Le bâtimentaire durable comme la voie lactée de la transition écologique
(Didier COUSIN sur le plateau TV de la chaîne d’informations dédiée aux professionnels du bâtiment)
C’est un fait historique, l’ancienne région du Nord Pas de Calais est une consommatrice de l’énergie fossile à travers son paysage industrieux et sa densité de population consommatrice tout d’abord de gaz de mine, puis en passant dans les années 70 au gaz naturel. Aujourd’hui, l’énergie consommée est équivalente entre l’électricité décarbonée et le gaz naturel dont une partie en gaz vert. Avec lucidité, il est évident que le tout électrique est impossible dans un horizon visible. C’est pourquoi, cette région Hauts de France « a besoin d’un mix énergétique et par suite nous devons décarboner le gaz. D’ailleurs, nous avons commencé cette démarche en 2012 sur le site de Sequedin, la première unité de méthanisation dans la région », commente Didier Cousin, le Directeur territorial GRDF Hauts de France. Aujourd’hui, cette région comprend 103 unités de méthanisation sur environ 850 en France. « Nous venons d’inaugurer la 100ème sur Laon ou il existe 5 unités autour de l’agglo presque autonome à 100 % en gaz vert pour le chauffage des bâtiments et donc des logements. Certes, le développement du gaz vert sera plus rapide en milieu rural avec la présence de 95% d’unités de méthanisation agricoles. Ce sera plus difficile dans le département du Nord », poursuit-il.
« Il y a un gros travail en cours avec les bailleurs sociaux ! », Didier COUSIN
Bien sûr, le fil rouge avec cette manifestation du CNBD est la réduction d’énergie consommée à l’intérieur des bâtiments d’une part et plus spécifiquement une énergie verte ajoute à cette transition écologique espérée.
A cet effet, Didier COUSIN met en exergue une collaboration avec les acteurs du logement social dans les Hauts de France, omniprésent dans le Nord département le plus peuplé de France : « Il y a un gros travail en cours avec les bailleurs sociaux ! Presque 3/4 des logements sociaux sont chauffés au gaz et dans le cas de Maison & Cités (Ex Soginorpa) nous parlons de 95%. »
Focus sur le logement minier au coeur de l’actualité avec la confirmation du dispositif ERBM (Engagement pour le Renouveau du Bassin Minier), sur dix ans, par le Président de la République en juin 2025 et suivi de très près par Valérie Létard, la Ministre du Logement. Comme disait récemment le Préfet de Région, Bertrand Gaume : « Je connais guère d’autres dispositifs suivis sur 10 ans et croyez-moi, on ne lâche rien. » Tout cela afin de surligner la rénovation lourde extérieure et intérieure des logements miniers, en mode accélération, jusque 2027 comme prévu à la signature en mars 2017 par Bernard Cazeneuve.
Evidemment, si d’un côté vous avez une « adaptation » de la consommation énergique au prochain réchauffement climatique avec une isolation majuscule des logements, vous pouvez obtenir une « atténuation » importante de l’empreinte carbone avec la production massive de gaz vert et injecté dans les réseaux de chauffage des bailleurs sociaux. « De plus, nous travaillons en économie circulaire, le gaz vert décarboné dans les logements collectifs est une composante de cette thématique du bâtiment durable », poursuit-il.
Cette sémantique a été développée par François Gemenne en conférence d’ouverture de cette 11édition du CNBD. « Nous n’avons plus ce luxe de l’atténuation, il faut s’adapter à une hausse de 4° degrés durant ce siècle. Notre voie d’action est la décarbonation pour laquelle nous devons trouver des solutions, trouver des combinaisons. C’est pourquoi, il faut opérer des rénovations complètes dans les habitats ». Bien sûr, le coût est souvent abyssal pour les particuliers et par suite constitue un frein conséquent.

Dans cette optique, François Gemenne propose une solution financière : « Pourquoi ne pas permettre à cette génération des boomers, dont la transmission d’un patrimoine immobilier conséquent est proche, de déduire des droits de succession une rénovation complète d’un bâtiment, d’un logement individuel, etc. ? » Par suite, le mode de consommation énergétique serait au coeur de cette rénovation lourde et plus encore dans notre région compte tenu de la météo.
Les intervenants ont de fait distinguer « l’adaptation » plutôt dédiée aux collectivités publiques territoriales, plus facile, plus concrète pour le quotidien budgétaire compliqué des collectivités locales. Par contre, la politique nationale et internationale vise à légiférer sur des grands axes afin de graver dans le marbre une « atténuation » collective de notre consommation carbonée.
Plus de diversité dans la méthanisation
Par capillarité, le déploiement indispensable des unités de méthanisation doit se diversifier en dehors de la récupérations des déchets agricoles. Comme récemment sur Laon, les eaux usées à travers les stations d’épurations, mais également la pyrogazéification où la chauffe des déchets à plus de 1000 degrés avec une faible quantité d’oxygène transforme en liquide des déchets secs (bois, pneumatiques…), idem avec la gazéification hydrothermale concernant les boues, résidus agroalimentaires, effluents agricoles et industriels, etc., et enfin la récupération des systèmes de cogénération. Ces systèmes additionnels de production de biométhane injecté (gaz vert) doivent contribuer au remplacement du système de chauffe au gaz naturel dans des dizaines de milliers de logements.
Le bâtiment durable est le plus accessible projet de décarbonation dans un futur proche et le système de chauffage devient de facto une donnée centrale. Le gaz vert a concrètement une carte à jouer, notamment dans les logements de l’arc minier. Une technicité, la méthanisation, une cible, l’habitat, une ligne d’arrivée, la réduction de la consommation énergétique… même verte ! En une phrase, atteindre des objectifs atteignables… !
Daniel Carlier
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