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Radio associative sous la menace d’une guillotine budgétaire

24 octobre 2024 à 05:00

Amendement de 12 millions supplémentaires voté… en Commission ce mercredi 23 octobre 

L’existence des radios libres remonte au XXème siècle à travers le choix audacieux de François Mitterand. Entre 1981 et 1983, les radios libres ont fleuri comme les bourgeons au printemps tant l’envie de monter le son était forte dans la population française et de par le monde. La libéralisation des ondes est incontestablement un pas en avant décisif dans l’ouverture d’une information de proximité, près de chez soi. Après la fin du seul canal de l’ORTF pour l’image, l’ouverture des ondes privées a été une révolution structurelle et sociale majeure. Voulons-nous collectivement revenir en arrière ?

En 2024, les deux syndicats représentatifs des radios associatives, le SNRL [Syndicat National des Radios Libres] et la CNRA [Confédération Nationale des Radios Associatives] pèsent à 770 le nombre de radios libres associatives en France avec près de 3 000 emplois directs. Leur exercice est très encadré, maximum 20% de publicités dans le budget et le reste en subventions ou dons diverses. Dans ce cadre précis, la mission de communication sociale et de proximité d’une radio libre associative est ancrée dans notre inconscient collectif au coin de la rue. L’impact potentiel serait à un niveau jamais atteint pour la liberté d’expression du Français de la rue, celui que jamais un média national ne va interroger ou si peu à travers des micro trottoirs si peu fiables. D’ailleurs, les syndicats évoquent tout simplement un symbole très français, celui de la Terreur et de sa « guillotine ». 

Amendement en mode survie parlementaire… !

En effet, dans le projet de budget 2025, une réduction de 35% du FSER est dans les tuyaux, en chiffres une baisse de 10,4 millions d’euros pour l’ensemble des 770 radios (source SNRL) associatives en France.

Au cours des premiers échanges de la Commission des Affaires culturelles, Rachida Dati, la Ministre de la Culture, semble « vouloir soutenir les radios associatives » déclare Joris très attentif à ces échanges parlementaires. Dans la foulée, le soutien affiché par de nombreux députés, sur l’ensemble du paysage parlementaire, a débouché sur le vote d’un amendement de 12 millions d’euros supplémentaires pour le FSER, donc un retour au budget 2024 en résumé. 

Les syndicats se félicitent de cette première étape, mais nous l’avons vu sur le volet recettes, la commission et le retour dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale sont deux choses différentes, deux espaces de vie parlementaire, deux ambiances ! Enfin, un amendement voté dans l’hémicycle ne présage en rien du vote final, et de l’usage du 49.3 par Michel Barnier souhaitant conserver une cohérence globale de son budget initial.

Rien n’est donc gravé dans le marbre à ce stade et la copie budgétaire est à ce jour un bombardement massif du tissu radiophonique de proximité. Si les recettes devraient connaître un vote pour le mardi 29 octobre, puis un transfert vers le Sénat, voire un 49.3…, le débat sur les dépenses sera encore plus électrique au sein de l’Assemblée nationale, car aucun parti politique dans l’hémicycle ne veut endosser le costume du « cost-killer » !

Quelle est la traduction concrète dans l’arrondissement du Valenciennois ? Une effet, la seule radio libre associative, avec Radio Condé-Macou, est Radio Club à Wallers, membre des deux syndicats sus-nommés. 

« Cette baisse représente un salarié en moins », Isabelle, la trésorière de Radio Club

Très simple à comprendre, sur un budget de 86 000 euros de subventions, dont 55 000 euros de l’Etat plus un soutien quinquennal à l’achat du matériel, à la fois sur le fonctionnement et des engagements de couverture thématique comme la culture, l’éducation, la discrimination, l’environnement, et l’inclusion, Radio Club serait amputée de 22 000 €. « Cette baisse représente un salarié en moins (sur 4,5 ETP) », explique Isabelle, la trésorière de cette radio de proximité. « Beaucoup de radios associatives n’ont qu’un seul salarié. C’est la fin assurée ! », ajoute Joris. 

Pourtant, cette structure sait prendre des risques et s’adapter à son temps, malgré ses 43 ans d’âge. « Nous avons embauché un service civique pour l’EMI (Education Média et Information) dans les établissements scolaires, un dispositif soutenu par la DRAC Hauts de France », commente Isabelle. « Cette baisse (présumée) est un coup de pied à notre histoire de radio associative », indique Maxime, l’animateur de Radio Club sur ledit dispositif EMI.

« C’est une famille », Fernand 

Uniquement composée de bénévoles à ses débuts, Radio Club a eu longtemps un seul salarié, puis chemin faisant la prise de risques sur plusieurs axes. « Nous sommes passés entre 2017 et 2024 à 4,5 Equivalent Temps Plein, et notamment en embauchant des jeunes », poursuit Isabelle. 

Pour autant, Radio Club demeure profondément une radio familiale.« C’est une famille », lance le fondateur Fernand. « Nous sommes à la fois une radio en milieu rural (Wallers) et urbain. Une radio associative est un lien social ! », poursuit Joris. « De plus, Radio Club « est située dans un quartier Politique de la Ville, c’est très important », conclut Isabelle.

Et comme à chaque fois, le grand public va peut-être se rendre compte de cette lame de fond budgétaire face à une menace concrète, celle de la disparition de leur radio locale, ce média « du dernier kilomètre ». Le plus tragique est que les mêmes décideurs budgétaires vont s’alarmer de l’insupportable hégémonie des réseaux sociaux et de sa cohorte de Fakenews, cherchez l’erreur !

Daniel Carlier

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