Les Turbulentes 2025 : un souffle durable sur la ville de Vieux-Condé
(Visuel, la Grande Tablée/DR Le Boulon)
Jane Huvelle : Romain (Carlier), peux-tu nous présenter l’édition 2025 des Turbulentes en quelques mots ?
« Pas de thème particulier, mais on cherche à répondre à des enjeux de société, le féminisme, l’exil, le départ, l’accueil…, tout ce qui nous anime aujourd’hui. Et tout ce qui anime les compagnies aujourd’hui. Cette édition sera comme toujours un panorama de la création artistique actuelle. »
Une centaine de représentations avec une programmation qui est un équilibre entre des « propositions de sens » et des « propositions poétiques ». « Une savante construction », comme le dit Virginie Foucault, directrice du Boulon.
J.H : Romain, comment réussir à programmer pour tous les publics ?
Cette année, l’accent va être mis sur des spectacles tous publics. Les Turbulentes ont pour vocation première de parler à la diversité des publics, qu’il soit familial ou expert, c’est sa spécificité. Mais cette année, la brochure à destination du public a été déclinée en 3 versions. Trois programmes papiers ont été édités pour que « Qui que tu sois, tu es le bienvenu ! ».
Le programme habituel édité à 10 000 exemplaires, le programme Turbukids adapté aux enfants, avec uniquement les spectacles à destination des enfants de moins de 12 ans, édité à 2000 exemplaires, mais également le programme simplifié à 250 exemplaires qui va permettre au public à besoin particulier d’avoir des explications très détaillées. A ce titre, il se rapproche des exigences du label FALC (Facile à Lire et Comprendre) et c’est surtout un pas de plus vers l’inclusion d’ores et déjà une des valeurs fortes du festival.

Pour rappel, ce festival est gratuit. Dans la programmation, des propositions aux croisements de plusieurs disciplines, des spectacles très rassembleurs ou très intimes. Le festival défend des valeurs depuis ses débuts : écologie, inclusion, accessibilité…, mais c’est devenu une priorité.
Romain insiste beaucoup sur l’impact écologique d’un festival de cette taille et veut amener les spectateurs à penser collectif : « Le plus petit geste devient immense. »
En effet, nous savons aujourd’hui que 80% des gaz à effet de serre d’un tel festival sont transmis par les déplacements des spectateurs.Ces déplacements jusqu’à Vieux-Condé pourront être en transports en commun, car en plus du tram, des navettes ou FLEXO seront affrétées jusque tard dans la nuit, au départ du BOULON jusqu’à certaines communes centrales des agglos de La Porte du Hainaut et de Valenciennes Métropole, ce qui n’a pas été toujours le cas. (Pour connaître les lieux sur transvilles.com/flexo et https://www.transvilles.com/actualites/turbus25/)
« L’empreinte carbone est entre vos mains », Romain Carlier
Le catering prévu pour 200 artistes et bénévoles sera végétarien cette année, une empreinte 10x moins gourmande en énergie.
Cette année, le Boulon fait appel à la compagnie Tantôt pour une scénographie durable. Environ 200 personnes ont participé à l’élaboration des décors de la ville, des « petites mains à qui on fait la part belle », nous dit Romain Carlier. Ces petites mains qui œuvrent tous les ans, mais cette fois sous la direction d’un artiste, Eric Bézy dit Popé qui a accepté de prendre la responsabilité de la scénographie. Cet artiste multidisciplinaire a été appelé pour réaliser la scénographie de la ville de Vieux-Condé, après quelques années de présence auprès du festival dans des réalisations toujours questionnantes sur notre rapport à l’espace et au temps. Ce projet a été élaboré pour deux ans. Les éléments seront pérennes, et surtout, modulables.

Par exemple, de grandes arches qui peuvent traverser une rue, des totems, des structures légères. Ce sera festif, parlant, joli…, mais neutre, pour que toutes les compagnies s’y retrouvent, que les décors servent la ville, montrent la ville, mais « sans la marteler à coup d’histoires » pour que chaque spectateur mais aussi chaque compagnie se retrouve sur un terrain fertile à l’imagination.
Eric Bézy parle d’une « Prise de connaissance du territoire humain , entre les petites mains et les différentes structures. »
« Vieux Condé sera sur son 31 ». Durable, transformable, évolutif
Mas, girouettes, de très grande hauteur vont jalonner la ville, mais aussi des fanions « fabriqués au kilomètre ». L’équipe du Boulon aimerait que cet emblème devienne un symbole, que les habitants de Vieux-Condé en fabriquent et en accrochent à leur fenêtres, hirondelles colorées qui annonceraient le printemps et l’arrivée des turbulentes chaque début mai. Si chaque spectacle répond à un autre, ils sont tous de qualité, quelques-uns sont à ne vraiment pas manquer.
« La grande tablée » de La compagnie OpUS, pour ses recommandations avisées de « spécialistes en rien du tout », une mise en abîme du festival, un rendez-vous pour se conforter dans l’idée que tel spectacle est à voir, ou pas… selon ses affinités, une émission de radio en direct, un moment improvisé à savourer.
Dans un autre registre, « JOUIR », de la compagnie Notre insouciance, qui invite à une réflexion profonde et collective sur la sexualité et le plaisir. Peut-on réinventer nos schémas érotiques ?

« BOLIDE » de la compagnie La ponctuelle, création turbulentes 2025 joue aussi avec les clichés et les schémas liés aux femmes et à la voiture.
« La stratégie du dépôt de bilan » de La compagnie débordante, présenté en avant-première il y a quelques semaines au BOULON nous parlera d’urgence, à se questionner, à vivre, à lutter.
Romain n’a pas besoin de convaincre les 20 000 spectateurs de venir encore cette année, mais il nous invite fortement à s’y rendre en transport en commun. Pour que cet événement perdure, dans nos esprits et dans notre contribution à donner du sens à nos actes. Aux turbulentes, tout le monde est acteur. Rendez-vous les 2, 3 et 4 mai à Vieux-Condé
Pour plus d’infos : https://lesturbulentes.com/fr/
Jane Huvelle
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