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Le livre ./code --poetry
est un objet original réunissant programmation, poésie et graphisme, que l’amoureux du code peut prendre plaisir à avoir dans sa bibliothèque pour le feuilleter de temps en temps et méditer sur toute cette littérature pour machines qu’il a écrite depuis ses premiers émois binaires. Attelage a priori improbable, Daniel Holden est programmeur et travaille dans les jeux vidéos à Montréal alors que Chris Kerr est un poète qui vit à Londres. Ils ont en fait fréquenté la même école et se connaissent depuis l’âge de onze ans. Explorons leur livre :
Un code poem est un code source mélangé à de la poésie, alors on pourrait traduire l’expression par un mot composé comme code-poème ou poème-source. J’utiliserai plutôt cette dernière traduction, le mot « source » ayant clairement des connotations poétiques. Pour ce qui est du concept de code poetry, poésie-source me satisfait moins. À vous de voir.
Dans les poèmes-sources du livre, parfois les mot-clés du langage utilisé font partie du texte du poème, parfois le poème est simplement contenu dans des commentaires que la coloration syntaxique et la mise en page aideront à mettre en valeur. Utiliser des chaînes de caractères est une autre solution facile. On peut aussi généralement utiliser des noms de variables (éventuellement inutilisées), de fonctions, de labels, etc. Dans certains poèmes-sources les parties de code imprononçables sont isolées en haut ou en bas du code source comme dans chernobyl.rkt. Le code est toujours mis en forme avec soin et constitue parfois un calligramme, mot inventé par Apollinaire, par exemple une raquette de tennis pour Processing. Les auteurs se réclament également de la poésie concrète.
On notera que dans le cas où l’on utilise également les mots-clés du langage dans le texte poétique, on sera bien sûr dans la plupart des langages plutôt incité à écrire en anglais. Mais on pourrait aussi considérer leurs mots-clés comme des parties d’un mot, par exemple for(midable=0;;) // j’étais fort minable
. Sinon, on pourra utiliser un langage Logo en français ou quelques autres rares langages pour batracien hexagonal que vous pourrez citer en commentaires.
Une contrainte majeure respectée dans le livre est qu’un programme doit être exécutable : il produit alors souvent de l’art ASCII, soit statique soit le plus souvent dynamique comme dans water.c
, mais peut aussi produire un texte mixant poésie et codes informatiques (des balises HTML par exemple dans divide.php
). Quant au titre du poème, c’est simplement le nom du fichier source.
Les sujets abordés dans ces poèmes sont variés : expériences personnelles, théories du complot, dystopies, technologie et environnement, etc. D’après l’introduction du livre, chaque poème-source et sa sortie sont censés refléter le caractère du langage informatique utilisé. On trouvera pour chacun des vingt-six poèmes le code source sur la page gauche, avec coloration syntaxique, sur fond clair ou sombre, et sur la page droite la sortie. Le livre se double d’un site compagnon https://code-poetry.com/ qui a l’avantage de montrer les versions animées des sorties. Le livre essaie néanmoins de rendre cela par des successions de copies d’écran quand c’est possible. Comme la bannière en haut du site web semble boguée ou incomplète, voici les liens directs vers les vingt-six codes disponibles : Javascript, Julia, PHP, Racket, C++, Piet, Bash, Shakespeare, Perl, C, Haskell, C, J, Batch, Ruby, Objective C, Go, Processing, Ante, Befunge, C#, Python, Python, Erlang, Lua, Brainfuck. On notera que parmi les langages vedettes, le C et le Python ont droit à deux codes. Et on saluera les efforts du programmeur pour arriver à maîtriser les bases de tous ces langages pour la rédaction du livre. Si vous y trouvez un de vos langages préférés, vous pouvez partager en commentaires les particularités ou astuces des codes présentés (on frise parfois l’offuscation).
Après les vingt-six poèmes, nous tombons sur la Code Poetry Manual Page, placée dans la section 7 des man-pages
(Overview, conventions, and miscellaneous) : ./code --poetry
- A collection of executable art. Chaque poème ou langage a droit à un paragraphe de commentaires (techniques, littéraires ou humoristiques).
Le livre se termine par un texte de chaque auteur. Le premier texte, celui du poète, explique les contraintes liées à la mise en page et à la présentation graphique des codes sources et de leurs sorties à la fois dans le livre et sur le site compagnon, puis se termine par une liste d’autres livres déjà publiés sur le sujet, en insistant sur ce en quoi le présent livre s’en démarque.
Le second texte est écrit par le programmeur du tandem et s’intitule (si l’on interprète le graphisme d’introduction) « I love ASCII ». Il tente d’abord d’expliquer au candide (qui serait tombé par hasard sur ce livre ?) ce qu’est un langage de programmation pour l’introduire à la culture geek. Il explique par exemple la multiplicité des langages et dit :
Les gens ont donc tendance à s’identifier à certains langages plus qu’à d’autres, ce qui entraîne un effet d’amplification. Au fur et à mesure que les gens affluent vers le langage qui leur correspond le mieux, la culture s’homogénéise. Des frontières sont tracées, des nations se développent et des drapeaux sont hissés.
Ces factions sont connues pour se livrer à des « guerres de religion » à propos du meilleur style de programmation. La lecture des arguments est une expérience en soi, quelque part entre un débat théorique entre physiciens des particules et une dispute enfantine sur Porsche versus Ferrari.
Le texte se termine par la déclaration d’amour au code ASCII annoncée en titre, avec des explications intéressantes sur les origines de certains caractères. Mais quand l’auteur taquine sa compagne en lui disant qu’il va se faire tatouer les quatre-vingt-quinze caractères imprimables du code ASCII, elle lui répond en substance : « Please don’t, you massive nerd! »
Finalement, la dernière page imprimée du livre nous invite à nous mettre au travail avec la chaîne de caractères layoutyourunrest
écrite en majuscules puis en minuscules. On peut traduire ça par : « exposez votre trouble ». C’est en fait la devise de la maison d’édition Broken Sleep Books (dont le fondateur est insomniaque !), spécialisé dans la poésie et basée au Pays de Galles. Alors lecteur linuxien, es-tu inspiré ? N’es-tu pas en mal de défi depuis que TapTempo a été porté dans ton langage favori ? Are you experienced?
Le verbe créateur est bien sûr un thème biblique. Wikipedia rappelle également que :
Le terme « poésie » et ses dérivés « poète », « poème » viennent du grec ancien ποίησις / poíesis par le verbe ποιέω / poiéō, « faire, créer » : le poète est donc un créateur, un inventeur de formes expressives […]
On sait bien que les écrivains créent des mondes, certains poussant même la chose à l’extrême, comme J.R.R. Tolkien qui a créé tout un monde avec sa mythologie, son histoire, sa géographie, ses créatures, ses langues, ses poèmes et chansons, etc. Mais les développeurs ne sont pas en reste. Que le logos informatique soit créateur et crée des mondes, voire le monde, pour le meilleur et pour le pire, quiconque a vécu l’évolution de notre société depuis les débuts du web pourra difficilement en douter.
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Traditionnelle période de vœux lors du changement d’année. Voyons ce qui devrait… changera… pourrait éventuellement changer ou non. Donc revenons cette année encore sur nos accomplissements passés et futurs et de ce que nous aimerions voir plus sur notre site préféré.
Cinq personnes se sont prêtées au jeu de cette dépêche pas vraiment de vœux, mais un peu quand même. En vrac dans les accomplissements : hurl, cadran solaire, programmes électoraux, Amstrad CPC, financement européen, Haiku, CV, Transimpressux, visualisation scientifique, XMPP, commentaires de code, docker, menstruation, vélo, documentation, éditeur pixel art, assembleur, OSXP, Smalltalk. L’année qui vient, sur LinuxFr.org, promet d’être (fe)diverse, événementielle, ferroviaire, bureautique, réparable, un peu rouillée, résolue et motivée.
Le retard côté adminsys pour LinuxFr.org se réduit, de même pour celui sur le code (évidemment ça ne va jamais assez vite, c’est le principe) (voir les dépêches sur nos services img et epub). J’ai eu l’occasion de jouer un peu avec Hurl pour des tests HTTP (voir les dépêches précédemment mentionnées et celle sur Hurl 6.0.0) et docker et docker compose, en plus de faire un peu de Go. J’ai pu de nouveau être présent pour le stand et les animations sur place lors de la conférence Open Source eXPerience Paris et c’était bien de revoir d’autres personnes de l’équipe, de notre lectorat, des libristes connus de longue date et des nouvelles personnes (et de goûter la bière de nos 25 ans aussi). Le 28 juin 2024, la politique de minimisation des données mise en place un an plus tôt (pour les 25 ans du site) s’est appliquée pour les comptes déjà fermés préalablement (prochaine étape en juin 2026).
Je suis aussi content de ma dépêche sur le contenu programmatique lors des élections européennes de juin. Je mentionnerais aussi dans les sujets importants la question du programme de financement européen Next Generation Internet (NGI) et la dépêche sur le décès de lunar, un hacktiviste pédagogue.
Déjà dans les reports de 2024, je voudrais m’intéresser au Fediverse et à ActivityPub peut-être, et peut-être à Gemini (le protocole) ? Il y a des travaux en cours sur le service de partage sur les réseaux sociaux share. Par contre j’ai donné moins de conférences en 2024 pour LinuxFr.org et globalement assisté à moins d’événements : donc je réitère l’ambition 2025 de rencontrer plus régulièrement le lectorat ou les personnes contribuant au site ou des publics nouveaux, car c’est appréciable pour le moral et la motivation.
Je peux reprendre in extenso mon propos de l’année dernière : je serais intéressé d’avoir plus de contenus (idéalement des dépêches) sur la réparation et la réutilisation, sur de l’informatique sobre, sur des sujets qui ne me viendraient pas à l’idée (sérendipité), sur les politiques autour du numérique et des données, sur des retours d’expérience et sur les sujets qui vous passionnent vous.
Quelque chose dont je suis plutôt franchement fière c’est d’avoir parlé d’un sujet typiquement féminin sur LinuxFr.org tout en restant parfaitement dans le thème du site et celui de la Journée internationale des droits des femmes. Le dessin de l’illustration, qui met les points sur les « i » m’a beaucoup amusé. La qualité de l’accueil de la dépêche sur LinuxFr.org et ailleurs m’a ravie. Dans la série réalisations : les portraits que j’ai faits, quelque chose que j’entends continuer, ont été une grande source de connaissances en ce qui me concerne. Pour finir le modèle-tutoriel de CV – Fiche de candidature qui me trottait dans la tête depuis un certain temps.
Concernant les progrès : je pense avoir atteint, en matière d’EPUB, le niveau pour mes besoins. Un jour il faudra que je fasse une dépêche sur ce sujet et sur Sigil. Et j’ai bien progressé avec Inkscape, et même en XML hourra !
Je n’ai pas fini la série Transimpressux, je vais continuer à travailler dessus. En 2024, j’avais aussi pour objectif, désir, de me pencher sur l’informatique et le handicap, l’exploration de l’espace, entre autres sujet, m’en a éloignée. À voir si j’arrive cette année à mieux explorer le terrain. J’ai aussi dans l’idée de rédiger quelque chose sur l’art la manière de faire des modèles pour LibreOffice et le site des extensions de LibreOffice. Parce que ce n’est pas si évident. Peut-être même, si je trouve comment faire, transformer en extension certaines de mes séries de modèles.
Quoi d’autre ? Ah oui et faire des modèles de jouets et miniatures (pour maisons de poupée par exemple) pour Draw et Inkscape qui pourraient être faits soit en imprimant le modèle sur papier et en utilisant des matériaux de récupération (cartons divers) pour la réalisation, soit en utilisant un graveur (découpeur ?) laser. Améliorer peut-être ma connaissance du XML et finir de lire les spécifications de l’ODF peut-être.
Comme pour l’année dernière, j’aimerais qu’on explore plus les questions de réparabilité très concrètement et sur les plans techniques et juridiques. Il y a aussi la question du handicap et de l’informatique qui mérite d’être plus mise en avant. Et plus de tutoriels.
J’ai publié en mars 2024, avec mon coauteur Ali, une bibliothèque en Fortran orienté objet nommée ForColormap qui propose des palettes de couleurs pour la visualisation scientifique. Côté hobbys, j’ai bien progressé dans mes projets musicaux ForMIDI et ForSynth (qui génère des WAV), avec à nouveau l’introduction de l’orienté objet. C’est une façon d’étudier la musique : programmer c’est comprendre. J’ai aussi avancé sur mon projet de cadran solaire ForSundial, le seul que j’ai hébergé pour l’instant sur Codeberg. J’espère avoir le temps un jour d’aller au-delà du prototype en peuplier (il paraît que la découpe laser peut graver du marbre). Ah oui, je me suis aussi acheté une carte Greaseweazle 4.1 pour récupérer le contenu de disquettes des années 80 (en particulier au format Atari ST, non lisible sur PC), mais je n’ai toujours pas eu le temps de faire ce que je voulais. Chacun de ces points pourrait faire l’objet d’un journal, mais le temps, c’est ça le problème…
Sur LinuxFr.org, je n’ai publié que ma dépêche pseudo-périodique « Des nouvelles de Fortran n°6 » pour Noël, ainsi que deux journaux, dont un long qui est la suite de celui de novembre 2021 sur le pulsar iconique CP 1919 et qui parle de beaucoup de choses : histoire de l’informatique, musique électronique, plongée dans les décennies 70 et 80 et ce qu’elles ont à nous dire sur le monde d’aujourd’hui (similarités et différences), etc.
Mais j’ai en fait aussi participé plus ou moins à d’autres dépêches qui m’intéressaient : relecture, discussion ou rédaction. C’est sympa à faire et c’est un peu comme y avoir accès en avant-première. N’hésitez pas à franchir le pas (onglet Rédaction) si ce n’est déjà fait.
Je commence à apprendre le Rust, non pas tellement parce que j’en aurais un quelconque besoin côté professionnel ou côté hobby, mais avant tout pour étudier de nouveaux (pour moi) concepts comme les génériques, les traits, les motifs, la possession et la durée de vie, les fermetures, etc. J’ai emprunté un bon livre : Développez avec Rust traduit récemment chez Dunod. La dernière fois que j’avais vraiment été excité d’apprendre un nouveau langage, c’était avec Python il y a quinze ans (et les expressions régulières en même temps). Après le serpent, je prendrais bien un peu de crabe…
Sinon, j’aimerais bien avoir le temps de faire en 2025 ce que je n’ai pas eu le temps de faire en 2024 :-) Mais j’ai peut-être tort, je devrais peut-être vouloir faire moins de choses pour avoir plus de temps… à ne rien faire (en plus c’est écologique). Être idle.
Donc des journaux ou dépêches sur Rust :-) J’aime bien aussi ce qui concerne l’histoire de l’informatique, et ce qui sort des clous comme l’histoire des sciences, les arts, en particulier la musique, etc. L’informatique étant quasiment partout, on trouve facilement un prétexte pour parler de n’importe quoi… On pourrait publier des critiques de livres autour de l’informatique ou de la science et la technologie, et pourquoi pas de films ou autres œuvres. Enfin, des bricolages en FabLab peuvent être intéressants.
Une version très raccourcie pour moi, je voudrais me concentrer particulièrement sur une chose cette année :
De la documentation !
Plusieurs points dans ce sens :
nb
pour ça. C’est pas mal, mais c’est un peu le foutoir, c’est pas centralisé, bref… peut mieux faireJ’ai continué à travailler sur l’adaptation de vbcc et vasm pour la console de jeux VTech V. Smile. L’assembleur et le compilateur C sont fonctionnels et on peut compiler le système d’exploitation Contiki avec. Le code généré n’est pas du tout optimisé pour l’instant.
J’ai un peu avancé sur mon interpréteur pour les fictions interactives du jeu Lectures Enjeu mais il y a des fonctionnements que je n’arrive pas à comprendre: si je fais fonctionner un jeu, j’en casse un autre :(
J’ai publié une nouvelle version de l’éditeur pixel art GrafX2, il n’y en avait pas eu depuis 2021. Je ne fais plus grand-chose pour ce projet, je pense que le logiciel est assez complet.
Je continue bien sûr à travailler pour Haiku: entre autres sur les dépêches Linuxfr, le navigateur web WebPositive, et le client XMPP Renga. Je n’ai jamais le temps et la motivation de participer autant que je le voudrais.
Enfin, j’ai entrepris la réalisation d'un interpréteur Smalltalk pour Amstrad CPC. Il fonctionne, mais il est beaucoup trop lent.
Et comme il n’y a pas que l’informatique dans la vie, j’ai traversé la France en vélo pour me rendre de Toulouse à Avranches, soit environ 900km en une douzaine de jours. J’ai eu plus de problèmes au retour en train qu’à l’aller en vélo.
Du côté des problèmes techniques: le système de sauvegarde externe de mon serveur auto hébergé est cassé. Il faut que j’investigue les scripts perl fournis par le service de sauvegarde que j’ai choisi (qui a l’avantage d’être vraiment pas cher, et les inconvénients qui vont avec).
Je vais sûrement continuer à travailler sur les projets mentionnés ci-dessus (et quelques autres) et essayer de ne pas en commencer de nouveaux avant d’avoir fini quelque chose. J’ai beaucoup d’idées mais pas le temps pour tout faire.
Je vais essayer de lire les livres que j’ai gagnés grâce à mes contributions à LinuxFr.org et que je n’ai pas tous eu le temps d’ouvrir :(
Je vais également essayer de faire du vélo plus régulièrement, ces derniers temps la motivation m’a beaucoup manqué pour ça.
J’aimerais lire des choses sur d’autres systèmes d’exploitation: Linux, BSD, mais aussi Serenity, ReactOS ou Redox OS et sûrement plein d’autres dont je n’ai pas entendu parler.
(mais ce serait en plus des contenus existants sur plein de sujets, et des débats dans les commentaires, qui sont passionnants).
Nous vous souhaitons tout de même la meilleure année possible (on oscille entre être rebelles et conformistes). Et, bien évidemment, n’hésitez pas à « continuer » cette dépêche dans les commentaires.
Et un merci à toutes celles et ceux qui font de LinuxFr.org un site enrichi en sérendipité et surprises.
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