L'ère de l'information jetable
Comme s'il s'agissait d'un scroll infini, vous oubliez à mesure que vous lisez
Bien sûr les usages changent. L'apparition des smartphones a poussé à cette forme de consommation d'une information oubliée à peine lue. Et le rôle de la presse n'est pas neutre. Pire, l'absence de questionnement sur ce que les spin doctors nous concoctent est une faute. A l'heure de l'instantanéité, la mise en perspective des événements n'est plus une priorité. Et vous en pâtissez.

Vous souvenez-vous de la terrible panique morale qui a secoué les réseaux sociaux et la presse généraliste il y a deux semaines ? Nous non plus. Nous oublions les informations au fur et à mesure qu'elles nous parviennent. Une info chasse l'autre. Non pas que nous la stockions dans un coin. Non, nous l'oublions. Comme nous oublions à peu près toutes les vidéos que nous passons des heures à regarder sur les réseaux sociaux.
Ce temps est gâché, mais ce n'est pas le pire. Le pire est que lorsque nous sommes amenés à faire des choix sociétaux, nous ne sommes plus capables, collectivement, de réfléchir, d'analyser et prendre des décisions éclairées. Nous vivons dans l'émotion, dans l'instant.
Bien entendu, nous sommes responsables au premier chef de cette situation. Car nous acceptons de consommer l'information comme on consomme des vidéos courtes sur un scroll infini mis en place par un réseau social. Nous acceptons qu'une nouvelle information efface la précédente. Nous acceptons la disparition d'une règle essentielle du métier de journaliste : la hiérarchisation de l'information.
Dans un journal radio, télé ou papier, une équipe de journalistes a choisi les informations qui vont être traitées et a décidé du temps ou de l'espace qui sera accordé à chacune. Le fait qu'un journal (quelle que soit sa forme) soit une entité finie, oblige à faire ces choix. Avec un monde numérique, la place est infinie et l'on peut donc...