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Libération de Julian Assange: la volte-face américaine interroge - Le Temps

JUSTICE Le fondateur de WikiLeaks a quitté sa prison britannique pour se présenter devant un tribunal des îles Mariannes. Selon un accord, il plaidera coupable et devrait être relâché. Plusieurs raisons pourraient sous-tendre cette décision de l'administration Biden

Julian Assange devrait être définitivement libéré ce matin après avoir comparu devant un tribunal fédéral états-unien des îles Mariannes, territoire américain. L'Australien, fondateur de WikiLeaks, a conclu un accord avec la justice américaine par lequel il se reconnaît coupable de « complot pour obtenir et divulguer des informations relevant de la défense nationale ». La nouvelle constitue une surprise même si nombre d'organisations, dont des médias de renom comme The New York Times, The-Guardian, Le Monde, Der Spiegel et El Pais, avaient exhorté l'administration du démocrate Joe Biden à abandonner les charges contre lui.

Pressions australiennes

Si les procureurs en charge du dossier se disent prêts à limiter la peine à 5 ans de prison, ils précisent aussi que Julian Assange en a déjà passé 5 dans la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres et qu'il pourrait de fait être immédiatement libéré. Un juge doit encore approuver l'accord trouvé entre les deux parties, mais il est probable que le lanceur d'alerte soit en mesure de retourner dans son pays, l'Australie, peu après l'annonce de la sentence.

Difficile de dire à ce stade quelles ont été les raisons profondes ayant amené les Etats-Unis à faire volte-face alors qu'ils ont longtemps martelé l'impérative nécessité de faire extrader Julian Assange. Il avait en effet mis la main sur plus de 700 000 documents diplomatiques et de sécurité nationale couverts par le secret et en avait publié une partie sur sa plateforme Wiki-Leaks. Il y a bien sûr la pression déjà évoquée de nombre d'organisations et de médias. Il y a aussi celle exercée par le gouvernement australien lui même, un allié des Etats-Unis depuis longtemps, en particulier dans le cadre du partenariat AUKUS entre Canberra, Londres et Washington. Il y a aussi les risques que pouvait représenter une extradition vers les Etats-Unis. Un tel cas de figure aurait mis à mal la crédibilité de la justice états-unienne dont la main aurait été trop lourde au vu des charges qui pesaient contre Assange (passible de 175 ans de prison), mais aussi sapé l'assise du sacro-saint Premier Amendement de la Constitution américaine qui garantit la liberté d'expression. En pleine campagne électorale, Joe Biden risquait de fâcher une nouvelle fois l'aile gauche de son parti.

Conditions inhumaines

Sa libération met un terme à des conditions de détention inhumaines que le Suisse Nils Melzer, alors rapporteur spécial des Nations unies, avait qualifié de « torture ». Le prévenu était maintenu en isolement cellulaire 23h/24. Il n'avait droit qu'à une heure pour faire seul de l'exercice dans la cour de la prison.

https://theswissbox.org/2020/09/la-persecution-de-julian-assange-grave-menace-pour-nos-libertes-fondamentales-avec-nils-melzer/

En fin de compte, tant les Etats-Unis que la Grande-Bretagne et bien sûr le fondateur de Wiki-Leaks ont intérêt à ce que ce triste épisode connaisse enfin son épilogue. Ancien ambassadeur au sein de l'administration de Barack Obama et ex-procureur en chef du Tribunal spécial pour la Sierra Leone, Stephen Rapp le souligne: « Je salue la résolution de ce cas qui aurait dû intervenir plus tôt. Le crime commis par Assange ne justifiait pas la prison à vie. »

Demeurent toutefois les zones d'ombre autour de Julian Assange, qui dit vouloir demander un pardon au président américain. Si ce dernier a servi le bien commun en révélant à travers les câbles de WikiLeaks de possibles crimes de guerre commis par les Etats-Unis en Irak, il a joué un rôle beaucoup plus trouble dans la présidentielle américaine de 2016 qui opposait la démocrate Hillary Clinton à Donald Trump. Le rapport établi par le procureur spécial Robert Mueller qui avait enquêté sur l'interférence de la Russie dans la campagne électorale avait clairement établi une collaboration entre WikiLeaks, Roger Stone, un proche du candidat Donald Trump, et la Russie. Le fondateur de WikiLeaks avait même exposé publiquement son dégoût pour Hillary Clinton. Au vu des conséquences que l'élection de Trump a eues sur les Etats-Unis, on peut mesurer les effets néfastes de la publication d'e-mails de la campagne d'Hillary Clinton sur la politique américaine. A ce moment, la campagne de Donald Trump n'avait pas subi la moindre intrusion de la part de WikiLeaks.

« Il fallait caviarder certains documents »

Stephen Rapp ajoute: « Ce qui est le plus problématique avec Assange tient au fait qu'il ne s'est pas soucié de protéger les sources et les témoins contenus dans les câbles de Wiki-Leaks. Certaines personnes ont été mises dans des situations dangereuses. Une partie des documents diffusés par Wiki-Leaks aurait pu être caviardée. En cela, une action en justice contre Assange était justifiée. » Quant au vol d'informations classifiées, rappelle l'ex-ambassadeur, c'est un crime sérieux outre-Atlantique. On le voit avec l'affaire Trump et les documents classifiés qu'il a emportés à Mara-Lago. On l'a vu avec les informations confidentielles qu'avait transmises le général Petraeus à sa maîtresse. « Ce qu'il faut en la circonstance éviter à tout prix, conclut Stephen Rapp, c'est de criminaliser le journalisme. Sans parler d'Assange, on ne peut pas condamner des journalistes parce qu'ils révèlent des vérités dérangeantes pour le pouvoir. »

« Le crime commis par Julian Assange ne justifiait pas la prison à vie »
STEPHEN RAPP, EX-PROCUREUR EN CHEF DU TRIBUNAL SPÉCIAL POUR LA SIERRA LEONE


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Flicage High-Tech – Une nouvelle techno pour violer votre vie privée

La police américaine teste actuellement une nouvelle technologie de surveillance de véhicules plutôt intrusive. Le système Elsag EOC Plus, développé par la société Leonardo, peut scanner les voitures en mouvement pour détecter tous les appareils émettant un signal, des smartphones aux livres de bibliothèque équipés de puces RFID.

Ça permet en quelques secondes d’identifier les modèles exacts de téléphones et d’accessoires présents dans une voiture, suivre les animaux de compagnie grâce à leur puce, et même de savoir si le conducteur a emprunté le dernier Stephen King ! Les possibilités sont infinies, et un peu flippantes. Chaque appareil émet une signature électronique unique et en combinant ces signatures avec le numéro de plaque d’immatriculation, on obtient une véritable empreinte digitale du véhicule et de ses occupants. Un peu comme si on mettait une caméra dans votre bagnole pour savoir tout ce que vous trimballez.

ELSAG EOC Plus est donc un système de surveillance électronique qui combine donc les caméras de lecture de plaques d’immatriculation (LPR) avec une nouvelle technologie de capteurs pour aider la police à trouver des suspects grâce aux appareils qu’ils utilisent. Il corrèle les identités électroniques des appareils grand public, comme les téléphones mobiles et les trackers de fitness, avec les données LPR, via des horodatages communs, créant ainsi une empreinte électronique pour cet ensemble de données.

Bien que 30 voitures sur 100 puissent contenir des iPhones, une seule aura un iPhone 13rev2, une radio Audi, un casque Bose, une montre de sport Garmin, un localisateur de clés et la plaque d’immatriculation ABC-1234. l’appareil capture les fréquences des appareils émises dans l’air. Faible consolation, il ne capture pas le contenu des appareils ou leurs communications.

Il peut donc détecter les étiquettes RFID comme les cartes d’accès, les livres de bibliothèque, les étiquettes sur les produits, les émetteurs sur les palettes et les puces des animaux domestiques. Il capte aussi le Bluetooth des téléphones, des appareils électroniques portables et des casques. Enfin, il identifie les composants des véhicules comme les capteurs de pression des pneus, les capteurs de sécurité, ainsi que les systèmes d’info-divertissement et les points d’accès Wi-Fi des véhicules, des smartphones, des tablettes et des ordinateurs portables.

Évidemment, les défenseurs de la vie privée sont en mode panique car ils craignent, à juste titre, que cette technologie ne soit utilisée pour pister les gens sans mandat, en apprenant tout sur eux à partir de leurs objets connectés ou des livres qu’ils lisent. Mais Leonardo se veut rassurant (tu m’étonnes). Ils promettent de collaborer avec les forces de l’ordre pour respecter la loi et ne pas collecter trop de données sans autorisation. Mouais, j’ai déjà entendu ça quelque part…

C’est un peu comme si on mettait un IMSI-Catcher sous stéroïdes dans les voitures de patrouille sauf qu’au lieu d’aspirer les données des téléphones alentours, ça récupère toutes les infos des gadgets connectés (Wifi, Bluetooth, composants radio de la voiture) et tout ce qui contient une puce RFID. Allez, je vous mets une petite liste non exhaustive d’objets du quotidien qui peuvent contenir des puces RFID, histoire que vous réalisiez le délire de ce truc :

  • Cartes bancaires : Utilisées pour les paiements sans contact.
  • Passeports : Les passeports modernes contiennent souvent des puces RFID pour stocker des informations biométriques.
  • Badges d’accès : Utilisés pour entrer dans des bâtiments sécurisés.
  • Étiquettes de vêtements : Pour la gestion des stocks et la prévention du vol dans les magasins de détail.
  • Livres de bibliothèque : Pour le suivi et la gestion des emprunts.
  • Cartes de transport : Comme les cartes de métro ou de bus.
  • Étiquettes de bagages : Pour suivre les bagages dans les aéroports.
  • Étiquettes d’inventaire : Utilisées dans les entrepôts pour le suivi des produits.
  • Bracelets de festival ou de concert : Pour contrôler l’accès aux événements.
  • Étiquettes d’animaux de compagnie : Implantés pour identifier les animaux perdus.
  • Ordinateurs portables et autres équipements électroniques : Pour la gestion des actifs dans les entreprises.
  • Pneus de voiture : Certains pneus contiennent des puces RFID pour le suivi et la gestion des stocks.
  • Clés électroniques de voitures : Utilisées pour l’ouverture et le démarrage sans clé.
  • Produits pharmaceutiques : Pour lutter contre la contrefaçon et assurer la traçabilité.
  • Instruments médicaux : Pour suivre l’utilisation et la stérilisation.
  • Cartes de fidélité : Utilisées dans les magasins pour suivre les points de fidélité des clients.
  • Cartes d’identité d’étudiant : Pour l’accès aux bâtiments universitaires et autres services.
  • Tickets de ski : Pour le contrôle d’accès aux remontées mécaniques.
  • Objets de collection : Pour authentifier et suivre des objets de valeur.
  • Montres intelligentes et bracelets de fitness : Pour le suivi des activités et des paiements.

Bien sûr, l’entreprise nous explique que ce sera super car ça permettra de retrouver une voiture volée, par exemple, ou de localiser un suspect en cavale mais comme d’hab, c’est une question d’équilibre entre sécurité et liberté, et là, je pense qu’on n’y est pas. D’autant que les flics ne seraient pas les seuls à pouvoir utiliser ce système puisque son fabricant Leonardo voit encore plus loin, avec des clients potentiels dans les gares ou les centres commerciaux, ce qui permettrait d’augmenter la densité des capteurs à moindre coût car le lecteur de plaques d’immatriculation ne serait pas utile dans ce cas là.

Le système stocke ensuite toutes les données sur des serveurs où elles peuvent ensuite être interrogées et analysées pour aider les enquêteurs ou les marketeux… Comme ça on pourra savoir qui a le dernier iPhone ou qui a une carte de fidélité de Castorama rien qu’en scannant le parking !

Leonardo affirme également avoir plus de 4 000 clients pour ses lecteurs de plaques d’immatriculation Elsag à travers les États-Unis donc je vous laisse imaginer l’ampleur du système existant et la potentielle intégration de cette nouvelle technologie. D’autres technologies concurrentes, comme celles de Flock Safety, sont également déjà utilisées dans les centres commerciaux et alimentent directement les données aux agences de police.

Perso, je pense qu’il faut rester vigilants et pourquoi pas investir dans une bonne vieille cage de Faraday pour votre voiture…^^ Bah quoi, c’est toujours mieux que de retourner aux Nokia 3310 et aux K7 audio.

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Vidéosurveillance algorithmique – Pas le temps de souffler, l’Assemblée prépare déjà son extension !

À peine un an après avoir validé une première « expérimentation » de vidéosurveillance algorithmique (VSA) pour les JO 2024, nos chers députés élevés au grain, reviennent avec une nouvelle proposition de loi pour étendre ces jouets de flicage high-tech aux transports publics. Et moi qui pensais qu’on aurait le droit à un petit répit le temps de voir les dérives des premiers déploiements de VSA et leurs conséquences sur nos libertés, c’est raté ! Le rouleau compresseur sécuritaire est lancé à pleine vitesse et visiblement, impossible de l’arrêter.

L’année dernière, pour soi-disant « sécuriser » les Jeux Olympiques, le gouvernement et sa clique de députés ont voté une loi qui autorise, de manière « expérimentale » bien sûr, l’utilisation d’algorithmes de reconnaissance de comportements suspects dans l’espace public. En gros, on vous colle des caméras high-tech partout capables de repérer toutes seules si quelqu’un a un comportement bizarre, agressif ou menaçant. Un sac abandonné, un déplacement en zigzag dans la foule, des gestes brusques… bref, si l’algo vous trouve louche, vous avez droit à un petit contrôle d’identité ! C’est beau la technologie, non ?

Le hic, c’est que comme d’hab’ et comme pour FR-Alert hier, on met la charrue avant les bœufs. Les premières autorisations pour utiliser ces logiciels de surveillance viennent à peine de tomber et on n’a strictement aucun retour sur leur efficacité ou leurs dangers. Rien, nada, que dalle mais ça n’empêche pas nos valeureux élus de foncer tête baissée pour en remettre une couche. Mercredi, ils vont donc plancher sur un nouveau torchon qui vise à légaliser une autre forme de vidéosurveillance algorithmique, cette fois-ci dans les transports.

Il s’agit d’autoriser la RATP et la SNCF (coucou Valérie !) à utiliser des algorithmes pour faire des recherches automatisées dans leurs enregistrements vidéos afin de répondre à des réquisitions judiciaires. Vous voyez le délire ? Quelqu’un commet un petit délit dans le métro, les flics balancent sa description à l’algo qui va alors passer au peigne fin des heures de vidéos pour le retrouver en quelques minutes. Ça peut aussi retracer son trajet en repérant les correspondances qu’il a empruntées.

Ça peut paraitre super cool comme techno quand on s’appelle Batman et qu’on veut botter le cul du Joker, mais évidemment, ce type de surveillance de masse complètement automatisée est illégal. Mais si vous croyez que ça va gêner le gouvernement, vous êtes bien innocent… car lieu de taper sur les doigts des 200 villes françaises qui utilisent déjà ce genre de logiciels en toute illégalité, ils préfèrent leur dérouler le tapis rouge en faisant mine d' »expérimenter ».

C’est un peu comme si vous annonciez vouloir « expérimenter » le braquage de banque ou la nationale à côté de chez vous à 260 km/h… Si on expérimente, y’a pas de souci non ?

L’année dernière, pour faire passer la pilule de la loi sur les JO, ils nous avaient déjà juré la main sur le cœur que c’était juste pour « voir » et qu’il y aurait une vraie évaluation avant d’aller plus loin. Mais à quoi bon tenir ses promesses quand on peut faire voter ce qu’on veut par une Assemblée aux ordres ? Circulez y a rien à voir !

Bref, vous l’aurez compris, ce nouveau texte n’est qu’une étape de plus vers la généralisation de la surveillance algorithmique de l’espace public. Aujourd’hui les transports, demain ça sera les écoles, les hôpitaux, les centres commerciaux… jusqu’à ce qu’on ne puisse plus faire un pas dans la rue sans être scruté, analysé, fiché…et noté par des algorithmes !

Alors évidemment, il est plus que temps de se bouger les fesses et de gueuler un bon coup ! La Quadrature du Net est sur le pont et, je le rappelle, a lancé une grande campagne de mobilisation avec plein d’outils pour mettre des bâtons dans les roues de Big Brother. Donc ils comptent sur vous pour relayer à fond, interpeller vos élus, informer vos potes… Bref, ne les laissez pas transformer nos villes en gigantesques panoptiques !

Source

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