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Conscientiser l’auteur.e d’une violence intrafamiliale

5 décembre 2024 à 06:00

Faire comprendre son comportement à l’auteur.e de violences intrafamiliales

Il ne faut pas banaliser la difficulté à réaliser ce documentaire « Combattre leur violence », car Florie Martin a connu des résistances du Ministère de la Justice avant qu’il n’accepte ce tournage. Effectivement, le focus depuis des années était, fort logiquement, sur les victimes, leur prise en charge, un soutien à s’engager dans une procédure judiciaire, un engagement financier symbolisé par l’aide universelle immédiate aux victimes dans les meilleurs délais, en résumé une reprise en main de leur vie. 

L’autre face de la pièce, l’auteur.e, doit être pris en compte, car il est fondamental de faire comprendre à ces derniers leurs actes. Dire que seule la prévention suffirait serait aussi pertinent que de se concentrer uniquement sur les messages d’alerte à la sécurité routière et supprimer l’aval de cette délinquance routière et meurtrière. 

Un travail avec l’auteur.e

Ce documentaire bouclé depuis novembre 2022 a été possible grâce à la participation de Florie Martin, durant 3 mois, à des ateliers obligatoires d’auteurs de violences intrafamiliales. « On remarque rapidement le manque d’empathie des auteurs, ils n’ont de fait pas conscience de leurs actes », souligne-t-elle. 

La mission difficile est donc de conscientiser l’auteur.e face à l’insoutenable de ces actes. Ainsi, la journaliste a pu assister et filmer ces séances où l’échange constitue la base d’un dialogue évolutif. Dix personnes condamnées pour violence ont participé à des ateliers, une fois par semaine, en compagnie d’une psychologue et de 3 animatrices dont l’objectif premier était de briser le silence, cette omerta du subconscient refusant de qualifier son propre comportement. C’est pourquoi, la verbalisation des faits dans une cruelle réalité constitue déjà une étape importante. 

Bien sûr, chaque histoire est différente, chaque cas si particulier. Cet angle de la lutte contre les violences sexuelles, physiques et/ou verbales, fait totalement partie de l’équation d’une lutte efficiente contre les violences intrafamiliales. En effet, l’absence de récidive demeure le fil rouge d’une sanction de justice dans un Etat de Droit. Présent à cette information, le CAP (Centre d’Accompagnement et de Prévention) est venu apporter son analyse sur leur suivi professionnel des auteur.e.s. Tous les milliards du monde ne freineront pas le poing qui frappe tant que l’auteur n’aura aucune conscience de son comportement. Nous le voyons, aujourd’hui, à travers la délinquance des mineurs où la vie ne vaut rien in fine… !

« Les violences intrafamiliales ne sont pas genrées ! », Centre d’Accompagnement et de Prévention

En présence du parquet de Valenciennes, du SPIP (service pénitentiaire d’insertion et de probation), les deux professionnelles présentes du CAP valident une constante. Même si le rapport est de 90/10%, voire 85/15%, Femmes/Hommes, le CAP confirme que « les violences intrafamiliales ne sont pas genrées ! Il n’existe pas non plus de profil véritable. Toutes les couches sociales sont concernées même si la précarité rend plus visible ces comportements, mais plus cachés dans les milieux favorisés », indique Pauline Beautour.

« Nous travaillons sur la mise en situation, sur l’empathie, notamment la gestion de la colère. En fait, les auteur.e.s n’ont pas conscience de la violence verbale (sans même parler de la violence physique), ni celui du consentement dans le couple. Nous essayons de les mettre dans la peau de la victime », ajoute Caroline Courbet. 

Voilà un bref extrait des échanges qui ont suivi cette projection de ce documentaire, presque disruptif, dans notre lecture des causes et des conséquences. Chaque angle de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles est nécessaire, le combat continue grâce à ces initiatives.

Daniel Carlier

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