Vue lecture

L’Empire mérovingien. Ve-VIIIe siècle - Bruno Dumézil - YouTube

Les Mérovingiens : Une Dynastie Réhabilitée

La conférence de Bruno Dumézil à l'Agora des savoirs offre une relecture fascinante de l’histoire des Mérovingiens, une dynastie souvent reléguée à des clichés simplistes et à une réputation injustement ternie. Professeur d’histoire médiévale à Sorbonne Université, Dumézil nous invite à dépasser les images d’Épinal pour redécouvrir la richesse et la complexité de cette période méconnue.

Une dynastie méprisée par l’historiographie

Les Mérovingiens (451-751) ont longtemps souffert d’une mauvaise image, forgée notamment par les historiens du XIXe siècle comme Augustin Thierry et Jules Michelet. Ces derniers décrivaient cette époque comme une période de barbarie et de désordre, marquée par l’absence d’État et par des successions violentes. Cette vision était renforcée par des récits mythifiés tels que le vase de Soissons ou le baptême de Clovis, dont les bases historiques sont souvent fragiles. La Troisième République, en particulier, voyait dans les Mérovingiens une illustration des dangers d’un pouvoir partagé entre clans ou dominé par des femmes et des évêques.

Cependant, Dumézil souligne que ces jugements sont largement biaisés. Ils reflètent davantage les préoccupations idéologiques du XIXe siècle que la réalité historique. Par exemple, l’idée que les Mérovingiens ignoraient la notion d’État repose sur une conception anachronique de la souveraineté. En réalité, leur système politique reposait sur un équilibre subtil entre consensus aristocratique et pragmatisme.

Un monde post-romain en mutation

Pour comprendre les Mérovingiens, il faut replacer leur émergence dans le contexte du déclin de l’Empire romain. À partir du IIIe siècle, des confédérations tribales comme les Francs commencent à se former sur les marges de l’Empire. Ces groupes ne constituent pas des peuples homogènes mais plutôt des alliances fluides entre tribus. Les Francs, par exemple, incluaient aussi bien des guerriers fédérés travaillant pour Rome que des pillards ou des généraux romains d’origine barbare.

Les ancêtres des Mérovingiens apparaissent dans ce contexte hybride où les frontières entre Romains et « barbares » sont floues. Certains Francs deviennent même empereurs romains, comme Magnence au IVe siècle. Cette interaction complexe entre romanité et germanité explique pourquoi les premiers rois mérovingiens sont difficiles à cerner historiquement.

Une réussite politique durable

Contrairement aux idées reçues, les Mérovingiens ne furent pas seulement des chefs de clans violents. Ils réussirent à établir un royaume durable, le regnum Francorum, qui s’étendit sur trois siècles. Cette longévité contraste avec l’effondrement rapide d’autres royaumes barbares comme celui des Wisigoths ou des Vandales.

Leur succès repose sur plusieurs facteurs :

  • L’art du consensus : Les rois mérovingiens excellaient dans la gestion des rivalités aristocratiques en s’appuyant sur un réseau complexe d’alliances.
  • Le rôle des femmes : Les reines et régentes jouèrent un rôle central dans la continuité dynastique, cumulant au total plusieurs décennies de pouvoir effectif.
  • Une intégration progressive : Les Mérovingiens adoptèrent progressivement certaines pratiques romaines tout en conservant une identité propre.

Un héritage mal compris

L’héritage mérovingien a souvent été éclipsé par la gloire des Carolingiens qui leur succédèrent en 751. Pourtant, Dumézil insiste sur le fait que les Mérovingiens posèrent les bases de nombreuses institutions médiévales. Leur capacité à maintenir un équilibre entre traditions germaniques et influences romaines fut essentielle pour la construction politique de l’Europe occidentale.

En conclusion, Bruno Dumézil nous invite à réviser notre perception des Mérovingiens. Loin d’être une période sombre et chaotique, leur règne témoigne d’une remarquable capacité d’adaptation et d’innovation dans un monde en pleine transformation. Cette redécouverte historique nous rappelle que même les périodes mal aimées méritent une attention renouvelée pour éclairer notre compréhension du passé.


Encadré : La décentralisation mérovingienne, entre pragmatisme fiscal et contrôle territorial

Un système monétaire et fiscal adapté aux réalités locales

Les Mérovingiens ont développé un modèle administratif original, fondé sur une décentralisation radicale de la frappe monétaire et de la collecte des impôts. Contrairement à l’Empire romain centralisé, le regnum Francorum privilégiait une logique de proximité :

  • Monnaie frappée localement : Plus de 3 000 ateliers monétaires étaient disséminés sur le territoire, souvent situés aux mêmes endroits que les points de perception fiscale.
  • Impôts circulaires : La monnaie, bien que de qualité esthétique médiocre, servait principalement à acquitter les taxes locales, puis était réinjectée dans le circuit royal après remontée vers le centre.
  • Coût réduit : Ce système évitait les transports risqués de métaux précieux et limitait les intermédiaires, optimisant ainsi les recettes sans nécessiter un appareil d’État lourd.

Une périphérie flexible

Le royaume présentait une gradation du pouvoir selon la distance au cœur franc :

  1. Zone centrale : Administrée directement par des comtes, avec une fiscalité régulière.
  2. Marches ducales : Régions comme la Bavière ou la Bretagne, confiées à des ducs capables d’agir avec autonomie en cas de crise. En cas d’échec, ces territoires étaient diplomatiquement « exclus » du regnum pour préserver la stabilité centrale.
  3. Zones de prédation : Au-delà des frontières stables (comme la Bohême), les expéditions militaires fournissaient esclaves et butin, alimentant un commerce lucratif avec le monde méditerranéen. L’étymologie même du mot « esclave » (issu de « Slave ») témoigne de cette pratique.

Un équilibre entre contrôle et délégation

Cette organisation révèle une vision pragmatique du pouvoir :

  • Le roi se contentait de superviser les flux financiers sans intervenir dans la gestion quotidienne.
  • La laideur des pièces – souvent critiquée – importait moins que leur fonctionnalité dans ce système circulaire.
  • Les ducs périphériques maintenaient l’ordre local tout offrant au pouvoir central une capacité de déni en cas de révolte ou d’invasion.

En résumé, les Mérovingiens ont su transformer une apparente faiblesse (absence de centralisation romaine) en atout, créant un réseau fiscal et monétaire résilient qui s’adaptait aux réalités géopolitiques complexes du haut Moyen Âge.


Permalien
  •  

La Libra, nouvelle crypto monnaie, sonne-t-elle le réveil des Banques Centrales ? - Virgile Perret - YouTube

27 févr. 2020
Le mercredi 26 février 2020 à 20h, au Centre Rabelais de Montpellier.

La monnaie est soumise à une double transformation : le digital et une contestation accrue de sa légitimité sous sa forme traditionnelle. Le lancement récent de la monnaie de Facebook (Libra) annonce en particulier une mutation inédite de l’écosystème monétaire induite par un géant des réseaux sociaux. Ceci relance le débat sur les avantages et les risques des monnaies digitales privées. Cette annonce a suscité des réactions contrastées, l’enthousiasme initial de certains adeptes des « crypto-monnaies » cédant la place à la méfiance des régulateurs (les Banques Centrales). Quelles sont les lignes de rupture et de continuité qu’introduit la Libra dans le débat sur la digitalisation de la monnaie et notamment par rapport aux monnaies digitales privées existantes (par ex. bitcoin) ? Que penser des réactions des Banques Centrales qui tentent de reprendre la main en créant leur propre monnaie digitale?

Docteur en science politique de l'université de Lausanne, et expert en innovation monétaire, Virgile Perret est auteur de l’ouvrage Monnaie et citoyenneté (2015) et d’articles dans la presse économique. Il collabore avec l’Observatoire de la finance à Genève, où il coordonne le Prix global "Ethics &Trust in Finance". Parallèlement, il est aussi Secrétaire général de l’Association pour Renouveler la Recherche et l’Enseignement en Economie et Finance (AREF), basée à l’Université de Fribourg en Suisse.

–––––––––––

Cette conférence est truffée d'erreurs et de biais. Donc voici mes commentaires.

6:28 La partie la plus importante pour les gens qui ne connaissent pas le fonctionnement du système monétaires actuel: 95% de la monnaie provient du crédit bancaire de banque commerciales, donc privées !! (et les banques centrales ne sont pas non plus des organismes publiques !! la séparation d'avec l'Etat est bien réalisé selon la doctrine depuis les années 1970)
Le reste de la conférence n'a que peu d'intérêt, tellement il y a des erreurs, des inexactitudes et un parti pris opposé à la (défunte) libra.

–––
y'a pas que la partie benchmark où le conférencier n'est pas compétent.... il arrête pas de parler de "privatisation" de la monnaie avec la libra... et en même temps il nous dit que 95% de la monnaie est créée par les banques commerciales privées... et que les banques centrale sont à moitié publique et à moitié privée... donc en gros la monnaie est déjà privée. Donc il n'y a pas de privatisation vu que c'est déjà privé !!!!
... et parler de crypotgraphie quantique pour les MNBC.. heu.. là j'ai des doutes. C'est moins énergivore ?? avec des ordinateurs refroidi à -160°C ?? rien à voir et justement les MNBC utilisent aussi des registres distribué, car elles ne se font pas confiance. Actuellement on a du recul. Mais les tests de 2017 se faisaient déjà ainsi !
Et.. le gars il a jamais du aller en afrique !! C'est le monde occidental qui est à la traine en terme de moyen de paiement par téléphone !! Le Mpesa et les dizaines d'autres monnaies basées sur des crédits de téléphones sont courantes et là depuis bien longtemps. Même avant les smartphone. Et de nos jours les smartphones aussi sont courants en afrique !!!
Heureusement pour l'orateur que le public est encore plus ignorant que lui !!!! (CF: la présidente de l'assemblée qui n'a retenu que le fait que son compte en banque est de la monnaie privées...)


42:51 Le problème de la libra c'est la privatisation de la monnaie ?? Heu... donc à 6:28 quand vous dites que 95% de la monnaie est crée par des banques commerciales privées c'est pas un problème ?? Tout comme il y a le bon et le mauvais chasseur, il y a le bon et le mauvais privé !! Dite tout de suite que vous êtes contre le projet de la libra.. ça économisera du temps à tout le monde ! Bon.. c'est vrai vous vous êtes présenté comme un "institutionnaliste" donc ça se comprends.....
Et à propos des 5% de monnaie crée par des banques centrales, quel est le status juridique d'une banque centrale ? C'est pas non plus des institution publiques. Vu que vous êtes en suisse comme moi, je peux vous parler de la Banque Nationale Suisse, dont je suis actionnaire ! .. C'est une Société Anonymes cotée en bourse, totalement indépendante de la confédération suisse (hormis que le gouvernement nomme une partie des membres du conseil de banque) Puis la majorité des droits de votes (très proches de 50%) des actions sont détenues par les cantons suisses.
Donc ce n'est en aucun cas l'état... même si l'actionnariat est détenu en majorité par des collectivités publique. La gouvernance n'est pas du tout publique.


43:54 A propos du cours légal, pourquoi vous trouvez le le fait que la libra n'aura pas de cours légal est un problème, alors que comme vous l'avez dit à 6:28 95% de la monnaie actuellement en circulation est une reconnaissance de dette de banque commerciales et n'a pas non plus de cours légal !!!!!! Est-ce que vous êtes conscient des incohérences de votre propos ?
En Suisse nous avons la LUMMP, la loi sur l'unité monétaire et les moyens de paiement qui défini que la monnaie ayant cours légal en suisse à 3 forme: les pièces émises (sans dettes ) par la confédération, la billet émis par la banque nationale suisse (une SA cotée en bourse), la monnaie scripturale interbancaire de la banque nationale suisse. (non accessible aux particuliers... et en suisse il n'est pas possibles pour un particulier hors employé de la BNS d'avoir un compte à la banque centrale)
Donc le reste n'a pas cours légal. Donc 95% de la monnaie – Les substituts monétaires - selon l'appellation du conseil fédérale depuis 2012 n'a pas cours légal !!


1:13:06 Est-ce que vous avez déjà entendu parler de M-Pesa et d'autres des 135 services de monnaie basées sur de crédit de téléphone mobile qu'on trouve en afrique en 2019 ? (avant votre conférence)
C'est le monde occidental qui est en retard sur l'afrique en ce qui concerne les moyens de paiement par téléphone, et pas besoin de smartphone pour ça. M-Pesa a été crée en 2007 et se pratiquait déjà avant. Donc c'est une pratique plus vielle que l'iPhone !!
Le taux de pénétration de la téléphonie mobile en Afrique subsaharienne est proche de 91% en 2022 et de 51% pour les smartphones.
Ceci alors que, toujours pour l'afrique subsaharienne, le taux d'inclusion bancaire est de 32% en 2021.
Donc il n'est absolument pas aberrant du tout pour facebook d'avoir parlé d'inclusion financière grâce à la libra !!!
Encore une fois, vos propos ne sont pas corrects ou complètement biaisés.


1:17:00 Vu que 5 ans se sont passés depuis la conférence, je complète. Donc la libra n'a jamais vu le jour. Elle a été torpillé par la FINMA, l'autorité de surveillance des banques en suisse. Alors que les Monnaie Numérique (pas de "digitale" en bon français) de Banque centrales sont des les cartons. Il y a des tests Banque Nationale Suisse et Banque de France qui ont été effectué en 2021, c'est le projet Jura. On a aussi le projet Helvetia, . Puis l'état chinois a profité des jeux olympiques le 6 janvier 2022 pour lancer sa Monnaie Numérique de Banque Centrale et directement intégrée dans l'App WeChat de Tencent. Donc c'est 1 milliard de Chinois qui peuvent l'utiliser, comme aurait pu l'être la défunte libra à travers Whatsapp... Il suffit de s'identifier via l'app e-CNY de la banque du peuple chinoise. Ainsi les chinois ont directement accès à une monnaie numérique ayant cours légal (donc "publique" selon la terminologie utilisée durant cette conférence), pendant que le monde occidental utilise de la monnaie crédit bancaire des banques commerciales n'ayant pas cours légal.


1:28:44 Enfin une question pertinente qui montre l'incohérence des propos du conférencier.... il y a la bonne monnaie privée et la mauvaise monnaie privée ???
En Suisse la garantie des dépôts est de CHF 30 000.- mais il n'y a un fond que de CHF 6 milliards pour sauver une banque en faillite... ainsi ce fond n'a servi que pour la kaupthing bank qui a fait faillite en 2008... mais quand UBS a fait faillite la même année ce mécanisme ne fonctionne pas... tout comme la même année toujours crédit suisse a fait faillite.. mais il s'est arrangé pour faire un crédit de 10 milliards au Qatar pour racheter ses propres actions !! C'est beau le pouvoir de la création monétaire. Puis... Crédit Suisse a vraiment fait faillite en 2023 et a fusionné avec UBS.
Du coup les questions posée là son totalement pertinentes. Pourquoi dénoncer le mécanisme de libra, alors que le systèmes actuel par le crédit est bien pire ???


Permalien
  •