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César Hulin, histoire d’une rencontre avec Mokha et les habitats containers

14 avril 2025 à 05:00

(Espace foncier pour le nouveau bâtiment de fabrication de containers habitats à Bavay)

Pour le rencontrer, il faut partir sur Bavay où cet entrepreneur dirige plusieurs PME, dont Dipack, spécialisée dans la literie de luxe à l’export uniquement et l’emballage bois. Au premier regard, on comprend que ce matériau vivant et certaines valeurs environnementales sont omniprésentes sur ce site où tous les bâtiments ont été construits avec cette matière noble et écologique, ces derniers sont d’ailleurs chauffés intégralement grâce à une immense chaudière de copeaux de bois ; vous découvrez aussi des moutons sur un espace vert, quelques autres animaux qui se baladent ici et là, 350 pommiers, une place significative à la verdure, un cadre de travail quasi bucolique, et pourtant nous parlons bien d’un site industriel avec 20 personnes sur Bavay et 17 sur Ruitz (Pas de Calais). Pourquoi cette

Autre angle du terrain à bâtir pour Mokha

description un peu iconoclaste, tout simplement parce que le prochain site de production des habitats containers de l’entreprise Mokha va se situer à Bavay. « Nous construisons sur un terrain disponible sur notre site (3 hectares) un bâtiment neuf sur 2 500 M2. Il sera opérationnel dès septembre 2025 », explique César Hulin.

Pour atteindre cette ligne d’arrivée et de départ d’une nouvelle aventure, une rencontre a fait le reste. Son activité de literie haut de gamme, principalement vers le Bénélux, a attiré l’attention de l’association Prim’Toit, du Groupe Adeli, pour ces hébergements sur les arrondissements du Valenciennois et du Douaisis. « C’était il y a 18 mois environ, j’ai rencontré Christophe Ferraï et Yves Ghesquière, car ils souhaitaient une remise de prix pour de la literie. Puis, nous avons échangé sur les habitats containers, mais également sur le volet insertion. J’avoue que je ne connaissais pas du tout l’habitat container, c’est véritablement bluffant ! », poursuit-il.

« Un projet industriel avec du sens », César Hulin

Chemin faisant, le chef d’entreprise a été séduit par cette nouvelle aventure industrielle et sociale, en sus de ses activités, car « c’est un projet industriel avec du sens pour moi. Pour ma part, je ne conçois l’insertion que par le travail. Ensuite, ces réalisations utilisent des matériaux recyclables. Cela coche toutes les cases. » Effectivement, le réemploi de ces rectangles de métal usager constitue un vivier extraordinaire de matières premières et bon marché. 

Ensuite, il n’oublie pas son démarrage dans la vie d’entrepreneur. « On m’a aidé à mes débuts. Sur cette activité, je ne prendrai aucune rémunération, mais je souhaite amener un mode industriel à cette fabrication ». Comme un oxymètre pour mesurer l’oxygène dans le sang, César Hulin avait sans doute, à 58 ans, le besoin de renvoyer l’ascenseur social sur un projet structurant. En résumé, se sentir… plus utile ! « J’avais déjà il y a quelques années, durant 4 ans, mis en oeuvre un atelier protégé au sein de mon entreprise. La satisfaction tous les matins de voir ces personnes contentes de venir travailler m’a apporté beaucoup ! ». 

Pour joindre les mots à l’engagement, il a injecté personnellement 700 000 euros, et le Groupe ADELI 300 000 €, dans une nouvelle mouture de Mokha où il prend 70% des parts sociales et la présidence. Puis, il construit sur Bavay, à titre personnel, ce nouveau bâtiment pour 1,5 millions d’euros dont Mokha pourra bénéficier dès septembre prochain. 

Mokha où la recherche d’équilibre

En effet, malgré quelques réalisations de haute qualité comme les équipements sociaux Jean-Louis Borloo sur la commune de Beuvrages et un carnet de commandes 2025/2026, l’organisation sur deux sites, Quarouble et Onnaing manquaient de rigueur dans le process industriel. Ensuite, il faut avouer que la création de Mokha ex nihilo en 2019 a pris la Covid, la crise énergétique, la hausse des matériaux, il ne manquait plus que la pluie de sauterelles ! 

On peut souligner le choix courageux du Groupe ADELI, et des fondateurs de MOKHA (AGEVAL, Prim’Toit, et ADACI), pour tenir à bout de bras financier cette brillante idée https://www.va-infos.fr/2023/06/25/du-container-amenage-a-lhabitat-modulaire-avec-mokha/. Se maintenir dans sa zone de confort, avec des activités plus classiques, espaces verts, menuiserie, nettoyage, etc., était assurément plus rationnel que la construction d’habitats containers, faut pas se mentir !

In vivo, l’entreprenariat privé s’est adossé à cette idée de récupération des containers en fin de vie pour les convertir en maison individuelle sur mesure. Ainsi, la concurrence prend forme et des appels d’offres arrivent sur le circuit, nous passons donc d’une construction inhabituelle à un outil classique à disposition des marchés publics et privés. « Ce n’est pas forcément moins cher que le bâti en dur que nous connaissons, mais beaucoup plus rapide, et le temps… c’est de l’argent. En rythme de croisière, on peut produire en 4 mois un habitat container clé en main sur notre site de Bavay », commente le chef d’entreprise. 

Vers la rentabilité de l’habitat container

Clairement, le social et la rentabilité doivent se rencontrer au coeur de ce projet avec 15 personnes, sur le site de Bavay, dont la moitié en insertion (deux ans de contrat). « Je serai exigeant avec toutes les personnes travaillant sur cette réalisation. Mon discours sera simple ! Vous bénéficiez d’un contrat, mais de fait, vous travaillez pour les suivants en insertion », commente César Hulin. 

En effet, les services de l’Etat en soutien d’une structure comme Ageval impose une sortie dynamique (positive) à hauteur de 70%, objectif très élevé au bout de deux ans de contrat en insertion. En clair, vous ne pouvez pas faire de mauvais choix sur les profils proposés au sein d’une activité de toute nature. Dans ce cadre, le Groupe Adeli, et ses entreprises d’insertion membres, conservera la main sur le choix des meilleurs candidats pour travailler chez Mokha.

Concrètement, le site de Quarouble de Mokha est déjà fermé, mais la production est toujours active sur Onnaing avec un nouveau Directeur d’exploitation. « J’ai embauché un ancien du BTP dans le bâtimentaire, Johan Pallente de chez d’Eiffage. Il a de suite repris en main le process de fabrication actuellement sur Onnaing, puis viendra sur Bavay. Le carnet de commandes est acceptable. Bien sûr, nous bénéficions du retour d’expérience du Groupe Adeli, mais nous devons trouver l’équilibre financier. » Par contre, toute la production va se concentrer sur Bavay, les sites d’Onnaing et Quarouble seront définitivement fermés.

On l’a compris, la main tendue du chef d’entreprise, sans intérêt financier personnel, ne sera qu’un fusil à un coup. Il faut que cette société, à vocation sociale, trouve également son créneau économique dans le secteur privé comme le public. « ADELI va plutôt se concentrer sur les marchés publics, collectivités locales et autres, et Johan Pallente et moi même sur le secteur privé », conclut-t-il.

Une initiative économico/sociale atypique à suivre dans les prochains mois… !

Daniel Carlier

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Hordain contribue à rembourser la dette publique… des autres communes !

2 mars 2025 à 06:30

Un conseil municipal d’un village de 1 400 habitants pourrait sembler plus anodin que celui d’une grande ville, mais cette écume ferait fi d’environ 30 000 communes rurales (moins de 2 000 habitants), le coeur battant de la terre de France. A Hordain, les élus devaient voter leur Budget Primitif avec la même problématique que toutes les collectivités locales, l’absence des données précises du Ministère en charge des comptes publics compte tenu d’un vote du budget… en février 2025. 

Contentieux fiscal résolu

En propos liminaire, Arnaud Bavay, l’édile de la commune, rappelle le feuilleton fiscal connu fin 2024. En effet, plusieurs communes du Valenciennois, et moult en France, ont reçu un message des contributions publiques avec un rabot des ressources de la taxe foncière conséquent. Sachant que la taxe foncière reste la dernière véritable ressource fiscale locale, le coup de massue a été très très mal vécu par les communes intéressées. Techniquement, une nouvelle prise en compte d’un bâtiment d’entreprise, avec uniquement un usage social et pas industriel, ne rentre plus dans l’assiette fiscale. C’est une porte ouverte « à une optimisation fiscale par les grandes entreprises », tance Arnaud Bavay.

Sur Hordain, le contentieux se chiffrait à 270 000 euros, une donnée financière déjà importante pour une ville, mais himalayesque pour un village. Fort heureusement, le Premier ministre, maire également, a rectifié cette injustice. « Un décret du 03 janvier 2025 précise que les communes concernées recevront une compensation, 90% en 2024, 75% en 2025, 50% en 2026. Le montant 2024 sera reversé cette année et apparaîtra sur nos comptes publics en 2025 », commente l’édile. 

« On vote ce que l’on peut avec ce que l’on sait », Arnaud Bavay

Le budget primitif 2025 sur la commune d’Hordain se décline et s’équilibre comme suit : 894 000 euros en investissement et 3 694 000 euros en fonctionnement. Les points saillants soulignent une gestion sérieuse des fonds publics. En section fonctionnement, le budget primitif indique un ratio en dessous de 50% (47,48%) en terme de charge de personnel, 1 658 000 euros.

Cette commune bénéficie également d’une crèche, sous DSP (Délégation de Service Public), avec  une subvention de 290 000 euros et 30 berceaux. Dire que ces derniers sont pris d’assaut est un euphémisme. « Les berceaux sont utilisés, mais pas seulement par les habitants d’Hordain. Les familles viennent d’Arras, Cambrai, Douai… Je ne connais pas d’autres villages, et au delà, avec une proposition de service à ce niveau », ajoute le maire. 

Certes, si la commune bénéficie de revenus fonciers de 130 000 euros, elle ne connaît plus à l’avance la fameuse taxe liée à l’installation d’une entreprise sur son sol (ex taxe locale d’équipement). Sachant que Hordain bénéficie encore de la plus grosse réserve foncière sur La Porte du Hainaut, le sujet est sensible. « Dorénavant, le nom a changé. Les contributions fiscales parlent de taxe d’aménagement. Ensuite, à toute question sur un montant prévisionnel pour établir notre budget, les contributions publiques se réfugient derrière le secret fiscal », poursuit Arnaud Bavay.

Enfin, la commune d’Hordain, comme Petite-Forêt, Lieu-st-Amand, et Trith-st-Léger, outre une DGF à zéro, doit payer une contribution au titre de la péréquation entre les territoires. « Fin 2024, nous avons payé 60 000 euros », lâche le maire. Force est de constater que le virement passerait mieux si au moins la redistribution, sous l’égide du Sous-Préfet de Valenciennes, aboutissait à une solidarité avec des communes du Valenciennois.

Face à ces écueils et incertitudes budgétaires, le conseil municipal agit en mode prudentiel. « On vote ce que l’on peut avec ce que l’on sait », conclut Arnaud Bavay.

Daniel Carlier

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