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Contre le RN, la gauche doit reconnecter avec le collectif et la nation - Élucid

Je cite une partie de l'article :

Surtout, il a ceci de contre-productif qu’il dispense les forces de gauche de tout examen critique dans leur responsabilité historique dans la montée du RN. Il est très confortable en effet, même grisant, de placer la lutte sur le plan moral, sur celui des principes éthérés face auxquels il est inconcevable de transiger, autant parce qu’on y croit réellement que pour la sensation délicieuse que procure la certitude d’appartenir au camp du Bien.

Ce réflexe fort répandu dispense en outre de se heurter à la cruelle réalité d’une gauche durablement coupée de l’essentiel de l’électorat populaire. Alors que jusqu’en 1981, elle s’en était historiquement fait la messagère, alors que son ambition devant l’Histoire résidait depuis plus d’un siècle dans l’émancipation de cette frange de l’électorat, la gauche n’est aujourd’hui plus que l’ombre d’elle-même sur ce point.

C'est exactement mon point de vue. L'électorat de la "gauche" actuelle élit des candidats pour "se sentir bien" mais plus pour "faire le bien". Ses électeurs ont peur des mots comme frontières, immigration, préférence nationale, citoyenneté et ne veulent absolument pas discuter de ces sujets. Peut-être à cause de la cancel-culture ?

Je me trompe peut-être mais défendre les intérêts des citoyens les plus pauvres de la nation est censé être LE truc de gauche, mais genre la top-moumoutte-priority. Or le trick est là : faire une réforme basée sur la morale, c'est toujours moins coûteux pour les oligarques qui financent les grands partis de gauche, que faire des réformes qui touchent aux retraites, aux congés payés, à la socialisation des entreprises d'intérêt national stratégique, etc.

Les dirigeants des gauches sont devenus de fidèles servant des oligarques, voire ils l'ont toujours été (cf. Mitterrand, Hollande, Royale, Aubry, Mélenchon) . Et ils divisent les gauches assurant à leurs maîtres une quiétude parfaite.

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« Le régime ultra-libéral subvertit l’État-providence » - Caëla Gillespie - Élucid

Article on ne peut plus fondamentale pour comprendre notre société moderne. A lire.

Il s’agit aujourd’hui de retourner la liberté de l’individu contre l’État-providence et contre l’État de droit.

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« Le régime ultra-libéral investit et subvertit l’État ; il utilise sa puissance législatrice au service de la déréglementation et de la dérégulation générale. »

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le fait que le régime ultra-libéral se prétende post-politique ne signifie pas qu’il détruit l’État, seulement qu’il détourne l’État de sa fin politique. Il investit et subvertit l’État ; il utilise sa puissance législatrice au service de la déréglementation et de la dérégulation générale.

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« La société civile au pouvoir », c’est le refus d’un État politiquement actif, qui légifère pour prélever et redistribuer les richesses, ou pour corriger les inégalités, mais ce n’est pas le refus de l’État tout court. L’ultra-libéralisme n’est pas incompatible avec un État fort, voire répressif, parce que l’État fort peut être un outil extrêmement puissant pour imposer la dérégulation

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Dans la doxa ultra-libérale, ce qui doit être renvoyé au passé, c’est la figure du citoyen, qui est une part du corps politique. L’individu, qui est à lui-même une totalité, un « self made man », doit lui succéder.
Le « nouvel homme » est alors décrit comme un être essentiellement jeune, qui se définit par son inappartenance radicale : il n’est pas du vieux monde ; il n’est d’aucun corps politique, d’aucun parti ou syndicat. Il ne s’inscrit pas dans le monde du travail, mais dans le monde de l’entreprise.

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« L’ultra-libéralisme fait flamber la guerre des générations pour mieux détourner nos regards du véritable enjeu, qui est la production d’une impuissance collective par le délaissement du politique. »

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Nous n’avons pas affaire à une dépolitisation qui serait le fruit d’un simple désintérêt subjectif ou qui viendrait du désinvestissement d’une génération. Nous vivons depuis cinquante ans un processus historique de manufacture de l’homme apolitique, dont l’homme contemporain est le produit fini. Cet homme, qui jouit d’une chimérique liberté post-politique, est nécessaire au développement de l’ultra-libéralisme.

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Aujourd’hui, la question n’est pas d’opposer les intérêts d’une génération à une autre – les luttes sociales aux luttes écologiques par exemple – mais de savoir comment on peut passer de l’atome à la structure, et de l’individu à la conscience collective, pour se remettre à agir.

Livre : Caëla Gillespie (philosophe), Manufacture de l’homme apolitique, éditions du Bord de l’eau


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