BIO 8, une aventure humaine plein gaz… vert !
Julien Lenoir, associé BIO 8 : « Générer une autre source de revenus décarbonés ! »
Initié en 2019 pour une première injection dans le réseau GRDF le 22 février 2024, ce projet de construction ex nihilo d’une unité de méthanisation a vécu quelques soubresauts. « 2019/2024, c’est à la fois court et très long. On a tout connu, la Covid, la hausse de l’énergie, l’augmentation des matériaux. Je remercie tous nos partenaires sur ce projet et en premier lieu le maire de Manières, Francis Noblecourt pour son écoute et son soutien », commente Julien Lenoir, le porte parole de ce collectif de six agriculteurs associés dans la SAS BIO 8, Daniel Defossez, Benoît Gamblon, Julien Lenoir, Mathieu Locquet, Louis Locquet, et Franck Puche. « Nous souhaitions générer une autre source de revenus décarbonés ! En 2025, nous produisons 22GWH par an et cela représente l’alimentation en gaz vert de 3 700 foyers », poursuit-il.

Pour mener à bien ce dossier majuscule, les critères de départ étaient limpides. « Nous voulions un site proche de nos 6 exploitations agricoles, à proximité de l’autoroute, des canalisations gaz et loin des habitations », explique Julien Lenoir. Force est de constater que l’expérience des installations précédentes en France dégage des expériences, des résistances sur le volet acceptabilité à prendre en compte, un travail de communication auprès de la population et des élus locaux. Aucune traversée de villages, les premières habitations sont à minima 1,2 km, tout a été pensé pour ne pas perturber les autochtones !
Ensuite, les deux autres piliers de cette démarche pour les agriculteurs/associés sont simples, le financement et le volet technique.
Financement et technicité
Bien sûr, outre l’acceptabilité par la population voisine, le financement et la haute technicité associée à ce profil de projet agricole constituent la haie à franchir. Concernant le financement, il s’élève à 7 millions d’euros avec un soutien de l’Europe (600 000 euros) via les Fonds FEDER pilotés par la région Hauts de France, mais également un financement participatif citoyens Mimosa à hauteur de 100 000 euros. En l’espèce, le Crédit Agricole a joué pleinement son rôle de financeur du monde agricole. « Nous remercions notre conseiller bancaire du Crédit Agricole à l’écoute tout au long de ce projet, mais aussi pour sa compétence et son savoir faire », précise-t-il, car le montant autofinancé par les associés et un prêt bancaire constitue la majeure partie du chemin financier.

Ensuite, la voie technique n’est pas plus simple. « Nous remercions Olivier Bertrand (délégué territorial GRDF) pour nous avoir faciliter les rouages administratifs, auprès des élus également, et trouver les solutions techniques. » A ce titre, Didier Cousin, Directeur territorial GRDF Hauts de France, précise : « Cette région est la plus consommatrice en gaz en France. La 1ère unité de méthanisation a été lancée en 2011 à Sequedin. Actuellement, il existe 783 sites en France. Sous l’impulsion du CORBI et l’appui de l’ancien Ministre Philippe Vasseur, nous allons inauguré début juillet la 100ème unité de méthanisation dans les Hauts de France. Nous voulons atteindre la souveraineté régionale énergétique (gaz) en 2050 avec 100% de biogaz injecté. »
La provenance des déchets organiques

Surtout, il faut bien comprendre que les sources de déchets organiques sont multiples. « Nous utilisons d’abord nos produits de nos six exploitations, voire lisier, mais également ceux des industriels de l’agro-alimentaire sur le Cambrésis, huile, sucre, pomme de terre en abondance et même des frites précuites plus utilisables ni pour l’humain, ni pour l’animal. En fait, nous faisons notre propre recette, la meilleure suivant les déchets organiques afin de produire du biogaz. C’est un peu comme dans un Thermomix ! », précise-t-il.

Dans un secteur très betteravier, la pulpe de betteraves est très présente également ; 45 tonnes de déchets organiques sont consommés chaque jour. Ils sont broyés (visuel ci-dessus), puis à travers un processus complexe où les bactéries transforment ces déchets naturels en biogaz, le réseau gaz du Cambrésis est alimenté par cette énergie naturelle. « Suite à ce processus, nous récupérons également 800 tonnes d’engrais par an que nous utilisons pour nos exploitations agricoles », conclut Julien Lenoir. Nous sommes concrètement dans la transition écologique en amont et en aval de la chaîne.
« N’ayez pas peur ! », maire de Masnières
Le premier magistrat de Masnières s’est transformé en ardent défenseur d’une unité de méthanisation agricole. « Je sais qu’il y a des résistances locales face à un tel projet, mais je dis à mes collèges maires ; n’ayez pas peur ! »
Enfin, le Sous-Préfet de Cambrai ne minimise pas les difficultés d’une telle initiative. « Il faut beaucoup de pédagogie, s’entourer des bons partenaire, car une unité de méthanisation agricole est un gros projet industriel. »
Daniel Carlier
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