitements ont atteint leur paroxysme jusqu’au dĂ©nouement fatal, Amandine a subi une vie de violences, de privations et d’humiliations, dont certains enseignants ont perçu les signes trĂšs en amont. Plusieurs signalements ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s ; ils ont donnĂ© lieu Ă  trois procĂ©dures Ă©ducatives, qui se sont toutes soldĂ©es par un non-lieu. Une enquĂȘte pĂ©nale pour violences, menĂ©e au dĂ©but de l’annĂ©e 2014, a dĂ©bouchĂ© sur un classement sans suite par le parquet de Montpellier. Ces procĂ©dures, si elles avaient Ă©tĂ© menĂ©es Ă  terme, aurait sans doute permis de rĂ©vĂ©ler les violences commises par Sandrine Pissara sur Amandine, de placer l'enfant, et donc, in fine, de la sauver. Cet article vise Ă  exposer des faits ; il appartient Ă  l'autoritĂ© judiciaire de dĂ©terminer...

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« Mais qu’allait-il faire dans cette galĂšre ? »

Guéant et Hortefeux : les improbables piégés

La troisiÚme semaine du procÚs Sarkozy dit du financement libyen a été marqué par les déclarations de deux grands naïfs, Claude Guéant et Brice Hortefeux, piégés par le machiavélique Ziad Takieddine. Leur histoire à peu convaincu. Les proches des morts dans l'attentat du DC10 ont témoigné de l'horreur.

Abdallah al-Senoussi

Alors chef de cabinet du ministre de l'intĂ©rieur Nicolas Sarkoy, Claude GuĂ©ant se rend Ă  Tripoli les 30 septembre et 1er octobre 2005 pour « prĂ©parer Â» la visite de son ministre dans les jours qui suivent. Ce grand naĂŻf, qui semble n'avoir aucune expĂ©rience politique (il a fait toute sa carriĂšre au service de l'exĂ©cutif) reçoit un coup de tĂ©lĂ©phone de Ziad Takieddine lui proposant de rencontrer une « personnalitĂ© Â» libyenne. Aussi incroyable que cela puisse paraĂźtre - Claude GuĂ©ant et Nicolas Sarkozy affirment depuis le dĂ©but du procĂšs que l'intermĂ©diaire n'avait jamais eu le moindre rĂŽle dans la prĂ©paration des voyages officiels en Libye- il accepte. Le voilĂ  donc montant dans une voiture avec Ziad Takieddine, le soir du 30 septembre 2005. Il ne prĂ©vient personne, ni l'ambassadeur, ni un officier de sĂ©curitĂ©, ni un interprĂšte, lui qui ne parle pas un mot d'arabe.

Et voilà le numéro deux du ministÚre de l'intérieur qui disparait dans la nuit noire de Tripoli pour rencontrer dieu sait-qui. Et là, paf, la tuile ! La mystérieuse « personnalité » n'est autre que le beau-frÚre de Kadhafi, Abdallah Senoussi. Cet homme a été condamné à la perpétuité pour terrorisme par une cour d'assises en France et fait l'objet d'un mandat international. Selon Claude Guéant, qui n'a pas demandé qui il allait rencontrer pendant le trajet en voiture, il se retrouve « piégé » par l'intermédiaire. Il en est tellement...

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