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« Tout réapprendre » : ce qu’arrêter l’alcool change dans la vie amoureuse

22 février 2024 à 08:44

« J’ai rencontré un mec qui s’est mis à me raconter sa vie pendant hyper longtemps sans me poser la moindre question. Je m’ennuyais tellement, j’aurais bien aimé boire une pinte de bière. » Clara (29 ans) a fait une pause de l’alcool pendant un mois pour la première fois l’année passée. Elle a été heureuse de découvrir qu’elle n’est « ni moins drôle ni moins intéressante sobre ». Les gueules de bois ne lui ont pas manqué, ni « l’enfer des premiers rapports bourrés ». Mais il y a eu quelques moments difficiles, et notamment les premiers dates avec des quasi-inconnus.

La consommation d’alcool baisse, notamment chez les jeunes. En Belgique, on boit deux fois moins de bière qu’il y a 30 ans, d’après le dernier rapport annuel des brasseurs belges. Il n’empêche, le bar reste l’un des endroits les plus courants où l’on se fixe un premier rendez-vous. Pour celles et ceux qui ont passé une bonne partie de leur vie amoureuse un verre à la main, être sobre impose un nouvel apprentissage : sans alcool, comment se regarder dans les yeux, oser un premier baiser et plus si affinités ?

Premier (bon) élément, rencontrer quelqu’un sobre exclut d’office certaines personnes à qui vous auriez laissé une chance avec quelques verres dans le nez. « Bourrée, j’aurais sans doute été contente de plaire, sans me demander si c’était réciproque », analyse Clara en repensant à son rendez-vous raté. « Mais là, sobre, c’était impossible de passer à côté du fait que j’étais pas intéressée. »

Le pouvoir désinhibant de l’alcool présente certes la capacité de lubrifier la rencontre, mais il n’aide pas à prendre les meilleures décisions et ses effets sont imprévisibles : « L’éthanol agit sur tellement de neurotransmetteurs qu’on ne peut pas être sûr de ce qui va se passer », explique Catherine Hanak, psychiatre et addictologue au CHU Brugmann, à Bruxelles. Difficile alors d’être dans l’état requis pour bien évaluer la situation qu’on vit face à une nouvelle rencontre. A-t-on apprécié cette personne en elle-même, sa présence ou juste le fait d’avoir enfilé des verres ?

Plusieurs mois après la fin de sa pause, Clara a finalement rencontré quelqu’un lors d’une soirée alcoolisée. Heureusement, elle l’apprécie toujours, même quand elle ne boit pas : « Ça se passe hyper bien ! Mais on s’est dit plein de choses sur notre vie dont j’ai aucun souvenir. Maintenant, j’ose pas lui poser certaines questions, de peur qu’on ait déjà abordé le sujet… »

Quand vous prenez le parti de chercher l’amour sobre, apprendre à gérer votre nervosité autrement qu’en vous cachant derrière un verre constitue un défi majeur. Valérie (33 ans)  ne se considère pas comme alcoolique mais elle a toujours bu lors de ses rendez-vous amoureux, notamment « pour faire taire [son] anxiété sociale ». Après « une relation qui s’est très mal passée » et à laquelle elle « aurait mis un terme bien plus tôt » si elle avait été moins sous l’influence de la boisson, elle s’est totalement sevrée. Depuis quelques semaines, elle est inscrite sur des applications de rencontres, mais elle n’a pas encore fixé de rendez-vous, car elle appréhende encore trop le regard des autres : « J’ai peur de pas être à l’aise et de devoir me justifier, ou qu’on me demande pourquoi je bois pas… »

Maud (24 ans), elle, n’a jamais aimé « se mettre des caisses », mais elle a arrêté de boire après une période où elle trouvait « que l’alcool s’installait trop dans [son] quotidien ». Après avoir stoppé, elle a été frappée par la pression sociale qui fait de l’alcool un automatisme, et les stéréotypes sexistes qui vont avec : « Quand on est une fille, il faut boire, mais pas trop. Quand je racontais que j’avais déjà été super bourrée, je sentais que c’était pas en phase avec l’idéal féminin de certains garçons… alors qu’on pourrait davantage se questionner sur le fait que tout le monde boit autant, tout le temps. » Dans tous les cas, même si ça peut s’avérer peu excitant, et même un peu lourd, « c’est important d’expliquer qu’on ne boit pas, pour partir sur des bases saines », juge Catherine Hanak.

Sobre depuis trois ans après de longues années d’ivresse, l’humoriste Maxime Musqua (36 ans) a développé des techniques pour dédramatiser le sujet. « Je donne rendez-vous le dimanche matin, c’est super pratique pour ne pas avoir de décalage sur la consommation », me dit-il.

Certain·es utilisateur·ices des applications de rencontre semblent également être de plus ou plus ouvert·es à l’idée de faire des dates ailleurs que dans un bar. En 2022, l’application Bumble avait publié ses prédictions. Selon leurs conclusions, la consommation d’alcool ne jouait plus un rôle aussi important dans les rencontres ou relations amoureuses qu’auparavant. Sur cette application, 34% des personnes sondées se déclarent d’ailleurs plus susceptibles d’avoir un dry date aujourd’hui qu’avant la pandémie.

Mais en arrêtant de boire ou en diminuant, il est aussi possible que vous ayez tout simplement besoin de mettre en pause votre vie sentimentale. Annabelle (31 ans) a décidé de réduire sa consommation parce qu’elle ne supportait plus les gueules de bois, alors qu’elle consacrait toute son énergie à d’importants changements dans sa vie : « J’étais en reconversion professionnelle, je suivais une thérapie… » Cette période l’a plongée, au niveau sentimental, dans une traversée du désert d’un peu plus d’un an « plutôt bien vécue ». « Intérieurement, c’était trop le chantier pour être avec quelqu’un », estime-t-elle. Depuis quelques semaines, elle voit un garçon rencontré à son cours de chant – une activité qu’elle a démarrée après avoir arrêté l’alcool.

Pour Paul (43 ans), c’est encore compliqué. Suivi par un addictologue depuis plusieurs années, il s’est rendu compte que son alcoolisme nourrissait une forme de dépendance affective. « J’enchaînais les rencontres et les verres parce que je manque d’estime de moi et que j’arrive pas à vivre seul, explique-t-il. J’ai peur de rendre les autres malheureux aussi. » Sobre depuis trois mois, il estime avoir besoin de « prendre le temps de [se] soigner et de [se] reconstruire » avant de faire de nouvelles rencontres.

« Le premier bisou, c’est toujours plus difficile, relance Maxime Musqua. Ça peut prendre un peu plus de temps, y’a ce moment où on sait qu’on se plaît sans savoir si c’est le bon moment pour tenter quelque chose… Et en même temps, une fois qu’on y arrive, ça peut aussi être vachement mieux parce qu’on est sûr qu’on en a envie ! On a plus attendu et on a aussi plus de sensations du fait d’être sobre. »

Sans surprise, le sexe est généralement meilleur quand on dispose de toutes ses facultés, et qu’on peut s’en rappeler le lendemain. « La communion des corps n’a rien à voir ! », s’enthousiasme la journaliste Charlotte Peyronnet (33 ans). Avec le recul, elle estime que l’alcool l’a accompagnée dans la « longue errance hétérosexuelle » qu’elle raconte dans Et toi, pourquoi tu bois ? (Éditions Denoël, 2024). « Je pense que j’ai toujours été lesbienne mais je me le suis caché pendant des années, l’alcool m’a beaucoup aidée à me voiler la face, me confie-t-elle. Je buvais des verres de blanc au petit réveil pour avoir envie de faire l’amour. »

Nefeli (30 ans) trouve que la sobriété l’aide à mieux respecter son propre consentement. « Avant, y’avait des tas de fois où je me réveillais le lendemain matin en me demandant pourquoi j’étais là, dit-elle. Ça me manque pas du tout. » Si elle admet une certaine « nostalgie » au souvenir de « ces nuits où elle embrassait des inconnus » – ce qu’elle n’ose plus –, elle estime avoir « totalement gagné au change » car elle se sent « plus en sécurité » et « plus épanouie dans une sexualité plus douce ».

Faire l’amour sobre n’a pas été simple pour Charlotte Peyronnet : « J’avais énormément de complexes sur mon corps que je noyais dans l’alcool. Au début, j’avais plus du tout de désir pour ma partenaire. J’ai passé beaucoup de temps à me masturber, j’ai dû tout réapprendre, recréer un nouvel imaginaire avant de me sentir prête. » Mais elle aussi affirme pouvoir profiter des aspects positifs désormais. Car au-delà du rapport à soi-même – à son corps et/ou à sa sexualité –, la sobriété peut aussi soulager votre partenaire, si vous êtes en couple. « Ma copine m’a raconté qu’elle s’inquiétait tout le temps de devoir gérer les dégâts causés par ma consommation, de devoir venir me chercher à l’hôpital… », poursuit Charlotte. C’est entre autres sa partenaire qui l’a énormément aidée à arrêter de boire : « J’ai vu dans son regard qu’elle m’aimait toujours et qu’elle me soutenait, ça m’a donné énormément de force. »

Ne plus avoir l’alcool comme exutoire peut aussi vous aider à mieux communiquer au sein du couple. « On est plus attentifs l’un·e à l’autre, on échange davantage », estime Evelyne, créatrice du compte Instagram @sobreetbranchee. Après son arrêt de l’alcool en septembre 2020, suivi de la diminution de consommation de son compagnon, son couple sort davantage. « On va au resto, au cinéma ou à la bibliothèque ensemble toutes les semaines », s’enthousiasme-t-elle. Les soirées à deux sont désormais plus légères, moins centrées autour de la bouteille ouverte pour le repas et de l’atmosphère pesante qui suivait. Avec moins d’alcool entre eux, la complicité a regagné du terrain.

Ces changements s’expliquent en partie par le fait qu’on « est souvent plus présent·e dans une relation après avoir arrêté de boire, surtout si l’alcool était au centre de notre vie avant », confirme Catherine Hanak – même s’il ne faut pas faire de généralités : il y a des personnes alcooliques qui arrivent à bien gérer leur couple. « Quand on boit, on attend souvent d’être ivre pour essayer de régler ses problèmes de couple, remet Maxime Musqua. Sobre, on est obligé·e d’apprendre à régler les conflits autrement, en étant attentif à ses émotions, en mettant des mots dessus, et en assumant de se montrer vulnérable pour les exposer à notre partenaire. »

Si la sobriété amène « beaucoup de choses positives » la plupart du temps, Catherine Hanak reconnaît tout de même qu’elle peut aussi être source de tensions. « Par exemple, quand c’était le partenaire de la personne qui buvait qui prenait beaucoup de décisions pour le couple :  sobre, on se met à donner beaucoup plus son avis. Un nouvel équilibre est donc à réinventer. »

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« Tout réapprendre » : ce qu’arrêter l’alcool change dans la vie amoureuse

22 février 2024 à 08:44

« J’ai rencontré un mec qui s’est mis à me raconter sa vie pendant hyper longtemps sans me poser la moindre question. Je m’ennuyais tellement, j’aurais bien aimé boire une pinte de bière. » Clara (29 ans) a fait une pause de l’alcool pendant un mois pour la première fois l’année passée. Elle a été heureuse de découvrir qu’elle n’est « ni moins drôle ni moins intéressante sobre ». Les gueules de bois ne lui ont pas manqué, ni « l’enfer des premiers rapports bourrés ». Mais il y a eu quelques moments difficiles, et notamment les premiers dates avec des quasi-inconnus.

La consommation d’alcool baisse, notamment chez les jeunes. En Belgique, on boit deux fois moins de bière qu’il y a 30 ans, d’après le dernier rapport annuel des brasseurs belges. Il n’empêche, le bar reste l’un des endroits les plus courants où l’on se fixe un premier rendez-vous. Pour celles et ceux qui ont passé une bonne partie de leur vie amoureuse un verre à la main, être sobre impose un nouvel apprentissage : sans alcool, comment se regarder dans les yeux, oser un premier baiser et plus si affinités ?

Premier (bon) élément, rencontrer quelqu’un sobre exclut d’office certaines personnes à qui vous auriez laissé une chance avec quelques verres dans le nez. « Bourrée, j’aurais sans doute été contente de plaire, sans me demander si c’était réciproque », analyse Clara en repensant à son rendez-vous raté. « Mais là, sobre, c’était impossible de passer à côté du fait que j’étais pas intéressée. »

Le pouvoir désinhibant de l’alcool présente certes la capacité de lubrifier la rencontre, mais il n’aide pas à prendre les meilleures décisions et ses effets sont imprévisibles : « L’éthanol agit sur tellement de neurotransmetteurs qu’on ne peut pas être sûr de ce qui va se passer », explique Catherine Hanak, psychiatre et addictologue au CHU Brugmann, à Bruxelles. Difficile alors d’être dans l’état requis pour bien évaluer la situation qu’on vit face à une nouvelle rencontre. A-t-on apprécié cette personne en elle-même, sa présence ou juste le fait d’avoir enfilé des verres ?

Plusieurs mois après la fin de sa pause, Clara a finalement rencontré quelqu’un lors d’une soirée alcoolisée. Heureusement, elle l’apprécie toujours, même quand elle ne boit pas : « Ça se passe hyper bien ! Mais on s’est dit plein de choses sur notre vie dont j’ai aucun souvenir. Maintenant, j’ose pas lui poser certaines questions, de peur qu’on ait déjà abordé le sujet… »

Quand vous prenez le parti de chercher l’amour sobre, apprendre à gérer votre nervosité autrement qu’en vous cachant derrière un verre constitue un défi majeur. Valérie (33 ans)  ne se considère pas comme alcoolique mais elle a toujours bu lors de ses rendez-vous amoureux, notamment « pour faire taire [son] anxiété sociale ». Après « une relation qui s’est très mal passée » et à laquelle elle « aurait mis un terme bien plus tôt » si elle avait été moins sous l’influence de la boisson, elle s’est totalement sevrée. Depuis quelques semaines, elle est inscrite sur des applications de rencontres, mais elle n’a pas encore fixé de rendez-vous, car elle appréhende encore trop le regard des autres : « J’ai peur de pas être à l’aise et de devoir me justifier, ou qu’on me demande pourquoi je bois pas… »

Maud (24 ans), elle, n’a jamais aimé « se mettre des caisses », mais elle a arrêté de boire après une période où elle trouvait « que l’alcool s’installait trop dans [son] quotidien ». Après avoir stoppé, elle a été frappée par la pression sociale qui fait de l’alcool un automatisme, et les stéréotypes sexistes qui vont avec : « Quand on est une fille, il faut boire, mais pas trop. Quand je racontais que j’avais déjà été super bourrée, je sentais que c’était pas en phase avec l’idéal féminin de certains garçons… alors qu’on pourrait davantage se questionner sur le fait que tout le monde boit autant, tout le temps. » Dans tous les cas, même si ça peut s’avérer peu excitant, et même un peu lourd, « c’est important d’expliquer qu’on ne boit pas, pour partir sur des bases saines », juge Catherine Hanak.

Sobre depuis trois ans après de longues années d’ivresse, l’humoriste Maxime Musqua (36 ans) a développé des techniques pour dédramatiser le sujet. « Je donne rendez-vous le dimanche matin, c’est super pratique pour ne pas avoir de décalage sur la consommation », me dit-il.

Certain·es utilisateur·ices des applications de rencontre semblent également être de plus ou plus ouvert·es à l’idée de faire des dates ailleurs que dans un bar. En 2022, l’application Bumble avait publié ses prédictions. Selon leurs conclusions, la consommation d’alcool ne jouait plus un rôle aussi important dans les rencontres ou relations amoureuses qu’auparavant. Sur cette application, 34% des personnes sondées se déclarent d’ailleurs plus susceptibles d’avoir un dry date aujourd’hui qu’avant la pandémie.

Mais en arrêtant de boire ou en diminuant, il est aussi possible que vous ayez tout simplement besoin de mettre en pause votre vie sentimentale. Annabelle (31 ans) a décidé de réduire sa consommation parce qu’elle ne supportait plus les gueules de bois, alors qu’elle consacrait toute son énergie à d’importants changements dans sa vie : « J’étais en reconversion professionnelle, je suivais une thérapie… » Cette période l’a plongée, au niveau sentimental, dans une traversée du désert d’un peu plus d’un an « plutôt bien vécue ». « Intérieurement, c’était trop le chantier pour être avec quelqu’un », estime-t-elle. Depuis quelques semaines, elle voit un garçon rencontré à son cours de chant – une activité qu’elle a démarrée après avoir arrêté l’alcool.

Pour Paul (43 ans), c’est encore compliqué. Suivi par un addictologue depuis plusieurs années, il s’est rendu compte que son alcoolisme nourrissait une forme de dépendance affective. « J’enchaînais les rencontres et les verres parce que je manque d’estime de moi et que j’arrive pas à vivre seul, explique-t-il. J’ai peur de rendre les autres malheureux aussi. » Sobre depuis trois mois, il estime avoir besoin de « prendre le temps de [se] soigner et de [se] reconstruire » avant de faire de nouvelles rencontres.

« Le premier bisou, c’est toujours plus difficile, relance Maxime Musqua. Ça peut prendre un peu plus de temps, y’a ce moment où on sait qu’on se plaît sans savoir si c’est le bon moment pour tenter quelque chose… Et en même temps, une fois qu’on y arrive, ça peut aussi être vachement mieux parce qu’on est sûr qu’on en a envie ! On a plus attendu et on a aussi plus de sensations du fait d’être sobre. »

Sans surprise, le sexe est généralement meilleur quand on dispose de toutes ses facultés, et qu’on peut s’en rappeler le lendemain. « La communion des corps n’a rien à voir ! », s’enthousiasme la journaliste Charlotte Peyronnet (33 ans). Avec le recul, elle estime que l’alcool l’a accompagnée dans la « longue errance hétérosexuelle » qu’elle raconte dans Et toi, pourquoi tu bois ? (Éditions Denoël, 2024). « Je pense que j’ai toujours été lesbienne mais je me le suis caché pendant des années, l’alcool m’a beaucoup aidée à me voiler la face, me confie-t-elle. Je buvais des verres de blanc au petit réveil pour avoir envie de faire l’amour. »

Nefeli (30 ans) trouve que la sobriété l’aide à mieux respecter son propre consentement. « Avant, y’avait des tas de fois où je me réveillais le lendemain matin en me demandant pourquoi j’étais là, dit-elle. Ça me manque pas du tout. » Si elle admet une certaine « nostalgie » au souvenir de « ces nuits où elle embrassait des inconnus » – ce qu’elle n’ose plus –, elle estime avoir « totalement gagné au change » car elle se sent « plus en sécurité » et « plus épanouie dans une sexualité plus douce ».

Faire l’amour sobre n’a pas été simple pour Charlotte Peyronnet : « J’avais énormément de complexes sur mon corps que je noyais dans l’alcool. Au début, j’avais plus du tout de désir pour ma partenaire. J’ai passé beaucoup de temps à me masturber, j’ai dû tout réapprendre, recréer un nouvel imaginaire avant de me sentir prête. » Mais elle aussi affirme pouvoir profiter des aspects positifs désormais. Car au-delà du rapport à soi-même – à son corps et/ou à sa sexualité –, la sobriété peut aussi soulager votre partenaire, si vous êtes en couple. « Ma copine m’a raconté qu’elle s’inquiétait tout le temps de devoir gérer les dégâts causés par ma consommation, de devoir venir me chercher à l’hôpital… », poursuit Charlotte. C’est entre autres sa partenaire qui l’a énormément aidée à arrêter de boire : « J’ai vu dans son regard qu’elle m’aimait toujours et qu’elle me soutenait, ça m’a donné énormément de force. »

Ne plus avoir l’alcool comme exutoire peut aussi vous aider à mieux communiquer au sein du couple. « On est plus attentifs l’un·e à l’autre, on échange davantage », estime Evelyne, créatrice du compte Instagram @sobreetbranchee. Après son arrêt de l’alcool en septembre 2020, suivi de la diminution de consommation de son compagnon, son couple sort davantage. « On va au resto, au cinéma ou à la bibliothèque ensemble toutes les semaines », s’enthousiasme-t-elle. Les soirées à deux sont désormais plus légères, moins centrées autour de la bouteille ouverte pour le repas et de l’atmosphère pesante qui suivait. Avec moins d’alcool entre eux, la complicité a regagné du terrain.

Ces changements s’expliquent en partie par le fait qu’on « est souvent plus présent·e dans une relation après avoir arrêté de boire, surtout si l’alcool était au centre de notre vie avant », confirme Catherine Hanak – même s’il ne faut pas faire de généralités : il y a des personnes alcooliques qui arrivent à bien gérer leur couple. « Quand on boit, on attend souvent d’être ivre pour essayer de régler ses problèmes de couple, remet Maxime Musqua. Sobre, on est obligé·e d’apprendre à régler les conflits autrement, en étant attentif à ses émotions, en mettant des mots dessus, et en assumant de se montrer vulnérable pour les exposer à notre partenaire. »

Si la sobriété amène « beaucoup de choses positives » la plupart du temps, Catherine Hanak reconnaît tout de même qu’elle peut aussi être source de tensions. « Par exemple, quand c’était le partenaire de la personne qui buvait qui prenait beaucoup de décisions pour le couple :  sobre, on se met à donner beaucoup plus son avis. Un nouvel équilibre est donc à réinventer. »

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