Vue normale

Reçu avant avant-hier

Un serveur musical pour mon salon

Aujourd’hui, on va mettre en place un serveur musical pilotable à distance en utilisant MPD. Il sera notamment capable de jouer de la musique stockée dessus ou des radios Internet. Il sera aussi capable de se comporter comme une enceinte Bluetooth.

On va parler de récup de vieux matos, de Debian, MPD, PipeWire, Samba, d’agent Bluetooth, de systemd (-analyze, -logind), de Powertop et de vbetool.

Serveur musical - les clients MPD se connectent à MPD, les clients Bluetooth peuvent jouer de la musique, les clients SMB peuvent envoyer des fichier, et le serveur est relié à des enceintes en Jack

Cet article au ton très « administration système » s’adresse à :

  • des gens qui voudraient mettre en place un système plus ou moins similaire, même pour faire autre chose dans le même esprit (en mode tutoriel) ;
  • des gens qui aiment les détails techniques et voir les trucs cools qu’on peut faire avec les logiciels libres ;
  • toute autre personne curieuse pour d’autres raisons.

Il est probablement trop technique pour quelqu’un qui ne manipule pas la ligne de commande, qui pourra peut-être malgré tout, avec suffisamment de motivation, se laisser porter par la démarche.

Sommaire

Introduction

Note de lecture : cette dépêche est très détaillée, je vous conseille de passer les sections qui vous intéressent moins.

Motivation

Dans mon salon, j’ai des petites enceintes toutes bêtes qui sonnent plutôt bien. Mettre de la musique implique de s’embêter à brancher un ordinateur, sur lequel je suis le seul avoir le contrôle. Ce serait bien d’avoir un système prêt à l’emploi et que tout le monde peut contrôler.

Objectifs

  • Pas d’achat : on fait avec de la récup
  • Peu gourmand en énergie
  • Silencieux (à part la musique, bien sûr)
  • Facile à utiliser pour une personne non technique
  • Pouvoir mettre de la musique sans que ça soit pénible, en utilisant ma bibliothèque musicale locale, ou des radios internet
  • Pouvoir laisser n’importe qui se connecter en Bluetooth et lancer sa propre musique

Nous allons, ensemble, remplir ces objectifs. On va rentrer dans les détails, qui peuvent être utiles dans d’autres applications, et parce que je sais que certaines personnes ici aiment ça, bande de geeks :-)

Matériel à disposition

  • des enceintes parfaitement fonctionnelles mais sans fonctionnalité Bluetooth
  • un appareil style netbook du début des années 2010 (dans mon cas, c’est une vieille tablette Airis Kira Slimpad plus vraiment adaptée au web moderne, dotée d’un processeur Intel Atom un peu lent, d’un peu de stockage assez lent, d’un Wifi plutôt lent, du Bluetooth, d’1 Giga de mémoire vive)

Note sur les interférences Wifi et Bluetooth. Le Wifi de cette tablette est en 2,4 GHz, pareil que le Bluetooth. Tout échange wifi cause des perturbations sur le Bluetooth et tout transfert intensif rend le Bluetooth inutilisable. Du grand classique. Un Wifi 5, 6 ou 7 aurait été appréciable. Il serait possible d’utiliser une carte Wifi USB, mais je n’en ai pas donc on fera sans.

Ce qu’on va faire dans les grandes lignes

  • Installer une Debian minimale
  • La configurer pour qu’elle soit accessible par le réseau, la plus rapide et légère possible en utilisation mémoire, en temps de démarrage et en consommation énergétique
  • Installer et configurer MPD
  • Installer et configurer Samba
  • Configurer en mode « enceinte Bluetooth »

Installation standard minimaliste de Debian

Par souci de concision, on ne va pas détailler l’installation de Debian, il existe d’autres ressources au besoin.

En résumé :

  • Debian classique en 32 bits (ça consomme moins de mémoire que du 64 bits)
  • j’ai laissé l’installateur faire le partitionnement (une partition principale en ext4, et une partition swap de 1G)
  • j’ai ajouté l’option noatime sur la partition principale pour éviter d’écrire inutilement lors des accès, ce qui use le SSD et ralentit le système (d’autant que le SSD est lent)
  • lors de l’étape Tasksel, choisir console, serveur ssh et utilitaires standard, et en particulier pas d’environnement de bureau
  • on installe sudo et on ajoute l’utilisateur au groupe sudo, ou alors on se donne accès à root en ssh avec une clé SSH
  • on installe iwd (le remplaçant moderne de wpa_supplicant, supposé plus performant et plus stable permettant également de se passer de NetworkManager assez facilement) et on connecte l’appareil en wifi avec
  • on identifie et désactive ou on désinstalle le superflu avec systemd-analyze critical-chain et systemd-analyze blame (typiquement, si vous avez installé NetworkManager, ModemManager a peut-être été installé alors que vous n’avez pas de modem à gérer)
  • on peut configurer le menu de Grub pour moins attendre au démarrage

Note : sur cette tablette, l’installateur Debian n’arrive pas à se connecter en Wifi, j’ai donc utilisé la version DVD (le premier suffit).

Gains énergétiques potentiels

Éteindre l’écran

L’écran est potentiellement une des plus grosses sources de consommation électrique. On n’en a pas besoin, donc on va l’éteindre au démarrage et à la sortie de veille.

Pour cela, on va installer vbetool (sources : outils pour éteindre l’écran, lancer une commande au démarrage, lancer une commande après la veille):

sudo apt install vbetool
cat << EOF | sudo tee /etc/systemd/system/screenoff.service
[Unit]
Description=Screen off
After=suspend.target

[Service]
ExecStart=vbetool dpms off

[Install]
WantedBy=multi-user.target suspend.target
EOF

Attention : ça peut compliquer grandement l’usage de l’appareil, on peut vouloir appliquer un délai avant extinction pour se faciliter la vie.

Powertop pour améliorer la consommation électrique

Powertop permet de voir ce qui utilise le CPU et les diverses ressources, et d’ajuster un peu les paramètres de mise en veille de différents périphériques.

On va l’installer :

sudo apt install powertop

Ensuite, ça peut être cool de lancer l’outil pour constater un peu ce qui tourne et consomme des ressources, de se déplacer dans les onglets, et de tenter des trucs dans l’onglet « Tunables » :

sudo powertop

Si passer tout à Good ne cause pas de problème d’instabilité évidente, alors on peut appliquer la configuration de Powertop à chaque démarrage (source) :

cat << EOF | sudo tee /etc/systemd/system/powertop.service
[Unit]
Description=PowerTOP auto tune

[Service]
Type=oneshot
Environment="TERM=dumb"
RemainAfterExit=true
ExecStart=/usr/sbin/powertop --auto-tune

[Install]
WantedBy=multi-user.target
EOF

systemctl daemon-reload
systemctl enable powertop.service

Sinon, il y a des solutions mentionnées dans la source pour désactiver certains changements (si vous observez des dysfonctionnements avec certains périphériques par exemple, et notamment si vous avez des problèmes de Wifi ou Bluetooth)

Perso, je sais que sur cette tablette, passer tout à Good fait (faisait il y a 10 ans en tout cas) qu’après un délai la première frappe sur le clavier ou le premier clic de la souris était ignoré, et aussi était nécessaire pour réveiller l’USB – clairement je m’en fiche ici, mais si votre wifi ou votre Bluetooth est en USB et que les paramètres causent une extinction après un délai, clairement ce n’est pas bon).

Bonus : Configurer le bouton power pour mettre en veille

Sur ma tablette, un appui court sur le bouton power éteint la tablette (et ensuite on la rallume en appuyant 3 longues secondes). Si on souhaite qu’un appui court mette en veille l’appareil et un appui long l’éteigne, comme ça on fait un compromis énergétique supposément raisonnable pour rendre l’ensemble un poil plus pratique, c’est facile avec systemd.

Ajoutez ces deux lignes au fichier /etc/systemd/logind.conf :

HandlePowerKey=suspend
HandlePowerKeyLongPress=poweroff

Rechargez les paramètres :

sudo systemctl restart systemd-logind

MPD : Music Player Deamon

Ok, passons au cœur du sujet : mpd.

Késako

Simplement, c’est un lecteur de musique pilotable à distance qui est capable de :

  • lire de la musique que vous mettez dans son dossier de travail ;
  • lire des playlists que vous mettez dans son dossier de travail ;
  • lire des flux radio, qui sont par exemple définis dans des playlists.

Entre autres.

Certains clients MPD, comme Cantata (une application Qt5 plus ou moins abandonnée mais encore dans les dépôts), sont même capables de lire de la musique sur votre serveur MPD que vous avez localement sur votre ordinateur, ou de gérer les playlists. Ça rend d’ailleurs la constitution de playlists vaguement confortable. Vous n’avez pas besoin d’écrire des playlists M3U à la main, quoi.

Les avantages sont multiples :

  • c’est méga léger, une machine épuisée peut faire tourner MPD à l’aise
  • si vous lisez la musique stockée sur le serveur, le réseau n’est pas engorgé
  • on peut être plusieurs à contrôler la musique, ce n’est pas une personne qui contrôle tout, et on peut le faire depuis le canapé
  • il existe toute une flopée de clients, il y en a pour tous les goûts pourvu que vous aimiez les logiciels abandonnés ou en ligne de commande / en ncurses (ouais, c’est quand même un problème que j’identifie et qui a largement retardé mon adoption de MPD)
    • les gens non techniques apprécieront les applications mobiles telles que M.A.L.P pour gérer la musique et le volume sonore.

C’est parti pour l’installation

sudo apt install mpd

On va modifier sa configuration :

sudo nano /etc/mpd.conf

On peut laisser les paramètres par défaut suivants :

music_directory         "/var/lib/mpd/music"
playlist_directory              "/var/lib/mpd/playlists"

Vous l’aurez compris, c’est là où on stocke les musiques et les playlists. Dans la section suivante, on verra comment rendre le dépôt de morceaux simple et convivial.

On va laisser la plupart des autres paramètres par défaut.

On va changer bind_to_address, qui est par défaut à localhost, mais on veut que n’importe quel appareil sur le réseau soit capable de s'y connecter. On va aussi explicitement mettre le port à la valeur par défaut (ce n’est probablement pas nécessaire, mais c’est ce que j’ai fait) :

bind_to_address                 "0.0.0.0"
port                            "6600"

On veut aussi que quand des fichiers sont changés dans les dossiers music et playlists, mpd se mette à jour tout seul pour ne pas avoir à le baby-sitter :

auto_update     "yes"

J’ai tenté d’activer zeroconf pour que les clients MPD puissent le trouver tout seul :

zeroconf_enabled                "yes"
zeroconf_name                   "Music Player @ %h"

Mais en vrai, je n’ai pas réussi à faire fonctionner ça. En tout cas, un prérequis est d’avoir installé et activé avahi-daemon, on verra ça plus tard dans la partie Samba du coup.

Vous aurez peut-être envie de mettre un mot de passe voire de changer les permissions par défaut en décommentant et adaptant les paramètres suivants, mais c’est optionnel :

#password                        "password@read,add,control,admin"

#default_permissions             "read,add,control,admin"

Ensuite, la partie critique, la sortie audio. Pour l’instant, on va dire à mpd d’utiliser Alsa directement. C’est le plus direct et le plus léger (on passera à PipeWire plus tard, pour gérer l’aspect récepteur Bluetooth)

audio_output {
       type            "alsa"
       name            "My ALSA Device"
       device          "hw:0,0"        # optional
       mixer_type      "hardware"      # optional
     # mixer_device    "default"       # optional
       mixer_control   "Master"        # optional
       mixer_index     "0"             # optional
}

Pour une de mes installations, j’ai commenté mixer_device parce que ce n’est manifestement pas la bonne valeur chez moi, et que ça marche bien sans.

Vous pouvez vous passer des autres valeurs optionnelles, mais vous n’aurez pas le contrôle du volume sonore depuis les clients MPD si vous faites ça. Vous allez donc devoir trouver les bonnes valeurs pour les paramètres mixer_*, et pour device. ainsi que mixer_control et mixer_index.

Quelques indices :

  • hw:0,0 est probablement la bonne valeur pour device, et 0 pour mixer_index aussi. Vous pouvez lister vos cartes son avec aplay -L. Vous aurez peut-être besoin d’installer le paquet alsa-utils.
  • la valeur de mixer_control est le nom du contrôle que vous utiliserez pour changer le volume dans alsamixer, du paquet alsamixergui que vous aurez probablement besoin d’installer.

Si vous galérez trop avec les valeurs de mixer-*, vous pouvez simplement utiliser mixer_type "software", c’est moins propre mais ça devrait faire le taf. Et sinon, vous pouvez toujours sortir l’artillerie lourde et passer directement à PipeWire.

Pour appliquer vos modifications :

systemctl enable --now mpd # À partir de Debian Trixie, mpd n’est plus activé par défaut au niveau du système
systemctl restart mpd # Si MPD tournait déjà

Vous pouvez déboguer vos changements avec la commande suivante, qui suit les logs en temps réel :

journalctl -fu mpd

Vous avez plusieurs options pour essayer de lire des choses avec mpd :

  • installer l’application M.A.L.P sur votre téléphone Android, ou une autre application cliente MPD, et ajouter un profil avec la bonne adresse, le bon port et le bon mot de passe ;
  • installer un client comme Cantata sur votre ordinateur, avec la bonne adresse, le bon port et le bon mot de passe ;
  • installer mpc directement sur le serveur. Normalement mpc play permet de lancer la lecture.

Moi, j’ai testé avec une webradio dans une playlist (/var/lib/mpd/playlists/radio-paradise-main-mix.m3u avec le contenu http://stream.radioparadise.com/ogg-192m), mais on peut aussi évidemment placer un morceau dans /var/lib/mpd/music/.

ReplayGain

Le niveau sonore de mes morceaux n’est pas homogène, donc il faut sans cesse adapter le volume d’un morceau à l’autre. C’est pénible, voire inutilisable en l’état. Une solution pour ça est replay gain : on analyse et on enregistre le niveau sonore d’une piste dans ses métadonnées.

Il existe plein d’outils pour faire ça, dont https://github.com/complexlogic/rsgain

On peut le faire avant d’envoyer les fichiers sur l’appareil. Pour ma part, je l’ai fait sur la tablette, et il n’existe pas de paquet Debian 32 bits, donc je l’ai compilé :

sudo apt install cmake build-essential pkd-config git libavcodec-dev libavformat-dev libtag1-dev libebur128 libinih-dev libfmt-dev
git clone --depth=1 https://github.com/complexlogic/rsgain
cd rsgain
mkdir build
cd build
cmake ..
make -j2
sudo make install

Il faudra s'assurer que les morceaux au format Opus sont étiquetés avec le tag R128_TRACK_GAIN et pas REPLAYGAIN_TRACK_GAIN, parce que c'est ce que MPD s’attend à avoir. Pour ça, on va convaincre rsgain de suivre les standards (que certains lecteurs de musiques ne comprennent pas) en créant un preset qui contient :

[Opus]
OpusMode=s

Mes morceaux ne sont pas organisés par albums, donc je désactive l’analyse par album. Je vais donc partir du preset no_album :

mkdir -p ~/.config/rsgain/presets; cat << EOF > ~/.config/rsgain/presets/no_album_standard_opus.ini 
[Global]
TagMode=i
Album=false
TargetLoudness=-18
ClipMode=p
MaxPeakLevel=0.0
TruePeak=false
Lowercase=false
ID3v2Version=keep
PreserveMtimes=false
DualMono=false
OpusMode=s
EOF

Ensuite, on peut le rsgain sur le dossier de musiques avec ce preset. Mes morceaux ne sont pas organisés par albums, donc je désactive l’analyse par album.

rsgain easy -p no_album_standard_opus -m MAX /var/lib/mpd/music

Note : l'option --skip-existing permet d'ignorer les fichiers déjà taggés :

rsgain easy --skip-existing -p no_album_standard_opus -m MAX /var/lib/mpd/music

Avec cette option, on peut exécuter cette tâche régulièrement, par exemple dans un cron, pour calculer le ReplayGain pour les nouveaux fichiers. Pour la première exécution, il vaut certainement mieux ne pas l’utiliser, sinon, si vous aviez déjà des fichiers qui avaient l'information, il se peut que le résultat ne soit pas uniforme.

Il faut dire à MPD d’utiliser le ReplayGain dans /etc/mpd.conf :

replaygain                      "track"

Vous aurez peut-être besoin de jouer avec les autres paramètres liés au volume et au ReplayGain.

Voici les miens :

# Ce paramètre définit la pré-amplification à appliquer pour les morceaux qui ont l'information du ReplayGain
replaygain_preamp              "0"

# Ce paramètre définit la pré-amplification à appliquer pour les morceaux qui ne l'ont pas
replaygain_missing_preamp      "0"

# Faut-il interdire à MPD de dépasser le niveau original d'amplification en appliquant le ReplayGain?
replaygain_limit                "no"

# Faut-il permettre à MPD d'ajuster le volume pendant la lecture pour normaliser ?
volume_normalization            "no"

Un autre paramètre qu’on peut régler, c'est la manière dont MPD règle le volume dynamiquement pour ReplayGain. Dans votre bloc audio_output, vous pouvez ajouter replay_gain_handler et la valeur "software" (c'est la valeur par défaut) ou "mixer". En théorique, les traitements software dégradent le son, mais en pratique, avec "mixer", je tombe sur ce bug qui met le volume à 100% après chaque changement de piste.

Note : je ne suis pas encore convaincu d’avoir réussi à trouver les réglages parfaits, n’hésitez pas à expérimenter.

Les clients MPD

À ce stade, vous devriez avoir un serveur MPD fonctionnel et configuré. Si applicable, vous pouvez commencer à suggérer aux gens de votre foyer d’installer l’application M.A.L.P sur leur appareil Android ; elle est libre et disponible sur F-Droid et sur le Play Store. Avec un peu de chance, votre enthousiasme était communicatif et c’est eux qui vous demanderont :-)

Pour les autres types d’appareils, vous allez devoir faire vos recherches vous-même je n’ai pas étudié les options sous Windows, Mac ou iPhone, mais il y en a. Pour Linux, j’ai essayé Cantata. Il me convient, si ce n’est qu’il a l’air un peu abandonné, et il a une interface certes conviviale, mais quand même un peu brute. Il existe des widgets qui s’intègrent aux différents environnements de bureaux pour les différents systèmes d’exploitation, je n’ai pas exploré. Le site de MPD propose une liste de clients, et le wiki de Arch aussi.

 M.A.L.P, un client mobile pour MPD

Samba pour déposer les morceaux (et les playlists)

Déposer des morceaux, vous allez probablement le faire depuis un ordinateur, et à peu près n’importe quel système d’exploitation est capable d’aller chercher un dossier SMB en réseau, alors je vous propose de configurer un serveur Samba. Ça a le bon goût d’être très léger, très simple à faire et de fonctionner depuis n’importe quel OS. Allons-y, et tant qu’à faire, on va aussi installer Avahi, qui permettra aux ordinateurs sous Linux et Mac de découvrir les dossiers partagés tous seuls :

sudo apt install samba avahi-daemon

On va partager nos dossiers music et playlists au monde entier en lecture-écriture (YOLO). On édite /etc/samba/smb.conf:

[Musique]
path=/var/lib/mpd/music
read only=no
writable=yes
comment=Fichiers musique MPD
guest ok = yes
force group = audio
force user = mpd
browsable = yes
public = yes
create mask = 0644
directory mask = 0755

[Playlists]
path=/var/lib/mpd/playlists
read only=no
writable=yes
comment=Listes de lecture MPD
guest ok = yes
force group = audio
force user = mpd
browsable = yes
public = yes
create mask = 0644
directory mask = 0755

Je ne maitrise pas particulièrement Samba et il y a peut-être des options superflues, mais globalement l’esprit c’est :

  • n’importe qui doit pouvoir accéder à ces deux en lecture et en écriture depuis le réseau. En particulier, la création de dossiers doit marcher
  • MPD doit pouvoir lire ce qu’on a écrit dans ces dossiers
  • les fichiers et dossiers doivent avoir des permissions sensées

Bien sûr, on peut vouloir restreindre l’accès à certains utilisateurs et/ou avec un mot de passe. Je vous laisse creuser.

Après un redémarrage de Samba :

sudo systemctl restart samba

Avec un peu de chance, dans l’onglet « Réseau » de votre gestionnaire de fichier, dans la section « Partages SMB », votre appareil apparait. Sinon, vous devriez pouvoir y accéder avec smb://HOST/ avec Dolphin et probablement Nautilus, probablement \\HOST sous Windows.

Alternatives possibles à Samba

  • Si on a un NAS, monter un dossier sur le serveur MPD, voire installer MPD sur le serveur de stockage, ou avoir une tâche chron qui fait un rsync bien placé
  • Mettre en place une synchronisation avec Nextcloud ou Syncthing, et faire pointer MPD vers le bon dossier, ou ajouter le dossier de MPD comme dossier de stockage externe à Nextcloud par exemple
  • SFTP
  • NFS
  • FTP (mais les autres options sont probablement meilleures)

Récepteur Bluetooth

Ce n’est bien sûr pas nécessaire si vous êtes parfaitement satisfait·e avec MPD, mais si vous voulez que votre appareil soit en plus capable de se comporter comme une enceinte Bluetooth, vous êtes au bon endroit.

Les difficultés qu’on va résoudre sont les suivantes :

  • pour l’instant, MPD accède au son directement avec ALSA, et en général on ne peut pas être plusieurs sur ALSA. En tout cas, et même s’il a l’air possible de faire fonctionner Bluetooth et ALSA ensemble, ça n’a pas l’air d’être terriblement simple ou même stable. Donc on va utiliser PipeWire. On aurait pu utiliser PulseAudio, mais PipeWire le remplace, et fonctionne généralement mieux.
  • PipeWire, c’est pensé pour être lancé dans une session graphique d’un utilisateur, mais nous, on a un serveur headless. Il va falloir faire en sorte de lancer une session utilisateur au démarrage sans interaction, et que cette session ne soit pas tuée.
  • mpd tourne avec son utilisateur, PipeWire avec son utilisateur, et après s’être rendu compte qu’il faut que ça soit les mêmes, faut aussi savoir comment, et le faire.

Lors de l’installation de Debian, on a défini un utilisateur. On peut utiliser cet utilisateur. Sinon, on peut aussi en créer un pour ça, pensez bien à l’ajouter aux groupes audio et bluetooth.

Garder une session utilisateur active

On va démarrer une session utilisateur au boot :

sudo loginctl enable-linger user # remplacer user par le nom d’utilisateur

On va s’assurer que les processus de cette session ne sont pas tués au moment où on quitte une session (par exemple quand on quitte une session ssh) : dans le fichier /etc/systemd/logind.conf, décommentez la ligne KillExcludeUsers et ajouter le nom d’utilisateur après le =. Vous deviez avoir

KillExcludeUsers=user

user est le nom d’utilisateur.

On peut maintenant recharger ces paramètres :

sudo systemctl restart systemd-logind

Installer PipeWire et les choses nécessaires

À ce stade, MPD bloque probablement l’utilisation du son parce qu’il s’y connecte via ALSA. On va le stopper.

sudo systemctl stop mpd

PipeWire et WirePlumber vont dorénavant gérer le son, et libspa-0.2-bluetooth permet au démon qui gère le Bluetooth (Bluez) de s’inter-connecter à PipeWire pour le Bluetooth Audio.

sudo apt install wireplumber pipewire libspa-0.2-bluetooth

En tant que votre utilisateur (nommé user dans les commandes précédentes) (c’est important), activez PipeWire au démarrage et lancez-le :

systemctl --user enable --now pipewire wireplumber

Notez que pipewire-pulse n’est pas nécessaire, d’ailleurs vous pouvez le supprimer ou le désactiver en toute sécurité s’il a été installé.

Installer un agent Bluetooth qui accepte toutes les connexions audio sans vérifications avec code

Normalement, accepter les connexions Bluetooth se fait à l’aide d’un agent Bluetooth :

  • qui tourne dans votre session graphique : c’est géré par votre environnement de bureau, ou une application comme bluetooth-applet (est-ce que ça existe encore ?) que vous lancez. Là, évidemment, on n’a pas de session graphique, et pour l’instant on n’a pas d’agent Bluetooth qui tourne.
  • En ligne de commande, avec un outil comme bluetoothctl. Je vous invite à essayer. Vous pouvez lancer des commandes comme pairable on, discoverable on, scan on, et essayer de vous connecter avec un autre appareil. Après vos tests, vous pouvez tout recommencer en faisant oublier les appareils des deux côtés.

Évidemment, on ne va pas se connecter en ssh pour lancer bluetoothctl à chaque fois qu’on veut se connecter en Bluetooth. On va mettre en place un agent qui démarre automatiquement et qui a un comportement similaire à un casque ou des enceintes Bluetooth : qui accepte toutes les connexions Bluetooth audio. Pour ça, on va utiliser un script Python partagé par Collabora sous Licence LGPL 2.1+ qui fait ça très bien et qu’on va lancer au démarrage.

Bien sûr, ça veut dire que vos voisins peuvent s’amuser à jouer des trucs chez vous, ou même se connecter fortuitement en choisissant la mauvaise entrée.

Ce script a une dépendance, qu’on va installer :

sudo apt install python3-dbus

On va placer ce script dans speaker-agent.py:

#!/usr/bin/python3
# SPDX-License-Identifier: LGPL-2.1-or-later

import dbus
import dbus.service
import dbus.mainloop.glib
from gi.repository import GLib

BUS_NAME = 'org.bluez'
AGENT_INTERFACE = 'org.bluez.Agent1'
AGENT_PATH = "/speaker/agent"

A2DP = '0000110d-0000-1000-8000-00805f9b34fb'
AVRCP = '0000110e-0000-1000-8000-00805f9b34fb'

bus = None


class Rejected(dbus.DBusException):
    _dbus_error_name = "org.bluez.Error.Rejected"


class Agent(dbus.service.Object):
    exit_on_release = True

    def set_exit_on_release(self, exit_on_release):
        self.exit_on_release = exit_on_release

    @dbus.service.method(AGENT_INTERFACE,
                         in_signature="", out_signature="")
    def Release(self):
        print("Release")
        if self.exit_on_release:
            mainloop.quit()

    @dbus.service.method(AGENT_INTERFACE,
                         in_signature="os", out_signature="")
    def AuthorizeService(self, device, uuid):
        # Always authorize A2DP and AVRCP connection
        if uuid in [A2DP, AVRCP]:
            print("AuthorizeService (%s, %s)" % (device, uuid))
            return
        else:
            print("Service rejected (%s, %s)" % (device, uuid))
        raise Rejected("Connection rejected by user")

    @dbus.service.method(AGENT_INTERFACE,
                         in_signature="", out_signature="")
    def Cancel(self):
        print("Cancel")


if __name__ == '__main__':
    dbus.mainloop.glib.DBusGMainLoop(set_as_default=True)

    bus = dbus.SystemBus()

    agent = Agent(bus, AGENT_PATH)

    mainloop = GLib.MainLoop()

    # By default Bluetooth adapter is not discoverable and there's
    # a 3 min timeout
    # Set it as always discoverable
    adapter = dbus.Interface(bus.get_object(BUS_NAME, "/org/bluez/hci0"),
                             "org.freedesktop.DBus.Properties")
    adapter.Set("org.bluez.Adapter1", "DiscoverableTimeout", dbus.UInt32(0))
    adapter.Set("org.bluez.Adapter1", "Discoverable", True)

    print("RPi speaker discoverable")

    # As the RPi speaker will not have any interface, create a pairing
    # agent with NoInputNoOutput capability
    obj = bus.get_object(BUS_NAME, "/org/bluez")
    manager = dbus.Interface(obj, "org.bluez.AgentManager1")
    manager.RegisterAgent(AGENT_PATH, "NoInputNoOutput")

    print("Agent registered")

    manager.RequestDefaultAgent(AGENT_PATH)

    mainloop.run()

Le script mentionne le Raspberry Pi, mais il n’y a absolument rien de spécifique au Raspberry dedans, il est suffisamment générique.

On va lancer ce script au démarrage en créant le fichier ~/.config/systemd/user/speaker-agent.service

[Unit]
Description=Bluetooth speaker agent

[Service]
ExecStart=python3 speaker-agent.py

[Install]
WantedBy=default.target

Et en l’activant (--now le lance tout de suite) :

systemctl --user enable --now speaker-agent.service

Il faudra aussi mettre JustWorksRepairing = always dans /etc/bluetooth/main.conf pour permettre le re-appairage sans interaction. Bon là j’avoue, je paraphrase largement ma source :-)

Ensuite, on va autoriser la connexion Bluetooth même sans session active (en SSH par exemple) (source). Si on ne fait pas ça, la connexion Bluetooth n’est pas possible si l’utilisateur n’a pas une session active (les symptômes : on arrive à se connecter en Bluetooth que quand on est loggué en SSH ou autre, et la connexion Bluetooth casse dès qu’on quitte la session).

mkdir -p ~/.config/wireplumber/bluetooth.lua.d
cat > ~/.config/wireplumber/bluetooth.lua.d/80-disable-logind.lua << EOF
-- Disable arbitration of user allowance of bluetooth via D-Bus user session
bluez_monitor.properties["with-logind"] = false
EOF
systemctl --user restart wireplumber

Adapter MPD (et Samba) pour utiliser PipeWire

Pour que MPD utilise PipeWire, il faut adapter :

  1. sa configuration pour qu’il tourne avec le même utilisateur
  2. sa configuration audio_output
  3. les permissions dans /var/lib/mpd

Dans /etc/mpd.conf, changer la ligne user :

user                            "mpd"

Elle doit maintenant utiliser votre utilisateur :

user                            "user"

Commentez votre bloc audio_output, on va maintenant utiliser PipeWire (je suppose qu’on pourrait garder les deux et les clients MPD peuvent probablement permettre de choisir la sortie son, mais ça me parait complexifier l’utilisation pour un intérêt pas clair, ce qui va contre nos objectifs) :

audio_output {
        type            "pipewire"
        name            "PipeWire Sound Server"
}

Maintenant, il est temps d’adapter les permissions dans /var/lib/mpd. On va stopper Samba juste avant, et adapter sa configuration.

sudo systemctl stop mpd samba # si mpd tournait encore
sudo chown -rv user /var/lib/mpd
sudo systemctl start mpd

Note : MPD peut aussi être démarré dans une session utilisateur et à ce stade, c’est ce qu’il serait probablement le plus logique de faire, en bougeant /etc/mpd.conf et le contenu de /var/lib/mpd dans le dossier de notre utilisateur. C’est d’ailleurs la manière privilégiée de démarrer MPD à partir de Debian Trixie. Par simplicité et cohérence, et parce que cette section « Récepteur Bluetooth » est optionnelle mais que les manipulations pour lancer une session utilisateur au démarrage décrites dans cette section seraient nécessaires pour lancer MPD en tant que service utilisateur au démarrage dans tous les cas et que ça apporte une réelle complexité, on fait le choix de garder MPD en tant que service système.

Modifiez /etc/samba/smb.conf. Dans les deux blocs de partages qu’on a ajouté précédemment, changez la ligne force user = mpd en:

force user = user

Puis on peut redémarrer Samba :

sudo systemctl start samba

Permettre à PipeWire de configurer sa priorité

Si vous voyez cela dans les logs de PipeWire :

user@tablette:~$ journalctl --user -fu pipewire
avril 29 13:41:01 tablette systemd[514]: Started pipewire.service - PipeWire Multimedia Service.
avril 29 13:41:01 tablette pipewire[531]: mod.rt: Can't find org.freedesktop.portal.Desktop. Is xdg-desktop-portal running?
avril 29 13:41:01 tablette pipewire[531]: mod.rt: found session bus but no portal
avril 29 13:41:02 tablette pipewire[531]: mod.rt: RTKit error: org.freedesktop.DBus.Error.AccessDenied
avril 29 13:41:02 tablette pipewire[531]: mod.rt: could not set nice-level to -11: Permission non accordée
avril 29 13:41:02 tablette pipewire[531]: mod.rt: RTKit error: org.freedesktop.DBus.Error.AccessDenied
avril 29 13:41:02 tablette pipewire[531]: mod.rt: could not make thread 547 realtime using RTKit: Permission non accordée

Ça veut grosso modo dire que PipeWire cherche à se rendre plus prioritaire via un mécanisme fourni par les environnements de bureau (xdg-desktop-portal), n’y arrive pas parce qu’évidemment, aucun environnement de bureau ne tourne, alors il essaie de demander au service système rtkit, et se fait jeter.

Ce n’est pas très grave et on pourrait vivre sans, mais ça pourrait aider à limiter les saccades sonores, donc on va réparer ça (et je pense avoir vu une bonne amélioration grâce à ça).

Le fichier /usr/share/polkit-1/actions/org.freedesktop.RealtimeKit1.policy dicte qui a le droit ou non de configurer sa priorité (découvert ici, mais le conseil de modifier ce fichier système n’est pas bon, au moins parce qu’une mise à jour future risque d’écraser les modifications) :

<?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?>
<!DOCTYPE policyconfig PUBLIC
        "-//freedesktop//DTD PolicyKit Policy Configuration 1.0//EN"
        "http://www.freedesktop.org/standards/PolicyKit/1/policyconfig.dtd">
<policyconfig>
        <vendor>Lennart Poettering</vendor>

        <action id="org.freedesktop.RealtimeKit1.acquire-high-priority">
                <description>Grant high priority scheduling to a user process</description>
                <description xml:lang="tr">Bir sürece yüksek öncelikli çalışabilme yetkisi ver</description>
                <message>Authentication is required to grant an application high priority scheduling</message>
                <message xml:lang="tr">Sürecin yüksek öncelikli çalıştırılabilmesi için yetki gerekiyor</message>
                <defaults>
                        <allow_any>no</allow_any>
                        <allow_inactive>yes</allow_inactive>
                        <allow_active>yes</allow_active>
                </defaults>
        </action>

        <action id="org.freedesktop.RealtimeKit1.acquire-real-time">
                <description>Grant realtime scheduling to a user process</description>
                <description xml:lang="tr">Bir sürece gerçek zamanlı çalışabilme yetkisi ver</description>
                <message>Authentication is required to grant an application realtime scheduling</message>
                <message xml:lang="tr">Sürecin gerçek zamanlı çalıştırılabilmesi için yetki gerekiyor</message>
                <defaults>
                        <allow_any>no</allow_any>
                        <allow_inactive>yes</allow_inactive>
                        <allow_active>yes</allow_active>
                </defaults>
        </action>

</policyconfig>

Dans un système Unix, les paramètres systèmes sont dans /etc. Pour Polkit, il existe un mécanisme pour écrire des règles, qu’on va utiliser. On va créer une règle qui permet à n’importe quel utilisateur du groupe audio de modifier la priorité de ses processus. C’est probablement trop large, mais je ne connais pas bien Polkit et ça fera le taf pour notre application dédiée à l’audio. Si vous avez des meilleures idées, n’hésitez pas à partager en commentaire.

sudo cat > /etc/polkit-1/rules.d/rt.rules << EOF
polkit.addRule(function(action, subject) {
        if (subject.isInGroup("audio") && (
                action.id == "org.freedesktop.RealtimeKit1.acquire-high-priority" ||
                action.id == "org.freedesktop.RealtimeKit1.acquire-real-time"
        )) {
                return polkit.Result.YES;
        }
})
EOF

sudo systemctl restart polkit.service
systemctl --user restart pipewire

On pourra constater l’absence des échecs dans les journaux de PipeWire.

Bon, on sent bien que toute cette utilisation audio sans session utilisateur standard n’est pas un cas d’utilisation hyper bien prévu et on se retrouve à toucher des coins un peu sombres du système…

Évitez les flux Wifi 2,4 GHz

Si vous avez un Wifi en 2,4 GHz, ça peut causer des soucis avec le Bluetooth, et le son peut saccader. Si vous observez cela, il faudra alors limiter au maximum les services et autres tâches de fond qui font des communications réseau. Évidemment, si vous pouvez utiliser un câble Ethernet, c’est encore mieux.

Sur ce plan, tous les codecs audio Bluetooth ne semblent pas se valoir. Pour tester ça, j’ai lancé un test iperf3 entre la tablette et mon ordinateur portable pour saturer le Wifi. Ça devenait immédiatement catastrophique avec le codec SBC-XQ, alors qu’avec le codec Opus 05, il y a initialement des saccades, puis ça s’améliore vite. J’imagine que le codec Opus dégrade très efficacement la qualité pour compenser. Bon, malheureusement, tous les systèmes ne permettent pas de choisir son codec donc ce n’est qu’une solution partielle au problème.

Note sur l’utilisation des ressources

C'est léger :

load average: 0,12, 0,10, 0,05
$ free -mh
               total       utilisé      libre     partagé tamp/cache   disponible
Mem:           986Mi       253Mi       324Mi       6,1Mi       550Mi       733Mi
Échange:       974Mi          0B       974Mi

Globalement, le CPU s’ennuie en pleine lecture, et à peine un tiers du Giga de mémoire vive est utilisé, la partition d’échange s’ennuie, donc il y a encore largement la place de faire tourner d’autres trucs sur cet appareil si jamais. On peut aussi constater qu’ajouter MPD et tout ce bazar à une installation existante ne la surchargerait pas plus que ça.

On a aussi un temps de démarrage autour des 20 secondes, ce qui est franchement pas mal.

Conclusion et améliorations possibles

On est pas mal rentrés dans les détails, c’était l’occasion d’explorer plein de choses mine de rien. J’ai à la fois appris des choses, précisé des connaissances, et mis plein de choses que je savais ensemble pour obtenir un résultat très satisfaisant. On se retrouve à manipuler de la gestion de services, des configurations systemd un peu poussées, du bluetooth, du son avec ALSA et PipeWire, de la gestion de session utilisateur sur un système headless, et plein d’autres trucs et aller dans les détails comme le boot pour avoir quelque chose de rapide, comme l’écran éteint au bon moment, ou la personnalisation du comportement du bouton power (honnêtement, je n’étais pas très sûr que c’était possible, j’avais lancé la recherche au cas où !).
J’espère que l’aventure vous a plu aussi.

Bien sûr l’ensemble est perfectible, alors je vous laisse avec des idées, n’hésitez pas à partager les vôtres en commentaires :

  • Jouer un son au démarrage / à l’appairage Bluetooth. – pour l’instant, la tablette s’allume et puis plus rien. En général, les enceintes Bluetooth jouent un petit son quand elles sont prêtes ou qu’elles viennent d’être appairées et ça peut être pratique
  • Commande vocale. Il y a clairement des manières d’utiliser le micro de la tablette pour demander le morceau suivant, précédent ou régler le volume. Ça peut être pratique quand on n’a pas le téléphone sous la main et ça peut avoir son petit effet en soirée la première fois, tant que les gens ne sont pas encore complètement blasés par le concept parce que tout le monde n’a pas un Google Nest ou un Alexa chez soi, surtout dans ma bulle sociale. Mais c’est probablement finalement très gadget et je me vois mal interrompre une conversation en criant un ordre pour gérer la musique…
  • Appairage Bluetooth plus sécurisé. En général, les enceintes Bluetooth acceptent les nouveaux appareils dans un mode spécial. En appuyant sur le bouton Bluetooth, ou quelque chose comme ça. Ça peut éviter que les voisin·e·s ne te rickrollent au moment le plus inopportun. Ça vaudrait le coup de travailler sur quelque chose comme ça. Avec l’écran tactile, il est probablement possible de dessiner une forme particulière reconnue (ça serait un peu badasse, ou plus probablement, n’accepter (une seule) nouvelle connexion que dans les X minutes après le démarrage ou le retour de veille. Comme ça, demander l’appairage consiste à appuyer deux fois sur le bouton power, ce qui est plutôt acceptable. Si vous avez des idées, n’hésitez pas à partager…
  • Réveil à distance avec du Wake-on-LAN. Ça ne s’applique probablement pas à mon matériel, mais il est possible d’utiliser astucieusement le WoL pour réveiller l'appareil à distance, avec éventuellement la complicité d’un routeur ou d’un serveur toujours allumé chez vous.
  • Désactiver le Wifi quand le Bluetooth est utilisé. Pour éviter les interférences, on pourrait imaginer que quand un appareil se connecte en Bluetooth, on éteint le Wifi (avec rfkill par exemple), on met MPD en pause (ou on le stoppe s’il est en train de jouer un flux) parce qu’on ne peut plus le contrôler, puisque le Wifi n’est plus actif, et on réactive le Wifi quand l’appareil Bluetooth est déconnecté. On pourrait même être plus fin et détecter quand du son est joué.
  • Automatiquement mettre MPD en pause lors d’une connexion Bluetooth. (un peu doublon avec le précédent point) Pour l’instant, il faut manuellement mettre en pause mpd, sinon les deux flux audios se jouent en même temps. -- Changer la classe Bluetooth de l’appareil. Ça permettrait à l’appareil de se déclarer comme appareil audio, pour que ça affiche le bon icône sur les autres appareils.
  • Mises à jour automatiques. Il ne faut pas que ça casse des choses en pleine lecture, ni que ça cause des interférences avec le Bluetooth à cause des téléchargements.
  • Ne pas persister les logs. Pour l’instant, les logs sont écrits dans /var/log sur le SSD, entrainant une usure et un ralentissement cependant probablement tous deux négligeables. On pourrait vouloir ne pas les garder, mais c’est aussi risquer de perdre des informations de débogage le jour où il y a un pépin.

Je vais probablement trouver d’autres choses à améliorer après publication de l’article. Je partagerai peut-être les choses intéressantes en commentaires ou dans des journaux, et je ferai peut-être vivre l’article sur mon site.

Commentaires : voir le flux Atom ouvrir dans le navigateur

Not so Common Desktop Environment (NsCDE), un paradigme différent

Not so Common Desktop Environment reproduit fidèlement Common Desktop Environment dit CDE, classique des Unix des années 90. Mais pourquoi puisque CDE est libre ? Eh bien pour faire mieux ! NsCDE est plus léger, plus complet, plus souple.

NsCDE est sorti en version 2.3 le 20 juin 2023. C'est un petit projet qui s'appuie sur un thème pour FVWM et quelques utilitaires de son cru. Le reste, c'est un thème pour les applications GTK et Qt. Poussant le mimétisme jusqu'à reproduire le script shell du premier démarrage, NsCDE vous demande quels doivent être votre terminal, votre gestionnaire de fichier, votre éditeur, etc. Ce n'est pas mal de pouvoir choisir ! Comme c'est assez abouti il n'y a pas eu de nouveaux développements depuis.

Impressions après quelques jours d'utilisation

J'ai trouvé l'ensemble agréable et cohérent, certes un peu brutal visuellement, mais on n'est pas devant un thème, c'est un paradigme de fonctionnement différent. Avec un peu d'habitude on peut bosser sans surprises.

Un exemple sur la gestion des fenêtres, différente du monde Win/Mac qui est le paradigme habituel sur la plupart des bureaux Linux :

Elles se déplacent encore par la barre de titre, mais pour le reste les trois clics de souris sont utilisés. 
Le bouton de gauche est trois choses à la fois : un menu déroulé par un clic gauche, un menu étendu déroulé par un clic droit et une boite de dialogue affichée par un clic centre ; la fenêtre se ferme avec un deuxième-clic rapproché dans le temps (clic gauche ou droit) ou un double clic aussi.
À droite, un bouton agrandit la fenêtre avec beaucoup de possibilités selon le clic gauche, centre ou droit et selon la séquence de clics ; un deuxième bouton réduit la fenêtre : clic gauche pour l'icônifier, clic droit pour l'enrouler. Icônifiée, un clic droit l'agrandit, les clics gauche et centre ouvrent des menus.

NsCDE ne propose qu'un minimum d'utilitaires, il ne s'agit pas de tout intégrer façon KDE ou Gnome, mais plutôt de fournir un environnement de travail pour interagir avec vos programmes préférés. Testez-le pour découvrir autre chose que le fonctionnement habituel. Le libre vous permet de choisir, sortez des sentiers battus.

En tout cas ne l'installez pas pour sa légèreté, Liam Proven l'utilisant avec des composants XFCE l'a trouvé plus léger que les autres, mais il est plus lourd que KDE 3.

image à remplacer

L'influence de CDE à travers des anecdotes

C'est moche, hein ? Et pourtant le design de CDE a influencé d'autres environnements de bureau :

  • Le présentation manager d'OS/2 a influencé l'aspect de Win 3 et CDE, mais réciproquement le LaunchPad d'OS/2 v3 reproduit le lanceur CDE.
  • XFCE 3 reproduisait le lanceur CDE : XFCE 3 avec le thème Motif
  • Et même KDE, dont le nom serait un jeu de mots avec Kool Desktop Environment (personne ne s'en souvient vraiment, on trouve d'autres explications).
  • À la même époque, Silicon Graphics avait pris un chemin différent avec IRIX Interactive Desktop. D'après mon cousin, qui passait de la PAO sur Mac à la 3D sous Irix, c'était très ergonomique et ça valait bien le Mac. Il n'a jamais eu besoin d'ouvrir un terminal. Irix

Installation

NsCDE propose quelques paquets tout prêt pour Fedora, Suse, Ubuntu, Debian et Slackware ainsi qu'un gros Tarball à décompresser dans /opt.

Je vous recommande de l'utiliser sous un compte de test, sinon NsCDE va pourrir votre bureau habituel avec ses boites de dialogue et ses thèmes Firefox, LibreOffice, etc. En plus, NsCDE n'a pas de script de désinstallation, il sauvegarde vos paramètres Gtk et Qt, mais seulement jusqu'aux versions 4 et 5.

Évitez d'y lancer des applications Gnome à cause des menus et fenêtres, sauf si vous installez gtk3-nocsd (no client side decoration). Préférer les applications légères et simples de LXDE/LXQt, Mate, XFCE, … Ou encore les applis Motifs/X11, le thème NsCDE leur ira comme un gant.

Tester CDE

Si vous tenez à essayer le vrai CDE pour voir comment c'était, il y a un CD Live sous Debian.

Commentaires : voir le flux Atom ouvrir dans le navigateur

Sortie du gestionnaire d'archives PeaZip 10.4.0

PeaZip n'a jamais été abordé dans ces colonnes jusqu'à présent, alors qu'il fait partie des outils multi-plateformes permettant une transition en douceur vers le libre. Il a presque dix ans. Sortie le 14 avril, la version 10.4 continue la série 10.0 commencée en octobre 2024.

PeaZip Linux thème sombre sous Wayland
PeaZip affiché avec son thème sombre dans Wayland

Giogio Tani, le développeur de PeaZip publie plusieurs versions chaque année. Le logiciel évolue par petites touches largement testées via les fonctions "expérimentales" des versions précédentes.

icone de PeaZip

Je trouve beaucoup d'atouts à PeaZip

Il est libre, multi-plateformes, multi-architecture, portable (nomade), écrit en FreePascal avec Lazarus, ouvre et écrit plusieurs formats d'archives. Il est rapide et assez léger pour un tout-en-un (11,2 MB). Il est bien maintenu, l'auteur est transparent sur la sécurité, documentation et tutoriels sont conséquents et pédagogiques. L'interface est travaillée, sobre, ergonomique, thémable, configurable, jolie, … N'en jetez plus ! Ah si encore : il est dispo en Gtk et Qt sous X11 et Wayland, et l'auteur l'empaquête à tout va.

C'est un humble logiciel très bien foutu, très travaillé, utile pour installer des outils libres sur les systèmes proprios afin de les amener en douceur vers Linux ou *BSD (il ne fonctionne pas encore sous Haïku).

Architectures et systèmes

  • Linux x86_64, x86, ARM, aarch64 ;
  • Windows, ReactOS, Wine ;
  • Darwin, macOS Intel et aarch64 (Apple Silicon), la famille BSD.

PeaZip propose des fonctions peu courantes

  • Le moteur de scriptage intégré permet de convertir vos opérations graphiques pour les automatiser et les étendre avec des options en ligne de commande ;
  • un chiffrement solide est disponible, avec authentification à double facteur ;
  • l'interface graphique est unifiée sur tous les systèmes et architectures pris en charge, même pour les formats moins courant (zpaq, brotli, zstandard) ;
  • le gestionnaire de fichiers avancé facilite, par exemple, la vérification des sommes de contrôles, la déduplication, la conversion de formats d'archives, la recherche, etc ;
  • c'est un outil portable et nomade qu'on peut copier sur une clé usb, sur le net ou partager en réseau sans l'installer ;
  • PeaZip dispose d'une transparence et des options de suivi pour la vie privée et la sécurité.

Commentaires : voir le flux Atom ouvrir dans le navigateur

Cloonix version 46

Cloonix est un outil d’aide à la construction de réseau virtuel, sous AGPLV3 (inclus qemu-kvm, openvswitch, spice, crun et wireshark).

C'est pensé comme Docker, dont le succès provient de l'absence de tracasseries au moment de l'empaquetage, en mettant bibliothèques et binaires dans un espace de nommage (namespace). Docker est un produit de grande qualité mais il n'y a pas que sa méthode. Cloonix utilise les mêmes principes de namespace, sans infrastructure d'accueil pour faire tourner les conteneurs. Notez qu'un logiciel qui s'installe puis tourne avec les droits limités d'un utilisateur normal est la meilleure façon de décourager un pirate. Donc, pour essayer Cloonix 46, un fichier auto-extractible sans dépendance à la distribution qui l'héberge vous attend ! Téléchargez, cliquez…

Cloonix est un outil pour étudier les réseaux. Il permet de faire des scripts de scénarios avec plusieurs machines connectées, les machines étant soit des vraies machines virtuelles tournant avec kvm, soit des conteneurs tournant avec crun. Cette maquette simplifiée de réseaux avec leur visualisation permet de transmettre des démonstrations réseaux entre utilisateurs. J'ai présenté Cloonix plus largement dans mes dépêches précedentes.

Commentaires : voir le flux Atom ouvrir dans le navigateur

GIMP 3.0 RC3 est sorti

21 février 2025 à 08:05

Note : cette dépêche est une traduction de l'annonce officielle de la sortie de GIMP 3.0 RC3 du 10 février 2025 (en anglais).

Nous sommes ravis de partager la troisième version candidate de GIMP 3.0 pour ce qui (nous l'espérons) sera la dernière série de tests communautaires avant la version stable ! Cette version fait suite à la récente conférence GIMP 3 and Beyond de Jehan au FOSDEM 2025.

    Sommaire

    Corrections de bogues et changements importants

    Alors que nous réduisions les quelques derniers bogues majeurs à néant, nous avons effectué un certain nombre de modifications qui selon nous nécessitent un sérieux coup d’œil de la communauté.
    Jetez-en donc un, d’œil, sur les points suivants lorsque vous essayerez la Release Candidate:

    Nouvelle version de GTK3

    Juste à temps pour GIMP 3.0, une nouvelle version de GTK3 est sortie !
    Entre autres changements, GTK 3.24.48 inclut des correctifs pour plusieurs bugs affectant GIMP avec des patchs initialement fournis par Jehan, comme un crash dans Wayland lors du déplacement de calques et des problèmes de texte dans certains widgets avec des langues de droite à gauche. Nous tenons à remercier Carlos Garnacho et Matthias Clasen pour leur aide sur ces patchs respectifs.

    GTK 3.24.48 ajoute également la prise en charge de la version 2 de xdg_foreign pour Wayland (la v1 reste prise en charge en tant que solution de secours). Plus précisément, l'absence de cette prise en charge provoquait le blocage de GIMP avec certaines actions sur KDE/Wayland, ce qui est désormais corrigé.

    En raison de ces problèmes (certains d'entre eux rendant GIMP vraiment instable sur Wayland), nous recommandons aux empaqueteurs de mettre à jour vers la dernière version de GTK3 lors de l'empaquetage de notre RC3. Cependant, veuillez nous informer si vous remarquez des régressions ou d'autres problèmes résultant de la nouvelle version de GTK3.

    Améliorations du graphe d'images

    Grâce à l'édition non destructive dans GIMP, les utilisateurs peuvent désormais empiler plusieurs filtres les uns sur les autres. Ces filtres fonctionnent généralement dans un format à haute résolution de bits, de sorte que les informations de l'image ne sont pas perdues. Cependant, la sortie de chaque filtre était convertie vers et depuis la résolution de l'image d'origine lors de l'empilement. Ainsi, si l'image n'était que de 8 bits, une grande quantité d'informations était perdue dans ces conversions constantes. Jehan a résolu ce problème en convertissant uniquement au format de l'image lorsque le filtre est censé être fusionné, plutôt que dans des piles non destructives. Comme il s'agit d'un changement important dans le fonctionnement des filtres, nous souhaitons que davantage d'utilisateurs testent ce changement pour détecter d'éventuelles régressions.

    Changements dans Projection Thread-safe

    Lorsque des modifications sont apportées à une image (comme une peinture), la projection de l'image doit être « vidée » pour afficher les nouvelles modifications à l'écran. Certains aspects de ce processus n'étaient pas « thread-safe », ce qui signifie que lorsque votre ordinateur utilisait plusieurs threads pour accélérer le travail, ils pouvaient entrer en conflit les uns avec les autres et provoquer un plantage. Cela a été observé dans notre fonctionnalité d'expansion automatique de calques. Jehan a corrigé la fonction pour qu'elle soit entièrement thread-safe. Cependant, les modifications apportées au multithreading peuvent laisser des bugs bien cachés, donc des tests communautaires supplémentaires seraient utiles.

    Procédures privées

    Le navigateur de base de données procédurale de GIMP montre aux développeurs de greffons et de scripts toutes les fonctions auxquelles ils peuvent accéder. Jusqu'à présent, il affichait également les fonctions « privées » qui ne sont utilisées qu'en interne. Jehan a ajouté un indicateur pour masquer ces fonctions. Dans un premier temps, nous avons ratissé trop large et caché certaines fonctions publiques importantes. Bien que nous ayons corrigé ces cas, nous aimerions que la communauté nous donne plus de détails pour nous assurer que nous n'avons oublié aucune fonction publique mal étiquetée.

    Améliorations

    Bien que nous soyons toujours en phase de gel des fonctionnalités majeures jusqu'à la version stable de GIMP 3.0, quelques améliorations mineures et autonomes ont été apportées aux greffons.

    Script-fu

    API Filtre

    Le nouvel appel PDB (gimp-drawable-merge-filter) permet aux auteurs de Script-fu d'utiliser des étiquettes pour spécifier les propriétés des filtres. Cela donnera aux utilisateurs de Script-fu la même flexibilité pour appeler et mettre à jour les filtres que les développeurs de greffons C et Python ont dans l'API GIMP 3.0. À titre d'exemple, voici un appel au filtre Emboss :

    (gimp-drawable-merge-new-filter mask-emboss "gegl:emboss" 0 LAYER-MODE-REPLACE 1.0 "azimuth" 315.0 "elevation" 45.0 "depth" 7 "type" "emboss")
    

    Vous pouvez voir plus d'exemples dans notre dépôt de scripts.

    Nouvelle syntaxe de passage des arguments par noms

    Dans Script-Fu, toutes les fonctions générées à partir de la procédure PDB des greffons doivent désormais être appelées avec une toute nouvelle syntaxe d'argument nommé, inspirée de la variante Racket de Scheme.

    Par exemple, disons que votre greffon souhaite appeler le greffon Foggify, au lieu d'appeler :

    (python-fu-foggify RUN-NONINTERACTIVE 1 (car (gimp-image-get-layers 1)) "Clouds" '(50 4 4) 1.0 50.0)

    Vous devez maintenant appeler :

    (python-fu-foggify #:image 1 #:drawables (car (gimp-image-get-layers 1)) #:opacity 50.0 #:color '(50 4 4))

    Cela présente quelques avantages :

    • des appels beaucoup plus auto-documentés, d'autant plus que certains greffons ont beaucoup d'arguments (on pouvait donc se retrouver avec des fonctions avec une douzaine d'entiers ou de flottants et c'était très déroutant) ;
    • l'ordre des arguments n'a plus d'importance ;
    • vous pouvez ignorer les arguments lorsque vous les appelez avec des valeurs par défaut ;
    • cela permet d'améliorer les procédures des greffons dans le futur en ajoutant de nouveaux arguments sans casser les scripts existants.

    Ce dernier point en particulier est important, et l'ordre des arguments n'avait plus d'importance lors de l'appel de procédures PDB depuis l'API C, ainsi que toutes les liaisons introspectées. Script-Fu était la seule interface restante dont nous disposions qui se souciait encore de l'ordre et du nombre d'arguments. Ce n'est plus le cas et c'est donc un grand pas vers une API beaucoup plus robuste pour GIMP 3 !

    Formats de fichiers

    Toutes les modifications apportées aux greffons de chargement d'images sont vérifiées avec le cadriciel de tests automatisés créé par Jacob Boerema pour éviter les régressions.

    PSD

    En plus des corrections de bogues telles que l'enregistrement correct des images fusionnées CMJN, Jacob Boerema a ajouté la prise en charge du chargement des fichiers PSD LAB 16 bits par canal. Il a également mis à jour la boîte de dialogue d'exportation PSD pour utiliser les fonctions d'exportation de métadonnées intégrées de GIMP.

    DDS

    CMYK Student a implémenté la prise en charge très demandée du chargement d'images DDS avec prise en charge BC7. Jacob Boerema a travaillé pour corriger la compatibilité avec les fichiers DDS exportés à partir d'anciennes versions de GIMP.

    AppImage: c'est officiel !

    Après neuf mois d'incubation (le nombre est une simple coïncidence 🙂), nous présentons un « nouveau » format de distribution pour les utilisateurs Linux : .AppImage. Au départ, nous l'utilisions comme format interne pour les tests, comme déjà évoqué dans des articles précédents. Les efforts de Bruno Lopes nous ont permis d'améliorer le processus de construction. Nous sommes maintenant confiants avec l'AppImage générée et nous avons donc pour objectif de la rendre officielle.

    En tant que package officiel en amont, aucun greffon tiers sophistiqué ou autre binaire arbitraire qui ne soit pas une dépendance de GIMP n'est ajouté pour ne pas le « surcharger ». C'est ce que certains appellent GIMP « vanilla », un GIMP propre mais complet pour la production (c'est-à-dire pour une utilisation générale).

    Comme tout format d'empaquetage, il a ses propres caractéristiques et limites. Dans le cas de l'AppImage de GIMP, les outils inclus tels que gimp-console* et gimp-debug-tool* nécessitent une extraction préalable du fichier .AppImage avec la commande --appimage-extract. De plus, en partie à cause de la conception d'AppImage, les commandes qui pointent vers $PWD ne fonctionneront pas. Ces deux limitations de fonctionnalités sont les seules connues à ce jour. Donc, si vous en trouvez d'autres ou même des bogues, veuillez les signaler sur notre outil de suivi.

    Divers

    • Il est maintenant plus facile de charger des images depuis Google Drive ainsi que d'autres plateformes distantes ou dans le cloud, sans avoir a sélectionner un format de fichier pour essayer de l'ouvrir.

    • Notre processus de création génère désormais des icônes supplémentaires avec l'extension -rtl, qui sont automatiquement utilisées avec les langues s'écrivant de droite à gauche. Les icônes de flèches gauche et droite en sont un exemple : elles sont désormais orientées dans la bonne direction dans les deux types de langues.

    • Les développeurs de greffons n'ont plus besoin de créer des boutons de sélection de fichiers personnalisés - GimpProcedureDialog les crée désormais automatiquement lorsqu'un paramètre de type de fichier est utilisé. Vous pouvez également spécifier si le bouton sert à ouvrir ou à enregistrer des fichiers et des dossiers.

    • Rupert Weber a continué ses efforts pour nettoyer notre greffon BMP. De plus, il travaille actuellement à ajouter la prise en charge de l'importation de profils de couleurs dans les BMP, qui, espérons-le, sera prête dans une future version.

    • CMYK Student a mis à jour le greffon ICNS avec une nouvelle prise en charge des types d'icônes « ic05 » et des formats d'icônes ARGB. Ils ont également corrigé un bogue lors du chargement d'anciens formats ICNS sans masque de transparence. Lukas Oberhuber a aidé à diagnostiquer et à résoudre un bogue connu dans le format ICNS qui faisait que notre icône macOS affichait des pixels brouillés dans les petites tailles.

    GEGL

    La version 0.4.54 de GEGL contient également quelques améliorations et corrections de bogues. Thomas Manni a mis à jour le filtre Noise Spread pour éviter les bogues lorsqu'il est appliqué à des groupes de calques vides. Jonny Robbie a ajouté de nouvelles options et de nouveaux types de papier au filtre Negative Darkroom, et a optimisé certaines opérations en virgule flottante dans GEGL dans son ensemble.

    Statistiques

    Depuis GIMP 3.0 RC2, dans le dépôt principal de GIMP :

    • 85 rapports ont été fermés comme RÉPARÉS ;
    • 56 demandes de fusion ont été acceptées ;
    • 335 commits ont été poussés ;
    • 19 traductions ont été mises à jour : basque, bulgare, catalan, chinois (Chine), danois, néerlandais, finnois, géorgien, italien, norvégien nynorsk, persan, portugais, slovaque, slovène, espagnol, suédois, turc, ukrainien, vietnamien.

    33 personnes ont contribué à des modifications ou des correctifs à la base de code de GIMP 3.0.0 RC3 (l'ordre est déterminé par le nombre de commits ; certaines personnes sont dans plusieurs groupes) :

    • 13 développeurs pour le code principal : Jehan, Alx Sa, Jacob Boerema, Lloyd Konneker, Anders Jonsson, Thomas Manni, Bruno, Daniele Forsi, Lloyd Konneker, Lukas Oberhuber, Rupert, cheesequake, Øyvind Kolås ;
    • 10 développeurs de greffons ou modules : Alx Sa, Jacob Boerema, Jehan, Rupert, Lloyd Konneker, Anders Jonsson, Bruno, Daniel Novomeský, Daniele Forsi, lillolollo ;
    • 19 traducteurs : Alan Mortensen, Alexander Shopov, Nathan Follens, Kolbjørn Stuestøl, Hugo Carvalho, Asier Sarasua Garmendia, Ngọc Quân Trần, Jordi Mas, Marco Ciampa, Sabri Ünal, Anders Jonsson, Danial Behzadi, Ekaterine Papava, Jiri Grönroos, Jose Riha, Luming Zh, Martin, Rodrigo Lledó, Yuri Chornoivan ;
    • 1 Concepteur de thème : Alx Sa ;
    • 6 contributeurs pour la compilation, l’empaquetage ou l’intégration continue : Bruno, Jehan, Lloyd Konneker, Alx Sa, Rupert, Jacob Boerema.

    Contributions sur d'autres dépôts dans GIMPverse (l'ordre est déterminé par le nombre de commits) :

    • GEGL 0.4.54 est composé de 11 commits de 16 contributeurs : Øyvind Kolås, Alexander Shopov, Hugo Carvalho, JonnyRobbie, Alan Mortensen, Anders Jonsson, Asier Sarasua Garmendia, Bartłomiej Piotrowski, Jehan, Martin, Nathan Follens, Nils Philippsen, Rodrigo Lledó, Sam L, Thomas Manni, Yuri Chornoivan ;
    • ctx a enregistré 233 commits depuis la sortie de RC2 par 1 contributeur : Øyvind Kolås ;
    • gimp-data a enregistré 6 commits de 4 contributeurs : Bruno, Jehan, Alx Sa, Andre Klapper ;
    • gimp-test-images (nouveau référentiel pour les tests de prise en charge des images) a enregistré 5 commits de 2 contributeurs : Jacob Boerema, Alx Sa ;
    • la version gimp-macos-build (scripts de packaging macOS) a eu 6 commits par 2 contributeurs : Lukas Oberhuber, Bruno ;
    • la version flatpak a eu 12 commits par 3 contributeurs après la version RC2 : Bruno Lopes, Jehan, Hubert Figuière ;
    • notre site web principal a eu 42 commits par 6 contributeurs : Jehan, Alx Sa, Bruno, Jacob Boerema, Andre Klapper, Petr Vorel ;
    • notre site web de développement a eu 18 commits par 5 contributeurs : Jehan, Bruno, Lukas Oberhuber, Alx Sa, Anders Jonsson ;
    • notre documentation 3.0 comptait 373 commits de 13 contributeurs : Andre Klapper, Kolbjørn Stuestøl, Nathan Follens, Jacob Boerema, Alan Mortensen, Yuri Chornoivan, Dick Groskamp, ​​Jordi Mas, Alevtina Karashokova, Alx Sa, Anders Jonsson, Daniele Forsi, Hugo Carvalho.

    N'oublions pas de remercier toutes les personnes qui nous aident à trier dans Gitlab, à signaler les bugs et à discuter des améliorations possibles avec nous.
    Notre communauté est également profondément reconnaissante envers les guerriers d'Internet qui gèrent nos divers canaux de discussion ou comptes de réseaux sociaux tels que Ville Pätsi, Liam Quin, Michael Schumacher et Sevenix !

    Remarque : compte tenu du nombre de parties dans GIMP et de la façon dont nous obtenons des statistiques via les scripts « git », des erreurs peuvent se glisser dans ces statistiques. N'hésitez pas à nous dire si nous avons oublié ou mal classé certains contributeurs ou contributions.

    Autour de GIMP

    Miroirs de téléchargement

    Depuis la publication de la nouvelle version 3.0RC2, deux nouveaux miroirs ont été ajoutés :

    • Saswata Sarkar, Gurugram, Inde ;
    • Hoobly Classifieds, États-Unis.

    Les miroirs sont importants car ils aident le projet en répartissant la charge pour des dizaines de milliers de téléchargements quotidiens. De plus, en ayant des miroirs répartis dans le monde entier, nous garantissons que tout le monde peut avoir un accès rapide au téléchargement de GIMP.

    Comment citer GIMP dans la recherche

    GIMP est souvent utilisé dans la recherche et est donc cité dans diverses publications scientifiques. Un chercheur utilisant GIMP pour le traitement d'images astronomiques nous a contactés pour savoir comment citer GIMP correctement, d'autant plus qu'il est utilisé pour effectuer une étape importante de son algorithme.

    Comme cela semble être une question intéressante, nous avons mis à jour notre page « Citing GIMP and Linking to Us » avec une nouvelle sous-section « Citing GIMP in research » contenant la conclusion de cette discussion.

    En particulier, une entrée BibTex, destinée aux chercheurs utilisant LaTeX pour gérer leur bibliographie, est disponible sur ce lien pour simplifier votre travail. Par exemple, disons que vous utilisez ce RC3 pour vos recherches, vous pouvez citer GIMP avec cette entrée :

    @software{GIMP,
        author = {{The GIMP Development Team}},
        title = {GNU Image Manipulation Program (GIMP), Version 3.0.0-RC3. Community, Free Software (license GPLv3)},
        year = {2025},
        url = {https://gimp.org/},
        note = {Version 3.0.0-RC3, Free Software}
    }

    Merci à Cameron Leahy pour ce morceau de code BibTex !

    Télécharger GIMP 3.0 RC3

    Vous trouverez toutes nos versions officielles sur le site officiel de GIMP (gimp.org) :

    • Linux AppImages pour x86 et ARM (64 bits) ;
    • Linux Flatpaks pour x86 et ARM (64 bits) ;
    • Installateur Windows universel pour x86 (32 et 64 bits) et pour ARM (64 bits) ;
    • Paquet MSIX (GIMP Preview) pour x86 et ARM (64 bits) ;
    • Paquets macOS DMG pour le matériel Intel ;
    • Paquets macOS DMG pour le matériel Apple Silicon.

    D'autres paquets réalisés par des tiers devraient évidemment suivre (paquets de distributions Linux ou *BSD, etc.).

    Et ensuite ?

    Nous apprécions vraiment tous les tests et commentaires de la communauté que nous avons reçus au cours des deux dernières versions candidates !
    Nous espérons que ce sera la dernière version candidate avant la version stable 3.0. Notre objectif est maintenant de terminer la résolution des quelques bugs restants dans notre liste de jalons 3.0, tout en gardant un œil sur les nouveaux rapports résultant des changements dans RC3.

    N’oubliez pas que vous pouvez faire un don et financer personnellement les développeurs de GIMP, afin de contribuer et d’accélérer le développement de GIMP. L’engagement de la communauté aide le projet à se renforcer !

    Commentaires : voir le flux Atom ouvrir dans le navigateur

    ❌