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Reçu — 19 novembre 2025

Stratégie IA : la France en tête du peloton européen…mais loin du compte

19 novembre 2025 à 11:29

Sept ans après le lancement de sa stratégie nationale pour l’intelligence artificielle, la France se hisse au cinquième rang mondial du Global AI Index. Un succès en trompe-l’œil, selon la Cour des comptes, qui épingle dans un rapport publié ce 19 novembre une politique publique certes volontariste, mais largement en-deçà de ses ambitions initiales et de l’ampleur de la révolution en marche.

Un budget amputé d’un tiers et une exécution laborieuse

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Pour la phase 2023-2025, baptisée « phase d’accélération », l’État aura finalement programmé 1,055 milliard €, soit un tiers de moins que les 1,5 milliard initialement annoncés en novembre 2021. Pire encore : au 30 juin 2025, seuls 35% de ces crédits avaient été consommés (289 millions € de paiements effectifs), traduisant la lenteur du démarrage des dispositifs.

Les chiffres de la première phase (2018-2022) ne sont guère plus encourageants : sur 1,527 milliard programmés, seuls 1,272 milliard ont finalement été engagés. Plus inquiétant, la Cour pointe un «suivi lacunaire» des crédits et des « difficultés à identifier la part des financements généralistes rattachables à la SNIA ». Bref, l’État peine à suivre ses propres dépenses en matière d’IA.

Cette mauvaise exécution budgétaire illustre un problème structurel : la nécessité de réallouer en urgence des moyens pour soutenir le développement de l’IA générative, «enjeu qui n’avait pas été anticipé à la veille de la révolution ChatGPT», souligne les sages de la rue Cambon.

Le dispositif phare des « IA Clusters », doté du budget le plus élevé (360 millions € après une réduction de 90 millions), n’a vu ses premiers engagements concrétisés qu’à la fin 2024, trois ans après son annonce.

La recherche, unique point fort

Dans ce tableau mitigé, un secteur tire son épingle du jeu : la recherche.

La France compte désormais plus de 4 000 chercheurs travaillant sur l’IA et se hisse au troisième rang mondial en matière de recherche et formation dans ce domaine. Les instituts d’excellence (3IA) créés depuis 2018 commencent à porter leurs fruits : quatre pôles à Paris, Nice, Grenoble et Toulouse regroupent 150 chaires de recherche et ont noué plus d’une centaine de partenariats industriels. En quatre ans, ce réseau a réuni 500 chercheurs, financé près de 500 doctorants et formé chaque année plus de 13 000 personnes.

Le supercalculateur Jean Zay, installé sur le plateau de Saclay en 2019 et progressivement étendu, constitue l’autre réussite emblématique. Avec une puissance de calcul portée à 37 pétaflop/s, il permet à de nombreuses équipes d’accéder à des infrastructures de calcul pour développer des systèmes d’IA à coûts réduits. Bonus écologique : son système de récupération de chaleur chauffe l’équivalent de 1 000 logements, une première en Europe à cette échelle.

Le pays peut également se targuer d’avoir vu émerger une dizaine d’acteurs positionnés sur l’IA générative en quelques mois, là où il n’en comptait qu’un seul début 2023. Plus de 1 000 startups sont désormais actives dans le domaine, ayant levé près de 2 milliards € en 2024. Seize licornes françaises intègrent l’intelligence artificielle dans leur proposition de valeur. La France est devenue le premier pays européen en nombre de projets d’investissement étrangers dans l’IA et le premier hébergeur européen de centres de recherche des leaders mondiaux du secteur.

Mais ces réussites comportent leurs limites. L’effet structurel des dispositifs n’a pas toujours été favorisé : le recours à une « succession d’appels à projets ou à manifestation d’intérêt, pour des financements ponctuels avec un horizon de vie limité », a créé une fragmentation et nui à la cohérence d’ensemble. Le processus de sélection des instituts 3IA a écarté des acteurs majeurs comme l’Université Paris-Saclay. Et l’attractivité internationale des talents reste limitée, faute de salaires compétitifs et de mesures d’accompagnement à l’installation.

Les angles morts d’une stratégie à géométrie variable

Mais ces succès masquent des carences béantes. Premier angle mort pointé par la Cour :  «l’enjeu de la massification et de l’accompagnement de la diffusion de l’intelligence artificielle au-delà du cercle des spécialistes ». Entreprises, administrations, citoyens : tous ont été largement négligés par une stratégie trop centrée sur l’excellence scientifique.

Les PME et ETI, qui devraient constituer le cœur de cible de la diffusion de l’IA dans l’économie, n’ont bénéficié que de « dispositifs très modestes » : le programme « IA Booster », censé accompagner les entreprises, n’a reçu que 10 millions € de budget, soit à peine 1% de l’enveloppe totale. Résultat : « l’accélération et la massification escomptées de la diffusion de l’intelligence artificielle dans l’économie n’ont pas eu lieu ». Un constat d’échec pour une phase censée précisément viser cet objectif.

Deuxième faille majeure : la formation. Les 128 millions € initialement prévus pour l’enseignement supérieur hors doctorat dans la première phase n’ont jamais été dépensés. « Le retard pris en matière d’adaptation à l’IA de l’ensemble des formations initiales et continues n’a pas été rattrapé », déplore la juridiction. Plus grave encore, l’annulation en 2023 du programme « numérique et éducation » (77 millions €), pourtant annoncé par le Premier ministre en octobre 2021, a fait perdre « plusieurs années » dans la transformation des apprentissages par l’IA.

L’administration à la traîne

Paradoxe ultime : l’État, architecte de cette stratégie, reste lui-même « globalement en retard » dans sa propre transformation numérique. « En dépit d’initiatives ponctuelles », la Cour constate que l’adoption de l’IA par l’administration publique demeure « très décevante ».

Quelques expérimentations ont certes vu le jour : le « Lab IA » a accompagné 25 projets dans les administrations d’État, l’appel à projets « transformation publique » a financé 46 projets liés à l’IA (pour 80 millions €). Mais ces initiatives sont restées « isolées » et leur « effet transformatif très circonscrit ». Les services publics peinent à déployer des cas d’usage, faute de formation des agents, de budgets dédiés et d’une véritable volonté politique.

Le fiasco emblématique de cette inertie : la plateforme des données de santé (Health Data Hub). Lancée en 2019 avec 80 millions € de financement, elle devait révolutionner la recherche médicale en regroupant toutes les données de santé françaises. Mais le choix d’héberger ces données sensibles sur le cloud de Microsoft a déclenché une polémique sur la souveraineté. Suspendu par le Conseil d’État en octobre 2020, le projet n’a fonctionné qu’au ralenti pendant près de cinq ans. Il a fallu attendre juillet 2025 pour qu’un marché public soit lancé pour un « hébergement souverain », avec une mise en service annoncée pour… l’été 2026.

Un pilotage baroque

La gouvernance de cette politique publique relève, selon les magistrats, d’un «jeu complexe entre de nombreux acteurs ». Pas moins de cinq ministères, l’Inria, le CNRS, Bpifrance et un coordonnateur national se partagent les responsabilités, sans véritable chef d’orchestre. Cette fragmentation nuit à la cohérence d’ensemble et à la rapidité de mise en œuvre.

Le coordonnateur national, pourtant censé piloter l’ensemble, « ne dispose que d’une équipe très restreinte » avec  «pour l’essentiel un adjoint ». Son rattachement a d’ailleurs changé trois fois en sept ans : d’abord à la direction du numérique de l’État (2018-2020), puis à la direction générale des entreprises du ministère de l’Économie (depuis 2020), avant qu’une ministre déléguée spécifique à l’IA soit nommée en décembre 2024.

Le suivi des crédits s’avère lui-même « lacunaire », rendant difficile une évaluation précise des résultats. Comble de la légèreté méthodologique, la Cour note que la deuxième phase a été  «lancée sans évaluation préalable » de la première, malgré les 1,3 milliard € dépensés entre 2018 et 2022. Les administrations ont eu « les plus grandes difficultés à reconstituer des données budgétaires cohérentes et fiables» lors du contrôle de la Cour.

La course contre la Chine et les États-Unis

Ces faiblesses interrogent d’autant plus que la compétition mondiale s’intensifie. Si la France peut légitimement se comparer à ses concurrents européens, le fossé avec les États-Unis et la Chine demeure abyssal. Ces deux superpuissances investissent des montants sans commune mesure : l’administration Biden a annoncé 32 milliards $ pour l’IA sur cinq ans, tandis que Pékin consacre des sommes estimées à plus de 100 milliards $.

Dans ce contexte, les 2,4 milliards € mobilisés par la France sur sept ans apparaissent dérisoires. Le risque est réel de voir le pays décrocher dans une course où la capacité d’investissement et la vitesse d’exécution font la différence.

Dix recommandations pour changer de braquet

Face à ce constat, la Cour formule dix recommandations destinées à «permettre à la politique publique de l’intelligence artificielle de changer d’échelle ». Premier chantier : renforcer le pilotage interministériel par la création d’un secrétariat général ad hoc d’ici fin 2025.

Les magistrats appellent aussi à « accroître les capacités de calcul » via de nouveaux partenariats public-privé, à «anticiper les évolutions du marché de l’emploi », et surtout à
« accompagner l’accélération et la massification de l’adoption par les entreprises ». Objectif affiché : faire entrer les PME dans l’ère de l’IA dans les cinq prochaines années.

La question des données, jusqu’ici négligée, doit également devenir une priorité : qualité, accès, protection et stockage souverain constituent des enjeux stratégiques majeurs. De même, la Cour insiste sur la nécessité de  « construire une ambition réaliste » sur les composants électroniques, secteur dans lequel l’Europe accuse un retard considérable face aux Asiatiques et aux Américains.

Une troisième phase déjà lancée

Le gouvernement n’a pas attendu ce rapport pour réagir. Une troisième phase de la stratégie nationale a été annoncée en février 2025 lors du sommet de Paris sur l’IA, un événement qui a confirmé la place particulière de la France sur la scène internationale. Les contours de cette nouvelle phase, précisés dans les mois suivants, visent notamment à corriger les défauts identifiés.

Mais la Cour reste sceptique : « Considérer que les priorités sur lesquels la SNIA a remporté de premiers succès ne nécessitent plus d’attention serait une erreur eu égard aux dynamiques très rapides d’évolution du paysage de l’IA». Les magistrats appellent à ne pas relâcher l’effort sur la recherche tout en comblant les retards accumulés ailleurs.

Une course contre la montre

Au-delà des querelles de chiffres et de gouvernance, la Cour souligne surtout l’urgence de la situation. «La révolution induite par cette technologie à usage général atteint une magnitude à laquelle peu d’autres ruptures technologiques dans l’Histoire peuvent être comparées», martèle le rapport. L’IA  «n’est plus une affaire réservée à des spécialistes, elle touche tous les champs du savoir, l’économie et toute la société».

Cette accélération impose un changement radical de paradigme. La France a certes réussi à créer « une dynamique réelle » et à se hisser « en tête du peloton européen ». Mais pour rester dans la course face aux géants américains et chinois, et surtout pour transformer en profondeur son économie et son modèle social, elle devra impérativement combler ses lacunes.

Le prochain sommet de l’IA, prévu en février 2026, constituera un test décisif. La France saura-t-elle passer des promesses aux actes ? Répondre présent à ce rendez-vous suppose une mobilisation sans précédent de tous les acteurs – État, entreprises, universités, collectivités locales – et surtout une volonté politique au long cours. Car dans cette révolution, comme le rappelle la Cour, « les années qui viennent seront critiques ». Le temps presse.

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Reçu — 31 octobre 2025

Souveraineté numérique : un objectif lointain…selon la Cour des comptes

31 octobre 2025 à 11:32

L’ambition affichée par la France en matière de souveraineté numérique peine à se concrétiser.
Ce n’est pas une association de sociétés françaises de l’IT qui le dit ; c’est le constat sans appel dressé par la Cour des comptes dans son rapport sur les enjeux de souveraineté des systèmes d’information civils de l’État.

Si les sages de la rue Cambon admettent que la prise de conscience progresse depuis les années 2010, ils déplorent que la traduction opérationnelle reste largement insatisfaisante.

Et de refaire, encore et encore, les mêmes constats. En premier lieu, celui de la domination (70%) du marché du cloud en Europe par les trois hyperscalers américains, qui expose l’État français aux lois extraterritoriales américaines, notamment le Cloud Act de 2018 et l’article 702 du Foreign Intelligence Surveillance Act, permettant aux autorités américaines d’accéder à des données stockées en dehors de leur territoire.

Face à ce risque, l’État a élaboré une doctrine « Cloud au centre » en 2021, révisée en 2023, imposant le recours à des solutions qualifiées SecNumCloud pour les données les plus sensibles. Mais l’effet reste modeste : seuls neuf prestataires proposent aujourd’hui seize services qualifiés, et la commande publique en matière de cloud n’a atteint que 52 millions € en 2024, soit une fraction infime des 3 milliards € de dépenses numériques annuelles de l’État.

Des clouds interministériels sous-exploités

L’État dispose pourtant de deux infrastructures cloud internes : Nubo, porté par la Direction générale des finances publiques, et Pi, géré par le ministère de l’Intérieur. Opérationnels depuis la fin des années 2010, ces clouds n’ont mobilisé que 55,8 millions € sur neuf ans pour Nubo. Un investissement modeste comparé aux 350 millions € qu’OVHcloud a consacrés à ses seules infrastructures en 2024.

Surtout, ces clouds restent largement sous-utilisés en interministériel : la part d’usage par d’autres ministères que leurs promoteurs plafonne à 5%. Les raisons : une gamme de services limitée, une tarification jugée dissuasive – jusqu’à 75% supérieure au coût de revient réel – et des performances en retrait par rapport aux offres commerciales.

« Il conviendrait d’engager la convergence de ces deux clouds pour qu’ils atteignent une taille critique », recommande la Cour, qui estime qu’un effort budgétaire de 15 à 20 millions € par an permettrait d’améliorer significativement leur attractivité.

Des choix ministériels parfois contraires à la souveraineté

L’étude  révèle plusieurs cas où des ministères ont privilégié la performance à la souveraineté. Le plus emblématique concerne Virtuo, le système de gestion des ressources humaines du ministère de l’Éducation nationale, qui traite les données de 1,2 million d’agents. Malgré les avis négatifs de l’Anssi et de la CNIL, le ministère a choisi en 2022 une solution hébergée par un groupe américain, au motif qu’aucune offre respectant les exigences SecNumCloud n’était disponible.

Le coût de la souveraineté est estimé entre 25% et 40% supplémentaires par rapport à une solution classique. Un surcoût que le ministère n’a pas souhaité assumer, préférant un déploiement rapide à un développement interne qui aurait coûté « quatre fois plus cher » selon ses propres estimations.

Le cas problématique des données de santé

La plateforme des données de santé (Health Data Hub), créée en 2019, illustre les contradictions de la politique gouvernementale. Hébergée depuis plus de cinq ans par Microsoft Azure pour des raisons de célérité, elle n’a jamais pu recevoir de copie complète du Système national des données de santé (SNDS), la CNIL s’opposant à ce transfert pour des raisons de souveraineté.

Résultat paradoxal : le choix d’un opérateur réputé performant a finalement freiné le déploiement de la plateforme, avec des délais d’accès aux données atteignant 18 mois en moyenne, contre trois à quatre mois au Royaume-Uni. « Une plateforme initialement moins performante, mais souveraine, aurait probablement permis un déploiement moins heurté », estime la Cour.

Le ministère de la Santé a annoncé en avril 2025 le lancement d’un appel d’offres pour migrer vers un hébergement souverain, mais la bascule n’est pas attendue avant fin 2026.

Cinq recommandations pour redresser la barre

Face à ces constats, la Cour formule cinq recommandations. La première vise à mettre en place dès 2026 un calendrier de déploiement d’outils de bureautique et de communication respectant la souveraineté des données, alors que la suite Microsoft Office reste massivement utilisée dans l’administration.

La deuxième appelle à intégrer une véritable stratégie de souveraineté numérique dans la feuille de route de la Direction interministérielle du numérique (Dinum), avec un chiffrage précis des investissements nécessaires. Un exercice qui n’a jamais été réalisé à ce jour.

La troisième recommande d’accélérer la convergence des clouds Nubo et Pi pour en faire une offre interministérielle crédible. La quatrième demande que chaque ministère cartographie en 2026 l’ensemble de ses données sensibles nécessitant un hébergement souverain – un inventaire qui n’existe pas actuellement.

Enfin, pour le secteur de la santé, la Cour préconise d’aligner la certification « Hébergeur de données de santé » sur les exigences SecNumCloud en matière de protection contre les lois extraterritoriales. Aujourd’hui, cette certification n’intègre pas de critères de souveraineté, permettant aux géants américains d’héberger des données médicales sensibles.

Un enjeu stratégique sous-estimé

Au-delà des questions techniques, la Cour pointe une gouvernance défaillante. Les instances interministérielles se concentrent sur des questions opérationnelles plutôt que stratégiques, et aucun pilotage transversal des investissements numériques n’est organisé entre ministères. La notion même de « souveraineté numérique » n’est apparue qu’en 2019 dans les documents officiels de la Dinum.

« Tant que l’Europe ne dispose pas d’opérateurs capables de rivaliser avec les hyperscalers, les administrations publiques devraient viser une performance des systèmes d’information plus strictement adaptée à leurs besoins », conclut la Cour. Un degré trop élevé de performance à court terme peut constituer un double écueil : mise en cause de la souveraineté sur les données et dépendance vis-à-vis de la politique commerciale d’éditeurs dominants.

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Reçu — 30 octobre 2025

Paris 2024 : le coût informatique de la sécurité

30 octobre 2025 à 13:22

Le coût complet de la sécurité des jeux Olympiques et Paralympiques s’est élevé à environ 2 milliards d’euros.

La Cour des comptes donne cette estimation. Elle distingue deux catégories de dépenses :

  • « Ponctuelles » (dont l’utilité est strictement liée à l’événement), avoisinant 1,7 Md€
  • « D’héritage » (qui ont bénéficié par après à l’ensemble des Français), pour un peu plus de 300 M€

Dépenses de fonctionnement : 90 M€ pour l’IT et la cyber

Les coûts ponctuels comprennent environ 679 M€ de dépenses de personnel. Le reste correspond aux dépenses de fonctionnement, dont environ 90 M€ pour les systèmes d’information et de communication.

Une part importante (25,36 M€) est allée à la cybersécurité du COJOP (comité d’organisation).

L’ARS Sud a quant à elle déboursé 1,5 M€ pour la cybersécurité des hôpitaux.

La police nationale a dépensé 22,9 M€ dans ses SI, hors investissement.

Cybersécurité comprise, ce poste a consommé 6,6 M€ au secrétariat général du ministère de l’Intérieur.

Ce dernier a aussi dépensé 21,5 M€ sur l’expérimentation de technologies de sécurité. Près de 200, issues à 95 % d’entreprises françaises, dans le cadre de 5 projets structurants formalisés en 2020. Un budget initial de 25 M€ avait été prévu, mais 3,5 M€ ont finalement été redirigés vers d’autres services du ministère pour durcir ses SI et renforcer la cybersécurité des sites de compétition (y compris pour la Coupe du monde de rugby 2023).
L’expérimentation a été assurée par la DEPSA (direction des entreprises et partenariats de sécurité et des armes). Elle s’est appuyée sur :

  • Une assistance à maîtrise d’ouvrage (2,2 M€)
  • Une maîtrise d’œuvre (0,6 M€)
  • Des entreprises du privé pour réaliser les scénarios, les études fonctionnelles et la doctrine d’emploi (0,6 M€)

Les 18 M€ restants se sont répartis comme suit :

expérimentations technologiques

ANSSI comprise, les dépenses de fonctionnement informatiques du SGDSN (secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale) se sont élevées à 11,6 M€, incluant sécurisation des SI critiques et entraînement à la gestion de crise d’origine cyber.

La Cour des comptes y ajoute 50 000 € pour le renforcement du SI de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris.

74 M€ de dépenses d’héritage

Près d’un quart des dépenses d’héritage sont allées aux SI et aux salles de commandement.

La modernisation des salles de commandement de la police nationale a consommé 4,2 M€. Il en a coûté 16,2 M€ pour la préfecture de police.

Autre poste de dépenses à deux chiffres : le renforcement des systèmes de communication sécurisés du plan de vidéoprotection pour Paris (12 M€). La Ville a aussi déboursé 300 000 € pour la création de sa propre salle de commandement (le Paris Operations Center).

Au ministère des Armées, la facture s’est élevée à 8,4 M€ pour l’acquisition de matériel d’informatique. Dont 3000 terminaux Auxilium (1,7 M€) pour les militaires de Sentinelle et 1080 DIPAD (2 M€) pour communiquer avec les forces de sécurité intérieure.

Le renforcement des infrastructures de communication et des équipements dédiés à la lutte antidrones a absorbé plus de 18 M€ : 7,3 M€ à l’ANFSI (Agence du numérique des forces de sécurité intérieures) et 10,8 M€ pour la préfecture de police.

Lutte antidrones comprise, les dépenses d’investissement SI ont dépassé 14 M€ du côté de la police et avoisiné 5,5 M€ pour la gendarmerie.

La DINUM a quant à elle investi 11,38 M€ dans des travaux de résilience du RIE (Réseau interministériel de l’État).

Aucune dépense d’envergure exceptionnelle n’a été engagée, note la Cour des comptes. Les dépenses d’investissement se sont principalement traduites par une multitude d’opérations ciblées.

Illustration générée par IA

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