Merci pour le partage, c'est très intéressant et il y a plein de liens :)
Je suis globalement dans la lignée de cet article et je vais essayer de résumer ma position en quelques points.
Le domaine du numérique promet des gains de temps depuis plus de 70 ans. Si la promesse avait été suivie d’effet nous devrions, soit avoir réduit le temps de travail à 1h par semaine, soit avoir multiplié la “productivité” par un facteur énorme. Si ce n’est pas le cas, c’est que ce fameux “temps gagné” a immédiatement été rempli par autre chose, pas nécessairement plus intéressant ni surtout plus productif. Allons-nous continuer longtemps à tomber dans ce piège ?
En effet, à quoi sert le temps qui est dégagé par la hausse de productivité ?
Je pourrais résumer de façon quasi caricaturale en disant que la droite y voit plus de temps pour travailler et produire (sur du "temps libre" potentiel, ils n'ont pas honte de saboter le principe de base). Et en ajoutant que la gauche n'y voit plus que du temps pour consommer et fabriquer la culture à consommer.
Bon ok c'est complètement caricatural (c'est néanmoins une limite que je fixe pour apprécier les positions de chacun, surtout dans le domaine politique ou ils sont décisionnaires et acteurs en premier lieu).
Bref, mes points par ordre d'importance (j'y reviendrai probablement à un moment) :
- Je considère que malgré certaines avancées sociales (donc des droits et des garanties d'équité pour les individus) de ces dernières décennies, on n'aborde pas le paradoxe de nos systèmes consuméristes (produire, produire, produire, pourquoi déjà ?). Et au lieu de ça, on mise sur une avancée téchnologique (un "game changer", une révolution qui se répercutera dans le social ma bonne dame !).
Les répercutions dans le social : j'ai vu un lien d'Antonio Casili, il étudie et parle très bien de cet exclavagisme moderne ou - notamment - les grands groupes vont embaucher des petites mains pour former ou déformer les IA.
C'est la ou l'arnaque est belle : au niveau individuel on se fout de savoir pourquoi on dégage du temps libre car on sait toujours ce qu'on pourra en faire. Exit la réflexion collective sur ce "temps libre" et la valeur ajoutée de cette surproduction (comparée à l'énergie consommée par exemple).
- On parle pas d'IA, car la notion d'intelligence n'est pas clairement définie. On parle surtout de chatbot moteur de recherche que je simplifie par chatbotMDR.
Je sais que ça n'empêche pas tout un pan du domaine d'être dédié à des avancées médicales ou d'autres sujets que je juge plus importants mais c'est moins visible et il faut du bon journalisme et de la bonne vulgarisation pour le montrer au public (qui ne voit sûrement que ChefGPT avant tout).
- Les cas d'usages : je pourrais m'alarmer direct sur UN exemple dramatique style "j'ai monté tout mon projet grâce à ChefGPT mais ça marche plus, que faire ?" mais ça me semble trop naïf sans connaître la tendance des usages.
Si je me fie à ce qui est fait autour de moi, il y a à boire et à manger mais je ne vois pas beaucoup d'intelligence surtout de la performance (à qui qui aura les plus gros paramètres, le plus petit temps de réponse pour obtenir une "info" à requalifier de toute façon ?).
L'exemple du "résumé d'une réunion" faite par IA est bon, l'exercice n'est pas ultra simple et nécessite une très bonne compréhension du texte même plus.
Le temps que vous prendrez pour faire un prompt précis pour générer un email particulier est probablement du même ordre que d'écrire l'email directement. C'est un cas d'usage qui ne devrait pas en être un, il me semble.
On aurai pu utiliser cet outil pour alimenter notre conception de l'apprentissage et de l'intelligence, d'ailleurs certains le font et ils ne demandent pas des milliards pour exister ou empêcher la fin du monde. Mais ouvrir ce débat au public est "compliqué" il faut croire, il va réfléchir, échanger et s'émanciper peut-être.
- C'est une excuse pour alimenter la guerre froide. (point bonus comploplo)
Et quel meilleur exemple que la percée de DeepSeek qui vient diviser les coûts de production de quelques ordres de grandeur.
"Il faut investir plus pour pouvoir investir moins", par ici l'argent public.
Bon je pensais que ça sortirait mieux mais finalement c'est encore pour râler ^^".
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