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Le créateur de Mastodon se casse de sa propre plateforme (et je le comprends)

Hé bien voilà, c’est officiel ! Eugen Rochko, le créateur de Mastodon, quitte son poste de CEO avec un chèque d’un million d’euros et un soupir aussi profond que la Fosse des Mariannes. Et franchement, on peut pas lui en vouloir.

Dans son annonce, Rochko explique que “les deux dernières années ont été particulièrement difficiles” et que sa santé mentale et physique en a pris un coup. Il mentionne notamment une interaction “particulièrement difficile” avec un utilisateur l’été dernier qui l’a vraiment poussé à reconsidérer son rôle.

Quand le mec qui a créé un réseau social se barre de ce même réseau social à cause de la toxicité de ses utilisateurs, je pense qu’on peut officiellement déclarer le web social complétement mort.

Ça confirme totalement mon choix de m’être cassé de ces trous à merde parce que de ce que je lis dans cet article et de ma propre expérience, Mastodon ne vaut finalement pas mieux que X ou Facebook en matière de faune toxique. C’est dommage parce qu’à la base, l’idée du Fediverse c’était justement d’échapper à ça. Mais bon, mettez des humains ensemble sur Internet et attendez cinq minutes, vous obtiendrez invariablement un zoo où les animaux se lancent leurs excréments à la figure.

Pour rappel, Mastodon avait connu son heure de gloire après le rachat de Twitter par Elon Musk, atteignant un pic de 2,5 millions d’utilisateurs mensuels actifs. Mais aujourd’hui, ils ne sont plus qu’environ 750 000. C’est quand même une chute de 70% ! J’ai l’impression que les gens sont partis aussi vite qu’ils étaient venus, probablement fatigués de se faire engueuler parce que “insérez ici n’importe quoi pourvu que ça permette de beugler publiquement”.

Matthew Hodgson, le fondateur de Matrix / Element, résume également la situation en expliquant que les utilisateurs de ces plateformes décentralisées attendent qu’elles les “sauvent du paysage dystopique insupportable” des réseaux sociaux centralisés, sauf que spoiler alert, le problème ce n’est pas uniquement les plateformes… ce sont aussi les gens dessus. Vous pouvez décentraliser tant que vous voulez, si les utilisateurs sont des connards toxiques ou des victimes du syndrome de Stockholm accros à leur dose quotidienne de drama, ça ne changera rien.

Rochko va donc passer à un rôle consultatif le temps d’une transition de deux à trois mois et c’est le conseil d’administration de Mastodon, qui inclut Biz Stone (co-fondateur de Twitter, ça ne s’invente pas..), qui supervisera la suite. Je leur souhaite bon courage pour trouver quelqu’un d’assez maso pour reprendre le flambeau ^^.

Alors c’est vrai qu’échanger avec des gens normaux sans se faire agresser pour rien, ça me manque parfois, c’est vrai. Mais heureusement, j’ai mon Discord rempli de gens cools et mon Patreon qui est le temple de la bienveillance. Ce sont des endroits où on peut encore discuter sans qu’un random débarque pour m’expliquer que je suis un monstre pour avoir écrit tel ou tel article ou parce que j’ai mis de l’ananas sur ma pizza.

Et c’est normal car y’a pas de cour devant laquelle se faire mousser pour faire grimper son klout ^^.

M’enfin, bon courage à Eugen Rochko… je pense qu’il a fait le bon choix et avec son million d’euros, il va pouvoir s’offrir une belle thérapie et peut-être même des vacances dans un endroit sans WiFi. Le web social a certes été tué par les algorithmes mais surtout par ses propres utilisateurs qui ont complétement vrillés (les autres sont partis).

Sur ce, je retourne sur mes réseaux chillax et je vous souhaite une excellente soirée !

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Vous avez 18 mois avant de devenir complètement cons

Ce matin, je suis tombé sur cet article de Derek Thompson, journaliste chez The Argument, titré “ Vous avez 18 mois ”. Ça a évidemment attiré ma curiosité donc j’ai lu l’article et son message est sans appel : Le vrai danger de l’IA, c’est pas qu’elle nous remplace. C’est qu’on arrête de penser par nous-mêmes.

Car oui, les chiffres sont là, et ils font peur. Les scores de lecture aux États-Unis sont au plus bas depuis 32 ans selon le Nation’s Report Card de janvier 2025 . La lecture de livres pour le plaisir a ainsi chuté de 40% depuis les années 2000. Des étudiants arrivent dans des universités d’élite sans avoir jamais lu un livre en entier et apparemment, personne ne s’en inquiète vraiment, car tout le monde (moi y compris) est trop occupé à demander à ChatGPT de résumer les trucs qu’on devrait lire avec nos cerveaux.

Derek compare la lecture et l’écriture à la potion magique qui nous permet d’accéder à la pensée symbolique profonde . En gros, lire et écrire, c’est pas juste des compétences, c’est aussi ce qui nous permet de penser profondément. Et on est en train de jeter ce super pouvoir aux orties parce que c’est plus rapide de demander à une IA de faire le boulot à notre place.

Le truc, c’est que notre cerveau, c’est comme un muscle. Si on arrête de le faire bosser, il s’atrophie. Et avec les IA (et dans une moindre mesure avec les réseaux sociaux vidéo, genre TikTok), c’est exactement ce qu’on est en train de faire. On lui retire tous les exercices difficiles…

Lire un bouquin de 300 pages ? Pffff, trop long, on demande un résumé à l’IA. Écrire un texte argumenté ? Pffff, trop chiant, on le fait générer par ChatGPT. Réfléchir à un problème complexe ? Pfff, trop fatigant, on compte sur Macron pour nous le résoudre ou on balance la question à Claude.

Et le pire, c’est qu’on le fait consciemment. En tout cas, personnellement, j’en ai conscience et donc en ce moment je me suis remis un peu à la lecture pour essayer de conserver une bonne hygiène niveau matière grise. Comme moi, vous savez donc probablement qu’on est tous en train de se ramollir le cerveau, mais on continue parce que c’est tellement plus confortable. C’est la culture de l’optimisation poussée à l’extrême. On optimise notre code, nos workflows, notre vie… et maintenant on optimise notre cerveau pour qu’il en fasse le moins possible. De l’efficacité à court terme, mais un suicide cognitif à long terme.

Et ce qu’annonce Derek c’est que dans 18 mois, les IA auront peut-être notre niveau actuel de réflexion. Mais nous, on aura quel niveau ? Ce sont elles qui vont s’améliorer ou nous qui allons régresser pour nous mettre à leur niveau ?

Thompson parle de “deskilling” cognitif… On se déqualifie nous-mêmes. C’est comme si on allait à la salle de sport et qu’on demandait à quelqu’un d’autre de faire nos pompes. Et son parallèle avec la révolution industrielle est plutôt juste je trouve… Au XIXe siècle, les machines ont remplacé nos muscles. Les ouvriers qui faisaient des tâches physiques complexes ont été remplacés par des machines plus rapides et résultats, nos corps se sont atrophiés. On est physiquement plus faibles que nos ancêtres, c’est un fait et maintenant, ce même schéma se reproduit avec notre cerveau. L’IA remplace nos muscles mentaux, avec le même risque d’atrophie sauf que cette fois, c’est notre intelligence qu’on sacrifie sur l’autel de l’efficacité !

Il y a aussi un truc que personne ne dit, c’est l’IA conversationnelle, c’est une drogue cognitive. Ça a le même schéma addictif que les réseaux sociaux à savoir une réponse instantanée, une gratification immédiate, zéro effort. Tranquille mimil, sauf que les réseaux sociaux nous volaient notre temps alors que l’IA est en train de nous voler notre capacité à penser. On croit devenir plus productif, alors que finalement, on devient plus dépendant.

Alors que faire ? Derek ne propose pas de solution miracle, mais il a raison sur un point : Il faut voir la lecture et l’écriture comme du fitness mental.

Je ne pense pas qu’il faille boycotter l’IA comme tous ceux qui en ont peur et la diabolisent actuellement, car elle peut apporter beaucoup. Mais il faut apprendre à l’utiliser correctement, tout en préservant son hygiène mentale, sa pensée critique et son goût de l’effort.

Comme pour le sport, il faut donc s’entrainer, faire travailler notre cerveau, non seulement en lisant des livres, les articles de Korben.info ^^…etc. Mais aussi en écrivant pour générer une réflexion et des arguments qui souvent arrivent non pas avant, mais pendant le process d’écriture. Et je pense que c’est pareil pour les dev qui “vibe code”. C’est bien ça fait gagner du temps, mais si on veut conserver cette réflexion propre au code, il faut continuer au moins à lire et à comprendre ce code, et continuer à explorer des chemins de pensée profonde .

C’est chiant, c’est lent, c’est inconfortable, mais c’est le seul moyen de garder un cerveau fonctionnel.

Le vrai luxe de demain, ce ne sera plus d’avoir accès à l’IA, car tout le monde l’aura. Non, le vrai luxe, ce sera d’avoir encore un cerveau capable de penser en profondeur. Et ça, ça se bosse les amis !

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