Vue normale

Il y a de nouveaux articles disponibles, cliquez pour rafraîchir la page.
À partir d’avant-hierGF | Transformation sociale, etc...

L'excellent discours de Léo Henry des Imaginales de cette année.

2 novembre 2021 à 20:56
Avec du refus de parvenir dedans. :)

"

Le discours suivant à été prononcé par Léo Henry à l’occasion de la remise du Prix Imaginales du roman francophone le 16 octobre 2021. Ce discours que vous lisez ici a été retranscrit sur le site de Fantastiqueer à l’instar des prises de paroles des autres autaires, dans un article intitulé Imaginales 2021 – Prise de parole des autaires. Rendez-vous sur leur site pour lire les mots de Betty Piccioli, Prix Imaginales des écoliers 2021, et Adrien Thomas, Prix Imaginales des bibliothécaires 2021, prononcés le même 16 octobre.

La première chose qui m’est passé par la tête quand j’ai reçu le mail m’apprenant que Thecel était lauréat c’est : chouette, je vais à Epinal. La deuxième c’est : chouette, je vais pouvoir faire un discours. Ne croyez donc pas que vous allez y échapper…

Je mesure toute l’ironie qu’il y a
à être primé pour Thecel,
livre de fantasy initiatique sur le refus de parvenir.

Le refus de parvenir est un concept de la pensée anarchiste
qui peut se résumer par cette belle phrase d’Elisée Reclus :
« Tant que notre triomphe ne sera pas en même temps celui de tous,
ayons la chance de ne jamais réussir ! »

Ça fait vingt ans que je suis là,
et je suis assez chauve, assez lunetteux,
assez homme, assez éduqué pour gagner des prix
Source : Fantastiqueer : Imaginales 2021 – Prise de paroles des autaires

j’accepte volontiers cette distinction
pour le livre et pour ses personnages,
pour Moïra, la princesse qui refuse de régner
pour Albin le gamin porte-malheur,
pour les lectrices et les lecteurs du livre qui y ont trouvé des choses
parce qu’iels y ont mis un peu de ce qu’iels sont.

je reçois ce prix avec joie
également parce qu’il donne l’occasion

de mettre en valeur une pensée,
un désir de parler de l’autorité et de sa destitution
du partage du pouvoir, de la parole et des honneurs
avec toutes et avec tous.

je me souviens de mes débuts dans le milieu
ma découverte du fandom,
à Epinal au début des années 2000,
au début de ce festival.

J’étais l’auteur de deux nouvelles,
je venais ici rencontrer les vraizécrivains
et retrouver ma camarade Mélanie
on écoutait des vraizauteurs parler,
curieux, enthousiastes, parfois un peu affligés
on hésitait, timides, à s’adresse à unetel ou untel
on tournait autour des tables sans savoir ce qu’on avait le droit de faire
et puis, à l’écart, on faisait des plans sur quand nous aussi on en serait
quand on n’aurait plus à nous justifier de qui on est
quand on se sentirait légitimes dans ce milieu

le fandom est sans doute ce que j’aime le mieux
dans les littératures que l’on dit imaginaires
le fait qu’il y ait un fandom
une sociabilité autour de ces objets que sont les récits inventés
une communauté d’humains
et des rapports très forts entre eux

j’aime ça en tant que professionnel,
parce que ça me donne l’impression d’appartenir à une entreprise
(dans le sens de projet commun que plutôt que celui de corporation)

avec des collègues
comme dans n’importe quel boulot
dès avec qui je m’entends plus ou moins bien
dès avec qui je suis plus ou moins d’accord
mais dont je suis heureux de savoir qu’iels existent
et qu’iels poursuivent des buts semblables aux miens

j’aime surtout cette zone grise,
cette zone de flou entre les gens, entre les genres
ce brouillage dans les hiérarchies,
cette possibilité d’aller d’un monde à l’autre
pouvoir être auteurice et fan hardore de quelqu’une d’autre,
pouvoir être lecteurice et écrivaine,
pouvoir être critique et éditeurice et universitaire
et coslpayeureuse et militante et youtubeur et poétesse
alternativement
ou bien tout en même temps,
avec, comme objet de partage,
ces histoires inventées
cette culture-là, qui est aussi multiple et protéiforme que ses acteurices
ces corpus de textes et de films et d’images et de pensées

le fandom, je le sais, est quelque chose qui fait rêver en dehors de la sfff
parce que dans tous les milieux littéraires les rapport de force sont écrasants

parce que les sociabilités sont compliquées, codifiées, oppressantes

les pouvoirs accordés aux puissants exorbitants

et proportionnels à la vulnérabilité de faibles

sauf qu’ailleurs les gens, spontanément, ne se rassemblent pas
les passionnées ne se retrouvent pas en groupe de passionnées

j’aime que le fandom sfff existe
et que ce soit une machine à flouter les hiérarchies
j’aime quand on le pense comme ça
et qu’on fait l’effort de tendre vers ça
parce que le fandom est une utopie en construction
il est ce dont la sfff est riche, latente
et il est une utopie vulnérable
qui n’est pas coupée du reste du monde
qui décalque, si on le laisse faire,
toutes les structures de domination

il a fallu attendre vingt ans pour que des femmes courageuses
parviennent à écarter Stéphane Marsan de nos réunions
qu’il utilisait comme terrain privilégié pour sa prédation sexuelle
vingt ans pendant lesquels tout le monde savait – sauf celles qui ne savaient pas encore
vingt ans pendant lesquels celles qui demandaient des chartes, des débats,
des prises de parole sur le harcèlement et les comportements sexistes dans le fandom
étaient renvoyée dans les cordes parce que ça « c’est un truc d’américains
& ici ça n’existe pas »
on n’a pas beaucoup écouté non plus, il me semble
celles et ceux qui ont dénoncé le racisme ordinaire de notre milieu
celles et ceux qui ont soulevé la question de l’accessibilité aux personnes porteuses de handicaps
celles et ceux qui ont milité pour une plus grande représentations des communautés lgbtqi

le fandom est à l’image du reste du monde
il est réac et pris dans ses systèmes
il est hiérarchisé
il est financées par l’industrie du livre
et par les politiques publiques locales
qu’on devrait pouvoir questionner
il est inégalitaire en terme de revenus,
il est fragile,
il est peu sûr de son incroyable valeur
il est sensible aux flatteries
il a du mal à résister aux compliments
aux chèques de ceux qui pensent à l’instrumentaliser
on a vu l’ANDRA, lobby public des déchets nucléaires aux Utopiales
on voit l’Armée un peu partout faire sa promo hissée sur les épaules du fandom
en attendant le prochain petit malin
qui a senti le potentiel que représente notre milieu
son intelligence, sa créativité
et sa capacité, malgré tout, à accueillir

pour nous opposer à ça,
on a l’incroyable privilège
d’être déjà constitués en collectif
d’être déjà toustes là, ensemble
heureuxse de nous réunir
conscientes que ce qui nous réjouit
c’est notre nombre, avant tout,
et notre diversité

je crois qu’il ne tient qu’à nous de faire un fandom
plus accueillant
plus divers
plus attentif
plus safe
et c’est d’ailleurs aussi déjà ce qui est en train de se produire
on le voit ici, là, là-bas

j’ai un plan secret derrière la tête
ce serait de donner l’exemple au reste du monde littéraire
depuis chez nous, depuis la marge
montrer que si nous on arrive à le faire
iels aussi peuvent aussi déboulonner leurs tyrans
destituer leurs dominants
déconstruire leurs rapports de force dégueulasses
aérer, nettoyer, repeindre cette maison des mots
et au besoin la démonter pour la reconstruire à neuf

il faudrait faire en sorte que tout le monde se sente à sa place
à l’aise et en sécurité
dans la littératures
dans les bouquins
dans l’industrie
et dans nos festivals

on peut repenser ici les rapports entre artistes avec des guillemets
et public avec les même guillemets
prendre le temps de regarder comment on s’organise
voir ce qui fonctionne et ce qu’il faut changer
profiter d’être ensemble pour se causer
faire des tables rondes vraiment ronde
sur des sujets qui nous concernent vraiment
l’écriture, la lecture, l’édition, la critique,
les imaginaires et la communauté humaine qu’elle engendre
l’articulation entre les mots et monde
pas de speed dating qui alimente l’industrie des bouquins
mais des scènes ouvertes ou partager nos fictions
quelle que soit notre place dans le fandom
j’aimerais plus de lectures
plus de témoignages
plus d’outils
et moins des blablas pontifiants
j’aimerais qu’on arrive à se dire ce qu’on veut
et ce qu’on ne veut pas
pour tout le groupe
et qu’on se donne les moyens d’y arriver

bien sûr,
tout ça existe déjà
est en chantier
est en travail
et le fandom, en vingt ans, s’est beaucoup rajeuni
(de vingt ans, à peu près, je dirais)
il s’est aussi féminisé

diversifié

queerisé
politisé,
transformé,
au contact de pratiques collectives nouvelles

alors
andému !
allons-y !
poursuivons !

Et si ce blabla peut aider creuser le sillon
c’aura servi à quelque chose de distinguer Thecel
en attendant tous les prix à venir
pour tous ces bouquins incroyables
qui arrivent ou qui sont déjà là
écrits par d’autres gens que toujours les mêmes
et parlant d’autres choses
ou des mêmes choses autrement

merci d’avoir écouté le vieux pontifiant
merci pour la reconnaissance
et essayons de faire de nos réussites
le triomphe de toutes"

(avec des références au boss des éditions Bragelonne, donc, dedans).
(Permalink)

Lecture - critique littéraire pour la classe

2 novembre 2021 à 20:52
Le Prix des Embouquineurs 2021-2022

Depuis 1996, la librairie Dialogues organise le Prix des Embouquineurs ! Ce prix littéraire national réunit 30 000 jeunes lecteurs, du CP à la 3ème.

Comment ça marche ?
- Une sélection de cinq titres par niveau est faite par des libraires souhaitant partager les livres qui les ont touchés.
- Les écoles et des particuliers, à travers les médiathèques notamment, s'inscrivent pour participer au vote.
- Les jeunes lecteurs ont l'année scolaire pour prendre connaissance des textes et choisir leur préféré.
- Pendant l'année, certains auteurs et illustrateurs viennent rencontrer leurs lecteurs.
- Début juin, les élèves sont invités à voter pour le livre qu'ils ont préféré
- Le vote national intervient en fin d'année scolaire et désigne sept ouvrages (un par niveau), auxquels même les plus rétifs à la lecture ne sauraient résister !


Un autre, ici: https://www.lesincos.com/
(Permalink)

Nouvelle de SF... bien vue... :)

2 novembre 2021 à 20:49
They're Made out of Meat

Terry Bisson, 1991

   Someone did a radio play of this...

"They're made out of meat."

 "Meat?"

"Meat. They're made out of meat."

 "Meat?"

"There's no doubt about it. We picked several from different parts of the planet, took them aboard our recon vessels, probed them all the way through. They're completely meat."

 "That's impossible. What about the radio signals? The messages to the stars."

"They use the radio waves to talk, but the signals don't come from them. The signals come from machines."

 "So who made the machines? That's who we want to contact."

"They made the machines. That's what I'm trying to tell you. Meat made the machines."

 "That's ridiculous. How can meat make a machine? You're asking me to believe in sentient meat."

"I'm not asking you, I'm telling you. These creatures are the only sentient race in the sector and they're made out of meat."

 "Maybe they're like the Orfolei. You know, a carbon-based intelligence that goes through a meat stage."

"Nope. They're born meat and they die meat. We studied them for several of their life spans, which didn't take too long. Do you have any idea the life span of meat?"

 "Spare me. Okay, maybe they're only part meat. You know, like the Weddilei. A meat head with an electron plasma brain inside."

"Nope. We thought of that, since they do have meat heads like the Weddilei. But I told you, we probed them. They're meat all the way through."

 "No brain?"

"Oh, there is a brain all right. It's just that the brain is made out of meat!"

 "So... what does the thinking?"

"You're not understanding, are you? The brain does the thinking. The meat."

 "Thinking meat! You're asking me to believe in thinking meat!"

"Yes, thinking meat! Conscious meat! Loving meat. Dreaming meat. The meat is the whole deal! Are you getting the picture?"

 "Omigod. You're serious then. They're made out of meat."

"Finally, Yes. They are indeed made out meat. And they've been trying to get in touch with us for almost a hundred of their years."

 "So what does the meat have in mind."

"First it wants to talk to us. Then I imagine it wants to explore the universe, contact other sentients, swap ideas and information. The usual."

 "We're supposed to talk to meat?"

"That's the idea. That's the message they're sending out by radio. 'Hello. Anyone out there? Anyone home?' That sort of thing."

 "They actually do talk, then. They use words, ideas, concepts?"

"Oh, yes. Except they do it with meat."

 "I thought you just told me they used radio."

"They do, but what do you think is on the radio? Meat sounds. You know how when you slap or flap meat it makes a noise? They talk by flapping their meat at each other. They can even sing by squirting air through their meat."

 "Omigod. Singing meat. This is altogether too much. So what do you advise?"

"Officially or unofficially?"

 "Both."

"Officially, we are required to contact, welcome, and log in any and all sentient races or multibeings in the quadrant, without prejudice, fear, or favor. Unofficially, I advise that we erase the records and forget the whole thing."

 "I was hoping you would say that."

"It seems harsh, but there is a limit. Do we really want to make contact with meat?"

 "I agree one hundred percent. What's there to say?" `Hello, meat. How's it going?' But will this work? How many planets are we dealing with here?"

"Just one. They can travel to other planets in special meat containers, but they can't live on them. And being meat, they only travel through C space. Which limits them to the speed of light and makes the possibility of their ever making contact pretty slim. Infinitesimal, in fact."

 "So we just pretend there's no one home in the universe."

"That's it."

 "Cruel. But you said it yourself, who wants to meet meat? And the ones who have been aboard our vessels, the ones you have probed? You're sure they won't remember?"

"They'll be considered crackpots if they do. We went into their heads and smoothed out their meat so that we're just a dream to them."

 "A dream to meat! How strangely appropriate, that we should be meat's dream."

"And we can marked this sector unoccupied."

 "Good. Agreed, officially and unofficially. Case closed. Any others? Anyone interesting on that side of the galaxy?"

"Yes, a rather shy but sweet hydrogen core cluster intelligence in a class nine star in G445 zone. Was in contact two galactic rotation ago, wants to be friendly again."

 "They always come around."

"And why not? Imagine how unbearably, how unutterably cold the universe would be if one were all alone."
(Permalink)

Aamer Rahman nous encourage à frapper les nazis!

2 novembre 2021 à 20:42
Trad française du sketch d'Aamer Rahman "Aamer Rahman: Is it really ok to punch nazis?" (https://www.youtube.com/watch?v=IKICKcMU3MU)

La vidéo du dégommage de Richard Spencer dont il est question:  https://www.youtube.com/watch?v=aFh08JEKDYk

A utiliser sans vergogne pour viraliser, le moment venu.
(A noter qu'il est aussi l'auteur de ça, sur le racisme inversé: http://bleu-pale.fr/links/?6PYquw )
(Permalink)

L'intersectionnalité au risque du capitalisme ? | Le Club de Mediapart

25 août 2021 à 09:28
L'intersectionnalité est un outil d'analyse qui ambitionne de révéler la pluralité des dominations. Or, sa large appropriation dans la militance a causé des déformations bénéfiques pour le capitalisme. On observe une radicalité sur la question de la race et du genre qui reste introuvable sur la classe. L’outil doit s’enrichir de la pensée matérialiste pour offrir une perspective révolutionnaire.
(Permalink)
❌
❌