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Le braquage démocratique de la VSA

22 mars 2025 à 09:18

L’expérimentation de vidéosurveillance algorithmique prolongée jusqu’en 2027

Profitant d’un texte de loi sur la sécurisation des transports, le texte été définitivement adopté ce mardi au parlement. Un « cavalier législatif » sans lien suffisant avec le texte initial, susceptible d’être censuré par le Conseil constitutionnel ; symbole d’un énième coup de force du gouvernement et des industriels pour imposer cette technologie de surveillance à la population.

Photo prise dans le showroom du constructeur de caméras de vidéosurveillance Vivotek - © Reflets

La stratégie choisie par le gouvernement et les industriels pour imposer l’utilisation des algorithmes de surveillance dans l’espace public peut se résumer en deux mots : instrumentalisation et opacité. Retour sur ce braquage démocratique et les solutions possibles pour se défendre contre ces logiciels techno-sécuritaires.

La ficelle utilisée par les industriels pour imposer leurs « innovations » est maintenant bien connue. Avant que la Loi du 19 mai 2023 relative aux jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 ne vienne encadrer l’usage de la VSA, les éditeurs de ces logiciels ont profité d’un vide juridique pour expliquer à leurs clients que tout ce qui n’est pas formellement interdit est donc autorisé. Briefcam, leader et pionnier du secteur — présent sur le marché français depuis au moins 2015 — en sait quelque chose quand il revendique une centaine de clients dans l’Hexagone dès 2022 .

Depuis plus de dix ans, le marché de la VSA en France s’est constitué, structuré et a vu progressivement émerger des offres émanant d’acteurs privés, composés de grands groupes bien installés et de start-up opportunistes. Conseillé par les industriels , l’État prépare le terrain et les esprits aux IA de surveillance en finançant des expérimentations de VSA . Ces dernières servent de cheval de Troie au secteur des industries de sécurité pour, à la fois, assouplir le cadre légal — rien ne doit entraver l’innovation — et offrir des « bacs à sable » techniques et réglementaires aux...

Les cuisines de la surveillance automatisée

25 février 2025 à 17:07
Le Parlement français examine cet hiver un texte qui légaliserait la vidéosurveillance automatisée afin de prévenir les mouvements de foule lors des Jeux olympiques de Paris en 2024. Or ce procédé de contrôle total des populations par des programmes informatiques existe déjà. Une enquête en immersion (...) / , , , , , , , - 2023/02

Le bide de la vidéosurveillance algorithmique

11 février 2025 à 16:02

Et pourquoi elle sera pérennisée

Des IA peu performantes, un faible intérêt opérationnel, des faux-positifs en pagaille ; l’expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique (VSA) permise par la loi JO a montré ses limites. Mais les perspectives promises par ces logiciels ont enchanté les forces de sécurité, qui se positionnent toutes pour leur pérennisation.

Un système de traitement le l'image par IA - D.R.

Déposé le 14 janvier sur le bureau du ministère de l’Intérieur, le rapport d’évaluation de l’expérimentation VSA est tombé. Ce document a pour objectif d’alimenter les débats sur la pérennisation du dispositif de contrôle algorithmique de la population. Il est le fruit du travail d’une commission qui a pu assister au déploiement de ces technologies durant plusieurs mois et recueillir le retour d’expérience des quatre utilisateurs que sont la Préfecture de Police (PP), la Régie Autonome des Transports Parisien (RATP), la Société Nationale des Transports (SNCF), et la ville de Cannes.

Permise par la loi du 19 mai 2023 autorisant officiellement l’usage de ces technologies controversées — la VSA était en réalité utilisée depuis des années par de nombreuses villes sans aucun cadre légal et idem pour le ministère de l’Intérieur qui utilisait la reconnaissance faciale depuis 2015 en cachette — l’implémentation de ces technologies est justifiée par un impératif de lutte contre le terrorisme et d’atteinte grave à la sécurité des personnes. Il détecte automatiquement et en temps réel huit situations (ou cas d’usage : colis abandonné, départ de feu,* etc. ). Censés venir combler l’inefficacité patente de la vidéosurveillance traditionnelle** , les deux logiciels testés sont ceux de l’entreprise Videtics déployés dans la ville de Cannes, et celui de la start-up Wintics, utilisés par la PP, la SNCF et la RATP.

Ces logiciels reposent sur la vision par ordinateur, une branche de l’...

Un projet de fichage biométrique mondial géré par le privé

4 février 2025 à 11:11

Perspective de fortunes via le contrôle humain

Reflets a pu consulter un document confidentiel de l’un des leaders mondiaux du contrôle biométrique, IDEMIA. On y découvre un projet industriel à destination d’acteurs économiques qui souhaiteraient investir dans un marché d’avenir : celui du contrôle biométrique permanent.

Site Web d'Idemia - Copie d'écran

« Chaque époque a son Inquisition. La nôtre a le passeport pour remplacer les tortures du Moyen Âge. Et le chômage ». Cette citation du mystérieux et célèbre écrivain B. Traven est tirée de son livre Le Vaisseau des morts. Une critique tragicomique du contrôle des États sur les populations – dans une période de déploiement progressif des passeports – qui raconte l’histoire d’un citoyen américain perdant ses papiers d’identité dans la ville d’Anvers pendant les années vingt. Ne pouvant prouver sa nationalité ni son identité, il est plusieurs fois chassé de Belgique comme un vagabond et accepte pour survivre de trimer comme que marin sur un rafiot voué à couler en mer.

Un siècle « d’innovations » plus tard, le contrôle d’identité est devenu la norme, dans une large partie des pays occidentaux, pour accéder à toute sorte de services publics (et privés), et confine toujours les personnes « sans papiers » à une vie marginale et souvent misérable. L’identification des citoyens via leurs données biométriques est aujourd’hui devenue un marché mondial prometteur, sous-traité à des acteurs privés que leurs objectifs de rendement poussent à déployer ces équipements de contrôle sur l’ensemble du globe et dans un maximum de situations du quotidien.

C’est en tout cas ce que propose le projet porté par la société française IDEMIA. Dans un document que Reflets s’est procuré, on découvre la mise en lumière d’un projet industriel mondial basé sur les produits...

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