(SIAVED) Le centre de tri public de Douchy-les-Mines ouvert depuis le 16 juillet 2025
Un oeil dans le rétroviseur
Les premières réflexions sur la construction d’un centre de tri public ont émergé, en 2015/2016, avec un tour de table de tous les territoires au sud du Département du Nord. L’existant passait par deux sites gérés par Suez sur Lourches et Anzin et deux prestataires privés, Malaquin sur Saint-Amand-les-Eaux et Flamme sur le Maubeugeois. « Nous avons demandé à Suez une modernisation de ces deux espaces de tri, l’entreprise a répondu par la négative », rappelle Charles Lemoine, le Président du SIVAED. C’est le point dé départ d’une aventure étroitement liée (aussi) avec le hasard d’une vente d’un local logistique. En effet, en décembre 2016, un fait immobilier intervient dans les prémices de cette histoire. « Nous avons vu un jour un panneau- A vendre- sur le bâtiment logistique géré par Le Groupe Bils-Deroo en face de notre ancien siège administratif (des préfabriqués). Tout se suite, nous sommes rentrés en contact avec ladite entreprise afin d’acquérir dans les 15 jours, pour 1,5 millions d’euros, ce bâtiment », explique Charles Lemoine, le Président du SIAVED. Les caractéristiques de cet édifice répondait, hauteur, espace, etc., à un futur projet de centre de tri public. En attendant, le SIAVED a géré sur ce site sa politique de composteurs, mais aussi un siège administratif temporaire dans l’attente du nouveau en construction en lieu et place de l’existant obsolète.
Ensuite, la réglementation a joué son rôle en posant des critères drastiques. En effet, conformément avec la densité de population des départements, le gestionnaire CITEO (Ex Eco-emballage) fixe une taille minimum pour gérer le tri des déchets. Sur le Nord, la jauge est fixée à 500 000 habitants et une capacité de 50 000 tonnes déchets par an. En clair, toutes les petites unités vieillissantes et/ou de petites tailles sont amenées à fermer leurs portes le 01 janvier 2023. Sur la même ligne, la loi « Climat et Résilience » en août 2021 et « AGEC » en août 2023 ont encadré l’extension des consignes de tri, le respect strict des matières à trier vers le recyclage. Enfin, les toutes dernières normes en matière de protection d’incendie ont encore durci la réalisation d’un tel équipement. C’est pourquoi, la puissance publique est très souvent la seule réponse potentielle face à cette équation économique, écologique, et réglementaire à respecter.
En 2019, un marché public est lancé par 3 EPCI, Le SIAVED avec ses trois territoires (La Porte du Hainaut, la Communauté d’Agglomération du Caudrésis – Catésis, et Coeur d’Ostrevent agglo), Valenciennes Métropole et Le Pays Solesmois. « Le choix du prestataire a été réalisé par ces trois institutions, mais Valenciennes Métropole et le Pays Solesmois ont décidé de poursuivre leur réflexion avant d’aller plus loin. Pour sa part, le SIAVED a décidé de continuer ce projet seul », indique Charles Lemoine. « Nous avons réfléchi de notre côté », confirme David Bustin, vice-président chez Valenciennes Métropole et au SIAVED également en charge du tri.

En décembre 2020, le marché est attribué au Groupement d’achat composé d’un acteur national, Suez, et deux régionaux THEYS Recyclage et VALDEC, notification en mai 2021 et surtout la création d’une société ex nihilo en avril 2022, la STV tri composée de SUEZ (66%), THEYS Recyclage (23%) et VALDEC (11%).
Ensuite, la phase travaux se conjugue avec un parcours du combattant juridique où « nous avons pris beaucoup de retard, car nous avons dû gérer des contentieux initiés par une association « Nature Hainaut », mais aussi l’emprise Flamme, une vingtaine de procédures jusqu’à des recours devant le Conseil d’Etat. Toutes les procédures sont purgées », mentionne le Président du SIAVED.
Enfin, sur le volet administratif, le nouveau SIAVED est né le 01 janvier 2024 avec 7 EPCI, les 3 historiques du SIAVED, plus Valenciennes Métropole, Le Pays de Mormal, le Pays Solesmois, et Maubeuge Val de Sambre. Cette nouvelle institution va de fait gérer le centre de tri public prévu pour 2025, le lego administratif est achevé.
Concernant le chantier stricto sensu, il débute en avril 2024 avec une réception des premiers déchets en phase test en février 2025. Le bâtiment de 9 371 M2 est rénovée, transformée, voire sur une salle de tri mécanique « complètement à neuf même la dalle de béton », précise David Bustin. Le coût de cet investissement s’élève à 47,7 millions d’euros avec un soutien de l’ADEME (l’Etat) de 4,6 millions d’euros et de CITEO de 1,15 millions d’euros. « Nous avons une capacité de 50 000 tonnes in fine, mais nous gérons actuellement 36 500 tonnes pour 669 000 habitants, voire plus de 40 000 tonnes si d’autres EPCI nous rejoignent après les municipales 2026 », précise Charles Lemoine. Ce dernier pense au Sud Avesnois et au Coeur de l’Avesnois, toujours en réflexion, mais l’impact des hausses de gestion des déchets, notamment sur l’enfouissement et bien d’autres, va obligatoirement conduire les gouvernances à se rassembler pour la bonne utilisation de l’argent public. A ce titre, dans les statuts du SIAVED, deux vice-présidences encore possibles… ! Et là, nous ne parlons même pas de Cambrai et d’une partie des communes environnantes, perdu dans les limbes d’un choix écologique, économique et politique dont le contribuable territorial va payer le prix fort !
Le centre de tri public in vivo…

Pour mieux comprendre le rôle de cette usine de recyclage, la bonne terminologie de cet établissement serait « un centre de tri des emballages ménagers », souligne Nicolas Duboc, Directeur du Tri chez SUEZ, mais avec une connaissance très fine de ce dossier depuis sa genèse. En effet, la gestion des déchets comprend plusieurs grands canaux, l’incinération des ordures ménagères via les CVE (Centre de Valorisation Énergétique), l’enfouissement le moins possible, et bien sûr la gestion en amont des emballages ménagers de toute nature.
Tout commence donc par la livraison des déchets où plusieurs tonnes sont traitées chaque jour. C’est la première phase en amont sur ce nouveau centre de tri public sur Douchy-les-Mines dont la gestion est assurée par Benjamin Colmont.

Ensuite, le process, c’est l’étape la plus spectaculaire. En effet, la salle de tri mécanique est impressionnante, car vous avez l’impression de pénétrer dans l’espace de gestion des bagages d’un aéroport international. Sur plus de 8 mètres de hauteur, les déchets sont trier sur des tapis avec 8 détecteurs optiques, le plat du creux, les métaux, les emballages divers et variés sont criblés, répartis par variétés de produits…

Puis, un dernier humain intervient afin de trier ce que les machines n’ont pas pu réaliser. « Nous avons huit lignes dont une de refus de tri. Sur celle-ci, on y trouve encore n’importe quoi. Elle nous coûte très chère. C’est là où il existe un énorme travail de pédagogie à faire », déclare Charles Lemoine. Sur cette ligne, un opérateur de tri témoigne des progrès sur les conditions de travail. « J’ai travaillé sur celle d’Anzin où la structure était très vétuste. Ici, nous avons une plateforme réglable à la bonne hauteur, mais également un repose-dos pour le temps de pause. Le conditions de travail sont bien meilleures », précise Frédéric Amouri. A ce titre, 40 agents permanents sont présents sur ce Centre du tri public avec extension des consignes de tri, plus 19 en insertion. « Nous travaillons avec l’association Vitamine T sur le champ de l’insertion », poursuit Nicolas Duboc.

Enfin, l’ultime étape est la production de balles de matières recyclés, la fameuse presse à balles de déchets comme le papier, le métal, le carton, le plastique…, avant leur livraison vers les filières de recyclage dédiées. « Ces balles pèsent au maximum 1,4 tonnes pour le carton, voire moitié moins pour le plastique », précise Quentin Mercier, ingénieur d’exploitation chez SUEZ. A noter que ce site de Douchy-les-Mines récupère aussi les contenus des collectes des bacs/containers de déchets en verre, mais ce n’est qu’une gestion des flux sans triage vers les acteurs concernés. Comme dans la salle de tri mécanique, les outils de protection incendie sont omniprésents dans les espaces dédiés, c’est la hantise des exploitants.
Voilà, depuis le 16 juillet 2025, la phase « test et performance prévu au contrat est achevée », conclut Nicolas Duboc et par suite le Centre de tri public est ouvert officiellement avant une inauguration digne de ce nom le 19 septembre prochain. Dans un monde idéal, le citoyen ne produirait quasiment aucun déchet comme le conférencier Jérémie Pichon, mais le chemin sera encore long avant cette ligne d’arrivée… et face à cette situation, il faut agir ! C’est pourquoi, un volet pédagogique important sera consacré au sein de ce centre de tri public, les écoles et associations pourront y venir où un agent dédié permanent sera présent pour les visites de ce site spectaculaire.








Daniel Carlier
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