Votre CRM et votre solution de communication se parlent-ils vraiment ?
En France, environ 70 % des PME seraient équipées d’un CRM, avec une adoption dépassant 90 % dès que l’entreprise compte plus de 10 salariés (source : Belacom) . On le sait, la valeur d’un CRM réside dans sa capacité à bénéficier d’une vue à 360° des interactions client, tous canaux confondus, et à fournir des données fiables. C’est encore plus vrai avec les IAs qui passent désormais au crible ces données pour en extirper toute la valeur.
L’interconnexion entre les outils de communications (téléphonie, collaboration, visioconférence, centre de contact) et ceux de gestion de la relation client est donc vitale. Leur convergence supporte et façonne la transformation digitale de la relation client en entreprise.
Or, l’évolution des environnements de centre de contact et de solutions CRM s’accompagne d’une diversification notable des modes d’interconnexion aujourd’hui disponibles pour les entreprises. L’ambition de cet article est de présenter de manière simplifiée ces principaux modes d’interconnexion, en les regroupant en 4 groupes classés par complexité de mise en œuvre croissante.
Le CTI est mort, vive le CTI !
Le CTI (Couplage Téléphonie Informatique) est un acronyme ancien, apparu au début des années 1990, lorsque les entreprises ont cherché à relier deux univers jusque-là indépendants : la téléphonie traditionnelle et l’informatique de bureau. L’objectif était d’améliorer la productivité des environnements de centre d’appels ou de support client. Sa principale fonctionnalité était la remontée de fiche d’identification sur les appels entrants.
Mais oubliez l’image du CTI des années 90 : aujourd’hui, c’est une boîte à outils cloud qui booste la productivité des agents. Si l’acronyme garde la trace de ses origines techniques, ses usages et les technologies qui le soutiennent sont désormais bien plus proches du logiciel cloud que du matériel téléphonique traditionnel.
Avec l’avènement de la téléphonie IP et des environnements cloud, le CTI s’est enrichi de nouvelles fonctionnalités : intégration (et non plus seulement Couplage) avec les CRM, click-to-call, distribution automatique des appels (ACD), transcription de messages vocaux, statistiques avancées ou encore intégration omnicanale permettant de gérer voix, messageries et emails dans une même interface.
Malgré ces évolutions technologiques fortes, de nombreux éditeurs maintiennent la terminologie de "CTI". Chez ISI-COM par exemple, le fondateur de la société en parlait dès dans un livre publié en 1996 et en faisait un pilier de sa stratégie. Mais parler de CTI chez cet éditeur aujourd’hui, c’est évoquer une boîte à outils multi-technologique mise à destination des développeurs.
Les fonctionnalités CTI ne se limitent plus à l’identification d’appelant ou du click-to-call. Elles s’enrichissent par exemple chez Akio du routage intelligent, de l’enregistrement, de la transcription et du résumé d’appel, voire même de fonction d’anonymisation pour des questions de souveraineté.
Le connecteur sur étagère : simple, rapide à déployer, mais évolutif à son rythme
D’une certaine manière, le CTI était le premier connecteur du marché. S’il a posé les bases de l’interconnexion, le connecteur natif en a démocratisé l’accès.
Le connecteur natif – ou sur étagère, ou « out-of-the-box » - représente souvent le point d’entrée privilégié pour les entreprises qui veulent interconnecter leurs outils et optimiser leur fonctionnement. Il permet en quelques clics de relier une solution voix ou une plateforme de centre de contact à un CRM pour fluidifier le parcours agent sans engager de gros travaux IT.
Ce type de connecteur séduit par sa facilité et sa rapidité de mise en œuvre, mais – à l’instar du CTI - il offre des options limitées de personnalisation ou d’automatisation sophistiquée. Sa simplicité peut aussi devenir un piège (dépendance à l’éditeur, manque de flexibilité pour des besoins métiers spécifiques).
Malgré tout, les fonctionnalités vont du plus courant au plus évolué en fonction des connecteurs : log automatique des appels, synchronisation des contacts, création de tickets ou opportunités, envoi de SMS, etc. . Ce périmètre fonctionnel d’un connecteur évolue régulièrement, en fonction des attentes du marché, de l’évolution des technologies et des ressources disponibles chez l’éditeur.
Ainsi, Telavox a récemment renforcé son intégration avec Zendesk en y incluant l’automatisation avancée des flux, la vérification d’identité BankID pendant l’appel (pour les secteurs réglementés) et la journalisation des appels mobiles pour le travail à distance.
La montée en puissance des places de marché
Si leur terminologie peut varier - Apps Store, App Gallery, AppFoundry marketplace pour Genesys, App Directory chez Enreach, Rainbow Hub chez ALE, Integration Directory pour Eloquant, etc. - toutes les places de marché des éditeurs de solutions de communication multiplient désormais les connecteurs avec les plateformes CRM. Pour ne citer que l’acteur français historique Genesys, son AppFoundry présente presque une centaine de connecteurs dans la catégorie "CRM & Case Management".
Le plus souvent y sont référencés les leaders du CRM comme Salesforce, HubSpot, ou encore Dynamics (selon les estimations, ces 2 acteurs représentent de 35 à 40% du marché en France). La présence des autres solutions va – quant à elle - dépendre de la stratégie des éditeurs et de leur positionnement sur le marché.
Précisons que le présent article s’intéresse prioritairement aux connecteurs publiés par les éditeurs de solutions de communication. Les places de marchés peuvent en effet présenter des connecteurs édités par des partenaires ou des intégrateurs (voir section sur les API). Ainsi pour 3CX, le connecteur Sellsy a été développé par Sellsy ; de même que pour Genesys, le connecteur Zoho a été développé par son partenaire Softphone.ai ; ou encore les connecteurs développés sur HubSpot, Dynamics ou Zoho CRM par des partenaires d’Amazon Connect.
Le webhook : pour une automatisation no-code et agile
Si les connecteurs natifs offrent une solution clé en main, les webhooks permettent d’aller plus loin sans entrer dans un développement sur mesure. Voyons comment.
Un webhook est comme un petit déclencheur invisible (un « trigger » disent les anglo-saxons) qui révolutionne l’automatisation sans une ligne de code en permettant à deux applications différentes—ici un CRM et une plateforme de communication —de se parler en temps réel, sans intervention humaine. Par exemple, dès qu’un nouvel appel se présente, un message est automatiquement envoyé au CRM pour l’avertir, et ce dernier peut alors agir en conséquence, par exemple en créant une fiche contact ou en ajoutant une note à une fiche existante.
Odigo offre ainsi la qualification automatisée de l’appel, le routage dynamique et la remontée d’information via webhook vers n’importe quel CRM. De même, Heedify facilite l’intégration de sa solution centre de contact avec Salesforce ou Microsoft Dynamics via Power Automate, permettant de déclencher des workflows et d’afficher la fiche client à chaque appel, sans développement spécifique.
L’automatisation via webhooks fait figure de solution intermédiaire pour étendre l’intégration. C’est une solution qui reste légère, agile, mais peut aussi montrer des limites pour des parcours complexes.
Un mode d’interconnexion omniprésente au sein des plateformes d’automatisation
Les plateformes d’automatisation (ou « hubs ») comme Zapier, Make, IFTT ou encore Power Automate, offrent une approche no-code / low-code qui permet à chacun de créer des flux automatisés entre une plateforme de communication et un CRM. Avec une différence importante qui est de proposer une approche agnostique des éditeurs. Elles permettent de connecter des centaines d’applications entre elles, mais leur utilisation peut devenir coûteuse à grande échelle et moins performante pour des intégrations temps réel.
Make.com est par exemple compatible avec la plupart des solutions majeures de VoIP, UCaaS et CCaaS, soit via des connecteurs directs que Make appelle des ‘modules officiels’ (Aircall, Diabolocom, Ringover, Teams, Zoom, RingCentral) ou via des API ouvertes (Genesys, Kiamo, Mitel, Avaya, 3CX, Wildix, Wazo, Enreach, Dstny, Telavox, Akio, Axialys, Eloquant, Heedify). Les connecteurs cachent toute la complexité de l’API en proposant un usage réellement sans code et en garantissant la sécurité (OAuth préconfiguré). Nous reviendrons sur la question des API dans le dernier chapitre de cet article .
Quand le no-code / low-code intègre les solutions CCaaS elles-mêmes
Si elles sont relativement ouvertes, agnostiques et offrent une ergonomie no-code / Low-code appréciable, les plateformes d’automatisation tierces présentent un inconvénient intrinsèque à leur mode de fonctionnement : elles impliquent de faire ‘sortir’ des données souvent sensibles vers un acteur tiers.
Que ce soit pour des questions de confiance, de sécurité ou de conformité réglementaire, de plus en plus d’éditeurs ont donc développé des modules d’ interconnexion CRM directement intégrés à leurs solutions.
Chez Akio par exemple, on utilise les technos URL ou toolbox pour permettre à des utilisateurs de créer eux-mêmes leur propre connecteur au sein de la plateforme. Le module est agnostique du CRM. Même logique pour le toolkit développé par Diabolocom, qui permet d’intégrer simplement les fonctionnalités de la plateforme dans un CRM tiers.
L’ère API et CPaaS : vers une intégration programmable et sur mesure
Si les webhooks et les hubs d’automatisation simplifient l’interconnexion, leurs capacités restent limitées à des scénarios prédéfinis. Pour les entreprises confrontées à des parcours clients complexes ou évolutifs, les API et les plateformes CPaaS offrent une plus grande flexibilité, mais nécessitent de renseigner manuellement de nombreux paramètres techniques ; elles requièrent donc une compréhension technique minimale.
Une API (Application Protocol Interface) permet de créer des ponts dynamiques entre systèmes, bien au-delà des simples notifications des webhooks. Par exemple, une API peut synchroniser en temps réel les données d’un appel avec un CRM, déclencher des workflows avancés (comme l’envoi d’un SMS personnalisé après une interaction), ou encore intégrer des fonctionnalités comme la transcription automatique ou l’analyse de sentiment.
Contrairement aux connecteurs natifs, les API s’adaptent aux processus métiers spécifiques, mais leur mise en œuvre exige des compétences techniques et un budget conséquent
Les plateformes CPaaS (comme Twilio, Vonage ou 8x8) franchissent quant à elles une étape supplémentaire en proposant des environnements clés en main pour concevoir des expériences communicantes multicanales. Elles intègrent nativement la voix, le SMS, la vidéo, les chatbots et même l’IA, sans nécessiter de développement lourd. Pour cette raison, elles s’adressent surtout aux organisations cherchant à innover et à scalabiliser leurs intégrations.
Par exemple, une entreprise peut utiliser Twilio Flex pour unifier ses canaux de communication (appels, chats, emails) dans une seule interface connectée à son CRM, tout en automatisant des tâches comme la création de tickets ou l’envoi de confirmations.
Les plateformes CPaaS réduisent ainsi les délais de déploiement, mais leur coût et leur complexité peuvent représenter un frein pour les petites structures. Les risques en termes de maintenance, de dépendance aux développeurs, ou de verrouillage technologique (migration difficile si l’API change) ne sont pas neutre également.
Ce qui est sûr, c’est que l’émergence du modèle API-first et la montée des plateformes CPaaS comme Twilio, 8x8, Sinch, Vonage, Amazon Connect ou RingCentral permettent aux entreprises d’orchestrer sur-mesure la synchronisation et le pilotage de tous leurs canaux de relation client.
Le cas particulier du connecteur OCF d’Orange Business
Dans un environnement technologique à la complexité croissante, les intégrateurs de solutions et les ESN sont régulièrement sollicités, à base projet, pour mettre en place des interconnexions à la carte.
Orange Business – branche intégrateur / ESN d’Orange – s’est positionné sur ce créneau avec une approche plus ‘industrielle’ en développant OCF, un connecteur à visée universelle. Certifié sur plus de 100 applicatifs, ce connecteur illustre une stratégie d’intégration “agnostique”, capable de garantir l’interopérabilité entre toute solution de téléphonie (IPBX, ToIP, cloud) et des CRM leaders ou sectoriels.
Pas de choix unique, mais une logique hybride au service des priorités de l’entreprise
Derrière ce panorama, une vérité s’impose : L’offre de modes d’interconnexion n’a jamais été aussi large ni aussi mature : du connecteur prêt à l’emploi à la plateforme CPaaS pilotée par API, en passant par le CTI agnostique et l’automatisation événementielle.
Mais faire un choix n’est pas une simple question choix technique ou IT ; c’est une décision stratégique. La maturité métier, la capacité d’investissement, les cycles d’évolution SI ou la pression sur la sécurité des flux, définissent plus sûrement le bon modèle qu’aucune fiche comparative. Ce sont finalement les priorités de l’entreprise, la nature des parcours client, et la capacité à maintenir l’équilibre entre simplicité d’usage et périmètre fonctionnel qui guident les arbitrages.
L’ensemble des modèles présentés ici a vocation à coexister sur le marché, chaque organisation étant amenée à bâtir son propre chemin d’intégration, en réponse à ses enjeux spécifiques et à l’évolution de son environnement.
Aucun modèle n’est universel : le bon choix dépend de vos priorités — maturité métier, budget, sécurité — et de votre capacité à mixer les solutions. L’avenir ? Une hybridation intelligente, où le centre de contact gère le temps réel, et le CRM capitalise sur la connaissance client. À vous de composer votre équation.
*Didier Lambert est le fondateur de Hubtic.fr
Avertissement
L’article s’appuie sur un parti pris méthodologique : il part des plateformes de communication pour explorer les modèles d’intégration qu’elles proposent. Un exercice similaire qui partirait des plateformes CRM serait instructif mais ce n’est pas l’objet de cet article. Les informations présentées proviennent des entretiens avec les éditeurs qui ont répondu à nos sollicitations, de l’exploration de leurs sites web et de leurs places de marché.
La liste des CRM n’est pas exhaustive et s’appuie sur les principaux acteurs commercialisés en France.
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