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20 ans de Fedora-fr : dixiÚme entretien avec Kévin touche à tout du projet Fedora et Fedora-fr

Dans le cadre des 20 ans de Fedora-fr (et du projet Fedora en lui-mĂȘme), Charles-Antoine Couret (Renault) et Nicolas Berrehouc (Nicosss) avons souhaitĂ© poser des questions Ă  des contributeurs francophones du projet Fedora et de Fedora-fr.

GrĂące Ă  la diversitĂ© des profils, cela permet de voir le fonctionnement du projet Fedora sous diffĂ©rents angles pour voir le projet au-delĂ  de la distribution mais aussi comment il est organisĂ© et conçu. Notons que sur certains points, certaines remarques restent d’application pour d’autres distributions.

N’oublions pas que le projet Fedora reste un projet mondial et un travail d’équipe ce que ces entretiens ne permettent pas forcĂ©ment de reflĂ©ter. Mais la communautĂ© francophone a de la chance d’avoir suffisamment de contributeurs et des contributrices de qualitĂ© pour permettre d’avoir un aperçu de beaucoup de sous projets de la distribution.

Chaque semaine un nouvel entretien sera publié sur le forum Fedora-fr.org, LinuxFr.org et le blog de Renault.

L’entretien du jour concerne KĂ©vin Raymond (pseudo shaiton), ancien contributeur de Fedora et de Fedora-fr.org.

    Sommaire

    Bonjour KĂ©vin, peux-tu prĂ©senter briĂšvement ton parcours ?

    Perso ? Au sein de la communautĂ© ? C’est un peu trop large pour ĂȘtre bref
 Curieux et crĂ©atif, j’ai dĂ©couvert l’informatique, l’électronique et la programmation au LycĂ©e. J’ai eu la chance que mon pĂšre fasse le choix de Linux pour moi et s’occupe de mes premiĂšres installations
 Voire configuration matĂ©rielle. Au dĂ©but il fallait Internet pour configurer Internet (recompilation de pilotes de pĂ©riphĂ©riques) c’était un beau casse-tĂȘte sans personne pour vous aiguiller. Bon OK si on remet dans l’ordre au tout dĂ©but il n’y avait pas la problĂ©matique du Wi-Fi. J’ai poursuivi mes Ă©tudes par un DUT GEII (GĂ©nie Électrique et Informatique Industrielle) en poursuivant sur une licence puis une Ă©cole d’ingĂ©nieur Ă©lectronique/informatique en alternance. Plus les annĂ©es passaient, plus j’avais de projets informatiques ou Ă©lectroniques perso ou professionnels Ă  rĂ©aliser et plus je m’éloignais du monde Windows, plus je me sentais chez moi sous Linux.

    Peux-tu prĂ©senter briĂšvement tes contributions au projet Fedora ?

    Initialement traducteur francophone, j’en suis arrivĂ© Ă  ĂȘtre le coordinateur principal de l’équipe francophone. J’ai Ă©galement contribuĂ© Ă  l’internationalisation des sites internet du projet Fedora. Ce qui m’a amenĂ© Ă  en ĂȘtre un des mainteneurs principaux pendant quelque temps et de m’occuper du dĂ©ploiement des nouvelles versions Ă  chaque nouvelle sortie de version de Fedora. De lĂ  j’ai intĂ©grĂ© l’équipe infrastructure afin de pouvoir suivre ou dĂ©clencher les mises Ă  jour des sites. Étant un des traducteurs principaux, j’ai rejoint l’équipe documentation pour la mĂȘme raison que l’équipe site internet : amĂ©liorer le dĂ©ploiement des traductions. Et c’est Ă©galement pour les traductions que je suis devenu coordinateur Transifex, une des plateformes de traduction utilisĂ©e un temps par le projet. Il a fallu accompagner les dĂ©veloppeurs pour la migration et assurer le suivi du dĂ©ploiement. Le problĂšme principal Ă©tant qu’un dĂ©veloppeur ne se rend pas compte qu’une traduction est disponible ou mĂȘme qu’elle n’est pas inclue dans sa derniĂšre version. Ayant un pied dans pas mal de portes, j’en suis venu Ă  aider la coordination de chaque sortie de versions de Fedora. Ça c’est pour la partie productivitĂ©, mais il y a la partie sociabilitĂ© qui est une part importante de la vie d’un contributeur. Je suis devenu ambassadeur du projet Fedora jusqu’à en devenir un mentor. J’ai Ă©galement intĂ©grĂ© le bureau de l’association Fedora-Fr, devenue Borsalinux-Fr lors de mon mandat. J’ai dirigĂ© quelque temps la production de goodies pour l’équipe FR, les rĂ©unions hebdomadaires et co-organisĂ© une rencontre internationale Ă  Paris − le FUDCON − aprĂšs en avoir Ă©tĂ© plusieurs fois un participant actif (aux États-Unis, Italie, Suisse).

    Qu’est-ce qui fait que tu es venu sur Fedora et que tu y es restĂ© ?

    Pour le produit, c’était « Fedora Core Â» Ă  l’époque : pour la nouveautĂ©. Les distributions GNU/Linux Ă©taient en plein dĂ©veloppement, beaucoup de nouveautĂ©s arrivaient chez l’un avant l’autre. J’en ai essayĂ© plusieurs et j’ai beaucoup aimĂ© les choix proposĂ©s sous Fedora Core, j’y suis restĂ© depuis 2005 (au moins en perso, si l’entreprise ne me laissait pas le choix).

    Pourquoi contribuer Ă  Fedora en particulier ?

    Quant au projet et bien c’est parce que le produit me plaisait que tout naturellement c’est lĂ  que j’ai participĂ©. Autant contribuer Ă  ce dont on se sert tous les jours. Bon je dois quand mĂȘme dire que c’est le programme d’ambassadeur qui m’a permis d’ĂȘtre inclus. Les forums d’entraide je voyais plutĂŽt ça comme un mal nĂ©cessaire. En arrivant sur Paris, j’ai eu la chance de pouvoir rencontrer physiquement des passionnĂ©s prĂȘts Ă  vous Ă©couter et vous aiguiller sur vos aspirations. Merci Ă  Mathieu Bridon (dit « bochecha Â») sans qui je serai restĂ© de l’autre cĂŽtĂ© de la fenĂȘtre.

    Contribues-tu Ă  d’autres Logiciels Libres ? Si oui, lesquels et comment ?

    TrĂšs et trop peu. Je maintiens la traduction du logiciel GNU Make. D’ailleurs il me faut la rafraichir depuis la derniĂšre mise Ă  jour. J’en suis devenu le mainteneur parce que le prĂ©cĂ©dent ne rĂ©pondait plus et que la traduction actuelle ne me convenait pas. Si quelqu’un veut le reprendre je m’en sĂ©pare bien volontiers ! Ensuite j’ai des contributions ponctuelles sur mes interactions professionnelles. Principalement pour du correctif je n’ai pas une part active malgrĂ© mon envie. J’essaye autant que possible de tester les nouvelles versions de Fedora dĂšs la version Alpha. GrĂące Ă  ma connaissance de Fedora, j’ai intĂ©grĂ© le projet OLPC France oĂč j’ai pu apporter mon expertise « Fedora Â» pour les outils de sauvegarde et mise Ă  jour des XO (nom des ordinateurs portable du projet OLPC basĂ©s sur la distribution GNU/Linux Fedora). Et je suis mĂȘme allĂ© Ă  Madagascar gĂ©rer le dĂ©ploiement d’une mise Ă  jour distribution de l’ensemble d’un parc. ExpĂ©rience trĂšs enrichissante.

    Utilises-tu Fedora dans un contexte professionnel ? Et pourquoi ?

    Oui autant que possible. C’est mon univers, je maĂźtrise l’environnement et je n’ai pas besoin de chercher comment faire telle ou telle actions ce qui est bien plus rapide. J’apprĂ©cie aussi Ă©normĂ©ment les choix proposĂ©s par dĂ©faut. GNOME et son mode non intrusif me permet de rester concentrĂ© sur le principal (en espĂ©rant que la proposition du choix par dĂ©faut KDE ne sera pas acceptĂ©e
) Mais c’est aussi parce que Fedora fait partie de moi, je me suis construit avec le produit, avec le projet et avec la communautĂ©. C’est comme quitter son pays natal, on peut le faire, mais on n’est plus chez nous. Je me sens trĂšs bien sous Fedora et si je veux aider, corriger ou contribuer, je sais dĂ©jĂ  comment m’y remettre.

    Est-ce que tes contributions Ă  Fedora sont un atout direct ou indirect dans ta vie professionnelle ? Si oui, de quelle façon ?

    C’est un atout direct bien Ă©videmment. Étant ingĂ©nieur en systĂšmes embarquĂ©s Linux, autant maĂźtriser l’environnement qui permet de rĂ©pondre au besoin de l’entreprise. Dans l’entreprise on doit rĂ©pondre Ă  un besoin. Et pour ça l’humain invente des outils. S’il ne maĂźtrise pas ses outils il est moins productif et perd une part de ses capacitĂ©s pour s’adapter Ă  son environnement. D’un autre cĂŽtĂ©, j’aime le produit Fedora (peut-ĂȘtre maintenant surtout pour la CommunautĂ©) et travailler sous Fedora c’est vouloir se lever le matin et ĂȘtre accueilli par quelque chose qui nous fait plaisir. C’est devenu important pour mon bien ĂȘtre.

    Tu as Ă©tĂ© actif sur de nombreux projets de Fedora durant quelques annĂ©es tout en Ă©tant non employĂ© de Red Hat, est-ce que cela a Ă©tĂ© un frein dans ta participation d’une quelconque façon ?

    Absolument pas. J’étais assez pris par toutes mes contributions pour ne pas chercher Ă  vouloir faire de la politique. Il y avait dĂ©jĂ  assez de Gourous dans l’équipe française pour que je ne m’y colle pas. Au travers de Red Hat j’ai trouvĂ© du soutien, des conseils et du professionnalisme. Mais Ă©galement des amis.

    Qu’est-ce que tu as fait plus exactement pour l’infrastructure et les sites web du projet Fedora ?

    Pour les sites web, j’ai cherchĂ© Ă  faire en sorte que mes traductions soient utilisĂ©es, dĂ©ployĂ©es. C’est bien beau de passer ses nuits Ă  traduire plutĂŽt que dormir ou rĂ©viser, mais si le jour J la traduction n’est pas utilisĂ©e, Ă  quoi cela sert-il ? Et si on te rĂ©pond « arf, si ça avait Ă©tĂ© publiĂ© 12h plus tĂŽt ça aurait apparu, maintenant il faut attendre le prochain dĂ©ploiement dans 6 j Â» ça frustre. Et parfois ce n’est pas qu’une question de date c’est aussi un problĂšme de code. Le dĂ©veloppeur ne sait pas qu’une traduction est disponible, il ne l’utilise donc pas. J’ai donc pris en charge la synchronisation des Ă©quipes de traduction avec la gĂ©nĂ©ration des diffĂ©rents sites. J’ai créé des outils et modifiĂ© les process de dĂ©ploiement des sites afin que les traducteurs soient au courant des dates et que l’équipe sites web dĂ©ploie automatiquement les traductions sans Ă©tapes manuelles inutiles. CĂŽtĂ© infra j’étais lĂ  pour seconder l’équipe sur le dĂ©ploiement des sites internet. Je pouvais dĂ©ployer moi-mĂȘme la version de test du site fedoraproject.org afin que les traducteurs puissent relire leurs traductions et soumettre des problĂšmes/correctifs avant le dĂ©ploiement le jour J (pour rappel une nouvelle version tous les 6 mois). En tant que coordinateur principal de l’équipe de traduction francophone, j’étais aux premiĂšres loges pour corriger les problĂšmes et indiquer la procĂ©dure de test aux autres Ă©quipes.

    Tu as aussi gĂ©rĂ© la traduction quelques annĂ©es entre Thomas Canniot et Jean-Baptiste Holcroft, qu’est-ce qui t’a attirĂ© dans cette activitĂ© et qu’est-ce que tu as fait ?

    Ça a Ă©tĂ© entre mon annĂ©e d’étude en Écosse ou j’ai beaucoup amĂ©liorĂ© mon anglais et ma premiĂšre annĂ©e d’école d’ingĂ©nieur Ă  Paris. Si j’ose l’annoncer Ă  voix haute, j’ai eu beaucoup de temps perso lors de mes annĂ©es d’école d’ingĂ©nieur c’est grĂące Ă  tout ce temps libre que j’ai pu plonger dans le projet Fedora. Et Matthieu, mon mentor m’a correctement accompagnĂ© pour trouver lĂ  oĂč je serais le plus utile, l’équipe de traduction oĂč Thomas s’est quasiment retrouvĂ© tout seul. Il gĂ©rait une Ă©quipe d’1,5 personne en se comptant lui-mĂȘme. Je suis arrivĂ© et Ă  deux on a abattu un travail Ă©norme pour rattraper les dĂ©rives. Je traduisais puis lui me corrigeait. Je venais de loin, il a fallu attendre mes 24 ans que je dĂ©couvre la grammaire française, les rĂšgles d’accord COI/COD
 Bon ce n’était pas trĂšs fun alors je me suis spĂ©cialisĂ© sur la syntaxe. À deux nous avons recrutĂ© d’autres traducteurs, ensuite il a vu qu’on Ă©tait une Ă©quipe, il m’a laissĂ© la main sur la traduction. J’ai vĂ©cu 2 transitions d’outils de gestion des traductions. J’ai donnĂ© beaucoup d’effort sur le projet Transifex. Jusqu’à ce que ce projet se tourne vers un modĂšle commercial et que le projet Fedora change d’outil. LĂ  je me suis dit que je ne voulais pas recommencer, j’avais des projets de refonte de tout l’outil de dĂ©ploiement des sites internet. L’équipe de traduction n’était plus mon sujet prioritaire. Je ne sais mĂȘme plus comment Jean-Baptiste a pris la main, mais Ă  un moment donnĂ© les projets ont migrĂ© sur le nouvel outil, et moi j’ai perdu tout ce que j’avais mis en place. Mes outils ou scripts permettant d’obtenir les derniĂšres traductions, d’obtenir le pourcentage de complĂ©tion de traduction de chaque langue sur chaque projet. Je n’ai plus rouvert cette porte j’ai laissĂ© la main et je me suis concentrĂ© uniquement sur la relecture et la formation des nouveaux : habitudes de traduction pour la cohĂ©rence de l’historique, utilisation de la bonne syntaxe. Jusqu’à ce qu’on ne me voie plus contribuer sur la liste de diffusion. En rĂ©sumĂ©, j’avais le dĂ©veloppement des sites qui Ă©tait prioritaire, j’avais de moins en moins de temps Ă  accorder, une Ă©quipe de jeunes (pas dans l’ñge mais dans la date d’arrivĂ©e dans l’équipe de traduction francophone) et un changement d’outil et de process qui m’ont tout naturellement Ă©cartĂ©s de mes responsabilitĂ©s.

    En 2012, le FUDCon (devenu Flock depuis) s’est tenu Ă  Paris et tu en as Ă©tĂ© l’un des principaux organisateurs. Peux-tu expliquer le but de ces rencontres et de leur importance ? Quelles ont Ă©tĂ© les difficultĂ©s d’une telle organisation ? Quels souvenirs en retires-tu ?

    Le FUDCon Ă©tait un Ă©vĂ©nement annuel (par rĂ©gion) qui Ă©tait l’occasion pour les contributeurs de se rencontrer pour mieux se connaĂźtre mais aussi pour avancer plus rapidement sur des points particuliers et abolir les fuseaux horaires. C’était Ă©galement l’occasion de rencontrer les « Redhatters Â». C’est Ă©galement lors de ces Ă©vĂ©nements qu’on rapproche tous les organes de la communautĂ©. Les rencontres physiques sont trĂšs importantes. Beaucoup d’échanges dans la communautĂ© se passent en anglais, dont c’est la langue maternelle pour une grande partie. Il est parfois difficile de cerner le ton employĂ© Ă  l’écrit par un individu − oui toutes nos rĂ©unions Ă©taient en chat/IRC −, c’est lors de rencontre de ce genre qu’on peut cerner le caractĂšre d’un individu et comprendre quand il est sĂ©rieux, ironique ou espiĂšgle. C’est aussi l’occasion d’échanger sur la vie, d’autres sujets qui ne sont pas ceux de tous les jours. Ou ouvre notre horizon. Lors de mon premier FUDCon Ă  Zurich, j’étais tout jeune arrivĂ© dans le projet. Je n’avais pas grand-chose Ă  dire mais beaucoup Ă  apprendre. Et plus je me rapprochais de l’équipe France, plus j’entendais que la communautĂ© rĂȘverait d’un Ă©vĂ©nement en France, Ă  Paris. Alors un jour, un peu poussĂ©, on a montĂ© une petite Ă©quipe pour cet Ă©vĂ©nement. Il a fallu choisir une date, trouver un lieu, proposer des logements et rĂ©aliser toute la logistique :

    • crĂ©er des goodies pour faire de petits cadeaux pour que les contributeurs puissent repartir avec un beau souvenir (t-shirt « tour Eiffel Â» et dessous de verre rĂ©utilisables)
    • gĂ©rer les subventions des contributeurs, s’ils proposaient un sujet (talk) ils pouvaient bĂ©nĂ©ficier d’une subvention par Red Hat
    • trouver un traiteur
    • coordonner l’équipe d’orga


    J’ai rencontrĂ© pas mal de nouvelles difficultĂ©s. C’est la premiĂšre fois que je gĂ©rais (en partie) un budget autre que le mien. Mais c’est Ă©galement la premiĂšre fois qu’on comptait sur moi — physiquement — Ă  une si grande Ă©chelle. L’équipe d’organisation s’est principalement tournĂ©e autour des membres de l’association Borsalinux-Fr, mais on avait bien entendu des personnes en charge cĂŽtĂ© « Red Hat Â» sur qui se reposer puisque cet Ă©vĂ©nement Ă©tait sponsorisĂ© tous les ans sur les diffĂ©rentes rĂ©gions (AmĂ©rique, Asie, EMEA). N’oubliez surtout pas que dans EMEA il y a Europe, mais Ă©galement Afrique. Ahhhh l’Afrique. C’est loin et dans l’espace et dans la culture. Je me souviens d’un appel le matin de l’évĂ©nement. « Salut KĂ©vin, j’ai ratĂ© mon avion, tu peux me trouver un autre vol Â» ? Oui, c’était un contributeur dont le billet d’avion Ă©tait payĂ© complĂštement sur le budget subvention de l’évĂ©nement. Et ça paraissait naturel pour lui que je lui paie un nouveau billet pour l’avion qu’il avait ratĂ© parce qu’il est arrivĂ© en retard Ă  l’aĂ©roport
 Bon il a choisi de prendre lui-mĂȘme le nouveau billet, il est venu et on a passĂ© de bons moments ! C’était un des contributeurs les plus actifs de sa rĂ©gion Ă  cette Ă©poque. Autre problĂ©matique plus ennuyante au long terme : j’ai utilisĂ© mon adresse de courriel perso pour rĂ©server le traiteur. Et je ne sais pas ce qu’il a fait, mais il s’est enregistrĂ© avec ma propre adresse de courriel sur une liste quelque part, et depuis 12 ans je reçois des courriels en tant que gestionnaire de cette entreprise. J’ai des candidatures spontanĂ©es pour des comptables, je reçois des promotions pour acheter des sardines en gros, je reçois des nouvelles de la mairie de Paris
 Ça c’est pĂ©nible. Mais j’avais Ă  l’époque l’alias de courriel @fedoraproject.org et j’aurai dĂ» Ă©crire avec mon contact « pro Â» plutĂŽt que perso. On apprend beaucoup en contribuant dans les projets communautaires ! Finalement, avoir organisĂ© cet Ă©vĂ©nement m’a donnĂ© de l’expĂ©rience pour organiser le mĂȘme genre d’évĂ©nement au sein du projet OLPC — One Laptop Per Child.

    Tu as aussi beaucoup rĂ©digĂ© et gĂ©rĂ© le magazine francophone Muffin, peux-tu nous expliquer en quoi ça consistait et ce que tu as fait ? Que penses-tu de ce format et du travail rĂ©alisĂ© ?

    Muffin c’était incroyable. Depuis mes annĂ©es d’études oĂč je devais rĂ©diger des rapports et prĂ©senter du contenu d’une maniĂšre trĂšs formelle, j’ai appris Ă  rĂ©diger en LaTeX. Je pensais savoir, connaĂźtre et comprendre. Quand j’ai vu ce que mettait en place melmorabity (Mohamed El Morabity) pour le rendu, j’étais obligĂ© de rester pour en apprendre plus ! J’ai surtout participĂ© Ă  la rĂ©daction du numĂ©ro 3. C’est l’occasion de mettre en avant des nouveautĂ©s, d’anticiper sur les demandes qui vont venir dans les forums et de prĂ©senter du contenu de qualitĂ© Ă  nos utilisateurs. J’étais tous les premiers samedi du mois aux PSL Ă  la CitĂ© des Sciences Ă  Paris. C’était une rencontre mensuelle (peut-ĂȘtre a-t-elle encore lieu ?) oĂč plusieurs contributeurs de plein de communautĂ©s diffĂ©rentes venaient Ă  la rencontre de leurs utilisateurs. Ce magazine avait une cible de plus. C’était Ă©galement quelque chose qu’on Ă©tait fier de mettre en avant lors des diffĂ©rents salons que nous reprĂ©sentions (FOSDEM, Solution Linux
) Fedora misant sur les nouveautĂ©s, il est important qu’on utilise diffĂ©rents moyens pour annoncer les changements aux utilisateurs. C’était un moyen de plus.

    Par ailleurs Ă  la mĂȘme pĂ©riode il y avait je crois un Linux Pratique Essentiel dĂ©diĂ© Ă  Fedora 13 sortie vers 2011-2012 qui a impliquĂ© de nombreux rĂ©dacteurs de la communautĂ© francophone dont toi. Peux-tu revenir sur cette expĂ©rience ? Quelle a Ă©tĂ© la plus-value de travailler avec un Ă©diteur pour crĂ©er ce magazine payant ?

    Hum, ça me dit quelque chose, mais je n’en ai plus aucun souvenir. J’ai peut-ĂȘtre trĂšs peu contribuĂ© dans ce magazine ? Je me souviens plutĂŽt de ma premiĂšre rencontre avec mon mentor, au 42 de je ne sais plus quelle rue Ă  Paris. C’était pour un live sur Radio Libertaire pour ensuite aller Ă  une rediffusion d’une confĂ©rence de RMS dans un lieu plein d’idĂ©es nouvelles
 Y a pas Ă  dire il se passe plein de chose Ă  Paris !

    Tu t’es ensuite mis en retrait de la communautĂ© francophone aprĂšs 2013, pour quelles raisons ?

    Plus j’en faisais au sein de la communautĂ© Fedora, plus j’étais en capacitĂ© d’en faire plus. Je n’arrĂȘtais pas d’interagir avec les diffĂ©rentes Ă©quipes pour amĂ©liorer la productivitĂ©, rĂ©duire les freins rencontrĂ©s par diffĂ©rents contributeurs, amĂ©liorer la collaboration. Sauf qu’au bout d’un moment, on entend les oiseaux chanter par la fenĂȘtre et on se dit « mince, c’est dĂ©jĂ  le matin ? Â» aller il faut aller chercher une ou deux heures de sommeil avant d’attaquer le boulot. Celui pour lequel on est payĂ©. J’ai passĂ© des semaines Ă  plus de 30h de contribution sur les projets libres. Avec le boulot Ă  plein temps Ă  cĂŽtĂ©. Je n’étais pas le seul, mais si en plus on se disperse dans trop de sujets on ne peut pas tous les suivre complĂštement. Et si en plus on est Ă  Madagascar avec une connexion internet limitĂ©, que ça coĂŻncide avec le dĂ©ploiement d’une nouvelle version et que c’est habituellement toi qui appuies sur le bouton ? Et bien tu trouves un « jeune Â» tout fou que tu formes et qui passe autant de temps avec toi sur internet qu’avec sa famille, tu lui confies la tĂąche d’appuyer sur le bouton et d’utiliser en prod tout le process de dĂ©ploiement que tu viens de changer et activer aprĂšs 2 mois de refonte complĂšte. Tu te rends compte que ça se passe bien sans toi, que ça tourne, qu’il est fiable. Tu es rassurĂ© et tu te dis « je me suis libĂ©rĂ© d’une charge, qu’elle est ma prochaine prioritĂ© ? Â» Merci Ă  Robert Mayr (robyduck) pour cette belle succession ! À ce moment j’ai Ă©galement quittĂ© Paris pour revenir dans mes montagnes (Haute-Savoie). J’ai intĂ©grĂ© un nouveau travail dans lequel j’ai mis tout mon temps et mĂȘme plus. Je n’ai plus eu l’occasion de rencontrer les collaborateurs du projet Fedora aussi souvent et j’ai dĂ©crochĂ©. Oui j’ai trop donnĂ© pour mon entreprise Ă  l’époque pour ce qu’elle me rendait, mais ayant relĂąchĂ© les rennes de la traduction FR et des sites internet, je me suis redirigĂ© vers le loisir en montagne ce qui m’a permis de passer moins de temps sur l’ordinateur. Je n’avais plus non plus de contacts rĂ©guliers avec des gurus de l’informatique : ceux qui vous tirent vers le haut. J’avais beaucoup de connaissances sur la collaboration que j’ai acquises au sein du projet Ă  mettre en place dans mon entreprise. Finalement, j’ai continuĂ© mes « contributions libres Â» mais en tant que bĂ©nĂ©vole, je suis maintenant formateur en alpinisme. Je passe beaucoup de mon temps libre dans une autre association qui n’a plus de lien avec Fedora si ce n’est le bĂ©nĂ©volat.

    Si tu avais la possibilitĂ© de changer quelque chose dans la distribution Fedora ou dans sa maniĂšre de fonctionner, qu’est-ce que ce serait ?

    Je ne suis plus au fait des axes politiques Fedora/Red Hat, je ne sais pas Ă  quel point le rachat de Red Hat a influĂ© sur le projet Fedora mĂȘme si j’ai vu passer quelques messages sur ce contexte. Je trouve que certains aspects sont trop Ă©parpillĂ©s. J’ai vĂ©cu (Ă  cĂŽtĂ© sans ĂȘtre contributeur) le dĂ©veloppement de la forge Pagure (hello pingou !) mais Ă©galement le choix de certains projets de partir sur GitLab ou GitHub. Il y a des avantages et des inconvĂ©nients. Personnellement, j’ai dĂ©couvert Gerrit et tout ce que ça permet. Je l’ai moi-mĂȘme mis en place dans mon nouvel emploi en 2014. DĂšs cet instant je n’ai plus rĂ©ussi Ă  contribuer au projet Fedora. Les outils utilisĂ©s Ă©taient un frein pour moi je ne pouvais plus suivre les dĂ©veloppements aussi facilement. Donc si je devais changer quelque chose dans le projet, on passerait tout sous Gerrit. Ok je n’ai pas rĂ©pondu Ă  la vraie question qui concernait le produit
 Wayland, systemd ? Non non la politique ce n’est pas pour moi, j’aime avancer et ma premiĂšre et derniĂšre modification si ce n’est la traduction c’est l’activation de la console en 256 couleurs par dĂ©faut. Ça me suffit je vis trĂšs bien avec !

    À l’inverse, est-ce qu’il y a quelque chose que tu souhaiterais conserver Ă  tout prix dans la distribution ou le projet en lui-mĂȘme ?

    J’aime me dire que c’est un produit qui Ă©volue avec sa communautĂ© et non pas avec une entreprise. Ce que je souhaite conserver, c’est les quatre fondations : Freedom, Friends, Features, First. Les nouvelles fonctionnalitĂ©s Ă©tant ce que j’apprĂ©cie beaucoup. Je suis du genre Ă  dĂ©sactiver les mises Ă  jour auto et aimer dĂ©clencher moi-mĂȘme les mises Ă  jour afin de surveiller tout ce qui arrive.

    Que penses-tu de la communautĂ© Fedora-fr que ce soit son Ă©volution et sa situation actuelle ? Qu’est-ce que tu amĂ©liorerais si tu en avais la possibilitĂ© ?

    Malheureusement je n’en fais plus partie, j’aimerais. Mais je n’arriverai pas Ă  retrouver le mĂȘme sentiment en restant Ă  distance, le contact physique ou rĂ©gulier avec les contributeurs me manque. Mais de la mĂȘme maniĂšre que la plongĂ©e ou le parapente me manquent. On n’a qu’une vie et elle est remplie de choix.

    Quelque chose Ă  ajouter ?

    Merci beaucoup Ă  vous d’ĂȘtre encore actif, aux nouveaux d’avoir pris la relĂšve et Ă  tout le monde de continuer Ă  contribuer pour ce produit. C’est tous les jours que je pense aux milliers de contributeurs Fedora et aux centaines de contributeurs que j’ai connus personnellement.

    Merci KĂ©vin pour ta contribution !

    Conclusion

    Nous espĂ©rons que cet entretien vous a permis d’en dĂ©couvrir un peu plus sur le projet Fedora et Fedora-fr.

    Si vous avez des questions ou que vous souhaitez participer au projet Fedora ou Fedora-fr, ou simplement l’utiliser et l’installer sur votre machine, n’hĂ©sitez pas Ă  en discuter avec nous en commentaire ou sur le forum Fedora-fr.

    À dans 10 jours pour un entretien avec AurĂ©lien Bompard, dĂ©veloppeur au sein du projet Fedora et employĂ© Red Hat affectĂ© au projet Fedora en particulier dans l’équipe infrastructure.

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    20 ans de Fedora-fr : neuviÚme entretien avec Nicolas président de Borsalinux-fr

    Dans le cadre des 20 ans de Fedora-fr (et du projet Fedora en lui-mĂȘme), Charles-Antoine Couret (Renault) et Nicolas Berrehouc (Nicosss) avons souhaitĂ© poser des questions Ă  des contributeurs francophones du Projet Fedora et de Fedora-fr.

    GrĂące Ă  la diversitĂ© des profils, cela permet de voir le fonctionnement du projet Fedora sous diffĂ©rents angles pour voir le projet au-delĂ  de la distribution mais aussi comment il est organisĂ© et conçu. Notons que sur certains points, certaines remarques restent d’application pour d’autres distributions.

    N’oublions pas que le projet Fedora reste un projet mondial et un travail d’équipe ce que ces entretiens ne permettent pas forcĂ©ment de reflĂ©ter. Mais la communautĂ© francophone a de la chance d’avoir suffisamment de contributeurs et des contributrices de qualitĂ© pour permettre d’avoir un aperçu de beaucoup de sous projets de la distribution.

    Chaque semaine un nouvel entretien sera publié sur le forum Fedora-fr.org, LinuxFr.org et le blog de Renault.

    L’entretien du jour concerne Nicolas Berrehouc (pseudo Nicosss), contributeur de Fedora-fr et mainteneur de sa documentation. Devenu prĂ©sident de l’association Borsalinux-fr en avril 2025.

      Sommaire

      Bonjour Nicolas, peux-tu prĂ©senter briĂšvement ton parcours ?

      Je me nomme donc Nicolas, je ne suis pas informaticien de mĂ©tier malgrĂ© ce que certaines personnes pourraient croire et je ne travaille pas pour Red Hat non plus. Je suis plus issu d’une formation automatisme, micro-contrĂŽleur et Ă©lectronique donc malgrĂ© tout un monde technique. Mon activitĂ© professionnelle actuelle n’est d’ailleurs pas en lien avec l’informatique ni Ă  proprement dit avec ma formation. Je suis un touche-Ă -tout autodidacte qui aime apprendre et partager 🙂

      Peux-tu prĂ©senter briĂšvement tes contributions au projet Fedora ?

      Mes contributions directes au projet Fedora se limitent uniquement aux journĂ©es de tests ainsi que tout ce qui va toucher aux validations des correctifs apportĂ©s via testing suite Ă  des rapports de bugs, que j’aurais initiĂ©s ou non, avant que ce ne soit poussĂ© en stable. D’ailleurs, je rapporte soit sur le bugzilla Red Hat, soit directement upstream aussi.
      Il y a aussi Anitya que j’ai pas mal renseignĂ© Ă  sa sortie, car j’ai vraiment trouvĂ© que c’était un super projet.
      De ce fait, mon poste de travail est tout le temps en testing et en gĂ©nĂ©ral je bascule vers la BĂȘta dĂšs qu’elle est disponible. VoilĂ  le plus gros de mes contributions au projet Fedora.

      J’ai par ailleurs fait le choix de ne pas faire partie de groupes directement au sein du projet Fedora par manque de temps.

      Qu’est-ce qui fait que tu es venu sur Fedora et que tu y es restĂ© ?

      J’ai dĂ©couvert le monde GNU/Linux avec Slackware fin des annĂ©es 90 (oui l’autre siĂšcle 😉) mais ça a Ă©tĂ© une grosse douche froide Ă  l’époque, donc stand-by avant de goĂ»ter Ă  Mandrake qui proposait une utilisation plus abordable. Puis j’ai dĂ©couvert Fedora Core Ă  sa sortie que j’ai commencĂ© Ă  utiliser en parallĂšle d’un Windows, car c’était encore difficile de se dĂ©faire de ses habitudes avec certains logiciels. Mais la bascule s’est faite finalement trĂšs rapidement par la suite malgrĂ© tout et depuis pas mal d’annĂ©es maintenant je n’utilise plus que Fedora Linux, tant en poste de travail que serveur d’ailleurs.

      J’y voyais aussi la possibilitĂ© de faire passer des utilisateurs Windows au monde GNU/Linux juste par le fait de donner une seconde vie Ă  leurs ordinateurs car bien souvent les utilisatrices et utilisateurs ont une utilisation basique de leurs ordinateurs.

      Le Projet Fedora proposait une vision qui me correspondait assez avec l’idĂ©e d’ĂȘtre novatrice, s’orienter vraiment vers le Logiciel Libre et surtout une gestion communautaire, donc il Ă©tait possible de ne pas rester un simple consommateur dans son coin. À l’époque Ubuntu avait pignon sur rue et Ă©tait LA distribution mais malgrĂ© une grosse communautĂ© francophone enjouĂ©e Ă  l’époque le principe de fonctionnement ne me plaisait pas vraiment.

      Pourquoi contribuer Ă  Fedora en particulier ?

      En fait, tous les champs sont quasi possibles pour contribuer. Il y a Ă©normĂ©ment d’outils disponibles pour faciliter les contributions Ă  travers son compte FAS dĂ©sormais en plus. Par ailleurs il y a une bonne dynamique et des gens passionnĂ©s donc ça donne d’autant plus envie de participer.
      Fedora intùgre beaucoup de technologies et d’innovations que l’on retrouvera par la suite dans les autres distributions, alors pourquoi attendre 🙂 Ça reste ma philosophie personnelle donc ça colle avec Fedora.

      Contribues-tu Ă  d’autres Logiciels Libres ? Si oui, lesquels et comment ?

      N’étant pas dĂ©veloppeur, il m’arrive tout de mĂȘme de rapporter des bugs upstream sur certains logiciels que j’utilise lorsque ce n’est pas dĂ©jĂ  fait. En gĂ©nĂ©ral les diffĂ©rents projets sont assez rĂ©actifs et ça permet toujours de faire avancer les choses. Mais sinon pas de vraies contributions Ă  un projet particulier en tant que tel.

      Utilises-tu Fedora dans un contexte professionnel ? Et pourquoi ?

      Absolument pas, mon entreprise propose uniquement des postes sous Windows 10 assez verrouillĂ©s ; donc souvent quelques moments de solitude avec des rĂ©flexes propres Ă  mon utilisation quotidienne de GNOME 😂
      AprĂšs, en contexte « semi-professionnel Â» dirons-nous, j’ai des serveurs auto-hĂ©bergĂ©s sous Fedora Linux aussi proposant des services pour un cercle restreint comme des outils Web, Cloud, XMPP, Mail. Pour ce point c’est arrivĂ© assez rapidement aussi car cela faisait partie d’un apprentissage que je souhaitais rĂ©aliser afin d’avoir une comprĂ©hension et une indĂ©pendance sur la gestion de mes donnĂ©es personnelles. Un grand merci au monde du Logiciel Libre qui permet de faire ça !

      Est-ce que tes contributions Ă  Fedora sont un atout direct ou indirect dans ta vie professionnelle ? Si oui, de quelle façon ?

      Je dirais que ça a plus un aspect indirect, comme pouvoir parler technique avec des personnes qui sont plus cĂŽtĂ© informatique ou informatique industrielle et donc faciliter des rĂ©solutions de problĂšmes.

      Tu participes essentiellement Ă  la communautĂ© francophone : maintenance du site web, documentation, rĂ©pondre au forum, suivi de l’association, pour quelles raisons tu y contribues ? Pourquoi se focaliser sur la communautĂ© francophone dans ton cas ?

      Oui, j’ai dĂ©cidĂ© assez tĂŽt de plus me focaliser sur la communautĂ© francophone car malgrĂ© ce que l’on peut croire il y a une Ă©norme demande et je pense que pour que les personnes passent le cap en France il faut un support accessible en français pour les accompagner au mieux.
      J’avais regardĂ© cĂŽtĂ© projet Fedora, mais je n’avais pas vraiment trouvĂ© quelque chose qui pouvait avoir une portĂ©e surtout pour l’utilisateur final, car je voyais du potentiel dans l’utilisation de Fedora Linux en remplacement d’un Windows pour une utilisation dite courante. Je sais que la prioritĂ© du Projet est d’avoir des contributeurs, mais il faut des utilisateurs aussi et compter sur le fait qu’un faible pourcentage passera le cap vers la contribution.
      Il y a eu beaucoup de choses de faites cÎté documentation en français par le projet Fedora, mais je trouve que nous avons encore trÚs largement notre place, car les pionniers de Fedora-fr avaient déjà répondu bien avant à ce manque.

      Par consĂ©quent, je suis assez actif dans l’ensemble des domaines citĂ©s afin d’essayer de relancer une dynamique, car je sais que les personnes sont en place depuis un long moment maintenant. J’espĂšre aussi que ça permettra Ă  d’autres de se lancer dans l’aventure au travers de l’Association. N’hĂ©sitez pas Ă  vous faire connaitre lors des rĂ©unions du 1á”‰Êł lundi de chaque mois !

      Nous avons fourni il y a quelques annĂ©es un gros effort pour moderniser la documentation, peux-tu revenir sur cet Ă©pisode et la nĂ©cessitĂ© d’une telle action ?

      Oui en effet, nous avons rĂ©alisĂ© un trĂšs trĂšs trĂšs gros travail qu’il faudrait arriver Ă  poursuivre d’ailleurs et j’en appelle Ă  toutes les bonnes volontĂ©s Ă  se faire connaĂźtre.
      Quoi dire sur toutes ces soirĂ©es de travail 🙂 Nous avons dĂ©cidĂ© d’une organisation pour identifier les articles obsolĂštes (quasi tous 😂) ainsi que les prioritĂ©s par rapport aux demandes. Puis nous nous sommes rĂ©partis les articles pour la mise Ă  jour et nous effectuions les relectures croisĂ©es. Pas sĂ»r que ce soit Ă  jour mais voilĂ  ce qui a servi de support de travail. Toutes les semaines nous faisions des points via un canal IRC pour aborder des questionnements et lever des doutes dans notre travail.

      Aujourd’hui l’idĂ©e est de pouvoir fournir ou amĂ©liorer des articles autour des questions rĂ©currentes sur le Forum afin de faciliter la transition vers Fedora Linux et Ă©viter les multiples rĂ©pĂ©titions via le Forum.

      Quels manques identifies-tu au niveau de la documentation ?

      Le plus gros manque est le maintien à jour de tout ce qui est disponible 🙂

      Aujourd’hui il y a des articles trĂšs sollicitĂ©s (comme les pilotes propriĂ©taires Nvidia ; quelle idĂ©e d’avoir un GPU de cette marque aussi) qui mĂ©riteraient d’avoir plus de suivi mais sinon aujourd’hui l’accent est vraiment portĂ© sur le fait de pouvoir fournir une documentation pour les questions les plus rĂ©currentes sur le Forum afin d’éviter les redites ou recherches sur celui-ci et devoir renvoyer vers des discussions similaires.
      Bien Ă©videmment toute autre contribution pour un nouvel article est bienvenue, car nous sommes vraiment dans l’idĂ©e de partager les connaissances et c’est aussi le meilleur moyen pour dĂ©couvrir d’autres choses.

      Quelle importance il y a d’avoir un forum en français Ă  propos de Fedora ? Est-ce un bon mĂ©dium pour rĂ©soudre les problĂšmes des gens en gĂ©nĂ©ral ?

      L’anglais n’est pas vraiment une maĂźtrise forte en France, et c’est difficile de faire quitter Windows Ă  des personnes en leurs annonçant que le package contient aussi la surprise de devoir se mettre Ă  l’anglais. Il existe des traducteurs en ligne dĂ©sormais mais les utilisateurs Fedora Linux francophones nous montrent bien que ce forum a son importance, car il y a rĂ©guliĂšrement des questions et il est trĂšs consultĂ©.
      Il n’y a Ă©videmment aucun concours avec le forum officiel en anglais du projet Fedora. D’ailleurs avant de migrer toute l’infrastructure de Fedora-fr, il s’était aussi posĂ© la question de rejoindre le forum officiel du projet via la section non anglaise mais finalement nous avons voulu continuer Ă  offrir tout un Ă©cosystĂšme francophone pour continuer dans nos objectifs au niveau de l’association Borsalinux-fr.

      Pourquoi penses-tu que la frĂ©quentation du site a baissĂ© depuis 2011 qui est le pic historique d’activitĂ© ?

      Pour moi les gens sont de plus en plus devenus de simples consommateurs courant aprÚs les effets de mode ou cherchant uniquement du divertissement. Ce sont bien souvent des personnes hyper connectées mais qui ne comprennent absolument rien au fonctionnement de leurs outils et applications, ce qui est vraiment dommage. Beaucoup de personnes se sont désintéressées des ordinateurs et se concentrent uniquement sur des ordiphones ou tablettes avec pour OS Android Google ou Apple, ce qui limite les besoins de se tourner vers une distribution GNU/Linux.

      D’un autre cĂŽtĂ© la distribution Fedora Linux, malgrĂ© l’intĂ©gration de nouveautĂ©s, a vraiment perfectionnĂ© tout son process et son assurance qualitĂ© donnant ainsi une distribution vraiment stable et performante. Par consĂ©quent qui dit stabilitĂ© dit aussi moins de problĂšmes Ă  rĂ©gler 🙂

      Au niveau des Logiciels Libres il y a aussi eu beaucoup de travail de fond pour proposer une concurrence de haut-niveau face Ă  des logiciels propriĂ©taires. C’est vraiment un point Ă  souligner car beaucoup de monde ne sait mĂȘme pas, bien souvent, qu’il utilise du Logiciel Libre.
      Tout cet écosystÚme qui a gagné en stabilité et performance engendre forcément moins de demandes aussi.

      Il faudrait avoir de vraies statistiques sur le nombre d’utilisateurs en fait. En ce moment il y a des articles concernant l’augmentation de la part de marchĂ© des distributions GNU/Linux mais ça reste Ă  suivre.

      Tu as participĂ© avec Guillaume Ă  la derniĂšre mise Ă  jour du site alors que tu n’es pas webmestre de mĂ©tier, qu’as-tu apportĂ© dans la procĂ©dure ?

      Alors en fait ça a portĂ© plus largement que sur le site en lui-mĂȘme. Guillaume Ă©tait un peu seul dans le cadre de cette nĂ©cessitĂ© de migration de toute l’infrastructure qui devenait un trĂšs gros frein pour maintenir et faire Ă©voluer tous les outils dĂ©ployĂ©s. Ça a Ă©tĂ© l’occasion de pouvoir lui redonner de la motivation puis d’intĂ©grer ce projet pour dĂ©clencher tout ce que nous connaissons aujourd’hui.

      La migration a malgré tout été trÚs précipitée, car il y avait tout à faire et en trÚs peu de temps.

      Effectivement je ne suis pas webmestre de mĂ©tier et il a fallu s’approprier trĂšs rapidement WordPress afin de proposer Ă  minima un Ă©quivalent de ce que nous avions avant avec fedora-fr.org donc ça a Ă©tĂ© un enchainement de journĂ©es trĂšs chargĂ©es. Et comme vous pouvez le constater nous ne sommes pas des designers dans l’ñme non plus 😂 Donc tout aide est la bienvenue aussi ; mĂȘme si le forum est plus le point de chute.

      L’idĂ©e en parallĂšle Ă©tait d’en profiter pour rĂ©diger de la documentation partagĂ©e sur notre Nextcloud Ă  propos de toute notre infrastructure ainsi que notre fonctionnement interne au niveau de l’association. Ce travail est d’ailleurs toujours en cours.

      Quels manques identifies-tu au niveau de la communautĂ© francophone en gĂ©nĂ©ral ?

      Je pense que c’est ce que l’on peut retrouver un peu de partout avec un manque d’appartenance. Aujourd’hui la consommation prime et l’utilisateur ne se considĂšre que comme un consommateur alors qu’il pourrait trouver un Ă©panouissement personnel en participant au sein d’une communautĂ© et de fait s’engager dans une dĂ©marche d’échanges et de partages.

      Tu nous as reprĂ©sentĂ© de nombreuses annĂ©es aux JDLL Ă  Lyon, qu’est-ce qui te plaĂźt ou qui ne te plaĂźt pas dans cet Ă©vĂ©nement ? Quels intĂ©rĂȘts trouves-tu Ă  y aller ?

      En effet, j’ai commencĂ© Ă  me rendre aux JDLL Ă  partir de 2005 car j’étais dĂ©sormais pas loin de Lyon et que le monde du Libre avait commencĂ© Ă  faire son petit bout de chemin dans ma tĂȘte, donc j’assistais Ă  pas mal de confĂ©rences et pendant les pauses je faisais le tour des stands. C’est d’ailleurs Ă  ce moment-lĂ  que j’ai pu rencontrer des membres de la communautĂ© Fedora-Fr (shaiton entre autres qui Ă©tait un bon recruteur ;-) ) qui tenaient le stand sur le site universitaire de la Doua Ă  l’époque.
      Puis au fil des annĂ©es, j’ai passĂ© de plus en plus de temps vers le stand Fedora/Borsalinux-Fr pour finalement me faire embringuer dans l’aventure de la tenue du stand (petit clin d’Ɠil Ă  number80 qui y est pour beaucoup). Depuis quelques annĂ©es maintenant j’ai hĂ©ritĂ© des relations avec l’organisation des JDLL pour la tenue du stand pour Fedora/Borsalinux-Fr lors de cet Ă©vĂšnement.

      C’est un moment de l’annĂ©e oĂč il est possible de rencontrer tout type de population et je trouve ça super intĂ©ressant de pouvoir Ă©changer avec autant de monde. Ça permet aussi de pouvoir se remettre en question, car ce n’est pas comme se rĂ©unir au sein d’une communautĂ© oĂč tout le monde est d’accord avec les mĂȘmes idĂ©es. Bref c’est trĂšs enrichissant humainement !

      Quelles sont tes tĂąches au niveau de l’association ? Qu’est-ce qui doit ĂȘtre amĂ©liorĂ© Ă  ton avis ? Et qu’est-ce qui fonctionne bien ?

      Nous sommes un effectif trĂšs rĂ©duit au niveau de l’association, donc je suis multitĂąche 🙂 mais j’avoue que le temps me manque.
      Si l’on en revient Ă  mes dĂ©buts dans l’association j’ai surtout essayĂ© de relancer du dynamisme et de l’animation au sein des rĂ©unions hebdomadaires tenues historiquement sur IRC. Je pense que cela est aussi dĂ» aux annĂ©es Ă©coulĂ©es sans renouvellement des membres du bureau et un manque de bĂ©nĂ©voles pour assurer une rĂ©partition des tĂąches.
      Ensuite il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© de passer ces rĂ©unions au pas mensuel et en visio pour essayer de toucher plus de monde. Il y a quelques passages mais ce n’est pas encore ça derriĂšre. Dans le mĂȘme temps, nous avons assurĂ© la transparence des informations Ă©changĂ©es lors de ces rĂ©unions en postant le compte rendu sur le forum qui est l’outil le plus frĂ©quentĂ© par la communautĂ© Fedora-fr.

      Une instance Nextcloud a Ă©tĂ© dĂ©ployĂ©e sur notre infrastructure, ça a Ă©tĂ© l’occasion de pouvoir construire de la documentation sur les outils que nous utilisons, des procĂ©dures liĂ©es Ă  la maintenance ou Ă  la gestion de l’association, etc afin que tout le monde puisse s’y retrouver, voire se projeter un peu plus dans une activitĂ© de l’association. L’idĂ©e est de pouvoir assurer la continuitĂ© de fonctionnement de l’association et ce mĂȘme aprĂšs un dĂ©part de quelqu’un.

      Nous avons la chance d’avoir encore parmi nous des piliers de l’association qui sont encore investis.
      Pour le moment il y a encore pas mal de travail mais aprùs ça devrait se calmer pour pouvoir se focaliser sur des choses j’espùre plus concrùtes.

      Si tu avais la possibilitĂ© de changer quelque chose dans la distribution Fedora ou dans sa maniĂšre de fonctionner, qu’est-ce que ce serait ?

      CĂŽtĂ© distribution je n’ai pas vraiment Ă  me plaindre, il y a certes un gros rythme qui peine Ă  tenir les dates de sorties mais le travail est Ă©norme et surtout la qualitĂ© du processus est arrivĂ©e Ă  un sacrĂ© niveau de maturitĂ©. Finir l’époque oĂč il fallait allumer des cierges et invoquer les grands esprits avant de se lancer dans une migration 😂
      L’installation peut encore amener certaines questions pour des nĂ©ophytes mais ensuite tout est tellement fiabilisĂ© que n’importe qui peut s’en servir sans problĂšme.

      À l’inverse, est-ce qu’il y a quelque chose que tu souhaiterais conserver Ă  tout prix dans la distribution ou le projet en lui-mĂȘme ?

      Le cĂŽtĂ© vivant et passionnĂ© de toutes celles et de tous ceux qui participent Ă  ce projet dans le monde. C’est vraiment quelque chose que l’on retrouve Ă  chaque fois dans les interviews lors des Ă©lections Fedora et ça fait plaisir.

      Au niveau de la distribution, qu’elle aille toujours de l’avant et propose toujours autant l’implĂ©mentation de nouveautĂ©s technologiques.

      Que penses-tu de la communautĂ© Fedora-fr que ce soit son Ă©volution et sa situation actuelle ? Qu’est-ce que tu amĂ©liorerais si tu en avais la possibilitĂ© ?

      J’ai connu l’époque des communautĂ©s Fedora-fr trĂšs actives dans diffĂ©rentes grandes villes, puis ça s’est perdu et je pense qu’aujourd’hui ça ne reverra pas le jour. Idem pour d’autres grandes distributions qui avaient leurs communautĂ©s Fr.

      Aujourd’hui je pense que la communautĂ© Fedora-Fr (les personnes actives) est une bonne chose car ça rĂ©pond vraiment Ă  un besoin au niveau francophone, car l’anglais reste un peu la bĂȘte noire.
      Ceci permet donc de faciliter la prise en main de Fedora Linux avec un forum de qualité ainsi que de la documentation orientée pour répondre aux débutantes et débutants tout en assurant une base de connaissances collaborative. Et ça ouvre la porte pour contribuer directement au projet Fedora par la suite.

      Malheureusement tout ceci est en train de s’essouffler et je ne sais pas combien de temps cette grande aventure va durer si de nouvelles personnes ne viennent pas apporter un peu de souffle Ă  l’équipe.
      Pour ma part je trouve que c’est sociĂ©tal, donc il faudrait peut-ĂȘtre revoir le modĂšle complet mais dans tous les cas nous aurons besoin de bĂ©nĂ©voles.

      Quelque chose Ă  ajouter ?

      Un appel Ă  volontaires 😉 Si vous voulez vous investir dans l’Association que ce soit pour des Ă©vĂšnements, de la documentation, du webdesign, du marketing pour des goodies ou d’autres idĂ©es alors n’hĂ©sitez pas Ă  nous contacter via le site de l’Association, lors d’une rĂ©union mensuelle ou tout autre canal. Nous vous accueillerons avec plaisir !

      Merci Nicolas pour ta contribution !

      Conclusion

      Nous espĂ©rons que cet entretien vous a permis d’en dĂ©couvrir un peu plus sur Fedora-fr et sa documentation !

      Si vous avez des questions ou que vous souhaitez participer au Projet Fedora ou Fedora-fr, ou simplement l’utiliser et l’installer sur votre machine, n’hĂ©sitez pas Ă  en discuter avec nous en commentaire ou sur le forum Fedora-fr.

      À dans 10 jours pour un entretien avec KĂ©vin Raymond, ancien contributeur de Fedora et de Fedora-fr.org.

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      20 ans de Fedora-fr : huitiÚme entretien avec Jean-Baptiste mainteneur de la traduction française

      Dans le cadre des 20 ans de Fedora-fr (et du Projet Fedora en lui-mĂȘme), Charles-Antoine Couret (Renault) et Nicolas Berrehouc (Nicosss) avons souhaitĂ© poser des questions Ă  des contributeurs francophones du Projet Fedora et de Fedora-fr.

      GrĂące Ă  la diversitĂ© des profils, cela permet de voir le fonctionnement du Projet Fedora sous diffĂ©rents angles pour voir le projet au-delĂ  de la distribution mais aussi comment il est organisĂ© et conçu. Notons que sur certains points, certaines remarques restent d’application pour d’autres distributions.

      N’oublions pas que le Projet Fedora reste un projet mondial et un travail d’équipe ce que ces entretiens ne permettent pas forcĂ©ment de reflĂ©ter. Mais la communautĂ© francophone a de la chance d’avoir suffisamment de contributeurs et des contributrices de qualitĂ© pour permettre d’avoir un aperçu de beaucoup de sous projets de la distribution.

      Chaque semaine un nouvel entretien sera publié sur le forum Fedora-fr.org, LinuxFr.org et le blog de Renault.

      L’entretien du jour concerne Jean-Baptiste Holcroft, un des mainteneurs de la traduction française de Fedora.

        Sommaire

        Bonjour Jean-Baptiste, peux-tu prĂ©senter briĂšvement tes contributions au projet Fedora ?

        GĂȘnĂ© par des traductions partielles de logiciels que je trouve super, j’ai aidĂ© d’abords en signalant des problĂšmes, puis en traduisant, et ne voyant pas les traductions arriver, Ă  fluidifier le processus de traduction.

        Ayant compris le fonctionnement, grĂące Ă  la communautĂ©, j’ai voulu aider cette communautĂ© Ă  ĂȘtre plus efficace, en migrant sur la trĂšs bonne plateforme de traduction Weblate, en permettant la traduction de la totalitĂ© de la documentation de Fedora (on parle ici de 3,5 millions de mots, de milliers de pages).

        Transifex, la plateforme précédente, ne permettait pas un travail collectif efficace (entre les traducteurices et entre traducteurices-projets de développement).

        Avec l’expĂ©rience, j’ai constatĂ© que la communautĂ© du logiciel libre propose une expĂ©rience dĂ©sastreuse pour les traducteurs, le coĂ»t de traduction vs l’effort nĂ©cessaire pour traduire tout un systĂšme d’exploitation est monstrueux, j’ai maintenant voulu rendre cela perceptible et accessible Ă  tous (ce site est moche, sa valeur est la mesure de traduction transverse).

        Qu’est-ce qui fait que tu es venu sur Fedora et que tu y es restĂ© ?

        Ses valeurs en tant que communautĂ© m’ont intĂ©ressĂ©es.

        Fedora accueille les contributeurs, leur permet de gagner en responsabilitĂ©, de financer des initiatives et de grandir en tant que personne. Si mon implication varie dans le temps, ce n’est qu’une question de temps disponible.

        Pourquoi contribuer Ă  Fedora en particulier ?

        La ligne est claire, au plus proche des créateurs de logiciels libre, en collaboration, que du logiciel libre et trÚs fiable.
        C’est une mentalitĂ© que je trouve excellente et dans laquelle je me sens Ă  l’aise.

        Contribues-tu Ă  d’autres Logiciels Libres ? Si oui, lesquels et comment ?

        J’ai contribuĂ© pendant quelque temps au projet YunoHost sur les thĂšmes de la traduction, de l’internationalisation et de l’empaquetage de logiciels.
        Ce projet est mature et autonome sur ces deux sujets, ayant moins de temps, j’ai arrĂȘtĂ© d’y contribuer.
        Je continue Ă  l’utiliser au quotidien, car je le considĂšre aussi stable que Fedora pour gĂ©rer mon serveur personnel avec mes courriels, mes fichiers, mes contacts, etc.
        Aujourd’hui, je m’intĂ©resse plutĂŽt Ă  notre efficacitĂ© collective plutĂŽt qu’un projet en particulier.

        Est-ce que tes contributions Ă  Fedora sont un atout direct ou indirect dans ta vie professionnelle ? Si oui, de quelle façon ?

        Toute la culture technique gagnĂ©e en lisant l’actualitĂ© des projets, en contribuant via des rapports de bugs, des traductions, des dĂ©veloppements m’ont aidĂ© pour obtenir mon emploi actuel, et pour mon travail au quotidien.

        Le logiciel libre et le fait d’y contribuer, mĂȘme modestement est un lien rĂ©el, concret et palpable, trĂšs loin de l’informatique fantasmĂ©e qui ne fait le bonheur que du porte-monnaie et du pouvoir des puissants.

        Dans le travail, qu’il soit lucratif, amical ou militant, je veux du concret qui nous aide à avancer, et c’est une valeur trùs forte du logiciel libre.

        Tu as maintenu la traduction française de Fedora pendant des annĂ©es, peux-tu nous expliquer l’importance de la traduction et mĂȘme de l’internationalisation dans ce genre de projets ?

        Le logiciel libre est un outil de lutte contre l’appropriation des communs par une minoritĂ©.
        Si on veut qu’il soit un outil d’émancipation des masses, on veut rĂ©duire les barriĂšres Ă  l’utilisation, tout en respectant les singularitĂ©s de ses utilisateurs et utilisatrices.
        Un utilisateur de logiciel ne devrait pas avoir Ă  apprendre une nouvelle langue pour utiliser un outil Ă©mancipateur et respectueux, d’oĂč l’intĂ©rĂȘt de ces activitĂ©s.

        Traduire un logiciel est une activitĂ© complexe, quelles sont les difficultĂ©s rencontrĂ©es lors de cette activitĂ© ?

        Traduire est la partie facile, ça consomme trĂšs peu de temps, ce qui est compliquĂ© c’est :

        • savoir oĂč traduire - trouver quel logiciel affiche la chaĂźne, trouver oĂč il est hĂ©bergĂ©, comprendre quelle version est Ă  traduire, etc
        • demander de pouvoir traduire un logiciel - tout n’est pas traduisible, notre pouvoir pour faire Ă©voluer ça en tant que traducteurice est faible
        • comprendre comment traduire - l’idĂ©al c’est Weblate directement liĂ© au dĂ©pĂŽt de logiciel du dĂ©pĂŽt, le pire c’est l’ouverture de Pull Request
        • maintenir les traductions dans le temps - pour chaque projet

        Tu as participĂ© Ă  la migration de la plateforme de traduction Zanata vers Weblate, peux-tu revenir sur cette tĂąche et les motivations derriĂšre cette dĂ©cision ?

        Weblate est un outil de traduction performant, qui facilite la vie des crĂ©ateurices de logiciels et des traducteurices. Cet outil est proche du dĂ©pĂŽt de code source et permet beaucoup d’autonomie aux traducteurices pour s’organiser comme iels le souhaitent, tracer les modifications, ĂȘtre notifiĂ©s, etc.

        Zanata, ben c’était un objet OK pour traduire, mais c’est tout, tout le reste Ă©tait dĂ©ficient.
        À titre d’illustration, pour savoir si une traduction a Ă©tĂ© modifiĂ©e, je devais aller regarder sur chaque phrase l’historique des modifications.
        Sur Weblate, l’historique est transparent et efficace, et permet de filtrer par langue, projet, composants et type de changements. Voici par exemple l'historique des changements de traduction en français sur tous les projets.
        Quand Weblate est arrivĂ©, j’ai activement dĂ©montrĂ© la pertinence de ce projet et poussĂ© le sujet pour que nous soyons plus efficaces.

        Tu as Ă©galement participĂ© Ă  obtenir des statistiques de traduction au sein du projet Fedora, quel intĂ©rĂȘt Ă  cela et comment cela a Ă©tĂ© mis en Ɠuvre ?

        C’est un sujet gĂ©nial, mais c’est lĂ©gĂšrement compliquĂ©, voici une simplification :
        Une distribution Linux, c’est l’assemblage de milliers de logiciels, des lignes de code contenues dans les paquets.
        Chaque paquet est disponible au tĂ©lĂ©chargement sur des miroirs, on y retrouve mĂȘme les paquets d’il y a plusieurs annĂ©es (j’arrive Ă  exploiter les donnĂ©es jusqu’à Fedora 7 sortie en mai 2007).

        En suivant de prĂšs le fonctionnement de Weblate, je me suis rendu compte que le crĂ©ateur de Weblate a créé des petits outils pour : avoir des listes de tous les codes de langues connus, et d’auto-dĂ©tection des fichiers de traduction.

        La mécanique va donc :

        • tĂ©lĂ©charger chaque paquet existant dans Fedora
        • en extraire le code source
        • lancer l’auto-dĂ©tection des fichiers de traduction
        • calculer pour chaque fichier le pourcentage d’avancement
        • agrĂ©ger les rĂ©sultats par langue grĂące aux codes connus
        • puis gĂ©nĂ©rer un site web pour afficher les rĂ©sultats

        Avec mon ordinateur, cela m’a pris plus de dix jours de calcul en continu, et le tĂ©lĂ©chargement de 2 To de donnĂ©es pour rĂ©ussir Ă  avoir une vue sur plus de 15 ans de la distribution Fedora. Je n’ai malheureusement pas encore eu le temps d’en faire une rĂ©trospective pertinente dans le cadre d’une confĂ©rence, faute de temps pour analyser les donnĂ©es. Pour l’instant, la seule partie visible est le site https://languages.fedoraproject.org. J’espĂšre avancer sur ce sujet pour la rencontre annuelle 2025 du projet Fedora et le FOSDEM 2026.

        La traduction est une activitĂ© spĂ©cifique pour chaque langue mais tout le monde a des problĂšmes communs vis-Ă -vis de l’outillage ou des situations complexes, y a-t-il des collaborations entre les diffĂ©rentes Ă©quipes de traduction dans Fedora ?

        D’une façon gĂ©nĂ©rale, rĂ©soudre un problĂšme pour une langue rĂ©sous systĂ©matiquement un problĂšme pour une autre langue.
        Les traducteurs et traductrices se soutiennent beaucoup notamment pour ces raisons, soutenez-les vous aussi !

        L’absence de centralisation dans cette activitĂ© rend la cohĂ©rence des traductions dans l’ensemble des logiciels libres trĂšs complexe. Peux-tu nous expliquer ces difficultĂ©s ? Est-ce qu’il y a une volontĂ© francophone notamment d’essayer de rĂ©soudre le problĂšme en collaborant d’une certaine façon sur ces problĂ©matiques ?

        Un logiciel est une crĂ©ation, sa communautĂ© peut ĂȘtre plus ou moins inclusive et pointue sur certaines traductions.
        La cohérence vient avec les usages et évolue comme la langue de façon progressive et délocalisée.
        On pourrait imaginer proposer des outils, mais si c’est un sujet trùs important, ce n’est pour l’instant pas mon combat.
        Je vois ça comme un problĂšme de privilĂ©giĂ©, car spĂ©cifique aux langues ayant suffisamment de traduction, alors que la quasi-totalitĂ© des langues en ont trĂšs peu et sont incapables de tenir le rythme exigĂ© par l’évolution de nos logiciels libres.

        Je voudrais d’abord dĂ©montrer et faire acter Ă  la communautĂ© du logiciel libre qu’il y a urgence Ă  amĂ©liorer notre efficacitĂ© avec des changements de processus et de l’outillage. Cet outillage pourrait sĂ»rement permettre d’amĂ©liorer la cohĂ©rence.

        Fedora n’est sans doute pas le projet le plus avancĂ© sur la question de l’internationalisation malgrĂ© ses progrĂšs au fil des ans, qu’est-ce que le projet Fedora pourrait faire Ă  ce sujet pour amĂ©liorer la situation ?

        Si on veut faciliter la vie des traducteurices, il faudrait envisager de permettre de traduire Ă  l’échelle de Fedora, de façon distincte des traductions de chaque projet, comme le fait Ubuntu.
        Le problĂšme, c’est qu’Ubuntu utilise des outils mĂ©diocres (Launchpad) et n’a pas de moyen automatisĂ© pour renvoyer ce travail aux crĂ©ateurs de logiciels.
        Fedora pourrait innover sur ce sujet, et rĂ©ussir Ă  faire les deux avec une bonne plateforme de traduction (Weblate) et beaucoup d’outillage pour partager ce travail avec les diffĂ©rentes communautĂ©s, les utilisateurices y gagneraient en confort, les traducteurices en efficacitĂ© et les projets en contributions.

        Quelque chose Ă  ajouter ?

        Un grand merci Ă  la communautĂ© francophone de Fedora, Ă  la communautĂ© Fedora et Ă  l’ensemble des communautĂ©s qui collaborent tous les jours pour nous permettre d’avoir des outils Ă©mancipateurs et qui nous respectent. Le travail rĂ©alisĂ© au quotidien est exceptionnellement utile et prĂ©cieux, merci, merci et merci.

        Gardons à l’esprit que le logiciel n’est qu’un outil au service d’autres luttes dans lesquelles nous devons prendre notre part.

        Merci Jean-Baptiste pour ta contribution !

        Conclusion

        Nous espĂ©rons que cet entretien vous a permis d’en dĂ©couvrir un peu plus sur la traduction de Fedora.

        Si vous avez des questions ou que vous souhaitez participer au Projet Fedora ou Fedora-fr, ou simplement l’utiliser et l’installer sur votre machine, n’hĂ©sitez pas Ă  en discuter avec nous en commentaire ou sur le forum Fedora-fr.

        À dans 10 jours pour un entretien avec Nicolas Berrehouc, contributeur de Fedora-fr et mainteneur de sa documentation.

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