20 ans de Fedora-fr : quatriÚme entretien avec Timothée contributeur des systÚmes immuables et KDE
Dans le cadre des 20 ans de Fedora-fr et du Projet Fedora en lui-mĂȘme, Nicolas Berrehouc alias Nicosss et moi-mĂȘme (Charles-Antoine Couret alias Renault) avons souhaitĂ© poser des questions Ă des contributeurs francophones du Projet Fedora et de Fedora-fr.
La diversitĂ© des profils permet de voir le fonctionnement du projet Fedora sous diffĂ©rents angles, au-delĂ de la distribution, mais aussi comment il est organisĂ© et conçu. Certains points sâappliquent dâailleurs Ă dâautres distributions.
Nâoublions pas que le Projet Fedora reste un projet mondial et un travail dâĂ©quipe, ce que ces entretiens ne permettent pas forcĂ©ment de reflĂ©ter. Mais la communautĂ© francophone a la chance dâavoir suffisamment de contributeurs et de contributrices de qualitĂ© pour permettre de donner un aperçu de beaucoup de sous-projets de la distribution.
Chaque semaine un nouvel entretien sera publié sur le forum Fedora-fr.org, LinuxFr.org et le blog de Renault.
Lâentretien du jour concerne TimothĂ©e Ravier, contributeur au Projet Fedora en particulier aux systĂšmes dits immuables et Ă lâenvironnement KDE Plasma.
Sommaire
Bonjour Timothée, peux-tu présenter briÚvement ton parcours ?
Jâai commencĂ© Ă mâintĂ©resser aux logiciels open source autour de 2004 lorsque jâai dĂ©couvert Firefox (version 1.0 Ă lâĂ©poque) par lâintermĂ©diaire dâun ami qui lâa tĂ©lĂ©chargĂ© pour moi sur un CD rĂ©-inscriptible, car je nâavais pas encore lâADSL Ă lâĂ©poque. Jâai ensuite dĂ©couvert Linux avec Ubuntu 6.06. AprĂšs mes Ă©tudes dâingĂ©nieur en sĂ©curitĂ© informatique, jâai travaillĂ© Ă lâANSSI pendant cinq ans sur le projet CLIP OS et je travaille dĂ©sormais pour Red Hat oĂč je co-dirige lâĂ©quipe CoreOS, qui est responsable de la maintenance de Fedora CoreOS et de Red Hat Enterprise Linux CoreOS pour OpenShift.
Peux-tu présenter briÚvement tes contributions au Projet Fedora ?
Mes contributions Ă Fedora sont liĂ©es Ă mon intĂ©rĂȘt pour les systĂšmes orientĂ©s conteneurs, parfois dĂ©nommĂ©s immuables (immutable). Je fais ainsi partie de lâĂ©quipe qui maintient Fedora CoreOS, je suis un mainteneur des Fedora Atomic Desktops (principalement Silverblue et Kinoite) et je suis membre du KDE Special Interest Group (SIG).
Quâest-ce qui fait que tu es venu sur Fedora et que tu y es restĂ© ?
Je suis passé par plusieurs distributions Linux (Ubuntu, Gentoo, Arch Linux) mais je suis désormais sur Fedora.
Je pense que les « Four Foundations » de Fedora représentent bien mon parcours :
- Freedom : Je suis là parce que je suis intéressé par les logiciels libres, car ils permettent un partage, une mise en commun au bénéfice de tous.
- Features, First : Câest la force de la communautĂ© Fedora dâun point de vue technologique. Je dĂ©veloppe ce point dans les questions suivantes.
- Friends : Je me suis fait des amis dans la communauté Fedora et cela contribue à la bonne ambiance et la motivation pour continuer à contribuer.
Pourquoi contribuer Ă Fedora en particulier ?
Je prĂ©fĂšre ĂȘtre proche des projets upstream et des derniĂšres Ă©volutions. Câest pour cela que jâĂ©tais pendant un long moment sous Arch Linux.
Mais le processus pour pousser des changements dans Arch Linux Ă©tait plutĂŽt flou. Il est important de noter que cela a peut-ĂȘtre changĂ© dĂ©sormais. Mon expĂ©rience date de plus de 6 ans et je crois quâils ont un processus de RFC maintenant. Le fonctionnement dâArch Linux impose aussi des mises Ă jour rĂ©guliĂšres et une certaine discipline lors des mises Ă jour liĂ©e au modĂšle de dĂ©veloppement sans version fixe.
Je commençais alors Ă mâintĂ©resser de plus en plus aux systĂšmes Ă base dâimages (CoreOS Container Linux et Fedora Atomic Host Ă lâĂ©poque) et je suis donc allĂ© voir Fedora Atomic Workstation (ancien nom de Silverblue) pour crĂ©er une version Ă base de lâenvironnement KDE Plasma, qui est devenue Fedora Kinoite.
Le processus pour pousser des changements dans Fedora est ce qui fait la force de la distribution. Il permet dâobtenir des discussions et des dĂ©cisions sur les Ă©volutions Ă apporter Ă la distribution pour la prochaine version.
Contribues-tu Ă dâautres Logiciels Libres ? Si oui, lesquels et comment ?
En dehors de Fedora, je contribue principalement au dĂ©veloppement des projets KDE. Je fais partie de lâĂ©quipe qui maintient les applications KDE empaquetĂ©es avec Flatpak et publiĂ©es sur Flathub.
Je contribue aussi occasionnellement à différents projets open source en fonction des besoins.
Utilises-tu Fedora dans un contexte professionnel ? Et pourquoi ?
Oui, mes ordinateurs professionnels et personnels tournent sous Fedora Kinoite et mes serveurs personnels utilisent Fedora CoreOS. Une partie des serveurs que nous utilisons pour dĂ©velopper et produire les versions de Fedora CoreOS sont aussi sous Fedora CoreOS. Dâautres sont sous Red Hat Enterprise Linux CoreOS, car ils font partie dâun cluster OpenShift.
En gros, nous sommes aussi des utilisateurs directs des logiciels que nous développons.
Est-ce que tes contributions dans Fedora se font entiĂšrement dans le cadre de ton travail ? Si non, pourquoi ?
Une grosse partie de mes contributions se font dans le cadre de mon travail, mais toute la partie liée à KDE et aux Fedora Atomic Desktops est faite sur mon temps personnel.
Est-ce que ĂȘtre employĂ© Red Hat te donne dâautres droits ou opportunitĂ©s au sein du Projet Fedora ?
Je nâai pas plus de droits dans Fedora parce que je travaille pour Red Hat. Je dois suivre tous les processus de Fedora comme nâimporte quel contributeur. Jâai dâailleurs commencĂ© Ă contribuer Ă Fedora avant dâavoir Ă©tĂ© employĂ© par Red Hat.
En revanche, il est indĂ©niable que cela mâaide pour contribuer, car jâai rĂ©guliĂšrement lâoccasion de discuter avec dâautres contributeurs Fedora dans le cadre de mon travail.
Tu as débuté une carriÚre dans la sécurité pour finalement travailler pour Red Hat en tant que mainteneur de CoreOS, Silverblue, Kinoite et contributeur à KDE, pourquoi ne pas avoir continué dans la sécurité pour cet écosystÚme ?
Quelque part je continue Ă faire de la sĂ©curitĂ© mais sous un autre angle. La sĂ©curitĂ© que je faisais avant ne bĂ©nĂ©ficiait quâĂ un petit nombre de personnes qui avait accĂšs aux systĂšmes que lâon dĂ©veloppait. La nouvelle version open source de CLIP OS devait rendre le systĂšme plus accessible mais le projet Ă©tait complexe et je crois quâil est dĂ©sormais archivĂ©.
Je travaille dĂ©sormais Ă amĂ©liorer la sĂ©curitĂ© de Fedora CoreOS et des Fedora Atomic Desktops sans compromettre leur utilisabilitĂ©. Lâobjectif est de fournir une distribution Linux avec des mises Ă jour robustes qui soit utilisable par des non dĂ©veloppeurs.
Tu participes à CoreOS pour RHEL, CentOS Stream et Fedora. Peux-tu expliquer le but de CoreOS et ses principales caractéristiques ? Quelles sont les différences entre RHEL, CentOS Stream et Fedora à ce sujet ?
Lâobjectif pour les systĂšmes CoreOS est de faire tourner au mieux des applications dans des conteneurs. Pour Fedora CoreOS, câest un systĂšme minimal, avec des mises Ă jour automatiques, proposant Ă la fois podman et moby-engine (Docker) installĂ©s par dĂ©faut, prĂȘt Ă faire tourner des conteneurs sur un seul nĆud ou dans le cadre dâun cluster Kubernetes.
Pour Red Hat Enterprise Linux CoreOS (et CentOS Stream CoreOS), ce sont des systĂšmes qui forment le socle dâOpenShift (et dâOKD), une plateforme qui intĂšgre plein de projets open source dont Kubernetes.
Bien quâil nây ait pas une correspondance exacte un pour un dans la liste des logiciels inclus, Fedora CoreOS est lâupstream de CentOS Stream CoreOS et Red Hat Enterprise Linux CoreOS, de la mĂȘme façon que Fedora est lâupstream de CentOS Stream, qui lâest de Red Hat Enterprise Linux.
Lâarchitecture atomic a gagnĂ© du terrain sur les systĂšmes pour le bureau avec Silverblue et Kinoite et devient relativement populaire, peux-tu expliquer quel en est lâintĂ©rĂȘt dâune telle conception pour ce genre de systĂšmes ?
Le principal intĂ©rĂȘt pour un utilisateur est la robustesse et rapiditĂ© des mises Ă jour. Celles-ci sont prĂ©parĂ©es en arriĂšre plan alors que le systĂšme fonctionne normalement. Il suffit alors de redĂ©marrer pour mettre Ă jour son systĂšme. Il nây a pas dâattente supplĂ©mentaire ni Ă lâextinction ni au dĂ©marrage.
Si une mise Ă jour Ă©choue, le systĂšme reste dans lâĂ©tat actuel, et il est possible de rĂ©essayer plus tard.
Si une mise Ă jour introduit un problĂšme important empĂȘchant le dĂ©marrage du systĂšme par exemple, il est possible de redĂ©marrer et de choisir la version prĂ©cĂ©dente dans le menu de dĂ©marrage de GRUB.
Les utilisateurs sont aussi poussés à utiliser Flatpak pour installer leurs applications graphiques et toolbox (ou distrobox) pour utiliser les applications en ligne de commandes dans des conteneurs.
Quels sont les défis techniques de proposer cette conception dans ces systÚmes par rapport à CoreOS par exemple ?
La principale diffĂ©rence est la prĂ©sence dâune interface graphique. Les applications graphiques doivent ĂȘtre parfois adaptĂ©es pour fonctionner avec Flatpak. Câest dĂ©sormais le cas de la plupart dâentre elles.
Tu y contribues en tant que membre de Fedora Atomic Desktops SIG, peux-tu expliquer son rÎle dans Fedora et ton activité dedans ?
Le rĂŽle du Fedora Atomic Desktops SIG est de regrouper lâensemble des contributeurs Fedora des diffĂ©rentes variantes Atomic : Silverblue, Kinoite, Sway Atomic et Budgie Atomic. Bien que chacun de ces systĂšmes propose un environnement de bureau distinct, ils partagent Ă©normĂ©ment dâĂ©lĂ©ments, tant au niveau des composants de base du systĂšme que de lâinfrastructure Fedora. Le SIG permet donc de regrouper les contributeurs pour pouvoir les inclure dans les prises de dĂ©cisions qui impactent ces systĂšmes.
Je participe Ă la maintenance des Fedora Atomic Desktops et plus principalement de Silverblue et Kinoite. Cela peut impliquer des mises Ă jour de paquets, des corrections de bugs dans des projets upstream ou des rajouts de fonctionnalitĂ©s pour amĂ©liorer lâexpĂ©rience sur ces systĂšmes. Je surveille aussi que tous les Atomic Desktops continuent de recevoir des mises Ă jour rĂ©guliĂšrement.
Penses-tu quâun jour ces systĂšmes atomic deviendront la rĂ©fĂ©rence par dĂ©faut ? Si oui Ă quelle Ă©chĂ©ance ? Quelles sont les difficultĂ©s actuelles Ă rĂ©soudre ?
Je lâespĂšre ! Il est impossible de donner une Ă©chĂ©ance et cela ne dĂ©pend pas vraiment de moi. La difficultĂ© la plus importante est la prise en charge du matĂ©riel et les pilotes qui ne sont pas intĂ©grĂ©s dans Fedora. Câest un problĂšme que lâon ne peut pas rĂ©soudre dans Fedora Ă cause des contraintes lĂ©gales et qui sont traitĂ©es par le projet Universal Blue, dont la variante Bazzite (https://bazzite.gg/), est trĂšs populaire.
Pour la problĂ©matique des pilotes, est-ce que lâinitiative du noyau unifiĂ© (dâavoir une image universelle et signĂ©e comprenant le noyau, initrd, la ligne de commande) te semble ĂȘtre une solution Ă cette problĂ©matique ?
Ces deux sujets ne sont pas liés.
Le problÚme des pilotes externes au noyau Linux upstream est divisé en deux cas principaux :
- Les pilotes propriétaires : Ils ne seront jamais ajoutés directement à Fedora pour des raisons légales et de licence.
- Les pilotes open source mais non inclus dans le noyau Linux upstream : Fedora met à jour le noyau Linux trÚs réguliÚrement et suit les nouvelles versions stables peu de temps aprÚs leur sortie officielle. Il faut donc que ces pilotes soient mis à jour pour suivre les nouvelles versions du noyau et cela demande toujours du temps lorsque ceux-ci ne font pas partie du noyau upstream.
Les images noyau unifiĂ©es (Unified Kernel Images ou UKI) incluent le noyau, lâinitrd et la ligne de commande du noyau dans un seul fichier. Cela prĂ©sente des avantages pour mettre en place une chaĂźne de boot mesurĂ©e, notamment Ă lâaide du TPM, et donc pour offrir de meilleures garanties de sĂ©curitĂ©. Leur intĂ©gration est encore en cours dans les variantes CoreOS et Atomic Desktops.
Les dĂ©veloppeurs et administrateurs systĂšmes ont souvent besoin dâoutils qui Ă ce jour nĂ©cessitent souvent de recourir Ă rpm-ostree plutĂŽt que Flatpak ou Fedora toolbox dans le cadre dâun systĂšme immuable. Penses-tu que ces verrous sont un rĂ©el problĂšme et quâils seront Ă©ventuellement rĂ©solus dans le temps ?
Lâun des objectifs de la nouvelle initiative conteneurs bootables (« Bootable Containers ») est justement de rendre plus ergonomique la modification du systĂšme de base. Le systĂšme est distribuĂ© sous forme dâune image de conteneur standard (image OCI) et il est possible de la modifier Ă lâaide dâun Containerfile / Dockerfile et dâoutils natifs aux conteneurs. Cela permet aux utilisateurs de rĂ©-utiliser leurs habitudes et outils pour modifier aussi leur systĂšme de façon sĂ»re et de partager le rĂ©sultat Ă lâaide dâun registre dâimage de conteneurs.
Nous allons aussi ajouter Ă nouveau dnf (version 5) dans ces images de conteneurs pour mettre Ă disposition des utilisateurs une interface familiĂšre et toutes les options de dnf lors de la construction de ces images.
Une autre piste est dâutiliser le concept des extensions systĂšmes de systemd (systemd system extensions ou sysexts), qui permettent dâajouter du contenu dynamiquement Ă un systĂšme sans perdre les avantages de la gestion Ă base dâimages. Les sysexts utilisent la mĂȘme technologie que pour les conteneurs (overlayfs) pour ajouter des Ă©lĂ©ments (merge) au contenu des dossiers /usr et /opt de lâimage de base. Je suis en train dâinvestiguer cette option pour rendre son usage ergonomique pour ces systĂšmes : https://github.com/travier/fedora-sysexts.
Il est aussi possible de modifier temporairement le systĂšme en utilisant un systĂšme de fichier temporaire montĂ© au-dessus des emplacements en lecture seule (overlayfs). Les fichiers de /usr peuvent alors ĂȘtre modifiĂ©s et de nouveaux paquets RPM installĂ©s Ă la demande. Les modifications disparaĂźtront au redĂ©marrage.
Tu participes aussi Ă lâĂ©quipe de KDE SIG, peux-tu expliquer son rĂŽle dans Fedora et ton activitĂ© dedans ?
Lâobjectif du KDE SIG est de proposer la meilleure expĂ©rience possible de KDE sur Fedora. Nous suivons et contribuons aussi au dĂ©veloppement de KDE upstream.
Je participe au KDE SIG en tant que mainteneur de Kinoite et développeur KDE.
GNOME reste le bureau principal de Fedora Ă ce jour, cependant la qualitĂ© de lâintĂ©gration de KDE progresse depuis de nombreuses annĂ©es maintenant, penses-tu que la qualitĂ© entre les deux est aujourdâhui Ă©quivalente ? Est-ce que les contributions pour KDE sont freinĂ©es de par le statut de GNOME au sein du projet ?
Câest une question trĂšs difficile, car elle est trĂšs subjective. Jâutilise principalement KDE sur mes systĂšmes, mais jâapprĂ©cie Ă©normĂ©ment le travail de design fait sur GNOME. Pour moi câest un choix personnel.
Dâun point de vue technologique, il est possible de trouver des Ă©lĂ©ments âmeilleursâ dans GNOME que dans KDE et lâinverse.
Il nây a pas de bĂ©nĂ©fice Ă opposer ces deux projets. Câest au contraire la collaboration qui amĂ©liore lâexpĂ©rience utilisateur.
Je ne pense pas que les contributions à KDE soient freinées par le status de GNOME dans Fedora.
LâĂ©quipe KDE SIG a rĂ©cemment proposĂ© dâamĂ©liorer le statut de KDE au sein du projet, quitte Ă mĂȘme remplacer GNOME pour Fedora Workstation, peux-tu expliquer cette demande ? Penses-tu quâun jour KDE remplacera GNOME au sein de Fedora ou de RHEL par exemple ?
LâidĂ©e des membres soutenant cette proposition (qui ne vient pas uniquement de personnes faisant partie du KDE SIG) est de remettre en question la place de GNOME « par dĂ©faut » dans le projet Fedora (notamment Fedora Workstation). Poser cette question force le projet Ă clarifier les critĂšres qui font quâun environnement de bureau est considĂ©rĂ© comme majeur et donc autorisĂ© Ă ĂȘtre reprĂ©sentĂ© par une âĂ©ditionâ comme Fedora Workstation. Tous les environnements de bureau non-GNOME ne sont actuellement pas bien prĂ©sentĂ©s sur le site de Fedora notamment.
Il est important pour un projet communautaire de pouvoir justifier ses choix, que lâon soit dâaccord ou non avec les arguments prĂ©sentĂ©s. Si ces choix sont perçus comme arbitraires (« câest comme ça que cela a toujours Ă©tĂ© », « câest un employĂ© de Red Hat qui lâa dĂ©cidĂ© »), alors le projet Fedora perd en crĂ©dibilitĂ©. Il faut, par exemple, pouvoir justifier que GNOME est un bon choix Ă prĂ©senter aux utilisateurs dĂ©couvrant Fedora.
Je ne pense pas que KDE va âremplacerâ GNOME dans Fedora et ce nâest pas vraiment lâidĂ©e derriĂšre cette proposition qui a Ă©tĂ© formulĂ©e explicitement de la sorte pour forcer la discussion. Lâobjectif est de rendre KDE plus visible dans Fedora.
Pour ce qui est de remplacer GNOME dans RHEL, câest peu probable et cela serait une dĂ©cision de Red Hat.
Penses-tu que Fedora est une distribution de rĂ©fĂ©rence pour utiliser KDE aujourdâhui ? Par le passĂ© OpenSUSE, Kubuntu ou Mageia Ă©taient souvent recommandĂ©es pour utiliser cet environnement.
Oui ! :) Fedora propose depuis plusieurs annĂ©es les derniĂšres versions de KDE Ă des frĂ©quences trĂšs proches des sorties upstream. Nous sommes actuellement lâune des premiĂšres distributions Ă proposer le bureau KDE Plasma dans sa version 6. Le KDE SIG suit et participe activement au dĂ©veloppement de KDE upstream et certains dĂ©veloppeurs KDE recommandent dĂ©sormais Fedora.
Je travaille avec Fedora Kinoite à rendre le développement de KDE plus abordable, notamment pour le test des versions en cours de développement.
Si tu avais la possibilitĂ© de changer quelque chose dans la distribution Fedora ou dans sa maniĂšre de fonctionner, quâest-ce que ce serait ?
Je regrouperai lâintĂ©gralitĂ© des dĂ©pĂŽts Git, codes sources, projets, suivi des bugs, etc. sur une (ou plusieurs) instance GitLab hĂ©bergĂ©e par le projet Fedora. Câest un projet qui est dĂ©sormais en cours pour migrer vers Forgejo. Finies les instances Pagure (forge de dĂ©veloppement Git), plus de Bugzilla (suivi des bugs). Il faudrait aussi abandonner les listes de diffusion pour utiliser Discourse Ă la place (transition aussi en cours).
Dâun point de vue personnel, la migration du projet KDE vers GitLab fut un facteur dĂ©terminant dans ma capacitĂ© Ă contribuer au projet KDE. Le mode de contributions Ă lâaide de Pull Requests / Merge Requests Ă travers une interface web est devenu un standard qui rĂ©duit significativement la difficultĂ© pour un premier contributeur Ă participer Ă un projet.
Je pense que câest la prochaine Ă©tape importante pour rendre le dĂ©veloppement de Fedora plus accessible et donc pour attirer plus de contributeurs.
Ă lâinverse, est-ce quâil y a quelque chose que tu souhaiterais conserver Ă tout prix dans la distribution ou le projet en lui-mĂȘme ?
Le processus pour proposer un changement (Change Process). Câest la clĂ© de ce qui fait de Fedora une distribution Ă la pointe, qui Ă©volue Ă chaque nouvelle version et qui pousse lâĂ©cosystĂšme en avant.
Que penses-tu de la communautĂ© Fedora-fr que ce soit son Ă©volution et sa situation actuelle ? Quâest-ce que tu amĂ©liorerais si tu en avais la possibilitĂ© ?
Malheureusement, je nâai pas eu beaucoup dâinteractions avec la communautĂ© Fedora-fr, donc je nâai pas grand-chose Ă dire.
Quelque chose Ă ajouter ?
Merci pour lâentretien !
Si vous souhaitez en apprendre plus sur ces systĂšmes, je vous recommande les documentations officielles des projets ou les prĂ©sentations que jâai rĂ©alisĂ©es (une ou deux en français).
Merci Timothée pour ta contribution !
Conclusion
Nous espĂ©rons que cet entretien vous a permis dâen dĂ©couvrir un peu plus sur les systĂšmes immuables de Fedora et lâenvironnement KDE Plasma.
Si vous avez des questions ou que vous souhaitez participer au Projet Fedora ou Fedora-fr, ou simplement lâutiliser et lâinstaller sur votre machine, nâhĂ©sitez pas Ă en discuter avec nous en commentaire ou sur le forum Fedora-fr.
Ă dans 10 jours pour un entretien avec Thomas Canniot, ancien traducteur de Fedora en français et fondateur de lâassociation Fedora-fr.
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