« Oui, nous utilisons AWS » : Signal poussé à justifier son choix
Signal repose en partie sur AWS… et cela en a surpris beaucoup.
Meredith Whittaker le constate et s’en étonne. La présidente de la Fondation Signal s’en inquiète même : et si la concentration du pouvoir dans les mains de quelques hyperscalers était moins perçue qu’elle ne le pensait ?
Que la panne AWS soit « une leçon »
« Pourquoi Signal utilise-t-il AWS ? » n’est pas la question, poursuit l’intéressée. Il faut mesurer ce que toute plate-forme globale de communication en temps réel exige en matière d’infrastructure. La voix et la vidéo, en particulier, requièrent une architecture complexe pour gérer gigue et perte de paquets. Ces choses-là, AWS, Azure et GCP les fournissent à grande échelle. Pas les autres, tout du moins dans un contexte occidental.
Une telle infrastructure coûte des milliards à provisionner et à maintenir, en plus d’être largement amortissable, fait remarquer Meredith Whittaker. C’est pourquoi « presque tous ceux qui gèrent un service temps réel » (elle mentionne Mastodon, X et Palantir) s’appuient au moins en partie sur ces sociétés.
« Même si on avait les milliards pour, ce n’est pas qu’une question d’argent« , ajoute-t-elle. L’expertise est rare. Et très concentrée. D’ailleurs, l’outillage, les playbooks et le langage même du SRE moderne émanent des hyperscalers.
Dans la pratique, 3 ou 4 acteurs ont la main sur l’entièreté de la stack, résume M. Whittaker. Dans ces conditions, Signal « fait au possible » pour garantir une intégrité dans l’écosystème où il se trouve, grâce à du chiffrement de bout en bout.
La panne AWS, sera espère-t-elle, une leçon ; une mise en lumière des risques que suppose la « concentration du système nerveux de notre monde dans les mains de quelques acteurs ».
Signal sur AWS : une publicité limitée
Jusque-là, Signal n’avait pas fait grande publicité de son utilisation d’AWS.
On en trouve quelques traces sur son GitHub. Entre autres dans un ticket ouvert début 2021.
Dans une période d’exode marqué vers Signal, un utilisateur qui cherchait à migrer depuis WhatsApp s’était plaint d’un bug avec les liens servant à rejoindre un groupe.
« N’est-ce pas possible de monter en charge ?« , avait demandé un autre utilisateur, croyant savoir que Signal utilisait AWS. Un des contributeurs au projet le lui avait confirmé.
CloudFront, utilisé pendant un temps pour contourner la censure
AWS est aussi apparu à quelques reprises sur le blog de Signal. Notamment en 2018, dans le cadre d’une mise au point sur le domain fronting.
Cette technique, fonctionnant au niveau de la couche application, est traditionnellement utilisée pour contourner la censure. Elle permet de se connecter par HTTPS à un service interdit, tout en paraissant communiquer avec un site différent.
Pour la mettre en œuvre, Signal s’est, pendant un temps, appuyé sur Google App Engine, profitant du fait que couche de terminaison TLS était séparée de celle traitant les requêtes. Il l’a appliqué en Égypte, à Oman, au Qatar et aux Émirats arabes unis. Pour continuer à bloquer Signal, ces pays auraient dû bloquer google.com. Un pas qu’ils n’ont pas franchi.
La situation fut différente pour l’Iran. En application des sanctions américaines, Google n’autorisait pas le traitement, dans App Engine, de requêtes issues de ce pays. Mis sous pression pour lever cette interdiction, il avait, au contraire, fermé la porte au domain fronting au niveau mondial.
Signal s’était alors rabattu sur CloudFront, qui hébergeait quelques-uns des domaines les plus populaires (top 100 Alexa) dans les régions en question. Le projet étant open source, Amazon avait fini par avoir vent de la bascule… et avait rapidement fermé lui aussi les vannes du domain fronting.
Illustration générée par IA
The post « Oui, nous utilisons AWS » : Signal poussé à justifier son choix appeared first on Silicon.fr.
