Commentaires sur Ados et cannabis : un cocktail explosif pour la santé mentale par Yves Remord
Les “paradis” artificiels, pour ne pas devenir des enfers naturels, se doivent d’être soumis à deux impératifs : un cerveau physiologiquement mature (ainsi que le suggère l’étude relatée dans cet article) et une cadence modérée ou, mieux, de façon occasionnelle voire évènementielle.
Pour la petite histoire, j’ai quelque trente ans lorsque j’expérimente ce que Baudelaire avait relaté dans son “Du vin et du haschisch” et c’est dans l’esprit de son récit que j’aborde l’infâme volute, celui d’un voyage vers un monde autre, mais certainement pas celui d’un chemin banalisé conduisant vers un je ne sais quel “fast-smoke” à l’image d’un fast-food. Un mois durant, peut-être deux fois dans la semaine, un pétard un seul en début de journée pour n’atterrir qu’en fin de soirée. Je rencontre des ados dans les coffee-shops, ce Français par exemple qui m’avoue fumer ses joints comme d’autres leurs cigarettes, une bonne vingtaine me précise-t-il. Impossible de dialoguer, il ne savait que soliloquer à coup d’affirmations non argumentées. J’avais trente piges, lui démarrait à peine sa maturité, je dégustais, lui bouffait. Du H à n’en plus finir. Un mois m’aura suffit pour m’en lasser, même à petite dose. Chacun son truc mais, question convivialité, Bacchus y’en a pas deux. La fumerolle, elle, nous fait tourner en rond autour de notre nombril que l’on imagine s’être déplacé dans notre boite crânienne. Rien ne vaut le bien-être d’une tête clean dans un corps clean, je le dis comme je le pense, affranchi de toute bien-pensance. Mais enfin, si l’on y succombe que ce soit au moins de façon exceptionnelle, condition au demeurant pour que le plaisir demeure quasi intact. Plaisir, plaisirs, ne vivent que leurs instants éphémères. Du sol vers les cieux, dans cet ordre : plaisir, joie, bonheur, béatitude. Au-delà on ignore, en-deça on connaît ; sous tes pieds talqués y’a l”enfer.