Vue lecture

Des algorithmes emplis de bonté

Le Cercle, corporation quasi hégémonique du numérique, objet éponyme d'un roman antérieur (Gallimard, 2016), a absorbé son dernier rival, « un géant du commerce en ligne qui portait le nom d'une jungle sud-américaine ». Il a alors fallu changer de nom. « Cette intégration avait obligé le Cercle à se (...) / , , , , - 2025/05
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L'art de la chute

Riste a 46 ans. Il est croupier dans un casino de Melbourne. Sa situation est critique. Divorcé de Maja, qui partage désormais la vie d'un homme fortuné, père de Mélanie, dont les exigences d'enfant gâtée le ruinent, il est contraint de quitter l'Australie pour revenir en Macédoine, où vit sa mère, (...) / , - 2025/05
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Académicien, libre-penseur, proche de Macron : dans le sillage de François Sureau, sage mouvant – Libération

Un article fleuve sur François Sureau, homme à multiples facettes. Pour ne pas dire contradictions.

Juriste (avocat, conseiller d’État), écrivain (désormais membre de la Gagadémie), de droite mais venant en aide aux réfugiés, proche de Macron mais un de ses plus virulents critiques, notamment sur sa dérive autoritaire et liberticide. Il s'habille comme un vieux et fume la pipe ? Normal il a 66 ans direz-vous. Que nenni, il était déjà comme ça à 30 ans.
Bref, un bonhomme drôlement intéressant.

Bien envie de lire ses livres et, qualité que j'affectionne beaucoup chez les écrivains, il donne aussi envie de lire les livres des autres :
> Objet surréaliste, S’en aller n’a rien de l’exercice littéraire consistant à ordonner le chaos de ses fragments personnels. «Je ne souffre pas de ne pas trouver d’unité à ma vie. J’ai très tôt laissé l’idée d’en trouver une», y confesse-t-il dès le premier chapitre. Le livre est une digression érudite en compagnie de ceux qui, écrivains ou personnages fictifs, ont été animés, comme lui, par le désir ardent de prendre le large : Hugo donc, Vladimir Nabokov, Patrick Leigh Fermor, cet écrivain voyageur et membre des services secrets britanniques, improbable croisement d’Indiana Jones et de James Bond, ou encore Arsène Lupin.
(Permalink)
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Kafka et ses doubles, une conversation avec Maïa Hruska | Le Grand Continent

> Et Kafka a demandé à Max Brod de détruire après sa mort la troisième partie restante.

> Évidemment, on sait que Max Brod n’a non seulement pas respecté la demande testamentaire de Kafka, mais qu’il a trié, édité, mis en volume et diffusé ces textes.

> Georges Perec, en parlant de ses parents qu’il n’a pas connus, dit « leur mort fut l’affirmation de ma vie ». C’est un peu la même chose avec Kafka : c’est d’une certaine façon au moment de sa mort que son œuvre naît et que naît le Kafka que nous connaissons. Son entourage se sent alors autorisé à aller piocher dans son monde — pour mettre en valeur et pour diffuser. Le patronyme Kafka peut alors s’installer dans la littérature européenne, puis mondiale.

> C’est pour cela que je disais qu’il fallait certes commémorer en 2024 le centenaire d’une mort de Kafka, mais qu’il fallait surtout célébrer le centenaire du début de l’aventure éditoriale de Kafka — notamment avec le centenaire de la publication du Procès.

> Grâce à cette trahison testamentaire et à cette aventure éditoriale entreprise par Max Brod, les textes de Kafka circulent, traversent les frontières — l’océan même, et arrivent jusque dans les mains des premiers traducteurs dont je parle dans le livre. Ce fut donc l’affirmation de la vie de Kafka.

Un article très long mais passionnant sur Kafka et ses traducteurs.
(Permalink)
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Académicien, libre-penseur, proche de Macron : dans le sillage de François Sureau, sage mouvant – Libération

Un article fleuve sur François Sureau, homme à multiples facettes. Pour ne pas dire contradictions.

Juriste (avocat, conseiller d’État), écrivain (désormais membre de la Gagadémie), de droite mais venant en aide aux réfugiés, proche de Macron mais un de ses plus virulents critiques, notamment sur sa dérive autoritaire et liberticide. Il s'habille comme un vieux et fume la pipe ? Normal il a 66 ans direz-vous. Que nenni, il était déjà comme ça à 30 ans.
Bref, un bonhomme drôlement intéressant.

Bien envie de lire ses livres et, qualité que j'affectionne beaucoup chez les écrivains, il donne aussi envie de lire les livres des autres :
> Objet surréaliste, S’en aller n’a rien de l’exercice littéraire consistant à ordonner le chaos de ses fragments personnels. «Je ne souffre pas de ne pas trouver d’unité à ma vie. J’ai très tôt laissé l’idée d’en trouver une», y confesse-t-il dès le premier chapitre. Le livre est une digression érudite en compagnie de ceux qui, écrivains ou personnages fictifs, ont été animés, comme lui, par le désir ardent de prendre le large : Hugo donc, Vladimir Nabokov, Patrick Leigh Fermor, cet écrivain voyageur et membre des services secrets britanniques, improbable croisement d’Indiana Jones et de James Bond, ou encore Arsène Lupin.
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Kafka et ses doubles, une conversation avec Maïa Hruska | Le Grand Continent

> Et Kafka a demandé à Max Brod de détruire après sa mort la troisième partie restante.

> Évidemment, on sait que Max Brod n’a non seulement pas respecté la demande testamentaire de Kafka, mais qu’il a trié, édité, mis en volume et diffusé ces textes.

> Georges Perec, en parlant de ses parents qu’il n’a pas connus, dit « leur mort fut l’affirmation de ma vie ». C’est un peu la même chose avec Kafka : c’est d’une certaine façon au moment de sa mort que son œuvre naît et que naît le Kafka que nous connaissons. Son entourage se sent alors autorisé à aller piocher dans son monde — pour mettre en valeur et pour diffuser. Le patronyme Kafka peut alors s’installer dans la littérature européenne, puis mondiale.

> C’est pour cela que je disais qu’il fallait certes commémorer en 2024 le centenaire d’une mort de Kafka, mais qu’il fallait surtout célébrer le centenaire du début de l’aventure éditoriale de Kafka — notamment avec le centenaire de la publication du Procès.

> Grâce à cette trahison testamentaire et à cette aventure éditoriale entreprise par Max Brod, les textes de Kafka circulent, traversent les frontières — l’océan même, et arrivent jusque dans les mains des premiers traducteurs dont je parle dans le livre. Ce fut donc l’affirmation de la vie de Kafka.

Un article très long mais passionnant sur Kafka et ses traducteurs.
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Quelque chose en nous de Jay Gatsby, par Jakuta Alikavazovic – Libération

> et, quand je dis que nous sommes nombreux à être les descendants de Gatsby, il conviendrait en réalité peut-être de préciser de quelle page ou même de quelle phrase, en particulier, nous sommes issus.

> De Tom et Daisy, couple riche et brutal, F. Scott Fitzgerald écrit : «C’étaient des gens négligents […], ils détruisaient les choses et les êtres, puis ils se repliaient à l’abri de leur fortune, ou de leur infinie négligence, ou de ce qui les unissait, quoi que ce fût, et laissaient à d’autres le soin de nettoyer les dégâts qu’ils avaient causés.» Cette phrase (1) a eu pour moi le même effet qu’une lentille de contact posée pour la première fois sur un œil myope. J’ai vu. J’ai vu le monde par cette phrase, et après elle, il n’a plus été le même pour moi. Je le voyais désormais tel qu’il était ; et cette révélation-là, hélas, rien ne l’a jamais démentie.

Et voilà, encore un livre (un classique) qu'il faut que je lise : Gatsby le magnifique.
(Permalink)
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Quelque chose en nous de Jay Gatsby, par Jakuta Alikavazovic – Libération

> et, quand je dis que nous sommes nombreux à être les descendants de Gatsby, il conviendrait en réalité peut-être de préciser de quelle page ou même de quelle phrase, en particulier, nous sommes issus.

> De Tom et Daisy, couple riche et brutal, F. Scott Fitzgerald écrit : «C’étaient des gens négligents […], ils détruisaient les choses et les êtres, puis ils se repliaient à l’abri de leur fortune, ou de leur infinie négligence, ou de ce qui les unissait, quoi que ce fût, et laissaient à d’autres le soin de nettoyer les dégâts qu’ils avaient causés.» Cette phrase (1) a eu pour moi le même effet qu’une lentille de contact posée pour la première fois sur un œil myope. J’ai vu. J’ai vu le monde par cette phrase, et après elle, il n’a plus été le même pour moi. Je le voyais désormais tel qu’il était ; et cette révélation-là, hélas, rien ne l’a jamais démentie.

Et voilà, encore un livre (un classique) qu'il faut que je lise : Gatsby le magnifique.
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Casser le silence

Fréquenter des écrivains fâchés avec les honorables, les respectables, les gagnants d'un monde quelque peu dégoûtant est une émotion vivifiante. Ainsi, découvrir Félix Pyat suscite une certaine admiration tonique, car il fut d'un emportement et d'une obstination devenus rares. Pyat (1810-1889) est un (...) / , , - 2023/01
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Nos conseils lifestylite - by Ambroise Garel - L'Insolithe

J'aime vraiment beaucoup les trouvailles littéraro-humoristiques d'Ambroise Garel.

> Pertes des repères traditionnels ? Conséquence des crises économiques successives qui compliquent l'entrée dans la vie active ? Effet tardif des confinements Covid sur la santé mentale des adolescents ? Nouvelle étape d'un retour à la tradition déjà entamé avec le phénomène des tradwives ? Authentique renouveau spirituel ? Toujours est-il qu'il est de plus en plus fréquent de voir, dans les zones d'activité en périphérie des villes moyennes, entre un Monsieur Meuble et un grill Courtepaille, de jeunes gens à peine sortis de l'enfance perchés sur des poteaux hauts parfois de plusieurs mètres. Dressés ou accroupis, ils contemplent silencieusement le monde qui les entoure en jetant tout de même parfois un coup d'œil à leur smartphone car certaines habitudes sont coriaces.
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Nos conseils lifestylite - by Ambroise Garel - L'Insolithe

J'aime vraiment beaucoup les trouvailles littéraro-humoristiques d'Ambroise Garel.

> Pertes des repères traditionnels ? Conséquence des crises économiques successives qui compliquent l'entrée dans la vie active ? Effet tardif des confinements Covid sur la santé mentale des adolescents ? Nouvelle étape d'un retour à la tradition déjà entamé avec le phénomène des tradwives ? Authentique renouveau spirituel ? Toujours est-il qu'il est de plus en plus fréquent de voir, dans les zones d'activité en périphérie des villes moyennes, entre un Monsieur Meuble et un grill Courtepaille, de jeunes gens à peine sortis de l'enfance perchés sur des poteaux hauts parfois de plusieurs mètres. Dressés ou accroupis, ils contemplent silencieusement le monde qui les entoure en jetant tout de même parfois un coup d'œil à leur smartphone car certaines habitudes sont coriaces.
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«La Forme et la couleur des sons» de Ben Shattuck, jours d’harmonie – Libération

> La Forme et la couleur des sons possède une sorte de mode d’emploi. Celui-ci est donné en ouverture : il suit le principe du «Hook-and-Chain», une «forme de chanson ou poème popularisée dans la Nouvelle-Angleterre du XVIIIe siècle ; le premier et le dernier vers riment, encadrant des couplets rimés. Schématiquement : A BB CC DD EE FF A.» La nouvelle-titre étant la première (A), on comprend qu’on retrouvera d’une manière ou d’une autre nos deux amateurs de musique traditionnelle dans le dernier texte («Les débuts»), si bien que la boucle sera bouclée. Comme chez Alice Munro, il existe des passerelles d’une section à l’autre. Les nouvelles fonctionnent par paires et font dialoguer un passé plus ou moins passé avec un présent plus ou moins présent. Lorsqu’un homme, à la fin du XVIIIe siècle, offre à une femme un tableau représentant un oiseau («Edwin Chase de Nantucket»), ce même tableau se retrouve en 2008 accroché au mur d’une maison en bord de mer («La barrette en argent»). Lorsque de nos jours un écrivain en résidence déterre la mort mystérieuse d’une dizaine de bûcherons sur un site d’abattage en 1908 («August dans la forêt»), ce même mystère est en partie élucidé à la lecture du journal d’un des hommes («Le journal de Thomas Thurber»). En chemin, les registres varient, jusqu’à flirter avec l’épouvante. L’un des plaisirs d’un recueil de nouvelles – et celui-ci nous le rappelle – consiste à voir les cartes rebattues à chaque nouvelle entrée.

J'adore ! Rien que pour ça, j'ai envie de le lire !
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«La Forme et la couleur des sons» de Ben Shattuck, jours d’harmonie – Libération

> La Forme et la couleur des sons possède une sorte de mode d’emploi. Celui-ci est donné en ouverture : il suit le principe du «Hook-and-Chain», une «forme de chanson ou poème popularisée dans la Nouvelle-Angleterre du XVIIIe siècle ; le premier et le dernier vers riment, encadrant des couplets rimés. Schématiquement : A BB CC DD EE FF A.» La nouvelle-titre étant la première (A), on comprend qu’on retrouvera d’une manière ou d’une autre nos deux amateurs de musique traditionnelle dans le dernier texte («Les débuts»), si bien que la boucle sera bouclée. Comme chez Alice Munro, il existe des passerelles d’une section à l’autre. Les nouvelles fonctionnent par paires et font dialoguer un passé plus ou moins passé avec un présent plus ou moins présent. Lorsqu’un homme, à la fin du XVIIIe siècle, offre à une femme un tableau représentant un oiseau («Edwin Chase de Nantucket»), ce même tableau se retrouve en 2008 accroché au mur d’une maison en bord de mer («La barrette en argent»). Lorsque de nos jours un écrivain en résidence déterre la mort mystérieuse d’une dizaine de bûcherons sur un site d’abattage en 1908 («August dans la forêt»), ce même mystère est en partie élucidé à la lecture du journal d’un des hommes («Le journal de Thomas Thurber»). En chemin, les registres varient, jusqu’à flirter avec l’épouvante. L’un des plaisirs d’un recueil de nouvelles – et celui-ci nous le rappelle – consiste à voir les cartes rebattues à chaque nouvelle entrée.

J'adore ! Rien que pour ça, j'ai envie de le lire !
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