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Reçu — 14 octobre 2025

Une faille que personne ne veut réparer permet de voler vos codes 2FA

Par :Korben
14 octobre 2025 à 13:37

Il y a des bugs qu’on corrige en urgence. Et puis il y a GPU.zip, cette faille que TOUS les fabricants de GPU connaissent depuis mars 2023 et que personne n’a jamais voulu fixer.

Et 2 ans et demi plus tard, des chercheurs viennent de prouver qu’elle permettait de voler nos codes 2FA sous Android en moins de 30 secondes !!

Et devinez quoi ?

Y’a toujours pas de patch !

L’histoire commence donc en septembre 2023. Des chercheurs de l’Université du Texas, Carnegie Mellon, et l’Université de Washington publient GPU.zip , une attaque par canal auxiliaire qui exploite la compression graphique hardware des GPU. Le principe c’est qu’en mesurant le temps de rendu de certaines opérations graphiques, on peut déduire la couleur des pixels affichés à l’écran. Pixel par pixel. Un peu comme prendre une capture d’écran, mais sans permission, bien sûr !

Tous les fabricants de GPU sont donc prévenu dès mars 2023. AMD, Apple, Arm, Intel, Nvidia, Qualcomm. Mais aucun patch n’a pointé le bout de son nez. La position officielle des fabricants de GPU étant que “C’est au software de gérer ça”.

Les navigateurs web colmatent alors la brèche en limitant les iframes cross-origin, mais la faille hardware elle-même n’est jamais corrigée. Trop coûteux. Trop compliqué. Pas leur problème…

Maintenant on fait avance rapide en octobre 2025. Une équipe de 7 chercheurs (UC Berkeley, Carnegie Mellon, Université de Washington) sort Pixnapping , une attaque qui ressuscite GPU.zip sur Android. Le papier sera d’ailleurs présenté à la 32nd ACM Conference on Computer and Communications Security qui a lieue cette semaine à Taipei. Alan Linghao Wang, Ricardo Paccagnella et leurs collègues on réalisé une démo où on voit une application Android malveillante voler des codes 2FA, des messages privés, ou n’importe quelle donnée affichée à l’écran, sans demander la moindre permission système.

L’attaque fonctionne en trois étapes. D’abord, l’app malveillante invoque des APIs Android publiques (activities, intents, tasks) pour déclencher l’affichage de données sensibles dans l’app cible. Par exemple, forcer Google Authenticator à afficher un code 2FA. Ensuite, elle dessine des fenêtres transparentes par-dessus ces données et effectue des opérations graphiques sur des pixels individuels. Enfin, elle mesure le temps de rendu de chaque frame pour reconstruire les pixels un par un via le canal auxiliaire GPU.zip. C’est lent (entre 0,6 et 2,1 pixels par seconde) mais c’est suffisant.

Les chercheurs ont testé l’attaque sur plusieurs modèles Google Pixel et Samsung Galaxy S25 et sur 100 tentatives de vol de codes 2FA depuis Google Authenticator, le Pixel 6 se montre particulièrement vulnérable avec un taux de réussite des attaques de 73% en seulement 14,3 secondes en moyenne. Le Pixel 7 offre une meilleure résistance avec 53% de réussite en 25,8 secondes, tandis que le Pixel 8 fait encore mieux en limitant les attaques réussies à 29% en 24,9 secondes. Curieusement, le Pixel 9 régresse et remonte à 53% de vulnérabilité en 25,3 secondes. Par contre, le Galaxy S25 se distingue complètement en bloquant systématiquement toutes les tentatives d’attaque grâce au bruit présent dans les mesures qui empêche toute exploitation.

Les vieux appareils sont donc plus vulnérables que les nouveaux, ce qui est probablement lié aux premières générations de GPU Tensor de Google, moins optimisées, plus prévisibles.

Google attribue une CVE à cette attaque (CVE-2025-48561), classée “High Severity” et un patch partiel est publié dans le bulletin de sécurité Android de septembre. Mais les chercheurs ont rapidement trouvé un contournement, qui est actuellement sous embargo. Un second patch est donc prévu pour décembre. Entre-temps, Google affirme qu’aucune exploitation “in-the-wild” n’a été détectée pour l’instant.

Le modèle de sécurité Android repose sur l’idée qu’une app sans permissions ne peut rien faire de dangereux. Pixnapping utilise uniquement des APIs publiques légitimes donc y’a rien de suspect dans le manifest, qui déclencherait une alerte Play Protect… Et pourtant, elle peut voler des codes 2FA.

Les recommandations de sécurité sont donc les mêmes depuis 2023 à savoir scruter attentivement les apps installées, privilégier les clés de sécurité hardware pour la 2FA (YubiKey, Titan), surveiller les comportements anormaux.

Après, je pense pas que beaucoup d’utilisateurs d’Android vont investir dans une clé hardware à 50 balles parce que Nvidia a la flemme de patcher son GPU.

Bienvenue dans la réalité de la sécurité mobile les amis.

Source

Reçu — 29 septembre 2025
Reçu — 25 septembre 2025

OnePlus - La faille qui laisse fuiter vos SMS

Par :Korben
25 septembre 2025 à 09:47

Si vous avez un joli smartphone OnePlus, vous allez être content d’apprendre qu’il s’y cache une faille critique découverte par Rapid7 ! Et quand je dis critique c’est pas pour rigoler puisque depuis 4 ans, n’importe quelle app sur votre OnePlus peut aspirer tous vos SMS sans que vous ne soyez au courant.

Estampillée CVE-2025-10184, cette faille touche tous les OnePlus équipés de OxygenOS 12 à 15. En 2021, OnePlus a en effet bidouillé le package Telephony d’Android en y ajoutant trois petits passagers clandestins : PushMessageProvider, PushShopProvider et ServiceNumberProvider. Ces trucs n’existaient pas dans Android stock et ont été inventés par les équipes OnePlus / Oppo pour on ne sait quelle raison obscure.

Mais le problème, c’est que ces trois compères ont été codés avec les pieds puisque leurs manifests ne demandent pas la permission READ_SMS pour accéder aux textos. Du coup, n’importe quelle app installée sur le téléphone peut aller fouiller dans les messages comme si c’était tiroir à chaussettes, simplement à l’aide de quelques injections SQL.

Rapid7 a testé ça sur des OnePlus 8T et OnePlus 10 Pro et ça marche nickel. Vos codes de vérification bancaire, vos codes 2FA, vos conversations privées, tout y passe…

Bien sûr, Rapid7 a essayé de contacter OnePlus, 7 fois entre mai et août 2025. Et pas de réponse. OnePlus a fait l’autruche espérant surement que le problème disparaitrait de lui-même… Technique éprouvée, mais qui ne fonctionne pas du tout quand il s’agit de cybersécurité.

C’est donc seulement après la publication publique de la faille en septembre que OnePlus a daigné répondre : “Nous avons lancé une investigation”. Ah ben merci les gars, vous auriez pas pu la lancer 7 mois plus tôt, mais bon, breeef, passons…

Donc à l’heure où j’écris ces lignes, il n’y a toujours pas de correctif. OnePlus continue de vendre des téléphones vulnérables en toute connaissance de cause et tout va bien. Voilà, donc en attendant le patch hypothétique, voici mes quelques conseils de survie :

  1. Virez les apps que vous n’utilisez pas
  2. Passez aux outils 2FA plutôt que de recevoir vos codes 2FA par SMS
  3. Utilisez des messageries chiffrées de bout-en-bout pour vos conversations sensibles

Bref, voilà encore une optimisation marketing qui fout la merde dans un système à la base sûr… Chapeau les artistes !

Source

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