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{ Tribune Expert } – La Red Team : un levier stratégique pour les entreprises

23 octobre 2025 à 14:14

Face à la diversité grandissante des menaces, dont la sophistication est facilitée par l’usage de l’intelligence artificielle (phishing personnalisé, deepfakes…), les experts de la sécurité offensive continuent d’évoluer afin d’être en mesure de répliquer au mieux les attaquants.

Là où les audits traditionnels permettent de mettre en évidence des vulnérabilités et des non-conformités sur un périmètre précis, ils ne sont pas représentatifs du réalisme d’une attaque informatique ciblant une entreprise dans l’absolu : ce cadre bien défini les empêche souvent d’explorer ce que l’entreprise n’imagine pas.

Lever les œillères de la cybersécurité classique

En effet, les tests d’intrusion, les scans de vulnérabilités et autres audits de conformité sont en général effectués sur une maigre partie du SI de l’entreprise : une application web, le réseau interne d’une filiale, une chaîne de CI/CD, une entité spécifique… Ces audits « classiques » permettent aux consultants en cybersécurité de mettre en place des scénarios d’attaque connus, documentés et souvent exploitables à partir d’outils open-source. Néanmoins, ils ne permettent pas d’intégrer la totalité des facteurs impactant le niveau réel de sécurité de l’entreprise.

Par exemple, la combinaison d’éléments faibles à différents niveaux (humain, procédural et logique) peut permettre de concrétiser de lourds impacts. Et une campagne de spear phishing tirant parti d’un événement interne, couplée à un deepfake vocal, pourrait déjouer la vigilance des utilisateurs et permettre à un attaquant d’obtenir un accès initial au réseau interne depuis un poste de travail compromis. La conformité à des listes de points de contrôle ne peut malheureusement pas déjouer ce genre de scénarios. par

Un attaquant réel cherchant à nuire à une entreprise dans le cadre de la mise en place d’un ransomware ou d’espionnage industriel ne se limitera pas à un périmètre précis comme un auditeur, mais considérera plutôt les actifs de l’entreprise au global : périmètre logique externe, employés, infrastructures physiques, réseau interne…

Les audits « Red Team » ne sont pas un test technique ponctuel, c’est une simulation d’adversaire pensée dans la durée et se basant sur le threat model de la cible. Elle part d’une posture offensive : intelligence sur la menace, scénarios réalistes, exploitation de la chaîne humaine, procédurale et technique. La méthodologie combine renseignement (open source et ciblé), scénarios réalistes, exécutions contrôlées et évaluation du bruit, de la réponse et de la coordination interne.

Ce genre d’exercice a deux objectifs majeurs :

>  Mettre en exergue un scénario complet illustrant la compromission d’actifs critiques (dits « trophées ») ;

> Tester les capacités de détection et de réaction de l’équipe de défense, dite « Blue Team », afin d’évaluer comment une organisation réagit lorsqu’on la met réellement sous pression, et de générer un diagnostic de résilience : combien de temps pour détecter ? Combien de temps pour bloquer ? Qui décide ? Quelles procédures limitent le champ des possibles de l’attaquant ? Quelles communications internes s’enclenchent (ou pas) ?

Pour la direction, ces enseignements sont précieux : ils transforment des hypothèses, jusque-là potentiellement non éprouvées, en données mesurables et leviers actionnables.

Un outil stratégique au service des comités de direction

La valeur d’un audit « Red Team » se mesure à son utilité stratégique : le rapport, la chaîne de compromission et la timeline fournissent à la direction des enseignements clairs, priorisés et intégrables au plan de gestion du risque : scénarios mis en évidence, vecteurs exploités, impacts simulés, points de défaillance organisationnels pointés…

La transparence et la communication interne sont essentielles : informer les parties prenantes concernés sans céder à la panique et préparer un plan de remédiation pragmatique. Idéalement, les audits « Red Team » sont suivis par des exercices « Purple Team », où les auditeurs et les équipes de sécurité échangent lors de sessions collaboratives afin de corriger les lacunes, améliorer les détections et raffiner les méthodologies d’intervention. Ce cycle continu (simuler, apprendre, corriger, vérifier) élève la posture globale face à une menace réelle.

Au-delà d’un audit technique, l’exercice « Red Team » constitue ainsi un fort levier stratégique : il transforme la cybersécurité en instrument d’anticipation pour le comité de direction, renforce la coordination entre les équipes et met l’accent sur la résilience business, et non pas seulement sur la conformité.

* Richard Disaro est consultant au sein du cabinet XMCO

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