Ah, Cole Wherle revient ! Le papa de Root, Oath, Pax Pamir est de ceux dont chaque boîte ne peut être comparée qu’à ses propres jeux. Qu’apportes-tu, Ô divin créateur, quelle mécanique servira ta nouvelle œuvre et son sous-texte, forcément politique ? Un jeu de plis ? Tu te fous de ma gueule, Cole ?

Dans le jeu vidéo, j’ai l’impression qu’on s’en fout un peu du rapport à l’éditeur. Au pire, on le déteste pour ses licenciements ; au mieux, on apprécie son catalogue, mais rarement en tissant un lien affectif. Alors que, dans le milieu du jeu de société, on trouve des entreprises menées par un unique passionné, dont les choix résonnent en nous comme notre âme sœur ludique. C’est le cas de l'éditeur Ystari, à jamais dans le cœur d’une fière niche de joueurs.

Je ne sais pas pourquoi, de nos jours, on est encore tellement obsédés par l’idée de flinguer des nazis. Dans le monde profondément apaisé dans lequel nous vivons, où bien évidemment les nazis ne relèvent que de l’histoire ancienne, et où tout autour de nous n’est qu’égalité, solidarité et… Ouais, bref, ça fait parfois du bien, un jeu qui permet de tataner du nazi.

Il fallait les voir, les autres rédacteurs, quand on a abordé la question du traitement de ce jeu. Dire que les réceptions étaient tièdes était un euphémisme. Unt’, pas emballée par ce qu’elle en avait vu à Cannes… Perco prêt à lui emboîter le pas… Noddus qui s’en foutait, trop occupé à me tabasser pour que je lâche la boîte de Dead Cells… Mais comme j’avais beaucoup aimé la pérégrination darwinienne qui l’avait précédée, je ne me suis pas laissé intimider par ces tristes sires. Et vous savez quoi ? Je n’ai pas le moindre regret.

Il est rare de voir des grands auteurs de jeux proposer spontanément leurs créations gratuitement et au plus grand nombre. Sauf quand une pandémie s’impose au monde entier, réduisant à zéro ou presque toute forme d’interaction sociale. Jamey Stegmaier est l’un de ces généreux altruistes, avec l’excellent Rolling Realms.

Dans la course à l’échalote de la nouveauté, des auteurs ont travaillé du bulbe pour proposer un titre qui pourrait prendre racine : AI. Oui, j’assume complètement cette série de jeux de mots botaniques. De l’ail, des aulx, pas déso.

Peut-être que le monde du jeu a fini par faire le tour de lui-même (j’espère qu’il a réussi à attraper sa queue). Partout où l’on passe, on entend les éditeurs présenter à grands coups de « ça ressemble un peu à », « on retrouve les sensations de ». The Gang ne fait pas exception : il est annoncé comme une version coopérative du poker. Ce qu’il n’est pas vraiment.

Je ne sais pas si vous lisez les pavés infos avant le texte ou si j’ai encore votre confiance pendant quelques secondes, mais j’avoue : deuxième preview d'une sélection pour les fêtes, un jeu qui sort après Noël, le niveau de foutage de gueule est gouvernemental. Mais vous aurez bien une dernière festivité familiale courant janvier, et puis surtout Very Bad Lands est thématique pour la trêve des confiseurs : c’est un bonbon. En plusieurs parfums, avec deux boîtes indépendantes, mais cumulables.

On parle des noëls blancs, mais moins des noëls page blanche, ces heures où l'on se creuse la tête pour trouver le bon cadeau à faire, le bon jeu à amener. Eh bien tout ça, c’est fini avec notre sélection de jeux qui sortiront en fin d’année. Le portefeuille vide en janvier, par contre, ce n’est pas de notre ressort.

L’idée d’un jeu de rôles pour enfants, de nos jours, ça ne surprend plus personne ma bonne dame (je crois que, légalement, une phrase qui contient « de nos jours » doit se terminer par « ma bonne dame »). Mais au début des années 2000, on n’en était pas là. À cette ère pré-7 Wonders, il n’y avait pas non plus tant de monde qui avait entendu parler d’Antoine Bauza. Bref, malgré une première édition par 7e Cercle en 2005 après la publication en accès libre sur le blog dudit Antoine Bauza, il y a toutes les chances que beaucoup n’aient jamais entendu parler de Petites Sorcières.

Il fallait le mettre dans la sélection parce qu’il arrive en décembre et que c’est un super jeu, gagnant du Spiel des Jahres expert en Allemagne. Si, pour vous, les fêtes de fin d’année sont plutôt une période débarrassée de toute angoisse, présentez-moi votre famille, mais surtout attendez un peu pour jouer à Daybreak.

Des fois on cherche une intro pendant des heures, et des fois la vie nous en offre trop d’un coup. Que choisir entre « Wizards Cup joue sans vous, vous aurez enfin du temps pour plier votre linge » et « C’est une revisite de la bataille couverte… Et c’est bien » ?

Jouer à une partie de Rédac’Chef quand on est soi-même rédactrice en chef a un côté très méta. Vous savez ce qui est encore plus méta ? Jouer en panique à une dernière partie de Rédac’Chef la veille du bouclage du hors-série que vous êtes en train de lire en ce moment même, c’est-à-dire le jour où j'étais la plus susceptible de devoir crier « ARRÊTEZ LES ROTATIVES » pour une sombre histoire de publicité manquante, de coquille récalcitrante ou de têtière mal placée.

Je me souviens de cette personne qui, la massue gonflable d'Aargh ! Tecte en main, nous a regardés partir avec notre boîte d’Agricola sous le bras au son de « Non mais vous, vous aimez pas les jeux où on joue ». C’est une catégorie qui n’est pas simple à définir, mais j’y ai pensé lors de mes parties de Babylon.

Mais qu’est-ce que c’est que ces manies de dire « tel jeu est court, c’est un plus ». Vous diriez ça d’un massage ? Non bien sûr, sauf si c’est Vlad l’empaleur qui vous le fait.

Une erreur dans le titre d’une extension aussi petite, c’est un exploit. LE peuple du dessous ajoute deux peuples à Faraway. Michel, le stagiaire, est viré. Par contre, Roger, du marketing, a gagné un panier garni.

Parfois, on a l’impression que vous voulez du sang. On vous imagine jubiler lorsqu’on caramélise un jeu qui le mérite bien, qu’on cherche nos phrases assassines et nos tournures d’une méchanceté soigneusement contrôlée. C’est loupé pour aujourd’hui : Flabbergasted a tout ce que j’aime.

Au commencement, naquit Terra Mystica. Messie du jeu de gestion, annonciateur de la tendance asymétrique. Puis il fit des petits (on appelle ça développer une gamme) et a même migré dans l’espace. Aujourd’hui, ce rejeton galactique a lui aussi droit à sa propre descendance.

J’aime beaucoup la série The Mandalorian. Déjà, parce qu’elle met en avant les derniers représentants de Mandalore et leur credo, mais aussi parce qu’elle relate les déboires d’un chasseur de primes, la solitude du job et ses dangers. Après les peluches Grogu et autres produits dérivés, un jeu de société vous propose désormais d’incarner les chasseurs de primes de la série… il me le fallait absolument.

Tout classique qu’il est devenu, 7 Wonders souffrait d’une variante deux joueurs un brin insatisfaisante. Antoine Bauza et Bruno Cathala se sont donc mis au turbin pour sortir, en 2015, une version spécialement pensée pour le duel. Et presque dix ans plus tard, voici venir une adaptation dans le monde « méconnu » de Tolkien. Il était temps.