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Alliance OpenAI-Broadcom : c’est signé

OpenAI a officialisé un partenariat stratégique avec Broadcom pour concevoir et produire ses propres processeurs d’intelligence artificielle. L’information avait été révélé par la presse en septembre.

Selon le communiqué commun, OpenAI concevra ses propres accélérateurs IA, tandis que Broadcom assurera le développement, la production et l’intégration des systèmes matériels. Les deux entreprises co-développeront des « racks » complets combinant les puces OpenAI et les solutions réseau, optiques et PCIe de Broadcom.

Le déploiement commencera au second semestre 2026, pour une mise en service progressive jusqu’à fin 2029. L’objectif est d’atteindre une capacité totale de 10 gigawatts d’accélérateurs, soit une puissance comparable à la consommation électrique de plus de 8 millions de foyers américains.

La course aux infrastructures IA

OpenAI indique vouloir intégrer dans ces puces « les enseignements tirés du développement de ses modèles », afin d’optimiser les performances et l’efficacité énergétique de ses futurs systèmes. Cette approche illustre la volonté de l’entreprise de maîtriser l’ensemble de la chaîne technologique, du modèle logiciel jusqu’à l’infrastructure matérielle.

Avec Broadcom, OpenAI franchit une nouvelle étape en internalisant la conception de puces, rejoignant ainsi les géants du cloud tels que Google (Alphabet), Amazon ou Microsoft, qui ont développé leurs propres architectures (TPU, Graviton, Maia, etc.).

Cependant, cette stratégie reste incertaine. Plusieurs entreprises — dont Meta ou Microsoft — ont rencontré des difficultés techniques ou des retards dans la mise au point de leurs puces, sans parvenir à égaler les performances des GPU Nvidia. Les analystes estiment que la domination de Nvidia sur le marché de l’IA ne devrait pas être remise en cause à court terme.

Le communiqué précise que les systèmes développés pour OpenAI s’appuieront exclusivement sur les technologies réseau Ethernet de Broadcom, une alternative à la solution InfiniBand de Nvidia.  En septembre, Broadcom avait déjà révélé une commande de 10 milliards de dollars pour des puces IA destinées à un client anonyme, que plusieurs analystes soupçonnaient être OpenAI.

Une opération sans détails financiers

Ni OpenAI ni Broadcom n’ont divulgué le montant de l’investissement ni les modalités de financement. Le projet représente toutefois une montée en échelle considérable, impliquant la construction ou la modernisation de vastes infrastructures de calcul et de stockage d’énergie.

L’alliance permet à l’inventeur de ChatGPT de sécuriser sa puissance de calcul face à la pénurie mondiale de GPU, tout en optimisant les coûts par requête grâce à une intégration directe entre matériel et logiciel.

Si le succès du projet dépendra de la capacité des deux partenaires à livrer à temps des systèmes compétitifs et fiables, il confirme la tendance de fond : l’intelligence artificielle de prochaine génération reposera autant sur les avancées logicielles que sur la maîtrise de la puissance matérielle.

Avant Broadcom, OpenAI a conclu une série d’accords majeurs ces derniers mois, incluant un deal avec AMD pour la fourniture de 6 GW de capacités IA accompagné d’une option d’investissement dans le capital du fabricant, ainsi qu’un engagement de Nvidia, annoncé début octobre, d’investir jusqu’à 100 milliards $ et de fournir des systèmes de centres de données d’une puissance équivalente à 10 GW.

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Cyberattaque : Jaguar Land Rover redémarre après plus d’un mois de paralysie

Mercredi 8 octobre 2025, Jaguar Land Rover (JLR) a enfin pu reprendre sa production de véhicules au Royaume-Uni, tournant la page d’une cyberattaque dévastatrice qui aura paralysé le groupe pendant plus de six semaines. Les employés sont d’abord retournés à l’usine de production de moteurs de Wolverhampton ainsi qu’aux ateliers de découpage de Castle Bromwich, Halewood et Solihull.

Cette reprise demeure toutefois progressive. D’ici la fin de la semaine, le constructeur prévoit de redémarrer les chaînes de production des Range Rover et Range Rover Sport dans son site de Solihull. Les activités de fabrication en Slovaquie devraient suivre le même calendrier.

« Je tiens à remercier tous les collaborateurs de JLR pour leur engagement, leur travail acharné et les efforts déployés ces dernières semaines pour nous permettre d’en arriver là. Nous savons qu’il reste encore beaucoup à faire, mais notre reprise est bien engagée », s’est félicité le directeur général Adrian Mardell, exprimant le soulagement manifeste de toute la filière automobile britannique.

Un week-end qui a tout changé

L’incident s’est produit le week-end du 31 août, lorsque les systèmes de surveillance interne de JLR ont détecté un accès non autorisé à des infrastructures critiques. Dans une décision saluée par les experts en cybersécurité, l’entreprise a immédiatement mis hors ligne l’ensemble de ses systèmes pour limiter l’infiltration et prévenir un vol de données massif.

« Nous avons pris des mesures immédiates pour atténuer l’impact en fermant de manière proactive nos systèmes », a déclaré JLR dans sa communication officielle. « Nous travaillons maintenant à pleine vitesse pour redémarrer nos applications mondiales de manière contrôlée.»

Le timing ne pouvait être pire : l’attaque a coïncidé avec la sortie des nouvelles plaques d’immatriculation britanniques du 1er septembre, traditionnellement l’un des mois les plus importants pour les ventes automobiles au Royaume-Uni. Les conséquences ont été immédiates et brutales.

Les quatre grandes usines britanniques – Halewood (Merseyside), Solihull (West Midlands), Wolverhampton et Castle Bromwich – ont cessé leurs activités. Les opérations internationales en Slovaquie, en Chine, en Inde et au Brésil ont été également paralysées, créant un arrêt total de la production mondiale.

Le collectif « Scattered Lapsus$ Hunters » revendique l’attaque

La responsabilité de cette attaque a été revendiquée par un collectif de hackers appelé « Scattered Lapsus$ Hunters » (SLSH), un nom qui, selon les experts en cybersécurité, représente une fusion sans précédent de trois groupes cybercriminels notoires : Scattered Spider, Lapsus$ et ShinyHunters, les mêmes qui sévissent actuellement contre Red Hat et Salesforce.

La BBC a rapporté les revendications du groupe après avoir reçu des communications directes via des plateformes de messagerie cryptées. Pour prouver leur intrusion, les hackers ont partagé des captures d’écran prétendument prises depuis les réseaux informatiques internes de JLR, notamment des instructions de dépannage pour les systèmes de recharge des véhicules et des journaux informatiques internes.

SLSH n’en est pas à son coup d’essai. En mai dernier, des composantes de ce groupe ont été responsables d’attaques dévastatrices contre les géants de la distribution Marks & Spencer, Co-op et Harrods. L’attaque contre M&S, en particulier, avait causé une perte de 300 millions de livres (£) et perturbé les opérations pendant plus de quatre mois, fournissant un précédent inquiétant pour la durée potentielle de l’incident JLR.

Et aussi de son coût  vertigineux. Sur la durée totale de l’arrêt des unités de production, les pertes hebdomadaires ont atteint 50 millions de livres sterling (environ 57 millions €).

L’impact humain a été tout aussi sévère. Environ 33 000 employés de JLR au Royaume-Uni ont été contraints de rester chez eux, les ouvriers de production recevant leur salaire complet pendant la perturbation. Mais au-delà de la main-d’œuvre directe de JLR, ce sont quelque 6 000 travailleurs des partenaires de la chaîne d’approvisionnement  qui ont été temporairement licenciés en raison de l’arrêt de production.

Au-delà de la production, l’attaque a également perturbé les fonctions commerciales. Les concessionnaires à travers le Royaume-Uni n’ont pas pu immatriculer de nouveaux véhicules , empêchant effectivement la vente de voitures déjà terminées. Les garages de réparation et centres de service ont été contraints de revenir aux catalogues imprimés et aux systèmes manuels après avoir perdu l’accès au système électronique de commande de pièces de JLR.

L’industrie automobile, cible privilégiée des cybercriminels

L’attaque contre JLR s’inscrit dans une tendance inquiétante de cyberattaques ciblant l’industrie automobile mondiale. Les chercheurs en sécurité ont documenté plus de 735 incidents de cybersécurité significatifs visant directement des entreprises automobiles depuis 2023, le secteur ayant connu plus de 100 attaques par ransomware et 200 violations de données en 2024 seulement. Cela fait de la fabrication automobile l’industrie la plus attaquée au niveau mondial.

Parmi les incidents majeurs récents figurent l’attaque par ransomware BlackSuit contre CDK Global en juin 2024, qui a paralysé les systèmes logiciels utilisés par plus de 15 000 concessionnaires automobiles en Amérique du Nord. CDK aurait payé une rançon de 25 millions $ pour restaurer les services, avec des pertes totales d’interruption d’activité estimées à 1 milliard $.

La gravité de la cyberattaque a mobilisé la National Cyber Security Centre (NCSC) britannique : « Nous travaillons avec Jaguar Land Rover pour fournir un soutien en relation avec un incident.» Les forces de l’ordre, y compris la National Crime Agency, mènent une enquête approfondie sur la violation.

Une reprise prudente et méthodique

Les efforts de récupération de JLR ont été compliqués par la nécessité d’équilibrer rapidité et sécurité, en s’assurant que les systèmes ne sont pas seulement restaurés mais également correctement sécurisés contre de futures attaques. Des experts en cybersécurité ont salué l’approche méthodique de JLR, notant que se précipiter pour restaurer les systèmes sans validation de sécurité appropriée pourrait laisser l’entreprise vulnérable à des prochaines attaques.

Le retour à une production normale prendra encore du temps. Si le redémarrage progressif des usines marque un tournant encourageant, les équipes de JLR poursuivent leur enquête forensique et travaillent à renforcer leurs systèmes pour éviter qu’un tel scénario ne se reproduise. Pour le fleuron de l’automobile britannique, la priorité est désormais de rattraper le retard accumulé tout en restaurant la confiance de ses clients, employés et partenaires commerciaux dans sa capacité à protéger ses opérations contre des acteurs malveillants toujours plus audacieux.

Des questions se posent aussi sur les investissements en cybersécurité de JLR, malgré des dépenses importantes en transformation numérique. En 2023, l’entreprise avait signé un contrat de cinq ans d’une valeur de 800 millions de livres avec Tata Consultancy Services (TCS) pour fournir un soutien en cybersécurité et informatique.

Face à l’ampleur de la catastrophe, le gouvernement britannique a accordé une garantie de prêt de 1,5 milliard de livres sterling (environ 1,7 milliard €) visant à préserver l’avenir du constructeur et de toute la filière automobile. Jaguar Land Rover a également obtenu une ligne de crédit d’urgence de 2 milliards de livres sterling (environ 2,3 milliards €) auprès d’un consortium bancaire.

Conscient des difficultés financières de ses partenaires durant cette longue interruption, le constructeur a par ailleurs préparé un plan de soutien de 500 millions de livres sterling (environ 576 millions d’euros) destiné à ses principaux fournisseurs.

Photo : © JLR

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IA et datacenters : le constat climatique alarmant du Shift Project

Le développement de l’IA est-il compatible avec la protection de l’environnement. En l’état, on sait à force de d’études et de projections, que la réponse est négative.

Entre promesses d’innovation et réalité de l’empreinte carbone, Le Shift Project, aka « Le think tank de la décarbonation de l’économie », en remet une couche pour alerter sur une trajectoire insoutenable.

Selon son rapport * fraichement publié , les centres de données mondiaux suivent une trajectoire énergétique et climatique alarmante. Sans changement majeur, leurs émissions de gaz à effet de serre pourraient atteindre entre 630 et 920 MtCO₂e en 2030, soit jusqu’à deux fois les émissions totales de la France. Cette augmentation représenterait 2,5 fois les émissions de 2020, avec un taux de croissance annuel de 9%.

La consommation électrique des centres de données est passée de 120 TWh en 2005 à 420 TWh en 2024. Les projections indiquent qu’elle pourrait atteindre 1 250 à 1 500 TWh en 2030, soit une multiplication par 2,3 à 2,8 en sept ans.

Une croissance accélérée qui rend caduque l’objectif climatique affiché par du secteur : une réduction de 45% des émissions entre 2020 et 2030.

L’IA générative, moteur principal de la demande

L’l’IA générative est le facteur déterminant de cette explosion énergétique. Entre 2025 et 2030, elle pourrait représenter jusqu’à 94% de la consommation électrique de l’IA, contre 62% en 2025. La phase d’inférence (utilisation des modèles) compte pour 47 points de cette augmentation.

Selon les données du Shift Project, les modèles d’IA générative consomment entre 50 et 25 000 fois plus d’énergie que les modèles d’apprentissage traditionnels pour une tâche équivalente. Par exemple, la génération d’images nécessite 50 à 100 fois plus d’énergie que la génération de texte.

Un recours massif aux énergies fossiles

Face à la rapidité de la demande, les acteurs de l’IA  – éditeurs de LLM et fournisseurs d’infrastructures – se tournent vers les combustibles fossiles. Aux États-Unis, 85 installations de production d’électricité au gaz sont en développement pour les centres de données. Le centre Colossus de xAI dispose de 400 MW de générateurs au gaz naturel, tandis que Meta prévoit trois centrales à gaz totalisant 2,3 GW.

Les réseaux électriques du sud-est des États-Unis planifient l’ajout de 20 GW de capacités au gaz naturel, représentant jusqu’à 80 MtCO₂e d’émissions annuelles. Entre 2024 et 2030, l’Agence internationale de l’énergie estime que 3,3 GW de gaz et 1,5 GW de charbon seront ajoutés annuellement pour alimenter les centres de données.

L’Europe et la France sous pression

En Europe, la consommation électrique des centres de données pourrait passer de 97 TWh en 2023 à 165-200 TWh en 2030, représentant environ 7,5% de la production d’électricité européenne en 2035. Cette augmentation de plus de 200 TWh équivaut à la moitié de la réduction prévue de la production d’électricité à partir de gaz.

L’Irlande illustre concrètement cette tension : les centres de données y consomment déjà plus de 20% de l’électricité disponible, dépassant la consommation résidentielle urbaine. En 2021, le gestionnaire de réseau EirGrid a annoncé un moratoire de facto sur les nouvelles implantations jusqu’en 2028 dans la région de Dublin.

En France, RTE a identifié 25,5 GW de demandes en cours d’instruction pour des centres de données, dont 10 GW au stade de proposition technique. La consommation pourrait atteindre 33 à 45 TWh en 2035, soit 5,5 à 7,5% de la consommation électrique nationale projetée. Cette augmentation représenterait entre 15% et 23% de l’électricité supplémentaire prévue pour l’ensemble des usages.

Des impacts locaux multiples

Au-delà de l’énergie, les centres de données exercent une pression sur les ressources en eau. Selon Nature Finance, 45% des centres de données mondiaux sont situés dans des bassins fluviaux où la disponibilité de l’eau présente un risque élevé. À Marseille, certains centres utilisent de l’eau potable pour le refroidissement via le système de « river-cooling ».

L’empreinte carbone de la fabrication représente environ 25% de l’impact total des centres de données au niveau mondial. Pour les serveurs accélérés dédiés à l’IA, les composants électroniques (mémoire, processeurs, circuits intégrés) constituent entre 70% et 90% de l’empreinte carbone de fabrication. Cette proportion augmente avec la décarbonation de l’électricité.

Une absence de trajectoire de décarbonation

Pour respecter l’objectif d’une réduction de 90% des émissions entre 2020 et 2050, la consommation des centres de données en France devrait être limitée à environ 40 TWh en 2050, selon le rapport. Or, les tendances actuelles prévoient un dépassement de ce seuil dès 2035.

Le Shift Project identifie un plafond de consommation électrique au-delà duquel les objectifs climatiques deviennent inatteignables. Dans un scénario optimiste de décarbonation énergétique, ce plafond se situe autour de 950 TWh au niveau mondial en 2050. Dans un scénario moins favorable, il descendrait à 200 TWh.

Mais le secteur manque actuellement de mécanismes de pilotage. L’absence d’objectifs carbone contraignants pour la filière, le manque de transparence sur les consommations réelles et les délais de construction (6 mois à 5 ans) figent les capacités bien avant leur utilisation effective.

Recommandations pour une transition maîtrisée

Le Shift Project formule vingt recommandations structurées autour de quatre axes. Sur la transparence, il préconise un suivi public trimestriel des consommations et des demandes de raccordement, ainsi que l’obligation pour les fournisseurs de communiquer l’empreinte énergétique de leurs services.

En matière d’optimisation, le rapport recommande de privilégier les IA spécialisées plutôt que généralistes, et de concentrer la recherche sur des solutions efficaces et peu gourmandes en ressources. Le référentiel AFNOR pour l’IA frugale, présenté en septembre dernier, devrait être intégré aux politiques d’achat public.

Sur la sobriété, le rapport appelle à construire une trajectoire contraignante pour le numérique dans la stratégie nationale bas-carbone (la feuille de route de la France pour lutter contre le changement climatique), avec des plafonds de ressources consommables. Le déploiement de nouveaux centres devrait être conditionné à la compatibilité avec cette trajectoire, avec possibilité de moratoires en cas de dérive.

Enfin, sur la formation, le rapport insiste sur le maintien des ressources dédiées aux enjeux énergie-climat, sans les réorienter vers des formations sur l’IA. Un débat public informé sur la place du numérique dans la société doit être organisé, impliquant l’ensemble des parties prenantes.

Conclusion du Shift Project : l’ampleur des transformations nécessaires impose de mobiliser simultanément les leviers technologiques, organisationnels et politiques. Sans cette approche systémique, les objectifs de décarbonation resteront hors d’atteinte.

* Rapport : Intelligence artificielle, données, calculs – quelles infrastructures dans un monde décarboné ?

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