Promenade associative dans les cités-jardins… pour les sauver !
(Les 3 maires fondateurs et la Directrice générale de la Mission Bassin Minier)
Les caractéristiques de la cité-jardin sont audacieuses. En effet, le verdissement constitue sa signature, le logement est individuel ou juste mitoyen, les murs respirent, les jardins se parlent, parfois la sinuosité de la voirie ajoute un charme désuet, le tout dans un quartier où vous retrouvez invariablement le triptyque école/salle des fêtes/église. Toutefois, le besoin massif de logements afin d’accueillir une vague de travailleurs venue de toute l’Europe et au delà de la Méditerranée, a fait nécessité au XXème siècle. Il fallait plus de logements d’où la naissance des corons miniers, des collectifs, et l’idée même de cité-jardin devenait incongrue, pas assez d’âmes entre 4 murs. Au fil du temps, certaines ont disparu de la carte urbaine, d’autres ont été sauvées in extremis. Enfin, certaines connaissent une deuxième vie aussi riche que la première.
Dans cette optique, depuis le 24 septembre sur le site minier d’Oignies, une nouvelle association s’est installée avec quatre membres fondateurs, l’association « Mission Bassin Minier » et les communes de Raismes, Dourges, et Noyelles-Godault dont l’objet sera la promotion de ces utopies urbaines.
« On a explosé le cliché des bandes grises de logements », Catherine Bertram
Bien sûr, le premier outil, et la véritable opportunité urbaine afin de sauver ces patrimoines miniers se décline avec l’ERBM (Engagement pour la Rénovation du Bassin Minier), un fonds d’Etat dédié aux logements miniers signé en mars 2017 par le 1er ministre Bernard Cazeneuve. Sur 124 cités minières, 35 ont été sélectionnées pour ce programme beaucoup plus complet que tout autre dispositif précédent. « Il reste 3 ans de programme ERBM (et ses optimisations) où la performance thermique intérieure, les espaces extérieures, et aussi les espaces publics sont travaillés avec une exigence de qualité », commente Mélanie Delots, Directrice de projet du RBM dans le Nord Pas-de-Calais.
A ce stade de l’ERBM, 20 cités minières, toutes typologies confondues, ont bénéficié de ce coup de pinceau ; les corons, des équipements remarquables, les espaces publics, et quelques cité-jardins. Avant ce programme, l’arrivée en juin de 2012 de la reconnaissance du « Bassin minier Patrimoine mondial UNESCO », cinq cités pilotes ont émergé dont la cité Taffin sur Vieux-Condé et le quartier Bruno à Dourges. Clairement, ces 5 cités ont tracé le chemin du futur ERBM, et notamment grâce à un référentiel élaboré par tous les acteurs (bailleurs, collectivités locales, association, population). « C’est un mode de faire, comme un cheval de Troie, où un esprit public se dégage afin d’améliorer les espaces intérieurs et extérieurs. Certes, c’est contraignant, car on joue dans le détail de la rénovation urbaine », analyse un chargé de mission de la Mission Bassin minier. De facto, le résultat est là, car rien n’a été laissé au hasard d’un permis de construire inamical.
Au delà de ce trait architectural, une réflexion plus aboutie est sous-jacente dont l’objet est de casser l’image d’Epinal des quartiers miniers. « On a explosé le cliché des bandes grises de logements. On a changé le regard. Les 53 cités-jardins se situent dans et hors du périmètre « Bassin minier-Patrimoine mondial UNESCO ». L’origine de ces cités-jardins est anglaise, les fameuses Garden Cities. D’ailleurs, il y a un collectif européen réunissant ces associations », commente Catherine Bertram, la directrice générale de la Mission Bassin minier.
Trois communes en amont… !
Pour la création de « l’Association des Cités-Jardins du Bassin minier Nord Pas-de-Calais », le maire de Raismes, Aymeric Robin, était présent pour le quartier Sabatier et sa cité-jardin du Pinson : « C’est une idée un peu folle où nous voulons promouvoir les cités-jardins. C’est une rupture de la cité minière habituelle en ligne. Sur Raismes, nous avons la Cité du Pinson avec une grande richesse architecturale et paysagère. Plus globalement, elles doivent faire partie des futurs éco-quartiers ».
La maire de Noyelles-Godault, et Conseillère régionale, Valérie Biegalski, promeut sa cité-jardin Crombez où « nous avons 60% d’espace vert. Elle est visible et très connectée au reste de la commune ».
Enfin, le maire de Dourges, Tony Franconville, nous rappelle son histoire locale : « La cité-jardin Bruno est née vers 1904, elle a 120 ans cette année. Ce quartier a connu un chantier long de 2012 à 2017 ». Puis, le besoin de plus de logements a généré les corons tels que nous les connaissons. Comme le quartier Taffin sur Vieux-Condé, cet espace urbain a connu des choix difficiles afin de maintenir un tout, une pensée de la cité-jardin où chaque élément urbain public et privé est indispensable.
Voilà, ces 3 communes, l’association MBM, mais également des experts membres, La Porte du Hainaut, les CAUE du Nord Pas-de-Calais et le bailleur social « Maisons et Cités (ex Soginorpa) » se lancent dans une histoire à écrire avec le secret espoir d’agréger au fil des années toutes les cités-jardins du Bassin minier. En île de France, une association similaire va fêter ses dix ans en 2024 et sa représentante témoigne des succès, tout comme des difficultés, pour défendre une certaine vision architecturale d’un quartier urbain. Cette idée est d’hier, d’aujourd’hui, et de demain mécaniquement compte tenu d’un haro environnemental sur l’étalement urbain.
Daniel Carlier
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