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« Les Trouvailles de Marlène » inaugurée à Raismes

« Les Trouvailles de Marlène », d’abord un commerce de vêtements à bas prix pour tous les publics

Au sein du projet municipal 2020/2026 figurait en bonne position l’émergence d’une boutique solidaire afin de répondre à la baisse concrète du pouvoir d’achat des administrés et par suite d’une paupérisation latente. 

Pour autant, le souhait était de positionner en centre-ville ce commerce de la main tendue. « Nous ne trouvions pas d’emplacement. Ensuite, la Covid a freiné ce projet. On a patiné. Puis en 2024, la fin d’activité d’une enseigne locale a permis cette implantation. En effet, l’enseigne de moto « Lempereur voulait changer de local pour se développer tout en restant sur Raismes », commente le maire.

Grâce à la fin d’activité d’une autre enseigne historique, proche du rond point du contournement nord, l’activité de la famille Lempereur sur la mobilité douce pouvait donc poursuivre son aventure économique sur Raismes. Toutefois, ladite famille demeure propriétaire de son ancien local avec la mise en place d’un loyer accessible où s’est de fait installé « « Les Trouvailles de Marlène ». De plus, la municipalité a participé à la remise à neuf et à l’adaptation du lieu commercial. « Nous participons aussi à un remboursement partiel de la taxe foncière », souligne le maire. 

Un partenariat avec La Sauvegarde du Nord…

Ensuite, pour concrétiser cette installation, il fallait un porteur de projet. En l’espèce, l’historique association « La Sauvegarde du Nord », depuis 1957, a répondu à cette demande de la municipalité en installant sa 2ème boutique sur le Valenciennois, après celle de Douchy-les-Mines.

Deux paramètres sont fondamentaux pour donner corps à ce projet : l’insertion et les bas prix. Sur le 1er volet, trois personnes sont en insertion au sein de ce magasin rue Henri Durre. D’ailleurs, plus globalement au sein du « pôle insertion de l’association, nous avons 260 personnes avec une moyenne de 60% de sortie positive. Sur chaque site de vente, chaque personne en insertion participe au développement de son projet professionnel », explique Lise Delarue, représentante de La Sauvegarde du Nord. 

Bien sûr, l’élément clé de cette démarche réside dans la participation active de « La Sauvegarde du Nord » à travers cette enseigne « Les Trouvailles de Marlène ». « Nous avons cherché un partenaire et la Sauvegarde était une évidence pour nous. Nous partageons un socle de valeurs », explique le maire.

Après des travaux et une ouverture en novembre 2024, un temps de rodage nécessaire pour une prise en main de l’équipe et déjà « 4 000 passages en caisse. Attention, les bas prix s’affichent avec une baisse de 70% pour les gens référencés par nos prescripteurs, CCAS, PLI, Mission Locale, Département, mais également pour tous les publics avec une remise de 50% », précise la responsable du site. Le message est clair. « Les Trouvailles de Marlène » sont un coup de pouce très appréciable pour les familles aux revenus très modestes, mais tout le monde peut trouver un bon plan, un rapport qualité/prix redoutable !

Et Kiabi…

Derrière cette commercialisation, le nerf de la guerre reste le produit à présenter aux consommateurs. En l’espèce, La Sauvergarde du Nord bénéficie d’un partenaire de premier plan. « Pour nos 4 boutiques solidaires, nous bénéficions d’un partenariat avec l’enseigne KIABI. Elle nous livre chaque année pour 2 millions d’euros de vêtements, hommes, femmes, et enfants », précise Lise Delarue. 

Certes, la collection est celle des années précédentes, voire de la dernière année, mais la qualité est là. Les produits à la vente à bas prix n’ont rien à envier avec un commerce classique dans le domaine de l’habillement. « Nous bénéficions aussi d’un mécénat de compétences, mais également d’une période d’immersion, pour chaque personne en insertion, au sein de leur entreprise », conclut Lise Delarue. 

Comme d’habitude, derrière le costume, il faut les bons candidats pour donner une certaine allure à un projet… !

Daniel Carlier

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Philippe Rio : « Le bonheur est dans le local »

Le premier point de rendez-vous était emblématique d’une résilience d’un territoire, là où l’ancien site minier de Wallers Arenberg s’est transformé hier, aujourd’hui encore, sans omettre les projets en cours pour demain. Sur cette distinction gratifiante pour un maire, the best in the world, Philippe Rio ne s’étale pas trop sur le sujet : « Ce titre est remis depuis le début du XXIème siècle par une Fondation plutôt progressiste, basée à Londres. En 2021, 32 communes sur l’ensemble du globe ont été retenues sur la thématique choisie pour cette élection, différente à chaque fois, la lutte contre la pauvreté pendant La Covid. A la fin, j’ai fini ex aequo avec le maire de Rotterdam. Bien sûr, cette distinction est d’abord une récompense d’équipe. Je n’ai pas distribué 230 000 masques ou livré 500 colis repas par jour tout seul, c’est un travail collectif ! Le bonheur est dans le local. » 

Aujourd’hui, le meilleur maire du monde honoraire, car cette distinction est remise tous les deux ans, apprécie cette récompense « et la mise en lumière positive de sa commune, ses solidarités. » C’est d’ailleurs cette expérience croisée que Philipe Rio est venue partager avec Aymeric Robin et une petite surprise à la clé : « En 1999, j’ai fait un stage de 10 mois à l’EPF (Etablissement Public Foncier) du Nord Pas de Calais où j’ai découvert un autre environnement urbain, plus horizontal. Je connais donc cette région où j’ai pas mal voyagé dans le cadre de cette mission. »

Pour sa part, le maire de Raismes souligne « une approche similaire de la gestion municipale, notamment dans les quartiers, souvent l’angle mort de la république. D’ailleurs, la période de la Covid m’a poussé dans la mise en oeuvre d’une souveraineté alimentaire locale. Ensuite, nous menons des actions de démocratie participative. Bien sûr, les moyens financiers sont de plus en plus réduits. »

« Le Hainaut… très en avance sur le renouvellement urbain », Philippe Rio

Déjà à l’époque, l’ancienne région et particulièrement le Valenciennois faisait office de laboratoire vivant des initiatives sociales. « J’ai constaté que le Hainaut était très en avance sur le renouvellement urbain », indique le maire de Grigny.

Pour autant, entre 1999 et 2025, seulement un 1/4 de siècle, mais une évolution sociale, sociétale, technologique, et financière au delà de l’imaginable à l’aube de ce siècle. En 2025, une défiance existe à l’endroit de nos élus, un corpus sociétal ulcéré vis à vis de l’Homme politique et plus encore de son exécution in fine ! La citoyenne, le citoyen, refuse cette grégarité, ce conformisme où l’électeur devrait fermer les yeux sur des pratiques très éloignées de l’intérêt général. « Nous connaissons une crise aiguë de la politique », déclare Philippe Rio et Aymeric Robin appuie ce propos en craignant une vague de défection des maires à moins d’un an des municipales. « Les incivilités, les agressions physiques et verbales, nous allons connaître une crise de l’engagement des femmes et des hommes en politique. Quand nous voyons l’agression d’un maire dans la région de Bordeaux suite à un rodéo urbain… », déclare Aymeric Robin. Pour l’élection municipale programmée en mars 2026, la constitution d’une liste pour les sortants, comme pour les nouveaux prétendants, sera un véritable défi à un niveau jamais atteint. 

Néanmoins, l’édile conserve une popularité inégalée en France. « 2/3 des Français juge positif l’action de leur maire, il est assez rassurant ! », commente Philippe Rio. Effectivement, cet élu au coin de la rue, un peu ignoré depuis 2017 malgré les Gilets Jaunes et un Grand Débat national, est revenu dans la lumière. Et oui, la COVID est passée par là et l’Etat dans toute sa verticalité a (re)découvert toutes les vertus d’un élu(e) les yeux dans les yeux. « Nous sommes à portée de baffes, d’engueulade, mais aussi de bisous. La mairie est un espace refuge ! », indique Philippe Rio.

Un mandat de crise

Assurément, le mandat 2020/2026 restera dans l’histoire comme celui de tous les chamboulements. Certes, les édiles à chaque guerre mondiale sur notre sol ont vécu des temps innommables, mais les maires élu(e)s en 2020 auront connu une suite de crises improbables. Son énumération pourrait naître d’un mauvais rêve, une pandémie mondiale, une crise énergétique avec une conséquence budgétaire directe sur les budgets locaux, une inflation des matériaux plombant les chantiers en cours et reportant les autres, une hausse des produits alimentaires, et par suite une forte augmentation de la précarité. Le pauvre est encore plus pauvre et les familles sur le seuil de la précarité ont franchi la marche. 

Bien sûr, il faut toujours trouver un responsable. « Pour le prochain budget de l’Etat, même si nous ne sommes pas responsables de cette dette publique, on demanderait (encore) aux collectivités publiques 8 milliards d’euros », commente Philippe Rio.

Ville nouvelle et territoire de mémoire

Cette convergence dans l’action au quotidien se déploie sur deux communes très différentes. « Grigny est une commune passée de 3 000 habitants à 20 000 en 5 ans, aujourd’hui 30 000, c’est une ville nouvelle. Elle est très verticale et nous travaillons sur des solidarités dans les quartiers », explique son maire. Son regard extérieur est intéressant : « Je suis toujours épaté par la richesse culturelle sur vos territoires. Chez nous, en dehors des grandes salles, il ne se passe pas grand chose au niveau culturel ! » L’abondance du tissu associatif dans le département du Nord explique aussi cette appétence pour le collectif. 

De l’autre, la collectivité locale de Raismes, ex cité minière, où « nous agissons pour le vivre ensemble, le partage de notre patrimoine mémoriel comme sur les cités-jardins (https://www.va-infos.fr/2024/09/30/promenade-associative-dans-les-cites-jardins-pour-les-sauver/) », commente Aymeric Robin. 

De manière incontournable, vivre dans un habitat digne demeure la principale revendication de la population. La liste d’attente est interminable partout en France. C’est pourquoi, l’ANRU initié par Jean-Louis Borloo a été lancé au début du XXIème siècle, mais il existait un trou dans la raquette sur les logements en diffus. Les fameux corons miniers ont été pris en compte (enfin) à travers le dispositif ERBM (Engagement pour le Renouveau du Bassin Minier), signé en 2017 pour dix ans. « En juin prochain, l’ANRU va réfléchir sur la poursuite de cette agence, mais également son élargissement du périmètre d’intervention urbain », explique Philippe Rio.

Une thématique est au coeur de l’action locale sur Grigny et Raismes, la transition écologique, mais « nous parlons d’une écologie populaire avec des solutions populaires », assène Philippe Rio. En filigrane, c’est une critique sans filtres face à un mouvement vert plus radical où beaucoup de citoyens sont impuissants. 

Sur la commune de Raismes, le travail sur la mobilité douce afin de décarboner les territoires à travers une politique des petits pas… paye, « comme le Colibri, une goutte d’eau à la fois ». D’ailleurs, l’addition de ces initiatives publiques et privées locales sont indispensables pour la survie de notre planète. On ne peut pas se plaindre tout le temps de la verticalité du pouvoir et tout attendre de lui afin de résoudre le réchauffement climatique… !

Voilà un bref tour d’horizon d’une expérience croisée, outre le partage d’une étiquette politique commune (PCF), par deux maires pour lesquels le vivre ensemble constitue le pilier France de la maison des solidarités.

Daniel Carlier

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