César Hulin, histoire d’une rencontre avec Mokha et les habitats containers
(Espace foncier pour le nouveau bâtiment de fabrication de containers habitats à Bavay)
Pour le rencontrer, il faut partir sur Bavay où cet entrepreneur dirige plusieurs PME, dont Dipack, spécialisée dans la literie de luxe à l’export uniquement et l’emballage bois. Au premier regard, on comprend que ce matériau vivant et certaines valeurs environnementales sont omniprésentes sur ce site où tous les bâtiments ont été construits avec cette matière noble et écologique, ces derniers sont d’ailleurs chauffés intégralement grâce à une immense chaudière de copeaux de bois ; vous découvrez aussi des moutons sur un espace vert, quelques autres animaux qui se baladent ici et là, 350 pommiers, une place significative à la verdure, un cadre de travail quasi bucolique, et pourtant nous parlons bien d’un site industriel avec 20 personnes sur Bavay et 17 sur Ruitz (Pas de Calais). Pourquoi cette

description un peu iconoclaste, tout simplement parce que le prochain site de production des habitats containers de l’entreprise Mokha va se situer à Bavay. « Nous construisons sur un terrain disponible sur notre site (3 hectares) un bâtiment neuf sur 2 500 M2. Il sera opérationnel dès septembre 2025 », explique César Hulin.
Pour atteindre cette ligne d’arrivée et de départ d’une nouvelle aventure, une rencontre a fait le reste. Son activité de literie haut de gamme, principalement vers le Bénélux, a attiré l’attention de l’association Prim’Toit, du Groupe Adeli, pour ces hébergements sur les arrondissements du Valenciennois et du Douaisis. « C’était il y a 18 mois environ, j’ai rencontré Christophe Ferraï et Yves Ghesquière, car ils souhaitaient une remise de prix pour de la literie. Puis, nous avons échangé sur les habitats containers, mais également sur le volet insertion. J’avoue que je ne connaissais pas du tout l’habitat container, c’est véritablement bluffant ! », poursuit-il.
« Un projet industriel avec du sens », César Hulin
Chemin faisant, le chef d’entreprise a été séduit par cette nouvelle aventure industrielle et sociale, en sus de ses activités, car « c’est un projet industriel avec du sens pour moi. Pour ma part, je ne conçois l’insertion que par le travail. Ensuite, ces réalisations utilisent des matériaux recyclables. Cela coche toutes les cases. » Effectivement, le réemploi de ces rectangles de métal usager constitue un vivier extraordinaire de matières premières et bon marché.
Ensuite, il n’oublie pas son démarrage dans la vie d’entrepreneur. « On m’a aidé à mes débuts. Sur cette activité, je ne prendrai aucune rémunération, mais je souhaite amener un mode industriel à cette fabrication ». Comme un oxymètre pour mesurer l’oxygène dans le sang, César Hulin avait sans doute, à 58 ans, le besoin de renvoyer l’ascenseur social sur un projet structurant. En résumé, se sentir… plus utile ! « J’avais déjà il y a quelques années, durant 4 ans, mis en oeuvre un atelier protégé au sein de mon entreprise. La satisfaction tous les matins de voir ces personnes contentes de venir travailler m’a apporté beaucoup ! ».
Pour joindre les mots à l’engagement, il a injecté personnellement 700 000 euros, et le Groupe ADELI 300 000 €, dans une nouvelle mouture de Mokha où il prend 70% des parts sociales et la présidence. Puis, il construit sur Bavay, à titre personnel, ce nouveau bâtiment pour 1,5 millions d’euros dont Mokha pourra bénéficier dès septembre prochain.
Mokha où la recherche d’équilibre
En effet, malgré quelques réalisations de haute qualité comme les équipements sociaux Jean-Louis Borloo sur la commune de Beuvrages et un carnet de commandes 2025/2026, l’organisation sur deux sites, Quarouble et Onnaing manquaient de rigueur dans le process industriel. Ensuite, il faut avouer que la création de Mokha ex nihilo en 2019 a pris la Covid, la crise énergétique, la hausse des matériaux, il ne manquait plus que la pluie de sauterelles !
On peut souligner le choix courageux du Groupe ADELI, et des fondateurs de MOKHA (AGEVAL, Prim’Toit, et ADACI), pour tenir à bout de bras financier cette brillante idée https://www.va-infos.fr/2023/06/25/du-container-amenage-a-lhabitat-modulaire-avec-mokha/. Se maintenir dans sa zone de confort, avec des activités plus classiques, espaces verts, menuiserie, nettoyage, etc., était assurément plus rationnel que la construction d’habitats containers, faut pas se mentir !
In vivo, l’entreprenariat privé s’est adossé à cette idée de récupération des containers en fin de vie pour les convertir en maison individuelle sur mesure. Ainsi, la concurrence prend forme et des appels d’offres arrivent sur le circuit, nous passons donc d’une construction inhabituelle à un outil classique à disposition des marchés publics et privés. « Ce n’est pas forcément moins cher que le bâti en dur que nous connaissons, mais beaucoup plus rapide, et le temps… c’est de l’argent. En rythme de croisière, on peut produire en 4 mois un habitat container clé en main sur notre site de Bavay », commente le chef d’entreprise.
Vers la rentabilité de l’habitat container
Clairement, le social et la rentabilité doivent se rencontrer au coeur de ce projet avec 15 personnes, sur le site de Bavay, dont la moitié en insertion (deux ans de contrat). « Je serai exigeant avec toutes les personnes travaillant sur cette réalisation. Mon discours sera simple ! Vous bénéficiez d’un contrat, mais de fait, vous travaillez pour les suivants en insertion », commente César Hulin.
En effet, les services de l’Etat en soutien d’une structure comme Ageval impose une sortie dynamique (positive) à hauteur de 70%, objectif très élevé au bout de deux ans de contrat en insertion. En clair, vous ne pouvez pas faire de mauvais choix sur les profils proposés au sein d’une activité de toute nature. Dans ce cadre, le Groupe Adeli, et ses entreprises d’insertion membres, conservera la main sur le choix des meilleurs candidats pour travailler chez Mokha.
Concrètement, le site de Quarouble de Mokha est déjà fermé, mais la production est toujours active sur Onnaing avec un nouveau Directeur d’exploitation. « J’ai embauché un ancien du BTP dans le bâtimentaire, Johan Pallente de chez d’Eiffage. Il a de suite repris en main le process de fabrication actuellement sur Onnaing, puis viendra sur Bavay. Le carnet de commandes est acceptable. Bien sûr, nous bénéficions du retour d’expérience du Groupe Adeli, mais nous devons trouver l’équilibre financier. » Par contre, toute la production va se concentrer sur Bavay, les sites d’Onnaing et Quarouble seront définitivement fermés.
On l’a compris, la main tendue du chef d’entreprise, sans intérêt financier personnel, ne sera qu’un fusil à un coup. Il faut que cette société, à vocation sociale, trouve également son créneau économique dans le secteur privé comme le public. « ADELI va plutôt se concentrer sur les marchés publics, collectivités locales et autres, et Johan Pallente et moi même sur le secteur privé », conclut-t-il.
Une initiative économico/sociale atypique à suivre dans les prochains mois… !
Daniel Carlier
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